Vous le voyez aussitôt porter un regard inquiet sous sa chemise. Sitôt rassuré, il reprend son air vainqueur, bombe le torse et, au besoin, rentre le ventre. Il y a promesse d'exploit...
À partir de quoi, laissez faire son savoir-faire et flattez le fauve : sa fierté s’illumine, sa toison se change en incendie.
Frimeur en amour ? peut-être un peu. Mais, il faut bien le reconnaître, son lit ne craint pas les frimas. Alors, tout au long de l'étreinte, comme au grand large du plaisir, approuvez très fort. Ne craignez pas de lui servir un crescendo de grand opéra. L'idée que vous puissiez en rajouter ne l'effleure même pas.


Le lendemain, adressez-lui un compliment sur son comportement nocturne, Rocco ne sera pas son cousin et monsieur Lion ne pourra plus croiser un miroir sans lui adresser, furtivement, un regard admiratif.

Le voici bien le plus glorieux des signes, le prince du Zodiaque. Son astre, son maître à briller, ne pouvait être que le plus rayonnant de tous : le Soleil. Afin que nul n'en ignore, il le porte en collier. Ça lui fait une crinière autour du cou. Ça lui confère toute la superbe et l'autorité qui siéent à son rang.

Ses détracteurs

Il y a toujours des jaloux et des pisse-vinaigre pour le prétendre orgueilleux, infatué de son importance. Ils oublient que Monsieur Lion est d'abord noble, courageux, volontaire. Qu’il est franc comme l'or, son métal ; ardent comme le feu, son élément, flamboyant comme du pur gothique. Dès lors, quoi de plus naturel qu'il arbore une légitime fierté. S’il donne parfois l'impression d'avoir la grosse tête, c’est à cause de cette fameuse crinière qui le fait malgré lui se rengorger. Remettons une fois pour toutes les pendules à l'heure – la sienne de préférence –, disons simplement qu'il n'a pas d'a priori contre lui-même et bien raison d'attendre, pour devenir modeste, qu'on lui en fournisse de bonnes raisons.

Que lui reproche-t-on encore ? De déformer les réalités, sinon à son profit du moins à son profil ? De soigner son image avec autant de zèle que Mère Térésa en apportait à soigner les pauvres et qu’il se baisserait pour passer sous un arc-en ciel ? Mais c'est encore et toujours le même grief : monsieur Lion qui ne se prendrait pas pour son logarithme (un machin mathématique à vous rapetisser méchamment), monsieur Lion serait doté d'un moi exponentiel. Faut-il qu'il ait peu de défauts pour qu'on lui fasse la une du même sempiternel reproche !
Soyez gentilles, mesdames, ne l’attaquez plus sur ses idées de grandeur. Il veut que son étang soit un lac? ça ne fait de tort à personne. Que sa maison soit un château ? et alors ? ça ne le condamne pas pour autant à la mégalomanie galopante !

Des cas concrets

Prenons le cas extrême où il se prendrait pour Napoléon. Dites lui que vous êtes Marie Bonaparte, étendez-le sur votre divan. Mais demeurez sur vos gardes et sur votre fauteuil. Pour l'instant, il n'a droit qu'à votre oreille. Bientôt il vous fera un transfert positif, ce sera la guérison, Vous pourrez alors lui accorder un peu plus et découvrir son côté impérial. Le comble, avec monsieur Lion, est qu’on finit toujours par se rallier à la haute idée se fait de lui.

Je me souviens d’une thèse selon laquelle le soldat inconnu serait né sous le signe du Lion. À preuve : il s’était battu comme tel et, dans l’anonymat de son trépas, la gloire avait su lui trouver un mausolée à sa mesure.
La Seine pourrait bien sortir de son lit, grimper l'Avenue Marceau et inonder l'Étoile que la fameuse flamme flotterait encore sur l'ambition des eaux
Puisqu'on vous dit que ce Signe de feu est insubmersible...

Une âme de VIP

Qu'il soit prolo, artiste ou intello, qu'il brûle les planches ou les étapes, qu'il soit Lion ou ascendant Lion, portant blanche la chemise, fournie la chevelure et fournaise le regard (suivez le mien), c'est toujours le même principe : dès qu'il a fait sa place au royaume d'Hélios, notre lumineux n'en finit pas de tourmenter les ombrageux. Il suscite d'obscures jalousies, des rancœurs voilées, des hostilités qui ne plastronnent qu'en petit comité, ne s'affichent sournoisement que dans d'hypocrites sollicitudes : « Vous reprendrez bien encore un peu de venin ? ».

Tireur d’élite pour épingle du jeu

Mais peu lui show : les caravaniers aboient, monsieur Lion passe. Dignement. Après s’être bien servi au passage selon ce bon principe dont les grammaires latines proposaient la formule : primam partem tolo quoniam nominor leo : je me taille la part du Lion et tant mieux si ça en fait rager plus d'un.
Au reste, pas de souci, son grand cœur se charge de redistribuer.


Autant dire qu'il sera votre idéal si vous cherchez une âme sœur bien dans sa tête et dans son corps. De la virilité à la loyauté même rectitude, du culturisme à la culture, même combat. Il récolte les prix d'excellence comme d'autres herborisent. De droite ou de gauche, il aura les idées caviar. Théâtral mais efficace, le mec plus ultra, c'est lui. Rien qu'à l'entrevoir, les rideaux se lèvent et les admiratrices se couchent.
N'hésitez plus à le suivre. L'occasion de côtoyer un monsieur qui brille ne saurait vous ternir.