Je ne rentrerai donc pas dans ce duel à fleurés mouchetés du non-dit présupposé signifiant clairement une ellipse evanescente à effet rétro-actif contenue à priori à l'insu de son plein gré dans le discours de tout interlocuteur, fût-il animé des meilleures intentions du monde . Je tenterai, simplement, sans autre préambule, de vous faire part de mon inquiétude face aux dégats occasionnés par la pollution croissante dans nos médias du prêt à penser anglo-saxon et plus spécifiquement américain. Car enfin c’est être aveugle que ne pas voir que cette accusation de viol -sur laquelle seuls les deux protagonistes peuvent s’expliquer, ce qu’on attend toujours- n’est que la partie visible d’un iceberg de puritanisme pulvérisant sur son passage un esprit critique dont je croyais bien naïvement que la France disposait de réserves inépuisables. Et, un malheur n’arrivant jamais seul, des associations féministes la ramènent en occupant tout l'espace médiatique comme on dit aujourdd'hui, tandis que le mouvement "Ni putes ni soumises", qui lui, ne tortille pas du cul, se fait étrangement discret...
Plus précisément, sur les bancs de la fac de droit, lors de notre cours sur le viol, j’ai remembrance de ce mot évocateur auquel le prof avait eu recours, un mot malheureusement tombé en désuétude puisque je ne le retrouve pas dans le Larousse. Par parenthèse, j’ai toujours été amoureux des mots sans que la perversité de cet amour ne me mène toutefois aux assises ! Il s’agissait du concept juridique d’ « efforcement » pour définir le recours à la force. Il est difficile, à ce point de l’exposé, de s’empêcher penser à la pratique du mariage forcé auquel seraient encore condamnées annuellement plusieurs dizaines de milliers de nos jeunes concitoyennes des banlieues. La profanation par un mari imposé de par la pression familiale de ce qu’une femme dispose de plus sacré rentre-t-elle dans le cadre de cet « efforcement » évoqué par ce docte professeur ? Je suis bien content de n’être pas aussi savant que lui pour pouvoir me prononcer sur un point aussi délicat. Voilà une question qui n’émeut moins les féministes occidentales que le sort de certaine femme de chambre new-yorkaise... De là à en conclure que selon que vous habitez d’un coté ou de l’autre du périphérique,ou de l'Atlantique, dans nos belles républiques les droits humains sont différents il n’y a qu’un pas que je me garderai bien cependant de franchir puisque je considère avec Cioran que le salut des populations asservies ne peut venir que d’elles-mêmes… surtout tant que les féministes regarderont ailleurs ! Il est vrai que, dans la pureté des principes, admettre que les éléments constitutifs du viol sont réunis dans un mariage forcé reviendrait, rien qu’en France, et tout autant aux Etats-Unis , à expédier chaque année en prison plusieurs dizaines de milliers de maris forceurs et je ne parle même pas des complices familiaux. Et nos prisons sont déjà archipleines de condamnés pour moins que ça !...
