Thème du jour : À la manière de Modiano, Les boulevards de ceinture dont nous lirons des extraits

 

Saluons le prix Nobel attribué à Patrick Modiano avec quelques extraits de l'hommage de Bruno Blanckeman (Paris 3) sur le site Sorbonne Nouvelle[1] (14/10/2014) :

"On a souvent dit de Modiano qu’il écrivait toujours la même histoire. C’est que son thème de prédilection, son objet d’exploration demeurent la mémoire. Celle-ci, on le sait, ne cesse de se travailler elle-même : elle occulte les souvenirs, les amalgame, parfois les laisse ressurgir, jamais figés, indéfiniment mobiles, au hasard de rencontres ou de sensations éprouvées à distance. La mémoire n’est pas un lieu de stockage sécurisé, mais une centrale éruptive : ce phénomène quelque peu déstabilisant, Modiano ne cesse, après d’autres, de l’appréhender. [] Ce que l’on appelle la petite musique de Modiano, c’est l’art sensible de suggérer par le rythme et les sons, par le phrasé, ce qui ne peut être identifié de façon rationnelle, ce qui demeure innommable et se communique par le seul partage de l’émotion : une vie subliminale, faite d’anxiétés primitives et de traumatismes enfouis, qui traversent les générations, alimentent les cauchemars des enfants et, parfois, l’imaginaire des écrivains. [] Mais le coup de génie de Modiano, c’est peut-être de réussir à nous placer, nous lecteurs, en situation d’amnésie sitôt achevé le livre, évanoui le charme du récit. Que nous a-t-on raconté au juste ? Qu’est-ce qui chemine en nous sans que nous puissions vraiment le formuler, vraiment l’objectiver, par delà une intrigue qui s’est comme auto-effacée de notre mémoire au fur et à mesure que nous la lisions? Cette puissance d’une littérature qui ne se paie pas de mots mais laisse des traces, éprouve l’Histoire et l’être au monde, c’est ce qui signe une œuvre majeure. Celle de Modiano, l’un de nos contemporains capitaux."

 

Écriture :

Pour démarrer, nous utiliserons une phrase du roman : "Une vieille photo, découverte par hasard au fond d'un tiroir et dont on efface la poussière, doucement." (p. 14), et comme déclencheur, une photo noir et blanc ou couleur à choisir parmi celles proposées : photos de Diane Arbus ou Vivian Maier, groupes de personnes.

 

Pour aller plus loin :

-       Mettre en évidence ses choix de rythmes et les énoncer : ce que je voudrais faire

-       Expliciter ses allers retours : temps de la narration / plongée dans la mémoire

-       Caractériser son narrateur, ses personnages, leurs liens, l'histoire qui les lie

 

Prolonger son texte pour la prochaine séance…

 



[1] http://www.univ-paris3.fr/bruno-blanckeman-salue-le-prix-nobel-de-litterature-attribue-a-patrick-modiano-295698.kjsp?RH=ACCUEIL