Il est des mots impossibles à dire, mais aussi des actes impossibles à commettre, tout est affaire de convention, d'éducation, de blocage ou de tendances exhibitionnistes.

   C'est "Attention" qui pose tout d'abord problème, ça n'arrête pas, ça commence dès l'enfance, on y entend des inepties du style: " Attention bobo, mal tes minettes, si l'enfant s'approche trop du feu, attention tomber maman va te prendre, tu es trop petite, si l'enfant tente de monter les escaliers". Enfin, vous voyez le genre, bêtifiant protecteur, alors qu'il faudrait tout au contraire lui dire : "D'accord, essaye ! tu verras bien, je suis là".

   Tout ça me direz-vous, c'est bien gentil, c'est facile à dire ou à imaginer quand on est là, bien tranquillement assis, à boire son café au lait avec ses petites tartines grillées.

   Dans la vie quotidienne, tout un chacun peut se trouver confronté à des situations ou des rencontres qu'il n'avait jamais imaginées ni même crues imaginables.

   C'est simple en apparence, enfin c'est un euphémisme, le monde dans lequel nous vivons oscille entre deux pôles le bien et le mal. Enfin c'est ainsi que l'on nous présente les choix de base. Évidement qu'il y a des choix à faire pour sa gouvernance personnelle, les deux propositions sont attrayantes et pouvant apporter des satisfactions, le tout étant affaire de confort intellectuel et de conscience.

   Adam et Ève, pour leur part, avaient eu de la chance, si ce que l'on nous raconte est vrai. Chance si l'on peut dire, car sauf votre respect l'affaire était piégée dès le départ. Ils vivaient paraît-il dans le bien-être et le confort permanent et total, tout était nickel. Bien-être, bien vivre, bien heureux, en définitive bien heureux couillons. Ils avaient droit à tout sans limites, sauf à la pomme. Ah la pomme dont on nous rebat les oreilles et dont on ne connaît même pas la variété, (qui plus est qu'elle n'était peut-être pas bonne du tout).

Ils étaient dans un cadre parfait où tout avait été fait pour eux, le jardin d'Éden, si parfait que l'on en parle encore. Mais, car il y a un mais, il fallait qu'ils chutent, c'était dans le programme. Un beau jour Ève en a eu assez de cette mascarade lénifiante, négligemment l'air de rien, elle a tendu la main gauche et cueilli la pomme, alors qu'en fait elle attendait qu'il la cueille, elle, tout simplement. Elle ne se posait pas de question, elle commençait à trouver que ce face-à-face dans lequel ils étaient installés pour l'éternité était rasoir, que pour organiser des soirées, ça tournait au repas en duo. Elle est donc passée outre ils ont croqué la pomme en réalité elle lui a sauté dessus, il s'est laissé faire et neuf mois plus tard…

   Elle ne s'était pas dit : "Ah au fait, ai-je bien pris ma pilule ? "où il n'a même pas songé à mettre un préservatif", elle devait être conditionnée par sa mission qui était de devoir peupler la planète, elle s'était contentée de penser qu'un peu de plaisir physique la mettrait de bonne humeur pour  le restant de sa journée. Il y avait juste un oubli : Tu accoucheras dans la douleur et tu gagneras ta vie à la sueur de ton front et oui "attention déviation !" facile à dire, comme s'il y avait le choix !

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   Nous sommes installés dans un système qui aurait tendance à se limiter à la reproduction, au répétitif, un peu comme si nos vies tenaient un peu de la photocopie. À la longue, la monotonie s'installe, car ce sont toujours les mêmes qui ont les principales parts du gâteau, et pourquoi ne le ferait-il pas, ils ont compris le truc, car il y a un truc.

Imaginez que nos ancêtres s'en soient tenus aux silex, un comme arme de poing, l'autre comme gratte peaux et quelques éclats pour permettre aux femmes de les coudre entre elles. Pas d'impôt, pas de poubelle à descendre, ni vaisselle ni ménage, pas de Kronenbourg devant la télévision, affalé comme une méduse sur le canapé, c'est vrai, oh là ils ne vont quand même pas nous retirer le football. mais la belle vie quand même,  faut savoir rester cool !

Tout tourne rond, enfin on peut se demande quand même comment à partir d'Adam et Ève, ils sont parvenus à peupler la planète, il reste un mystère à creuser, car c'était tout de même le premier rôle qu'on leur avait  confié. On commence à subodorer qu'ils étaient plus de deux, car juste avec "Adam et Ève and Son's" il y avait de gros risques de dégénérescence par croisements consanguins multiples, et puis c'était une mesure de prudence, un accident est si vite arrivé.