Quoiqu’il en soit, j’aurais bien aimé que dans une émission récente de télé, l’une de ces féministes auto-proclamées qui éclosent en ce moment comme champignons après la pluie ait eu un mot sur l’urgence d’une action en faveur de ces malheureuses. Au lieu de cela, celle-ci, une brune bon-chic-bon-teint, avec, sur les dentales, un mouvement étudié de bouche-en-cœur, est venue d’une voix suave et dans un bon sourire nous vanter le mérites d’un nouveau concept , le viol sans violence …oui, vous avez bien entendu ! Le viol sans violence, ou le viol en douceur si vous préférez. C'est un oxymore qui fait son chemin ! Linguistes, juristes, à vos postes, la fratrie est en danger! Car là, croyez-moi, il a du souci à se faire le séducteur-bonimenteur du dimanche, dans une palette qui va du latin-lover au charme incandescent au plus exclu du domaine de la lutte , celui dont le ticket n’est pas valable et qui pour tenter désespérément de plaire ne peut compter, lors les examens de passages amoureux, que sur ses ressources verbales . Ah, ce bateleur de lune, ce faux célibataire qui s’est cru autorisé à vous serrer de près parce qu'il avait déniché, Madame, les compliments que vous souhaitiez entendre- et c' est d’ailleurs la raison pour laquelle vous les avez gobés sans autre examen- alors que vous étiez dans cette zone grise mal structurée qui constitue d’ailleurs une part non négligeable de nos copulations ordinaires où le corps dit plutôt non même si le cœur dit plutôt oui et puis à un moment c’est l’inverse, on ne sait plus très bien lequel a commencé à flancher le premier! Et vous, bonne pomme, avez cédé ! Vous vous êtes retrouvée corps et cœur empêtrée dans la toile ourdie par le latin-lover ou le has-been à tête à tête de rien et voilà qu ' à présent au milieu du gué, horreur ! vous vous apercevez que le sourire jocondien du latin-lover cache des chicots purulents d’où émane une haleine pestilentielle. Est-ce votre faute à vous, comment pouviez- vous imaginer une telle tromperie ? et ça dure, ça dure, ça n'en finira jamais, chaque seconde revêt des couleurs d’éternité ! Maintenant, c’est le bouquet! Ce con puant et gluant prend à présent vos gesticulations et vos cris désespérés pour cesser le massacre commme une manifestation ultime de plaisir. Et si c’était tout ! Mais, non ! Il vous faudra encore boire le calice jusqu’à la lie, comme s’il ne suffisait pas d’avoir servi de fosse d’aisances aux bas-instincts du porteur de chicots . Mais comment est-ce possible ? Moi qui maitrise tout, vous dites-vous, ce n'est pas ma faute, je n’ai pas pu me gourer de façon aussi abyssale sur mon propre désir ! et tandis que vous faites semblant de dormir après vous être brossé les dents pour tenter, en vain, de chasser de votre bouche et de votre esprit les miasmes de son haleine, voilà-t-il pas que ce fumier de latin-lover ou de ticket périmé se précipite vers la porte pour rejoindre sa femme sans même vous dire au-revoir ! Beurk ! Alors, à cet instant précis la voie est tracée pour le règlement de comptes ! Car, heureusement , aujourd’hui, grâces aux luttes courageuses des générations de celles qui nous ont précédées, ce genre de méfait n’est jamais perdu. Vous tenez maintenant un violeur non violent entre vos griffes! Rejoignez l’association. Prenez le temps de réfléchir. Il n’y a plus de délai de prescription pour le viol sans violence ! On s’occupe de tout. L’association dispose quasiment à demeure d’ une avocate hyper-pointue. D’aussi belles promesses dans une bouche abritant de tels chicots ne sont-elles pas la marque irréfragable d’une manipulation, d’une violence douce ? Vous ne saviez plus où vous en étiez ? Lui, l’ordure, savait parfaitement qu’il était en vous, je vous assure ! Il y a forcément eu des manœuvres dolosives pour parvenir à un tel résultat, puisqu’à présent avec ses chicots ou sa dégaine de has been qui n’a jamais été personne, il vous dégoûte à un tel point que vous n’avez pu qu’être à des années-lumière d e l’ombre d’une ébauche de désir pour ce bouc répugnant ! Donc vice du consentement, donc viol, donc, crime, cqfd ! Convocation au commissariat, non, Monsieur, il n’y pas besoin de coups, ni de détenir une autorité sur la plaignante.Qu’est- ce que vous croyez, faut vivre avec votre époque, nul n’est censé ignorer la loi. C’est la nouvelle loi féministe, vous n’avez peut-être pas eu de cours au Lycée sur le le viol sans violence . C'est dans tous les programmes.? A quoi ça sert qu’on y anime avec le divisionnaire des séances de prévention alors? Non Monsieur, là vous confondez avec le harcèlement. On vous accuse d’avoir été lourd de boniments pour parvenir à la pénétration, oui, seulement à la fellation si vous voulez, mais c’est le même tarif. Vous dites qu’elle aurait pu vous provoquer des dégâts de nature à mettre en péril votre paternité future si elle n’avait pas été d’accord ? Oui, peut-être, mais vous êtes un homme et un homme ça fait fait peur aux femmes que voulez-vous, c’est dans les gênes. Vous