-       Allo, oui, c’est bien toi, Julie ?

-       Oui, Sacha… Tu ne reconnais plus ma voix ?

-       Ah tu es forte, dis ! alors toi, tu me reconnais tout de suite, même si je pose des colles à ton IPhone !

-       La voix, Sacha, la voix… Tu as changé de numéro… cela dit, tant que tu ne mets pas Numéro masqué… Qu’est-ce qui t’amène ?

-       Je peux passer, là, dans un moment. J’aurais encore un service à te demander, quelques affaires à te déposer, oh deux cartons, pas plus, ça me dépanne, vraiment…

-       Oh, là, tu m’inquiètes, je n’avais pas de nouvelles, je croyais que tu commençais à t’en sortir, que les choses s’arrangeaient…

-       Il faut du temps, Julie, du temps, tout ne peut pas se régler en un jour.

 

Déjà, le mois dernier, quand Sacha a débarqué chez moi, je me suis posé des questions. Et depuis, je continue. Il faut dire que je passe ma vie à me poser des questions.

 

Pourquoi ma voisine de palier, Mme Bardouin, une pimpante septuagénaire à la vie bien réglée entre ses multiples activités dans une ville qui décidément fait plus pour les retraités que pour les plus jeunes qui auraient bien besoin d’un coup de pouce, pourquoi Mme Bardouin, donc, trouve toujours le moyen de sortir sa poubelle en retard, au dernier moment, courant comme une dératée pour ne pas manquer le camion, il lui suffirait de s’organiser un minimum, et elle aurait ce stress en moins. Chaque fois que je la rencontre au retour de sa course effrénée, elle se plaint de son cœur qui bat trop fort, un jour je vais y rester, ma petite Julie, ça ne fait pas de doute, mais depuis qu’ils ont changé les horaires, j’ai du mal à m’y faire, je me laisse surprendre, ma petite Julie, je me laisse surprendre, un jour je vais y rester, et ils comprendront que ce n’est pas bien de jouer comme ça avec les nerfs des gens, ça m’allait bien, avant, les horaires. Bon, elle m’amuse un peu à m’appeler ma petite Julie, comme si j’étais une jeunesse… Enfin… Le temps… Depuis deux ans que j’habite là, les poubelles passent toujours à la même heure, difficile de savoir depuis quand ils ont changé l’heure de ramassage. Un jour, il faudra que je le lui demande, à cette pauvre Mme Bardouin…

 

Pourquoi sur la place, comme déco, cette année, ils ont mis des nains en bois. Qu’on ne mette pas une crèche, bon, d’accord, c’est un espace public. L’an dernier, le sapin avec les faux cadeaux accrochés, et les guirlandes lumineuses blanches et bleues, je trouvais ça pas mal, ça égayait. Économies d’énergie, plus de guirlandes lumineuses, soit, même si j’aime bien les guirlandes lumineuses, c’est gai, ça fait fête ; au moins, ils auraient pu laisser des guirlandes brillantes, dorées, argentées, ce serait plus gai. Mais leurs nains en bois, c’est d’un ridicule ; je suis passée devant trois fois avant de les remarquer, puis quand je les ai vus, je peux vous dire que je m’en suis posé, des questions, pourquoi des nains, c’est pour rappeler Blanche Neige ? Quel rapport avec Noël ? Si au moins ils avaient pris de vraies images de contes, mais là, ça fait Disney… Alors, Disney, je ne suis pas sure que ce soit bien laïque, cette espèce de religion moderne sur fond de milliards de profits…

 

Bon, je m’égare avec toutes mes questions. Je reviens à Sacha. C’est qu’il m’en a fait poser, des questions, lui aussi, depuis un mois. Depuis qu’il est arrivé, sans me prévenir, avec une sacoche, une sorte de cartable, visiblement bourré de papiers, on aurait dit des documents, mais quel type de documents… difficile de le savoir. C’était la première fois qu’il me parlait de ses soucis, jusque-là je le connaissais d’un peu loin, une vague connaissance, de ces gens que vous avez rencontrés à une occasion, chez des amis, vous restez en relation, vous vous voyez de loin en loin.

 

Je l’avais croisé quelques jours avant, en sortant du Carrefour Market de la rue des Lilas, je l’avais trouvé un peu bizarre, pas très soigné, alors que je l’avais toujours connu bien habillé, plutôt genre dandy, la mèche noire généreuse, le manteau foncé, l’écharpe rouge. Et là, blouson de toile beige indéfinissable, jean pas net, cheveux sales. Il m’avait d’abord regardée, comme s’il hésitait à m’aborder, puis fixée, et avait fini par me saluer avant que je sache quoi faire, s’il ne cherchait pas à me fuir. Finalement non, j’avais retrouvé sa voix chaleureuse, nous avions échangé quelques banalités, je lui avais dit que j’habitais tout près, je ne me souviens plus s’il le savait, et j’avais fini par lui donner mon adresse, qu’il avait peut-être oubliée, en tout cas, je ne crois pas qu’il était venu chez moi avant, j’en suis même sure.

