Aventurier, amoureux de l’espace, il rêvait d’être aviateur, mais son accident de voiture interrompt brutalement son projet. Il lui faut rebondir. S’il ne peut plus voler, il va plonger et explorer les fonds marins. Il découvre avec émerveillement toute une vie là, sous l’eau qu’il ignorait : Le monde du silence ! Mais il découvre aussi les effets de la pollution les désastres écologiques. Ainsi, dans un même temps, il s’enthousiasme et se révolte. Il s’engage et consacre alors toute sa vie à préserver les ressources des océans, à dénoncer les effets de la pollution et la dégradation des zones côtières. Il est convaincu de l’urgence à sauvegarder la nature il se jette à corps perdu dans cette bataille, il y met toute son âme, toute son énergie. Il faut une prise de conscience, il veut communiquer, sensibiliser, attirer notre attention, il réalise des films. Il ne recherche pas la gloire mais il veut agir. Il devient l’homme préféré des Français. C’est un scientifique rigoureux, il fait autorité. Sûr de lui, il ne peut être contesté et pense avoir convaincu. Son combat pour sauvegarder la mer est en marche.

Le Pont. Tout a commencé quand il lui a été demandé une étude devant évaluer les risques environnementaux que la construction d’un pont reliant l’ile de Ré au continent pouvait engendrer. Rien de plus normal que l’on fasse appel à ses compétences. Plusieurs fois, lui a-t-on demandé son avis !

Alors, quelle désillusion ! Il ne peut y croire. Il est furieux, hors de lui. Devant les caméras, il s’emporte, s’empourpre et déchire d’un geste rageur les pages de son document. Il a appris que la décision de construire le pont était prise alors même  qu’il n’avait pas encore rendu les conclusions de son travail. Si aujourd’hui, ce long ruban de béton,  surplombant la mer en suivant une courbe harmonieuse fait partie du paysage, sa construction a opposé écologie et intérêts mercantiles. 

Il se sent bafoué, dénigré. Son travail est disqualifié. Il ne recherchait pas la notoriété mais il se pensait écouté. Il a réalisé un travail sérieux avec des conclusions solidement étayées. Mais on attendait simplement une approbation formelle. 

Hors de lui, rouge de colère, comme  son bonnet légendaire. Ce bonnet rouge : c’était celui  que les bagnards du XIXe siècle portaient et sur lequel  était brodé leur numéro matricule. Il voulait réhabiliter le souvenir de ces hommes bannis de la société qui ont été sacrifiés sur l’autel de la science. S’il a éprouvé autant de plaisir à explorer le monde sous-marin avec son scaphandre autonome puis en s’embarquant avec son équipage à bord de la Calypso, il n’oubliait pas que c’était grâce à ces bagnards qui étaient contraints à plonger, risquant leur vie  avec ces premiers scaphandres très incertains. Il voulait rendre hommage à ces hommes mis au ban de la société. Là, c’est l’engagement de toute sa vie qui est nié, bafoué, méprisé. Ces bagnards ont permis des progrès techniques, la course au profit a gagné sur l’écologie. 

 

Jean-Yves COUSTEAU ne voulait pas d’un pont rejoignant l’Ile de Ré au continent, mais ses passions ont réuni le ciel et la mer et lors de ses explorations sous-marines il repensait à ces premiers plongeurs.