êtes moins corpulent qu’elle ? Sans doute, mais l’ascendant psychologique, qu’en faites-vous ? Bon, vous expliquerez tout ça aux jurés. La preuve qu’elle n’était pas d’accord, cher monsieur, c’est qu’elle se plaint. Ça s’est passé il y a seize et vous n’êtes pas vraiment sûr de vous souvenir complétement de cette soirée précise? Ça laisse rêveur sur les autres ! Vous dites que vous buviez comme un trou à cette époque et que des joints circulaient ? C’’est étrange, ce n'est pas ce qu'elle dit. De toutes façons, je vous conseille de le garder pour vous, ce serait plutôt une circonstance aggravante. Depuis, vous vous êtes marié et vous avez deux enfants ? La belle affaire ! Cher Monsieur, cette dame était mineure à l’époque des faits. Vous me dites que vous ne sauriez même pas la reconnaître : Une femme avec qui vous avez couché ! Hé bien bravo, bonjour le respect ! Là vous aggravez votre cas ! Il faut comprendre la fragilité de cette personne. Vous l’avez démolie, c’est clair. Seize ans après les faits, cette dame a commencé une analyse et cette plainte est la seule manière pour elle de retrouver l’estime de soi. C'est une démarche courageuse. L'estime de soi, ça n'a pas de prix. Vous aviez 23 ans et maintenant vous en avez 39 . Ce n'est pas un argument recevable. Les délais de prescription ont été rallongés vous savez. .Ben oui, l’influence protestante , l’oubli des offenses lié au temps, la prescription,il n’y a que chez les catholiques que ça marche. On se repent, on se confesse on est pardonné et ça remet les compteurs à zéro. Le Livre, c’est œil pour œil, dent pour dent ! Vous savez, cher Monsieur, le viol sans violence pour constituer un dossier, on imagine pas comme c’est reposant et c’est du pain bénit pour les statistiques de la police. Plus de juge d’instruction, plus de blabla ! Pas besoin de coups, ni de certificat médical pour fonder une plainte. C'est pas beau ça, la rationalité de cette administration française que le monde nous envie? Une simple plainte et direction la case prison, direct… Combien de temps avant de passer aux assisses ? ça dépend , disons entre un et deux ans si les magistrats ne font pas trop grève . Après, pour le verdict faut compter une moyenne entre cinq et dix anx , ça dépend. Avec les remises de peine, vous ferez trois à quatre ans et encore. Maintenant, si vous reconnaissez les faits et adressez une demande de pardon à la victime, les jurés auront la main moins lourde. Quel avocat avez-vous pris ? Ah! la joie des beaux procès, des grandes messestélévisuelles pour pas un sou de droits de retransmission. Non, non, non saint Kafka n 'est pas mort, tant qu'on b... encore! (coda)
Entendez- vous sur nos boulevards hurler ces hordes gesticulantes derrière ma féministe bouche-en-coeur. Non mais, salauds, on va vous apprendre à nous respecter ! La guerre des sexes est déclarée et elle nous arrive d’Amérique ! Les ricains, on avait pris l’habitude de les voir débarquer pour nous libérer mais là ce sont les corsets qu’ils nous font ressortir de la naphtaline ! La boite de Pandore est ouverte et le couvercle n'est pas près de se refermer! Pas une semaine ne s’écoule sans que la presse ne sorte un nouveau viol qu’une présumée victime tenait au chaud dans un placard depuis des semaines, que dis-je, des mois, des années! Et comme pour un vin de garde avec le temps les éléments de la plainte se bonifient; Si la plaignante n'a pas osé l'évoquer depuis des années, combien il doit être profond son traumatisme! Haro sur le baudet! Tous aux abris, les gars ! J’apprends ainsi que certains palaces s'équipent déjà de boutons anti-panique à l’usage des femmes de ménage. ..Le jack-pot ! Vive l’Amérique ! Le biseness, il y a que ça de vrai ! A combien de fric et d’années de prison peut se négocier l’appel d’une femme de ménage en détresse? Aux tarifs qui circulent dans les médias, on peut craindre une explosion, que dis-je un tsunami, de vocations ancillaires. Maman, j’ai peur ! Comme je l’ai dit , avec ses insuffisances régulièrement pointées du doigt dans la grande la loterie de ses cours d’assises la française n’est peut-être pas une justice de rêve, mais on ne peut qualifier d’exhibitionniste un système inquisitoirecomme le nôtre qui répartit cahin-caha, peu ou prou, la même pénurie entre le bas et le haut de l’échelle. Tandis qu’avec avec son système accusatoire privilègiant les riches pouvant payer les cabinets qu'il faut avec leur ribambelles de détectives privés, l’américaine est à coup sûr un cauchemar qui ne fait qu’accroitre le gouffre entre le haut et le bas de l’échelle sociale. C’est pourtant le choix retenu par nos gouvernants – mais après tout, nous les avons élus !- de se délestant du coût de l’instruction à charge et à décharge pour tous.Selon que vous serez puissant ou misérable les jugements de cour vous rendront blanc ou noir, observait La Fontaine. L'Amérique, bientôt suivie par la France, en est restée aux temps de Louis XIV. Saluons le progrès.Vous avez dit fracture sociale ?