 

Et quelques jours plus tard, il sonne, je venais juste de rentrer, je le fais entrer, soulagée de le retrouver bien mis, comme je l’avais toujours vu jusqu’à cette vision fatale que j’aurais préféré oublier si elle ne m’avait permis de le revoir si vite. Ce que je ne regrettais pas. Il m’a toujours fait de l’effet. Les amis chez qui nous nous sommes vus deux ou trois fois s’en doutent, mais lui ne semble rien voir, mes signaux ne doivent pas être suffisants. Je lui offre un verre, c’était la fin de journée, l’heure de l’apéritif, même si je suis du genre sobre, j’ai toujours quelques bouteilles pour quand j’ai des visites, et l’occasion était parfaite, un petit verre pour engager la conversation. Je vois bien qu’il veut me dire quelque chose, je fais semblant de ne rien remarquer, nous échangeons des banalités, il a posé un cartable à côté de lui, il n’en dit rien, d’abord. Comme je ne sais pas ce qu’il fait, je lui demande s’il va en cours, s’il est étudiant, ou peut-être enseignant.

 

Il élude la question, me montre la serviette : « J’ai quelques soucis, en ce moment, c’est un peu difficile question logement, je squatte chez les uns, chez les autres, et je me demandais si je n’aurais pas pu te laisser ce sac quelque temps, histoire de mettre mes papiers en sécurité. Cela ne devrait pas être trop long, une question de semaines, j’espère. » Si je m’attendais à ça… Évidemment que je prends sa sacoche, je me sens investie d’une tâche d’honneur de première, conservatrice en chef de son capital mémoire ! Je lui dis qu’il ne s’inquiète pas, que le temps qu’il faudra ses papiers seront en sécurité. Comment est-ce que je peux l’aider un peu plus ? J’attrape mon sac, cherche ce que j’ai dans mon portefeuille, quelques billets, que je lui donne, ce sera toujours ça, si prends-les, sinon tu me vexes, c’est bon pour moi, je t’assure, je peux me le permettre en ce moment, ça te poussera toujours un peu plus loin. Je range son sac dans le placard du salon, sous ses yeux, il me remercie, m’embrasse sur les deux joues, je le raccompagne.

 

Alors, des questions, évidemment, je m’en suis posé, après sa visite-dépôt. Qu’est-ce qu’il peut bien avoir comme soucis ? Chômage ? Justice ? Avec son léger accent, il doit bien avoir une origine étrangère ; bon, ça ne fait pas de lui un illégal pour autant. Il ne doit pas être arrivé d’hier. Et quand bien même… Des illégaux qui travaillent, paient leurs impôts, il y en a un paquet d’après ce que j’ai entendu. Qu’est-ce qu’il a dans sa sacoche ? Je devrais peut-être regarder, m’assurer que je ne cours pas de trop gros risques. Mais non, je trahirais sa confiance, j’attends un peu, il va bien revenir…

Son appel me tire de mes questions. Je n’ai pas de réponse, mais je sais au moins qu’il est toujours là, qu’il ne lui est rien arrivé de grave. Des cartons, maintenant, ses logeurs du moment en auront assez qu’il laisse trainer ses affaires. Où est-ce que je vais pouvoir les caser, ses cartons ? Et pourquoi je lui ai dit oui ? Mais au fait, non, je ne lui ai pas dit oui, il s’est vite autorisé de lui-même. Pour quelqu’un en galère, il a de l’aplomb. Bon, il faut que j’arrête de me monter la tête avec toutes mes questions, deux cartons, franchement, ça ne va pas révolutionner ma vie.

 

Sacha est assis là, à la même place que la dernière fois, sur le bord du canapé. Il a posé les deux cartons dans l’entrée, à vue d’œil je devrais pouvoir les caser dans le placard de la petite pièce du fond. Je lui propose un verre. Il dit non, puis se ravise. Il semble en total contrôle. Même sa mèche noire tient, comme fixée par de la laque, elle qui se balance toujours en désordre d’habitude. C’est ce que j’aime, chez lui, cette nonchalance distinguée, un chic désinvolte que j’ai du mal à saisir. Sans être très grand, il a cette silhouette longiligne qui le fait bien paraitre vingt centimètres de plus. Et cette tenue, ce port de tête, cette façon de tourner légèrement la tête en balançant sa mèche, l’air de rien. Là, maintenant, ce serait plutôt profil rigide. Le dos droit qui refuse de s’enfoncer dans le dossier du canapé. Le regard fixe, la tête alignée, rien ne dépasse, rien ne bouge, à peine si ses lèvres articulent, les mots sortent sans timbre.

-       Je voudrais te remercier, vraiment, de prendre encore soin de mes affaires. Tu dois avoir tant à faire, et moi qui viens encore t’encombrer et t’ennuyer, chère amie, tu permets que je t’appelle chère amie ?

-       Chère amie, si tu veux, mais si tu me donnais un peu des nouvelles de toi… Comment vas-tu depuis que tu m’as laissé ta serviette, tu arrives à te débrouiller ?