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   Un pauvre bougre qui ne savait pas comment occuper ses soirées et utiliser ses dix doigts s'était mis à frotter son silex contre une roche lui servant de polissoir, comme il n'avait vraiment rien d'autre à bricoler, il y passait tout son temps. C'était si crispant ce grincement permanent qui vous abrasait les tympans au point que tout le monde venait regarder ce qu'il faisait. Le chamane en personne s'était déplacé :

- Qu'est-ce que c'est que cette histoire, qu'est-ce que j'apprends : tu ne saurais même plus tailler un malheureux silex, tu vas me faire le plaisir de reprendre les bonnes pratiques et en revenir à l'ordre et aux pratiques ancestrales de tes pères. Il en avait de bonnes le chamane depuis Adam et Eve on n'avait pas beaucoup progressé et côté réflexion, encéphalogramme plat. Pas de chance pour lui et victoire pour la science ce jour-là, il était tombé sur un homo erectus sourd, l'autre n'a rien compris à ce qu'il lui avait dit et a continué à frotter son caillou.

   D'un seul coup, ça a commencé à prendre tournure, c'était beau, effilé tenant bien au creux de la main. On voyait tout de suite que ce serait efficace, l'un de ses congénères, "Comme par hasard le chamane", qui mettait en doute l'utilité de cet objet nouveau, se retrouva avec un troisième œil au milieu du front, preuve s'il en est du bien-fondé de l'évolution et tout le monde opina. Ces dames promptes à réagir imaginèrent tout de suite le parti qu'elles pourraient tirer de cette nouvelle approche de la pierre et de son côté créatif, comme se faire faire des pendentifs, ou des boucles d'oreilles, ça les changerait enfin des griffes d'ours ou des dents de lions que leurs chasseurs cueilleurs leur ramenaient de toutes leurs virées lointaines.

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   Les pas sur le côté, qui au cours des millénaires ont permis l'évolution du monde, ont à chaque fois entraîné en réaction une répression de la part des porteurs de l'ordre ancien.                                                                    

   On en a fait des grillades parties avec ceux et surtout celles que l'on qualifiait de barbares, de sorcières, de déviants, dans ce domaine les religions n'ont jamais été en reste, c'est que depuis le départ, il y avait un sérieux contentieux. Ève par son comportement déviant en cueillant la pomme nous avait tous mis dans le pétrin, il fallait donc que nous soyons rachetés de notre faute originelle. Et que croyez-vous qu'il arriva, le fils du père vint pour nous sortir du fameux pétrin et voilà que ça recommence, patatras, mis en croix par les descendants d'Adam et Ève qui n'étaient pas au courant du tout du contexte. Là ça devenait grave, une erreur passe encore, mais deux c'était tout de même un peu fort à admettre. En réalité avec un tel démarrage, ils avaient la bonne solution pour empêcher tout un chacun de bouger une patte. Il y avait tout de même un point positif dans cette affaire cette fois les femmes n'étaient pas du tout concernées par ce qui était arrivé, les hommes avaient tout combiné entre eux. Enfin, les hommes, il faut le dire vite, il faudrait regarder le procès-verbal et bien voir où tout ça s'est déroulé. Et c'est reparti avec le début d'imbroglio des relations entre Juifs et palestiniens une histoire de famille pourrie par la religion.

   Pour sortir de ces déviances, il en est qui se sont dit qu'il fallait casser le moule et se débarrasser des religions la belle affaire. On avait déjà connu l'inquisition, les guerres de religion, du beau du vif du saignant nos films d'horreur en comparaison n'étant à côté de la réalité que de la gnognote. Nos penseurs géniaux nous ont concocté des guerres à l'échelle planétaire pour soutenir les idées nouvelles, telles le nazisme, le capitalisme, le communisme... Et la suite viendra.                                      

   En définitive c'est à se demander si Adam et Eve n'auraient pas mieux fait de passer un bon après-midi couchés dans l'herbe sans rien changer au scénario, car désormais il y a péril en la demeure.                                                      Les êtres humains doivent toujours travailler et ne sont pas toujours payés pour la sueur de leur front, aux quatre coins de la planète nombre de femmes accouchent toujours dans la douleur. Nous rêvons toujours au jardin d'Éden, mais c'est cette fois carrément la planète qui crie au feu!  Attention déviation.