Finie la présomption d'innocence dont pouvaient se prévaloir depuis un demi-millénaire les batifoleurs de la carte du tendre! Et je ne parle même pas du mariage qui terme d'une construction jusrsprudentielle insidieuse, lente certes, mais inexorable, ne vous protège plus des accusations les plus outrées. Sauf donc à renouer avec les seules amours platonniques, il devenu urgent d’organiser la riposte en prenant modèle sur les agents immobiliers qui, avant toute visite, face aux pervers de la radinerie, ont banalisé l’usage du carnet de visite à souches à contresigner en double exemplaire dont l'un est remis à chaque partie avant toute prestation. Les jurés se contenteront –t-il d’une signature unique sur ipod comme les livreurs de chronopost ? Je ne m'y fierais pas en raison de la persistance des fraudes informatiques. Au surplus, au regard d’un risque qui se calcule en années de taule on ne recommandera jamais assez d’être extrêmement précis dans la description des prestations à venir au point de ne jamais confondre pourpoint et haut de chausses ainsi que Molière nous a déjà mis en garde. Et ce n’est qu’une étape ! Une fois les partenaires d'accord sur les rythmes et les autres modalités de l'exercice, conviendra-t-il encore d’opter pour le bon carnet à souches. On imagine mal en effet que des pratiques dont ma pudeur naturelle m’interdit de faire ici l’inventaire sur ce blog à la portée des familles et qui sont à jamais bannies par la plupart des religions révélées se retrouvent reportées sur le même carnet que celles à présent admises par beaucoup d’agnostiques. Ce ne sera pas non plus faire montre d'une excessive prudence que de ne pas faire l'économie, avant que les athéniens s'atteignent, et même pendant, à intervalles régulier, d'une séance de signature subsidiaire, de manière à vérifier dans chaque recoin du process amoureux que le protocole de consentement n'a pas été vicié par diverses sources comme par exemple la survenance de stimuli extérieurs indépendants de votre volonté tels qu'aboiements de chiens, bruits de klaxons etc... Un vrai casse-tête, quoi , mais si vous préférez dix ans de taule, à votre guise, après ne venez pas vous plaindre !
Je rigole, naturellement, crois-je utile de préciser pour les mal-comprenant. Quoique… comme aurait dit Raymond Devos . Tiens, voilà un funambule des mots qui n’a pas été remplacé et en semblable occurrence la gouaille d’un Coluche n’eût pas été de trop. Les rares humoristes qui avaient quelque chose d'original à dire ont été privés d’antenne pour l’exemple par l'actuel pouvoir. C’est assez réussi. Ceux qui restent ont si peur d’ un pet de travers qu’ils sont bien gentils, tout dociles, tout mignons devant leur écuelle, braves toutous enchainés à des chaines télévisuelles qui n’ont jamais si bien bien porté leur nom. Dans ces conditions, le souffle de mai 68 n’est même plus une brise et derrière bouche en cœur, le temps s'annonce radieux pour les puritains.Ce monde m'emmerde. Honte sur nous ! Cohn-Bendit, où es-tu ?