Toute la journée elle avait erré comme une âme en peine, passant d’un boulevard à l’autre, se posant juste un instant pour prendre une tasse de thé, et encore dans un petit café isolé.

Puis elle s’était assisse dans un jardin public regardant un groupe d’enfants qui se chamaillaient dans un bac à sable. Le soleil s’étant couché, elle avait eu froid, et puis elle ne sentait plus ses pieds…Alors elle se dirigea vers le quartier de la gare et ses hôtels, elle en choisit un au hasard.

 

Elle entra dans le hall avec beaucoup de précautions.

Elle se sentait gênée d’être là, pour elle, un hôtel n’était pas un lieu très recommandable.

 

Elle sursauta quand une voix venue de nulle part l’interpella !

 

-         C’est pourquoi ?

 

Assisse derrière son desk la réceptionniste était invisible et elle ne la découvrit qu’en s’approchant. Elle hésita une seconde à répondre, il était encore temps de s’enfuir, mais pour aller où ?

 

-         J’aurai besoin d’une chambre

-         Nous sommes là pour ça, c’est pour combien de nuits

 

Il ne manquait plus que cela, elle n’avait pas prévu cette question, d’ailleurs elle n’avait rien prévu du tout.

 

-         C’est que je ne le sais pas !

 

Elle n’allait tout de même pas se mettre à raconter sa vie privée à cette inconnue.

 

-         Je ne peux pas le savoir pour vous Madame répondit la jeune femme d’une voix calme et professionnelle, mais il faut que vous preniez une décision, car ici on paie d’avance.

 

Elle la regardait sans la voir, seule la voix posée et mélodieuse parvenait à son subconscient.

 

-         Je vais prendre deux nuits, après on verra.

-         C’est cent cinquante euros, sans le petit déjeuner

 

Elle sursauta n’ayant pas imaginé qu’elle devrait s’acquitter d’une somme pareille.

 

-         C’est la 422, quatrième étage droite au fond du couloir, l’ascenseur est après l’escalier. Le petit déjeuner à partir de six heures jusqu'à dix heures en salle prés de l’entrée. Vous serez bien chez nous, c’est très calme.

 

-         Serait-il possible de manger quelque chose ?

 

-         Non nous ne faisons que les petits déjeuners, mais vous avez une brasserie en face qui est ouverte jusqu'à minuit.

 

Il faut que je prévienne le patron, car si demain on la retrouve étendue sur la moquette c’est encore moi qui aurait des problèmes, c’est qu’elle me fait peur avec son air hagard et sa tête de déterrée. Le patron n’aime pas les clients sans bagage, quand ils sont deux, on sait à quoi s’en tenir, mais une toute seule dans cet état là il y a tout à craindre…En tous cas elle m’a payé ses deux nuits, c’est déjà ça !

 

La chambre était quelconque sans charme particulier mais fonctionnelle, le cabinet de toilette était rutilant et invitait à prendre un bon bain…Pour l’instant et au vue de son état tout cela était très bien.

 

-         Allo Claire c’est Sara…Oui…oui, j’ai besoin de te voir d’urgence, non je ne peux pas t’en parler au téléphone. Je suis à l’hôtel de la gare si tu veux on peut se retrouver à la brasserie qui est en face !

-         Mais, qu’est-ce qui t’arrive, que fabriques-tu dans cet hôtel ? T’as un problème, tu pleures ? Si je t’entends pleurer, alors ne me dis pas le contraire.

-         Ce n’est rien cela va passer, je t’attends à la brasserie à tout de suite.

 

Des amies comme Claire on n’en a pas dix dans sa vie, et si quelqu’un peut m’aider ce sera elle, mais comment lui annoncer cela ?

 

C’est comme un mauvais rêve Sara ma meilleure amie une fille adorable, sans histoire dans quoi a-t-elle pu aller se fourrer ? Jamais depuis que nous nous connaissons je ne l’ai vu autrement que détendue et souriante et là on sent dans sa voix qu’elle a peur, je dirai même qu’elle est terrorisée. Je ne vois rien de prime abord qui puisse la mettre en perdition et lui faire perdre ses certitudes…

 

Cela fait une demie heure que je suis là à attendre, la bière était tiède, le sandwich tout racorni, qu’est-ce que j’avais besoin de l’appeler, avec mon ton lugubre je n’ai fais que l’effrayer.

 

Quand soudain !

 

-         T’en as de bonnes toi, ton hôtel n’est pas l’hôtel de la gare, c’est l’hôtel du départ, l’autre est à trois cents mètres je pouvais toujours te chercher, enfin je suis là c’est l’essentiel. Alors, qu’est ce que tu me racontes ?

 

En courant sur le boulevard elle s’était demandée comment aborder la discussion, mais maintenant qu’elle était là, il n’y avait plus qu’à se laisser porter, si Sara partait en vrille il serait toujours temps de prendre les choses en main.

 

Mais elle est là, c’est sure elle va me trouver folle, je n’ai même pas penser à me remaquiller et remettre mes cheveux en place.

 

-         Tu peux m’expliquer ce qui a pu te mettre dans un état pareil et pourquoi tu m’as appelé ?

-         Laisse moi un instant je vais y arriver…

 

Elle doit penser qu’il m’est arrivé un drame que j’ai été agressée, mais les mots ne veulent pas venir.

 

C’est plus grave que je ne le pensais, il faudrait que je l’emmène voire un médecin, elle est entrain de perdre les pédales.

 

-         Merci d’être venue tu as dû me trouver étrange ?

-         Que vas-tu chercher là, tu es mon amie c’est tout ce qui compte ? alors tu te décides à raconter ou il faut que j’imagine

 

J’avais déjà entendu dire que ce genre de situation pouvait rendre folle mais là je vis l’expérience grandeur nature, maintenant que je lui ai dit de venir il faut que je lui dise quelque chose ou elle va appeler police secours.

 

-         Je suis à l’hôtel parce que j’ai peur, non, ne dit rien, laisse moi terminer, tu peux me prendre pour une folle, mais j’ai peur d’être volée ou enlevée. Je sais tu dois penser que je ne risque pas grand-chose avec ma bourse d’étudiante ;

Je sais que je devrais reprendre mon calme, je me le répète depuis ce matin, mais il est des moments ou l’on ne maitrise plus rien !

 

Si je tenais le salopard qui lui a fait ça, je lui ai toujours dis qu’elle devait être prudente, ne pas circuler seule après certaines heures, fermer sa porte, oh mon dieu. Ne rien laisser paraître, rester zen !

 

-         Tu sais qu’a moi tu peux tout dire, je peux tout comprendre, mais si c’est trop difficile on peut prendre son temps, je n’ai cour que demain à dix heures trente.

 

Là elle croit qu’elle à compris, c’est bien moi de laisser les choses s’emberlificoter, et maintenant elle se fait son cinéma.

 

-         Tu ne veux pas m’accompagner à l’hôtel, on sera plus à l’aise.

 

Quoi ? Ne pas la laisser tomber maintenant, j’espère seulement qu’elle ne va pas me faire le coup du « Coming out » je ne suis pas prête à tout entendre.

 

En les voyants rentrer la réceptionniste se dit : classique c’est une histoire d’amour qui tourne mal, je me disais aussi.

 

En entrant dans la chambre je lui dis tout de suite…

 

Elle n’ose pas me regarder, c’est complet…

 

-         Claire j’ai gagné dix millions d’euros au loto…