Bon je rappelle la règle, nous allons désigner l'un d'entre nous et Pierre devra deviner qui nous avons choisi par un jeu de similitude.

  • Pierre tu peux venir. Pose une question.
  • Oui, si c'était un homme célèbre ?
  • On dirait Descartes, parce qu'il fait l'éloge du doute, de l'incertitude, la nécessité d'hésiter sur toute conduite à tenir.
  • Si c'était un jouet ?
  • Ce serait un culbuto, il peut pencher à droite, ou à gauche en avant en arrière mais finalement il n'avance pas beaucoup.
  • Si c'était un animal ?
  • Ce ne serait pas une fourmi, la fourmi est toujours en action, la tête dans le guidon elle ne  se pose pas de question, elle court tout le temps. Ce ne serait pas non plus une abeille qui butine ça et là. Mais un escargot. Oui, un escargot. Il n'y a pas plus prudent qu'un escargot. Regarde le comment il sort de sa coquille, la tête, très lentement, puis ses cornes, regarde à droite puis à gauche, hésite, se rétracte dans sa coquille, puis s'étire à nouveau, prudemment, et progresse en laissant une trace brillante.
  • Oh ! J'ai deviné c'est Paul. Au fait, tu lui as dit à Camille ?

 

Tous connaissent l'attirance de Paul pour Camille et se demandent ce qui le retient, pourquoi il ne va pas lui dire.

 

  • Hum.
  • Hum quoi, tu ne l'as pas fait
  • Je réfléchis
  • Ah ! Oui tu réfléchis mais est-ce qu'une fois tu arrives à décider ?
  • Je ne sais pas ce qu'elle dira, et puis, je ne sais pas si elle me supportera, il faudra que je lui rende des comptes, où je vais, qu'est-ce que j'ai fait et puis je suis désordonné elle râlera après moi parce qu'un chaussette traine dans la chambre.

 

Le soleil se couche, l'air est doux et incite à faire un petit tour, faire quelques pas dehors, comme ça.   C'est une habitude que Paul a pries, pour se détendre. Son teeshirt est encore bien mais il hésite, pourquoi ne pas prendre une chemise et un blouson léger. Faire plus soigné, moins décontracté, oui, mais pas trop habillé. Il s'étonne de cette préoccupation soudaine.  

Il marche le long du trottoir, les mains derrière le dos et la tête baissée. Il tourne à droite, puis traverse la route principale, il n'a pas un but précis, prends cette petite rue tranquille sur la gauche. Il lève la tête et il reconnait la maison de Camille. Il s'étonne de se retrouver là et éprouve une gêne et rougit. Il trouve beaucoup de charme à cette petite maison en pierre toute simple, légèrement en retrait par rapport à la rue, avec son muret et la grille où s'accrochent des rosiers. Les volets bleus lui donnent un air doux et accueillant. Il ralentit son pas, s'arrêter, dire bonjour, il n'y pense pas, mais un instant il regarde et imagine Camille, est-ce qu'elle lit ? Cuisine ? Regarde un film ?

Camille, à travers la fenêtre l'a reconnu, elle sort. Spontanément avec sa voix enjouée elle l'invite à rentrer.

  • Tiens j'étais en train de feuilleter des catalogues de voyages, j'aimerais avoir ton avis.

 

Paul rougit, bafouille, hésite, dit qu'il passait juste comme ça, mais il avance, lentement et la suit dans la maison.

Elle lui offre à boire, assis droit sur le bord de sa chaise, il prend le verre qu'elle lui a servi. Puis elle lui explique : « J'hésite, ce voyage en Ethiopie me tente mais j'aimerais aussi aller en Asie. » Et elle ajoute : « Tu ne viendrais pas avec moi ? cela me plairait de ne pas me retrouver toute seule » Paul reste muet, timide, il se surprend lui-même, il ne ressent pas cette barrière en lui qui le fige. Il lit les présentations. L'Afrique le tente, il y a déjà passé deux ans comme coopérant, il y a déjà un certain temps.  

- Oh, je ne sais pas, non, ce n'était pas dans mes projets, il faut que j'y réfléchisse, mais pourquoi pas ? Peut-être ?