avec Brillant qui brille dans une autre ville. Rapidement, vous rencontrez Proche et débute une amitié jamais égalée avec un garçon. Proche et vous passez tout votre temps ensemble. Vous veillez des nuits à discuter, il y a entre vous une absence de pudeur et de frime qui met vos âmes à nu. Il dort souvent chez vous et la tendresse se greffe à cette amitié fusionnelle. Proche et Brillant se rencontrent et Proche partage votre admiration pour Brillant, avec quelque envie.
Et puis, Proche devient amoureux de vous. L'amitié devient difficile, il est malheureux et vous le reproche. S'ensuit une période où il vous insulte, débarque chez vous dans la nuit en piteux état. Egoïstement, vous lui en voulez de détruire cette incroyable amitié.
Proche finit par couper les ponts et repartir dans sa ville natale. Vous apprendrez qu'il y devient père et se marie. Vous perdez les derniers amis communs de vue, il sort de votre vie.

1997

Vous êtes à présent mariée à Brillant. Depuis 3 ans, vous revoyez Proche. Un jour, vous êtes tombée sur un courrier adressé à un collègue et signé Proche. Vous l'avez appelé, il est à Paris, avec sa famille. Vous vous êtes revus et, immédiatement, vous vous êtes parlé à nouveau avec cette intimité sans frein. Vous avez proposé de vous voir à quatre, entre couples. Mais d'après Proche, sa femme vous attribue la dépression qu'il a vécue en 1987 et refuse de vous rencontrer.
Vous ignoriez tout de cette dépression.
Vous vous voyiez donc toujours tous les 2, pas très souvent, au restaurant ou dans un. bar. Ces rencontres sont hermétiques à vos vies, vos familles, à vos appartements. Vous discutez de choses dont vous ne parlez à personne. Proche trompe sa femme fréquemment, vous le sermonnez, ce qu'il accepte, puisqu'il continue à tout vous raconter. Vous redevenez meilleurs amis.
En 97, avec Brillant ce n'est pas brillant. Vous imposez une pause. Bien sûr, Proche sait tout de ce qui vous amène là. Lors d'un de vos diners, vous parlez de ceux qui vous draguent, des détours obscurs de leurs séductions, qui vous perdent. Proche vous dit sans ambages qu'il est toujours attiré par vous. Vous en discutez longuement pour conclure qu'il ne faut rien faire. Proche craint de souffrir à nouveau et vous n'êtes pas claire sur Brillant. Et puis, vous sortez du restaurant et vous vous embrassez. Vous traversez Paris à pied, euphoriques, en vous pressant sous les portes cochères. Brusquement, Proche rompt la magie d'un mot, et vous ne savez plus si c'est un manque d'envie ou la peur. Vous vous quittez, vous appelez le lendemain en parlant d'erreur. Il vous faudra quelques mois avant de vous revoir. Vous repensez à cette marche dans Paris chaque fois que vous voyez « le baiser de l'hôtel de ville ».

2007 :

Proche avait raison, vous êtes retournée assez rapidement à Brillant après une courte pause. Beaucoup de temps est passé depuis le baiser de l'hôtel de ville. Proche s'est éloigné, mutation, vos vies se sont construites. Proche et vous êtes toujours en contact. Au bout de plusieurs années, Proche revient à Paris. Vous dinez ensemble une ou deux fois par an. Vous reparlez rarement des épisodes précédents.
Ca chauffe avec Brillant, qui est de plus en plus froid. Cette fois ci, vous n'en parlez pas à Proche. Finalement Brillant et vous faites sécession. Vous finissez par le dire à Proche, qui n'en revient pas. Lui s'apprête à quitter la France. Vous convenez de vous voir une dernière fois pour vous dire au revoir.
Pour la première fois, il propose que ce diner ait lieu à trois, avec un ami commun.
Contrairement à ce qu'il pensait, Proche est parfois amené à venir à Paris. Vous n'êtes pas toujours là. Vous réussissez à vous voir, un diner. un restau, il y a un mois. Ce qu'il préfère, c'est parler de vos relations ou non-relations. Il ne vous laisse pas fuir ou éluder le propos. Proche vous dit « si j'étais sur le marché, je tenterai ma chance.» « Proche, répondez vous, si tli. étais sur le marché, ce serait déjà fait» et la conversation peut reprendre. Vous parlez absolument de tout, avec cette absolue franchise et sans aucune barrière. Vous vous dites que vous avez de la chance d'avoir Proche pour ami.
Et puis, Proche vous envoie un mail, pour vous prévenir qu'il repassera à Paris en septembre. Il vous propose un restau, à moins, dit-il, que vous ne préfériez cuisiner chez vous. « Excellente idée, répondez vous, voyons nous plutôt chez moi. »



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