Par un après midi ensoleillé de février 1999,  Josette et Gilles retrouvent goût à la vie.

Comme tout un chacun, après avoir traversé ensemble un accident de la vie à la fin de ce      XXème  siècle, ils se promènent de nouveau en couple dans les allées d’un supermarché.

Pour la première fois depuis 14 mois, grâce à l’aide d’un ami, ils réapprennent à vivre comme des gens normaux et redécouvrent une vie sociale. Ils veulent à nouveau dévorer la vie à pleines dents et attaquer à fond ce nouveau siècle.

 

Ils circulent dans les grandes allées, parmi tout le monde. Josette est assise dans son fauteuil manuel poussé par Gilles. Ils se souviennent :

 

-          Je me rappelle, commente notre ami ;  c’était aux environs des fêtes de fin d’année en 1997, vous étiez entrain de préparer, en famille, ces festivités. Josette me semblait effectivement très fatiguée et vous vous inquiétiez beaucoup pour elle. 

-          Ah oui, dit Gilles, quelques jours avant Noël, Josette rencontrait des difficultés pour finir ces phrases et perdait l’équilibre. Un matin, suite à de nouvelles pertes d’équilibre, nous avions appelé le médecin. Connaissant bien sa manière de vivre, il l’envoya passer plusieurs examens de santé. Après le passage d’un scanner, dont les résultats étaient négatifs, le médecin passa le soir même à la maison pour prendre des décisions importantes. 

-           Lesquelles ? 

-          Rentrer en urgence Josette à l’hôpital. Ses deux enfants de 13 et 19 ans voyant leurs mère partir étaient en pleurs. Les enfants paniquaient beaucoup au vu de la séparation d’avec leur  mère. Elles avaient le cœur serré, et après lui avoir réalisé un petit  mot d’amour et un dessin, elles acceptaient cette courte absence de quelques jours….. 

-          Comment s’est passée cette séparation ? 

-          Josette resta trois mois à l’hôpital. Son état se dégrada très rapidement. Elle fut plongée dans un semi coma. Toute la famille était inquiète, mais il fallait continuer à vivre. Je passais trois fois par jour à l’hôpital pour la soutenir et rassurer les enfants.

-          Vous avez su ce que Josette avait ? 

-          Oui, mais nous avons attendu  la fin de son séjour à l‘hôpital pour connaître sa maladie. On réalisa une biopsie dans son cerveau pour analyser les souches malades.

-          Cela a du être long pour toute la famille ? 

-          Cette période a été très dure. Nous ne pouvions informer nos « amis » sur la maladie de Josette, lui donner un nom. Nous sommes passés par d’horribles pensées et rumeurs provoqués par l’ignorance des gens. Les enfants étaient elles aussi interpellées, à la limite de l’agression.

-          Comment avez-vous vécu cette période ? 

-          Il était temps que cette phase d’incompréhension finisse  car notre moral baissait, le diagnostic était posé : c’était une SEP (sclérose en plaques foudroyante et de forme cérébrale). Heureusement, elle fut orientée en mars 1998 vers un centre de réadaptation pendant 6 mois pour reprendre des forces afin de suivre un traitement approprié. Je pense que ce séjour lui a été le plus favorable. Ce séjour nous parut très long mais Josette reprit goût à la vie. L’ambiance était différente de l’hôpital, elle se trouvait très bien entourée. Nous pouvions lui rendre visite en famille et son moral remontait. Elle est restée dans ce centre d’avril à septembre. La saison était plus agréable et elle pouvait sortir à l’extérieur, partager les odeurs, le soleil et aller à la rencontre de nouvelles personnes.

-          Elle est sortie du centre à quel moment ?  

-          Vers fin septembre 1998, mais malheureusement la maladie avait fait des dégâts irréversibles et elle en est sortie en fauteuil roulant.

-          Vous l’avez reprise chez vous ?

-          Oui, nous avons pris la décision collégialement avec mes enfants. Des travaux ont donc été réalisés dans la maison et toute une équipe paramédicale a été mise en place autour de Josette pour qu’elle puisse vivre son unique souhait, être chez elle avec sa famille. 

-           C’est sa première sortie ce jour ? 

-          Oui exactement, et nous tenons à te remercier de ce joli cadeau que tu nous fais en mettant à notre disposition ton véhicule et un peu de ton temps.

-          C’est bien normal !

-          Aujourd’hui, nous reprenons espoir. Nous savons que la route sera longue, entravée de joie et de peine, mais nous voilà de retour parmi les « tout un chacun ». Nous sommes heureux de cette sortie, nous pouvons à nouveau vivre et apprécier les bons moments de la vie : la vie s’ouvre de nouveau à nous.

 

Vu l’heure qui avançait et la fatigue qui commençait à se faire sentir pour Josette, nous fûmes obligés de rentrer chez nous, le cœur heureux et plein d’espoir pour l’avenir.

Le combat s’annonçait dur mais nous étions prêts à le relever……… en famille.