"Bertha ! combien de fois faudra-t-il vous répéter que le féminin de finalement n'est pas  fine allemande ? "

Et chaque fois, en guise de représailles, Bertha lui montrait sa petite culotte qui avait, comme elle, un fort accent guttural.

Ah ! l’heureuse époque !

Les amis du blog aimaient bien Bertha. Comme il n'était pas question de la leur livrer d'un bloc, ils la distillaient par brèves ; de temps en temps pour les uns ou régulièrement pour Pierre qui a la plume féconde.

Qui donc a prétendu que les allemandes étaient lentes à s’émouvoir ? Bertha jouissait à chacune de nos brèves. Même lorsque les aiguilles de pin lui piquaient les fesses. Et toujours avec ce fort accent qui faisait se racler la gorge à tout le voisinage. Mais comment lui dire sans la blesser qu'elle avait la petite culotte enrouée ?

Ah oui ! un joli temps que l’époque de Bertha ! Souvenez-vous du jour où André l’avait entrainée dans la pinède. Fiat voluptas tua. Il publia même leurs ébats, oubliant un peu vite qu’il avait joué les pères la pudeur suite à certains écrits de Pierre.

Où donc es-tu passée Bertha ? Reviens-nous Bertha !

Car bientôt ce blog, que nous avions porté sur les fons baptismaux du Pont Neuf, allait devenir plus ouvert que la petite culotte de Bertha. Un atelier fut créé. On y distribuait dix biscuits à chaque participant et c’était à qui confectionnerait le meilleur tiramisu.

Constatez que cette pratique s’est depuis institutionnalisée. Rien ne semble pouvoir en conjurer l’inflation, mot devenu dangereux et que l’on redoute de voir figurer parmi les biscuits.

Devant cette dérive et prétextant de lointaines obligations, j’avais pendant deux ans déserté le blog. Je n’y suis revenu que pour confesser le fond de mon âme profondément rétive à cet artifice littéraire.

Notre ami Antoine le dit bien : "Nul ne connaît vraiment le fond des choses."

Ainsi en est-il de la petite culotte de Bertha.