Je mets le pied par terre

J’écarte le rideau

Coup d’œil par le carreau

Dehors, il pleut

Il pleut, il pleut

Je descends l’escalier

Et pour me requinquer

Je me fais un ptit thé

Dès la première bouchée

Je casse ma biscotte

Elle sombre et se délite

Et finit pâtée molle

Tout au fond de mon bol

Coup d’œil par le carreau

Dehors, il pleut

Je remonte l’escalier

Dans un espoir frivole

Autant qu’insensé

Je décide d’endosser

Le costume du printemps

Le petit haut branché

Ni trop bimbo, ni trop mémé

Celui qui sied si bien à une peau hâlée

Coup d’œil dans le miroir

J’ai l’air d’une vieille endive

Tant pis me dis-je

Je renonce au glamour

De toutes façons,  il pleut

Quitte à être enfermée

Changeons de lieu

Je vais donc de ce pas

Visiter ma petite fille

L’adorable Lounna

Dernière de la famille

Je la prends dans mes bras

Je gagate

Elle vomit

Sur mon t’shirt branché

Désormais tout taché

Mon beau t’shirt pakistanais

Comme disent les jeunes

C’est une jdm

Une journée de merde

Une journée de pluie

Une journée de Pentecôte

Pas de langues de feu

L’eau les aura éteintes

Dépitée, déconfite

J’attends le réconfort

De l’étrange lucarne où le monde s’agite

Je m’écrase gracieusement

Dans le canapé bleu

Mais pour ne pas rougir

Au spectacle de moi-même

Qui flirte sans vergogne

Avec l’oisiveté

J’appuie sur la zapette

D’un pouce déterminé

Et sans barguigner

Je choisis prestement le programme d’Arte.

Bien calée, bien au chaud

Coup d’oeil par le carreau

Dehors, il pleut

Encore

Tandis que sur l’écran

Victime des humains

Et de leurs turpitudes

La banquise fond en larmes

Et je la vois couler

Couler, couler…

Mais quand le noir manteau de la nuit étoilée

S’abat en trombes d’eau

Sur les champs imbibés

Je ferme mes paupières

Appelle à la rescousse

Le petit papa Coué

Et murmure en sombrant

Dans les bras de Morphée

Ce fut une bien belle journée !

 

 

 

 

 

WE de Pentecôte 2013