Je fais souvent ce rêve lorsque la vie me joue des tours et me laisse K. O. Quand un événement troublant me laisse amère, sans énergie, tout désir éteint, je me laisse aller à rêver : je suis en mer, bercée par les vagues sur un rythme régulier. La main posée sur la barre, j’avance lentement, je tiens le cap, sans penser à atteindre un but précis. Les voiles sont gonflées par une brise légère et je vais là où le vent me pousse. Les rayons du soleil réchauffent doucement ma peau et me fait chaud au cœur. Mon regard se perd sur la surface miroitante de la mer. De temps en temps une mouette rieuse passe près du bateau lançant son cri strident et joyeux. Elle semble m’appeler au bonheur, vouloir me stimuler. Sur terre, dans la tristesse et le découragement, le pépiement incessant, répétitif des moineaux m’exaspérait par leur indifférence.

Petit à petit, je retrouve une tranquillité apaisante, bienfaisante. Ne plus penser à rien, jouir de l’instant présent, du calme et de la solitude. Je passe ma langue sur mes lèvres qui ont le goût du sel, le sel de la vie. Seul, dans cet univers maternant, apaisant, mes forces se reconstituent. Peut être que tout à l’heure, des nuages se formeront à nouveau au dessus de ma tête, rendant l’horizon opaque, l’orage pourra venir, mais là, je suis dans une fenêtre météo, je retrouve la confiance qui me permettra de faire face à nouveau et je sais que mon rêve reviendra.