Alors, si c'était vrai, rêvait le poisson rouge.
Mon bocal est étroit et je veux m'en aller ! Mais comment ?
Tourner en rond, sans rime ni raison, que c’est insupportable !
Oups ! Oups ! j'ai le tournis,
ma branchie se déglingue,
je penche sur un bord que je ne peux pas voir.
Et si ça continue, ma queue ne suivra plus.
Je vais perdre le Nord et ma boussole avec.
Très loin, dans l'infini, j'irai vivre ma vie
Ah ! Sortir du bocal dans la dernière bulle et partir à la voile...
Poisson voile, on m'appelle, voile de chine noir .
Voilà mon évasion, je l'ai là sur le dos et sous le ventre aussi
« On est bons, mes amis ! Mettons les voiles au loin, au loin vers l'infini.
J'irai vivre ma vie ; là, vers la Liberté.
Mes frères, quelque part, dans le bleu de mes rêves
nagent en m'attendant.
Je ne serai plus seul, nous ferons une ville
sous un dôme de ciel, peuplé de grands jets d'eau,
de bassins merveilleux, grands comme des piscines
où nageront mes sœurs amoureuses du bleu.
Nymphes étincelantes, à l'amour dédiées...
Enfin, je connaîtrai les saisons de l’Amour.
Je ne serai plus seul, inutile et vaincu
Penelope m'attend, brode un filet d’azur.
Simple voile chinois, je serai son élu
Et je remporterai le combat haut la voile,
mes jours seront comptés, mais j'aurai bien vécu,
sans regret ; belle vie de poisson vaut mieux que longue vie.
Sortons de ce bocal, voyageons par le rêve,
se disait le poisson, un Dimanche pluvieux...