« Un malade mental très dangereux s’est évadé du Centre hospitalisé psychiatrique de Niort où il avait  été placé par décision de justice en placement d’office. » La Nouvelle République du 5 mai 2013

Cette information a été reprise par la radio sur France Inter et sur France 3 à la télévision.

 

S’évader d’un service  d’accueil et d’urgence ! Je revois cette unité au sein du centre hospitalier. Au bout d’un long couloir, il nous faut sonner, un soignant vient nous ouvrir et nous accédons dans un espace vide, il referme la porte derrière nous, avant d’ouvrir une deuxième porte qui nous permet d’accéder dans le service. Nous sommes alors dans un long couloir, à droite deux chambres d’isolement, sécurisées également par un même système de deux portes fermées à clé. Ces chambres sont meublées d’un lit, parfois seulement d’un matelas par terre et des sanitaires qui ne sont accessibles qu’en présence d’un infirmier.

Le long du couloir, se succèdent des sanitaires, douches et toilettes, cinq chambres, puis une salle de soins comprenant la pharmacie, le bureau de consultation et le bureau des infirmiers ce couloir se prolonge par une grande salle meublée de 3 tables, 3 fauteuils et surtout une télévision avec TF1 en continu. Dans cette salle, alternativement, il est possible de manger, dessiner, écrire, jouer aux cartes ou autre jeu de société. Enfin, tout au fond, un petit salon avec fauteuils permet de s’isoler ou de se reposer et une cuisine avec un terminal de cuisson où les plats sont préparés. 

Enfin une porte vitrée accède sur une terrasse et une courette entourée d’un haut grillage. C’est là que se déroule « la pause cigarette » moment le plus attendu qui rythme la journée : une cigarette toutes les deux heures entre 10 et 18 heures soit  5 cigarettes par jour. Pour un grand fumeur c’est peu et ce n’est pas les gommes à la nicotine qui peuvent le satisfaire.

 

Un malade mental très dangereux (MMTD) cela m’irrite, le malade mental fait toujours peur. Je me dis que même s'il a réussi à s’évader il doit avoir encore une bonne couverture de neuroleptiques et cette information ne me préoccupe pas vraiment jusqu’au moment où j’apprends qu’il s’agit de mon ancien voisin.

Depuis 5 ou 8 ans, il avait déménagé dans une commune proche, dans une cité nouvelle où il avait fait construire, je le revois disant  « j’ai tout pour être heureux. »

        

Je le rencontrais souvent au parc où j’allais m’assoir, pour lire, rêvasser et surtout regarder des enfants jouer sous la surveillance de leurs parents. Il y était souvent avec son fils,  il le suivait pas à pas, surveillait tous ses gestes. Je les voyais accroupis observant une fleur ou un scarabée. Ils jouaient ensemble au ballon. Ils passaient beaucoup de temps au toboggan. Il veillait à ce qu’il ne tombe pas tout en l’encourageant à grimper au mur d’escalade  ou à traverser le pont suspendu. Il était attentif et très fier de son fils. Voir père et fils dans cette grande complicité m'attendrissait.

Cependant, une chose m’intriguait : il ne supportait pas que son fils s’intéresse à un jouet d’un autre enfant et surtout si ce jouet représentait une certaine valeur comme une auto télécommandée un beau vélo... Il pouvait être subitement violent, menaçant par rapport à son fils, comme s’il était déçu, comme s’il aurait voulu combler tous les désirs de son fils sans y réussir.

« Le malade mental très dangereux, évadé du centre hospitalier de Niort s'est présenté de lui-même à l'hôpital de Cadillac : une unité pour  malades très dangereux ».

Ce titre est en première page de La Nouvelle République du 20 mai 2013. Cette information est également reprise à la radio ou au journal télévisé, sans aucun autre commentaire.

Si la première information me paraissait trop caricaturale celle-ci m’interroge. Est-ce le signe d’une culpabilité pour ce malade reconnu non coupable de l'assassinat d'une élégante beauté qui cherchait à se prémunir de difficultés financières en soulageant les problèmes de cœurs d’hommes n’ayant pas de problèmes d’argent ?

Il avait déclaré, toujours avec la même conviction aux policiers, aux juges aux différents experts « Mais qu'est-ce qu'elle me voulait ? Pourquoi elle me harcelait ? Elle s’attaquait à mon couple, elle voulait détruire ma femme. »