Bouts-rimés ? Quelle idée ! ça fait rétro, mélo ;
Autant confier son crayon au nénuphar.

Chez vous, amis de l’écritoire, je ficelle
Un écrit par mois. Rogaton !
Dirait Voltaire. J’en chancelle,
Amusée par ce très beau vers de mirliton.


L’histoire est autrement plus riche. Au miroir
De l’écriture intime, je me surprends rose
Au plus profond de moi alors que le couloir
Du temps a corseté la cause.

Assise devant un café,
J’effleure chaque mot qui déroule, fougère,
les crosses d’un éblouissement. Si ridé
Soit mon visage, ne suis plus une étrangère.


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Un jour j’attendais maman à la gare de Poitiers.

Le train de Bordeaux était annoncé.

Une fille m’a dit, tout-à-trac, sur le quai :

« Dans les nuages,

Je vois des visages. » 


J’ai fait quelques pas pour digérer ma surprise

Et, revenant près d’elle, je lui ai demandé

Quels visages ?

Dans quels nuages ?


Des nuages de pluie noircis à l’horizon, 

Des visages gais et sages, dorés ou rosés, c’est selon,

Avec un air de voyageurs à l’ écart ou de grande dame,

Dans le ciel où s’étend et se détend l’orbe de leur âme.

- Et quand on ne voit pas les visages ?

-
C’est qu’ils sont dans l'au-delà,
Ou qu’ils se cachent dans nos pas.

-
Quand ils sont là-haut que font-ils ?


- Ils chuchotent à la tour Eiffel,
Ils parlent aux arcs-en-ciel,

Ils…

Nous éclatâmes de rire, ensemble.

Ensemble nous échangeâmes des paroles communes.


- Ils s'envolent à la marge, vers le grand large,

- Ils moissonnent au fronton du jour un ailleurs où nous oserons.

- Ils accrochent des sourires à nos bouches chagrines,

- Ils croisent nos rêves d’amitié et de fraternité.

 

Le TGV entrant en gare me rappela maman et elle, sa voiture pour Paris.

- Au revoir des nuages, au plaisir des visages.

- Voici mon téléphone. Appelez-moi. Je…

 

Cherche maman parmi la multitude des figures

Qui envahissent le quai 4, à Poitiers.

 


Tiffenn Carmès Chantal Giordano

Flines-Lez-Râches - Dissay

22/12/2011 et 02/01/2012