Je fais souvent ce rêve, enfin, c’était hier, temps où tout semblait permis.

Assis sur un nuage, brise offrait le monde à nos yeux éblouis.

Certains jours de soleil apparaissaient dans cette fenêtre des contrées chatoyantes aux mers d’azur, douceur et volupté.

Faut se méfier des écrits pour enfants naïfs, à qui l’on se garde bien de donner le sens.

Ce n’est pas toujours le soleil et la bonté qui sont à la manœuvre.

Soudain, c’est différent, la brume vous enserre, tout est opaque, rongé par la pluie, et les tempêtes.

Temps, où il est difficile de respirer, de garder espérance, les rêves se raréfiant laissent un goût amer.

Un pépiement me tire d’une sieste sur le bord d’un canal, le ciel s’y mire offrant un miroitant spectacle.

Sortant de léthargie, je renoue avec les tristesses d’enfance résultantes de la fin des rêves aux derniers jours des vacances.

Où sont-ils ces voyages accrochés au dos des nuages, les rires troublants des jeunes filles, les rêves de lendemain ?

Inutile de courir sur le chemin de halage, le reflet des jours anciens s’est fondu dans l’océan.

L’ogresse a tout avalé, emporté, écrasé dans ses tourbillons.

Nous fûmes complices, avides et désireux d’avenir, demandeurs de modernité et d’aventures, sans penser à l’heure qu’il était, et combien nous restaient de jours au sablier.

Elle vient tard l’heure où l’on prend conscience qu’il faut profiter d’ici et maintenant, que rien ne nous éteint, que nous restons les mêmes, et que pour vivre bien, le sel est dans l’instant !