Réponse à...

 

Laure

Par le plus grand des hasards, je suis tombé sur un courrier du cœur publié dans votre journal. Il est signé d'une certaine Laure, elle a changé son prénom, mais on ne me la fait pas.

Je suis certain que c'est ma femme : car en ce qui concerne l'homme formidable dont elle parle, ce ne peut être que moi, je me suis tout de suite reconnu, j'explique :

Attentif, aux petits soins, je ne participe pas à tout, je fais tout !!!

Il faut dire la vérité, car c'est une réalité. "Il n'y a de vrai que la vérité vraie" vous en conviendrez.

Mais un homme formidable ne suffit pas à madame, j'explique : ce n'est jamais assez, il lui manque toujours un point sur les i ou une barre sur les t, c'est son drame. Et sans vouloir envenimer la situation, d'une mauvaise foi imparable.

Par exemple son fameux rendez-vous pour le contrôle technique de la voiture auquel elle fait allusion, elle m'avait proposé de s'en occuper au vu de mes multiples obligations. Et bien croyez-le ou pas, madame a oublié, et cela en dépit du message que je lui avais laissé sur l'ardoise de la cuisine. Convenez qu'il y a là un renversement copernicien de la preuve par son inversion du propos ! Je suis bien marri car sauf miracle, vous ne publierez pas ma lettre. Il suffit de lire vos réponses pour comprendre que vous êtes pro féministe.

Aussi je me chargerai de lui en faire la lecture à la maison, et nous aurons une explication de texte, un peu de respect ne gâte rien.

Merci de votre compréhension…  "  (Dominique Guerville)

 

Franck

Cher Franck,

Votre femme souffre d’un complexe d’infériorité. Dites-moi si je me trompe, mais vous avez choisi une femme plus jeune que vous, et qui ne travaille pas, pour s’occuper de vos enfants. Au début, cela vous plaisait, elle était toute à vous, et admirait votre réussite professionnelle. Vous vous êtes lassé de ses questions sur votre travail et vos collègues, et vous avez commencé à lui répondre de façon distraite. Vous avez omis de vous intéresser à sa vie à elle, entre le ménage et les enfants. Vous êtes un peu autoritaire, et n’aimez pas qu’elle sorte sans vous quand vous n’êtes pas disponible. Résultat, elle a commencé à souffrir de neurasthénie et … vous vous êtes intéressé à quelqu’un d’autre… Vous souhaitez donc que je vous donne ma bénédiction pour la quitter ! (Aline Henry)

 

Loïc

Cher Loïc,

Vous vous inquiétez bien à tort. Quelle injustice à vous dévaloriser de la sorte ! 

Vous ne savez pas draguer, dites-vous, la belle affaire… Vos amis vous trouvent sympathique, croyez-les et profitez-en ! Séduire, vous savez, n’est pas une science, et ne répond à aucune norme. Et les techniques de drague, stéréotypées et éculées, font fuir beaucoup de femmes, et certainement celles que votre cœur pourrait choisir. Faites plutôt confiance à votre naturel ; soyez vous-même et acceptez d’être vu tel que vous êtes, vraiment. Alors, vous ne serez plus invisible, mais remarqué. Votre charme est en vous, donnez-lui sa chance ! (Viviane Youx)

 

Courrier du coeur

 

Depuis plusieurs mois déjà, j’ai envie de vous écrire car je ne sais plus où j’en suis. Sur vos conseils, j’ai quitté ma femme et vis maintenant avec Laure. Elle a quitté son mari, qui était souvent de mauvaise foi ; nous avons ses enfants et les miens une semaine sur deux, cela fait du monde mais au moins nous avons en alternance une semaine de tranquillité, où Laure est toute à moi. Je lui ai demandé, pour des raisons pratiques, de quitter son emploi, qui n’était guère rémunérateur. Je pensais que le bonheur d’une maison accueillante et d’enfants épanouis lui suffirait. Or, non seulement est-elle elle aussi sujette à des crises de larmes, mais je l’ai surprise l’autre jour à fouiller dans mon téléphone, et j’ai même cru voir sa voiture devant le bar où je prends régulièrement un café avec mon ami.                                                                                                                                   

Toutes les femmes sont-elles jalouses ? Comment puis-je faire pour en rencontrer enfin une normale ?

Franck

(Aline Henry)

 

Depuis plusieurs mois déjà, j’ai envie de vous écrire car je ne sais plus où j’en suis. J’ai essayé tant de fois d’arrêter que ma vie se résume à une interminable litanie de start & stop. C’est simple, le mode pause est activé à mi-temps, et c’est pourtant en continu que mon affliction m’est renvoyée à la figure, leitmotiv incessant de morale insupportable. J’arrête, j’arrête… sans fin.

J’ai consulté. En vain. Le résultat est pire. Les thérapeutes me renvoient face à moi-même. Difficile pour eux de comprendre mon dilemme profond. J’ai l’impression d’attaquer les fondements-mêmes de leur fonction.

Mes proches n’en peuvent plus. Même la nuit ne me laisse aucun repos. J’ai tout essayé, les cures de plantes, les tisanes, je me suis même risquée aux somnifères une fois en passant. Rien n’y fait. Mes amants me quittent l’un après l’autre, ils n’en peuvent plus, même pendant mon sommeil, ça continue. Faites-la taire ! Si vous saviez comme cette rengaine me fait souffrir.

Aidez-moi, je vous en supplie, à vaincre cette logorrhée qui m’afflige. 

Lili

(Viviane Youx)

 

 

Depuis des mois déjà, j'ai eu envie de vous écrire car je ne sais plus où j'en suis…

Cette période a été difficile à vivre en raison du confinement imposé par le COVID pendant lequel on ne pouvait sortir, ni approcher personne.

Je vous ai vu passer, tous les jour empressée, précise, toujours à l'heure.

Le rituel, toujours le même, je me tiens debout derrière ma fenêtre, caché dans les plis des rideaux. Je vous guette. J'espère comme chaque jour que cette fois sera la bonne, que j'ouvre la porte et que vous êtes là.

Je découvrirais alors votre visage et votre sourire qu'au long de ces longues heures d'attente j'avais fantasmés.

Ce jour est enfin arrivé, ma sonnette a retenti, j'ai ouvert grand ma porte, las !... la désolation ! vous portiez un masque, et je n'ai vu que vos yeux, beaux au demeurant.

Je ne puis vous écrire, car vous êtes pour moi une parfaite inconnue, bien qu'étant ma factrice… Je confierai donc mes paroles au vent ! 

(Dominique Guerville)