DSK en a trop dit et pas assez.

1°- Sur le « trop dit »,

L’expression « Faute morale » finit par résonner à mes oreilles comme une insulte à Natifassou Diallo, mais pour des raisons qui justement n’apparaissent pas  au premier abord . Je m’explique donc : d' abord, je note que rares sont les journalistes relevant  que "faute morale" est un américanisme qui n'a encore pas cours dans la langue de Molière. En bon français, il n'existe que des" manquements" ou des "entorses" à la morale qu'il faut "suivre" et qu'on ne peut "enfreindre".  Alors, DSK voulait-il nous faire comprendre qu'il avait manqué à la morale? Je n'ai pas l'impression -je peux me tromper- qu'il allait aussi loin. D'abord, de quelle morale exciperait-il ? Ex-futur candidat à la présidence de la république française, je ne peux imaginer qu’il s’adresse aux français en s’affranchissant du cadre laïc qui constitue la seule référence communément admise. Or, dans le cadre de nos libertés publiques dont le président de la République est l’un des principaux garants , toutes les relations sexuelles entre adultes consentants sont permises donc "morales" sauf à faire intervenir des considérations relevant d’ opinions personnelles ou des restrictions religieuses voire communautaires dès lors qu’elles ne troublent pas l'ordre public et les bonnes mœurs (considérations juridiques qui se rapportent d'ailleurs essentiellement à la prohibition de l'exhibitionnisme). Parlait-il d'une morale puritaine américaine  autorisant tout un chacun, pour la plus grande gloire de Dieu,  à flairer les remugles de la couche de son prochain? Il est permis de penser que  cerné parles ligues de vertu DSK en appelait à cette morale particulière aux  WASP ( White Anglo-Saxon-Protestant) qui ravage  la côte ouest  des Etats-Unis. Car quelle  morale universelle interdit  à tout homme nonobstant son âge, son statut social, familial ou son aspect d'avoir une relation sexuelle consentie avec une femme de chambre? Aux Etats-Unis, je ne sais pas,  mais dans notre douce France, c’est heureusement encore permis sans avoir besoin de présenter un mot d’excuses de sa femme ! Du  moins personne n'a dit qu'on ne le pouvait pas sans enfreindre la morale, c'est à dire sans commettre une "faute morale". Oui,  du Président de la République au dernier balayeur, on a le droit de faire l'amour avec une femme de chambre et en même en moins de six minutes si ça vous chante. Oui, certains regards ou certaines initiatives bien ciblées de la partenaire expriment davantage son consentement qu'un long discours ou un contrat en deux exemplaires côtés, signés et paraphés au bas de chaque page. La vie est si courte, n'est-ce pas Pierre? Qu’il n'y a pas une seconde à perdre!  Et qui peut se vanter d’avoir découvert la machine à mesurer le désir? Du temps de sa splendeur, le bouillant Jacques Chirac n'était-il pas affublé du sobriquet Mr Dix-Minutes-Douche-Comprise sans être empêché dans sa carrière? Ni péché originel donc, ni  tache ni faute morale là-dedans sauf à chacun de s'interroger dans le silence de sa conscience, et de  s'expliquer, si c'est le cas, dans le cadre et selon la nature de ses engagements personnels, mais en aucun cas devant la société.

Alors quelle mouche a piqué DSK, piétinant nos valeurs républicaines, ravalant toute pudeur et amour propre, pour venir s’exhiber dans cette contrition larmoyante au sujet d' un épisode de sa vie privée dont il n’a, en France, à rendre compte qu’à sa conscience et à sa (ou ses) co-contractants.  N'est-il pas en effet devenu totalitaire un  régime, qui demande par la voix de ses journalistes  à un citoyen, fût-il candidat à la Présidence, de se justifier sur ses opinions, ses croyances ou  sa vie privée?  Force est de constater que le puritanisme anglo-saxon ne respecte pas cette règle et constitue en cela l'un des derniers  avatars d’un totalitarisme qu’il combat chez d’autres.  S’il avait été bon républicain, Dominique Strauss-Khan  n’aurait jamais accepté de se livrer à cette mascarade de confession publique aux relents de procès stalinien pour donner des gages aux ligues de vertu  américaines.

