visage secoué de tics, il avance au milieu des tempêtes.
Il se croit capitaine, il n’est que petit mousse. Il fait de la boussole un usage aléatoire, il se choisit un nord au gré de ses caprices.
Sur la passerelle, il harangue ses matelots en prenant la posture et si de vilains mots s’échappent de sa bouche c’est qu’il entend se faire comprendre de cette vile racaille qui n’est là que pour servir son prestigieux destin. Il ne fait aucun doute que, tels de robustes rhizomes, les réseaux complexes et secrets mis en place depuis tant d’années vont produire de belles plantes.
Oui, de biens belles plantes carnivores, juste ce qu’il faut pour qu’elles me débarrassent de tous ces parasites, fonctionnaires et syndicalistes que j’ai tant de mal à apprivoiser.
Ces pensées jubilatoires font naître l’esquisse d’un sourire que d’aucuns pourraient prendre pour une grimace.
Mais ne nous méprenons pas l’animal est habile, il se fait chattemite pour endormir les soupçons et quand il s’attable avec ses sujets, il fait fi du protocole, il oublie les palabres, il est à tu et à toi avec son voisin, il se débraille et s’enivre et finit balbutiant au pied de son pupitre.
Le personnage pour autant ne perd pas sa superbe, ses fidèles conseillers l’aideront avec tact à se remettre en selle. Et il continuera tel un paon à faire la roue dans les salons.