Ce matin de décembre, le froid avait surpris tout le monde.
Pourtant, la météo la veille encore se désolait : les départs à la neige se feraient sous le soleil et les stations, même les plus hautes commençaient à pleurnicher car les hôtels ne se remplissaient pas, pourtant Noël était proche.
Ce froid me mordillait les oreilles et les doigts, car comme d’habitude j’étais sortie peu couverte pour acheter mon journal et mon pain. Je pressais le pas et j’entrais en toute hâte dans le vestibule en claquant la porte.
- Brrrr, quel froid. Si tu sors pour jouer, Frédéric, il faudra bien te couvrir car l’hiver est arrivé d’un coup.
Mon fils de 6 ans qui venait de se lever finissait son déjeuner et qui prenait son ballon pour aller jouer dehors…avait du mal à me croire, il y avait encore 15 degrés hier…
Il rentrait précipitamment en tapant des pieds et en soufflant dans ses doigts :
- Tu as raison maman, qu’estce qu’il fait froid. Je jouerai au ballon demain, je vais plutôt jouer sur l’ordi.
Mon café coulait. En prenant la tasse j’attrapais deux biscuits d’une main et j’ouvrais le journal de l’autre, comme d’habitude… en parcourant les gros titres.
- Ah Non, ce n’est pas vrai !
Frédéric arriva en courant mes cris l’ayant fait sursauter.
- Maman, qu’estce qu’il y a ?
J’étais là, bouche bée, ma tasse dans une main, le journal dans l’autre. Mes lèvres se séchaient et pas un son ne pouvait sortir de ma gorge…
- Maman, maman, que se passet-il ?
Frédéric qui commençait à lire couramment lut avec saccades le titre du journal que je lui tendais :
« Coup… de théâtre… pour le… crime… du Supermarché !
« Un individu… vient… de se livrer à la police… et s’accuse du crime… de la jeune femme… devant le parking… du Leclerc…
Mes larmes coulaient à flot.
- Mon Dieu, c’est affreux… Toutes ces années horribles.
- Mais, maman, pourquoi tu pleures ?
- Tu es grand maintenant Frédéric, il est temps que je te raconte comment ton papa est décédé…
- Il avait toujours nié ce crime, et n’a pas supporté ces mensonges, ce procès affreux, puis la prison… Voici trois ans qu’il a mis fin à ses jours. Le pauvre.
Frédéric qui a du mal à comprendre toutes les phrases, se serre contre sa maman.
Il y a un grand silence. Puis il regarde sa maman et lui dit :
- Maman, quand je serai grand, je serai policier pour mener les enquêtes.
- Mon pauvre petit. Tu sais, ton papa il était bon et il nous a beaucoup manqué.
Il nous manquera encore plus maintenant. Mais nous allons pouvoir marcher la tête haute et affronter ces regards méchants d’une autre manière…