Cet étalage de "faute morale" d'un DSK se rendant à Canossa signe une régression de l'état de droit. S’il y a lieu, qu' il lave son linge sale en famille sans prendre à témoin le pays entier de ses problèmes de slip. Cette confession, parfaitement impudique m’a paru sémantiquement si travaillée m'a tellement gèné que  que j’en ai surtout cherché à la fuir en cherchant le sens caché, sinon second. Je ne sais pas si c'est la même chose pour vous lecteurs, mais dans la bouche d’un personnage si puissant,  cette faute  dite « morale » prenai tà mes yeux une allure de  faute de « goût ».  Et là, j’ai trouvé que ce n’était pas gentil du tout pour N. Diallo dont je ne sais pas si elle l'était initialement  mais que le jack-pot de la justice américaine a rendu indiscutablement vénale, sauf à faire apporter par ses avocats la démonstration qu'elle poursuit DSK pour l'obtention du dollar symbolique!

Si j’ai bien compris, pour DSK, homme de gauche,  marié de la meilleure façon, puissant, réputé séduisant, se commettre dans un hôtel de luxe avec une femme de chambre au charme aussi discutable relève en fait d'une "faute de goût"! On retrouve alors les vraies valeurs, la belle hiérarchie sociale et les saloperies en douce dont raffole le puritanisme qui pourra le compter DSK parmi les siens lors du procès civil à NY. Si c’est le cas et j’espère me tromper, celui-ci n'aura pas hésité à mettre une relation humaine, quel que fût son objet et fût-ce avec la dernière des dernières, sur le même plan qu'un vêtement dépareillé, vous savez, "le détail qui tue".  DSK, ex-futur candidat à la fonction suprême qui constitue un garant des libertés publiques, qui a bien le droit de mener sa sexualité comme il l’entend, acceptant de s'agenouiller devant les exigences de  conseillers en vente de lessive pour brader une liberté publique fondamentale ! La lâcheté est le défaut que l'on ne peut jamais  pardonner à un homme politique. Elle est toujours payée au final et au prix fort par les peuples qu'ils dirigent.

2°-Sur le" pas assez dit",

 C’est à dire  sur ce qui s'est passé réellement… là, c’est l’intelligence des téléspectateurs que DSK a carrément injurié !  En effet,si, en tant qu' homme public désireux de poursuivre une carrière,  il lui était  demandé de s'expliquer sur l'opprobre jété sur lui, que ne s'est-il  expliqué, au besoin en envoyant paître les puritains,  ou alors qu'il restât chez lui !... la télé n'était nullement une obligation. Après tout, un tas de gens intéressants, souvent les moins sots, n'exercent pas de responsabilités politiques  Ah! s'il avait eu autant de couilles dans l'interwiew qu' à hôtel, il serait apparu comme un homme politique de première grandeur.  Il n'a même pas eu à se défiler d'ailleurs puisque Claire Chazal s'est bien gardée de le pousser dans ses retranchements. C'est pas beau l'amitié?  Paraphrasant Churchill, je dirais qu'il a perdu une occasion de parler et, quoiqu'il dise,  de se grandir, et que de toutes façons, il faudra qu'il parle quand même et ce, devant des gens plus difficiles à convaincre que des Français. Maintenant,  après s'être dégonflé en parlant pour ne rien dire, à lui la sueur et les larmes! Mais, bon, entre le riad de Marrakech et la place des Vosges, ce ne sont pas les filets de protection qui manquent…


Ah, si Pierre était là! Comme j'aimerais connaître l'avis de Pierre sur cette allèchante dispute casuistique!  Comme j'aurais aimé  rigoler avec lui sur les variations autour de ces fameuses six minutes qu'il n'aurait pas manqué de mettre en symphonie! Je l'entends d'ici vitupérer de sa grosse voix de stentor sur l'absence de  compassion  des médias envers ce qui n'est peut-être au fond et par bien des cotés, pour DSK comme pour des centaines de millions de partenaires plus ou moins anonymes,  qu'un drame de l'éjaculation précoce!