falaise qui tombe dans l'océan. Les vagues ici ne lèchent pas, elles fracassent le pan de mur vertical qui signifie la fin de ce bout du monde.

Cap de Bonne Espérance.

 

Quelque chose en moi, la partie rationnelle, se dit que c'est purement conceptuel cet endroit. Pourtant l'émotion de la conscience du lieu est là. Est-ce que cette plage, ce bout de terre me ferait le même effet si je ne savais pas où elle se trouve sur Terre? Est ce que ça pourrait être n'importe quelle falaise?

Je m'approche, j'ai envie de toucher le bout du bout, d'être aspergée de ces vagues issues de  deux courants, océan Indien et océan Atlantique. Je suis comme aspirée vers cette fin de terre ferme. Derrière moi, une voix crie « don't go closer, don't go closer ». Je m'arrête, déjà je recule. Je ramasse des morceaux de coquillages pilés menus, qui ne valent que d'avoir été là, depuis quelques années.

 

Je voudrais t'appeler pour te décrire le bruit, le vide, mais tu n'existes pas. Je ferme les yeux, j'écarte les bras face à la fin de ce qui court sous mes pieds. Je me remplis de l'instant, du vent, de la sensation. Je me  perçois, comme d'un Google Earth intérieur qui dé-zoomerait, petit point sur un bout de bout du monde, au bout de l'Afrique du Sud, du continent, de ma latitude. Et là, brusquement, après tant de mois, je réalise que je suis seule.

 

NB: Retrouvez les textes de Michèle Lessaire avec la rubrique "Rechercher"