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Empêchée
Dans ma prison dorée, les jours coulent sans peine.
Le temps, hier encore futile espoir, a fui.
Les jours sont là, muets augures, toujours les mêmes.
Les mots ne viennent plus, le cours s’en est tari.
On parle, tant qu’on peut, de ce qui nous enchaine
On parle du soleil, des silences, de ces bruits
De la vie arrêtée qui si fort nous entraine
Vers des horizons noirs où seul le ciel rugit.
Ils parlent, tant qu’ils peuvent, les avis se déchainent
Quelle guerre pourrions-nous mener de notre lit ?
De leurs mots dérisoires nous formons une chaine
Bavarde, et du mortel virus un ennemi.
Les mots se sont taris, il n’en est plus qui tiennent
Plus d’un jour, et la nuit, ils courent la prétentaine
Pleurant nos cœurs marris aux tristesses lointaines
Par ces vagues ennuis de nos angoisses vaines
Rugir, crier, pleurer, sortir de ce mystère
D’un silence accepté pour n’être pas perdus
Parler de nos amours, de nos imaginaires
Nos corps sereins, et sourds aux peurs lentes qui tuent
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Et les mots se relèvent, statues imperturbables :
Ton silence résonne, c’est toi qui n’es plus là
Qu’as-tu cru, femme aphone, ta pose hiératique
Te donne-t-elle à croire des devins improbables
Qui t’enivrent d’effroi comme divin viatique ?
Ton mutisme claironne ta frayeur d’être là
Seulement affairée de jours qui se ressemblent
Seule, amère condition de tout être sceptique
Dont l’univers restreint à ne plus être ensemble
Confine son espace au poids d’un toujours là.
21 avril 2020