-       Oh, ça va, ça va, heureusement j’ai de bons amis, comme toi, qui m’aident, me dépannent…

-       C’est fait pour ça les amis, tu sais que tu peux compter sur moi. Si tu as besoin de quelque chose…

-       Non, tu en fais déjà assez, un endroit sûr pour mes affaires, c’est vraiment important.

-       Question sécurité, pas de problème, personne ne viendra fouiller chez moi. Mais si tu me disais un peu ce qu’il y a dans ces cartons… Rien de dangereux, j’espère…

Il éclate de rire, retrouvant du coup un peu de sa nonchalance égarée derrière ce masque de rigidité qui me mettait mal à l’aise.

-       Des explosifs, tu crois ? Encore heureux que je ne m’appelle pas Mohamed, sinon j’y avais droit, au délire du parfait terroriste !

-       Terroriste ? Sacha, Mohamed, question d’époque… Des explosifs, tu ne prendrais pas le risque de perdre ta planque, tout de même…

-       Ah, tu retrouves le sourire…

-       Toi aussi, et j’avoue que j’en suis soulagée… Même si ça ne me dit toujours pas ce qu’il y a dans ces cartons.

-       Oh, des affaires, des souvenirs, de ces trucs que tu ne veux pas perdre, au cas où il t’arrive quelque chose. J’ai déjà laissé beaucoup de choses derrière moi quand j’ai quitté mon pays, le peu qui me reste, je ne voudrais pas le perdre.

-       Mais tu te rends compte que tu me le laisses, à moi, que tu ne connais pas plus que ça. Qu’est-ce qui te dit que tu peux me faire confiance ? Qu’est-ce qui te dit que dès que tu auras le dos tourné je ne vais pas aller fouiller dans tes cartons pour savoir de quoi il retourne ?

-       Tes yeux… Tes yeux qui ne savent pas mentir. Si tu étais du genre à fouiller, tu aurais déjà regardé dans ma serviette. Et je le saurais en te regardant.

-       Tu es bien sûr de toi…

-       Oui… c’est comme ça…

Il regarde sa montre, un bracelet chromé plutôt chic, encore un vestige de sa vie d’avant…

-       Il va falloir que j’y aille, on m’attend, encore merci, chère Julie, ma chère amie, j’espère ne pas trop t’importuner avec mes dépôts à répétition.

-       Je vais survivre, rassure-toi. Mais laisse-moi, à mon tour, formuler une requête, ne me laisse pas sans nouvelles, tu as besoin de sécurité, moi d’être rassurée, c’est comme ça.

-       D’accord, chère amie, je ne manquerai pas de te donner des nouvelles prochainement, pour que l’inquiétude ne ravage pas ton beau visage.

 

Aussi vite disparu qu’arrivé. Décidément, un courant d’air, ce Sacha. Je l’avais cru plus posé, la preuve qu’on ne connait pas les gens quand on les côtoie comme ça, une fois en passant, chez des amis. D’ailleurs, quand j’y pense, je ne l’ai plus croisé depuis longtemps, chez les Clochard, je suis allée plusieurs fois à leurs soirées ouvertes, il n’y était pas, et personne ne m’a parlé de lui. Je me demande bien qui peuvent être ces amis qui l’aident et l’hébergent, pas un mot là-dessus, je ne sais pas quels sont ses cercles. En tout cas, dans le cercle Clochard, personne ne semble au courant, ou personne n’en parle ; étonnant, ce genre de secret de polichinelle s’évente vite d’habitude… Tiens, il y a quelqu’un d’assis sur le banc à l’entrée, Mme Bardouin ne va pas tarder à sortir pour voir qui c’est, je risque d’avoir des infos d’ici peu. J’aurai encore droit à du « ma petite Julie, si vous saviez qui j’ai trouvé en bas… », et tant qu’elle ne m’aura pas livré l’intégralité de ses supputations, je n’aurai pas la paix. Encore heureux que je ne lui aie pas dit que j’ai eu deux ou trois fois l’impression d’être suivie. Mais franchement, je ne voudrais pas me la jouer parano, il y a tellement de gens qui se promènent à n’importe quelle heure… Encore heureux qu’elle n’ait pas vu Sacha m’apporter ses affaires… Si elle l’apprenait, elle en aurait pour une bonne semaine de conversation. Et malgré ses réponses – treize à la douzaine – je resterais avec mes questions.

 

-       Oh, ma petite Julie, je suis contente de vous voir, est-ce que vous savez…

-       Non, Mme Bardouin, je ne sais pas, je ne sais certainement pas, mais j’ai une question, d’abord.

-       Une question, vous, si discrète d’habitude...

-       Oh, des questions, j’en ai beaucoup, si vous voulez savoir… Mais une plus urgente, avez-vous vu quelqu’un entrer dans l’immeuble cet après-midi ?

-       Cet après-midi vers quelle heure ?

-       Oh, disons il y a moins de deux heures.

-       Non, ou plutôt si, j’ai vu quelqu’un sortir, un de vos amis je crois. Mais je ne l’avais pas vu entrer, je ne sais pas combien de temps il a été là.

-       Oh, peu de temps. Mais c’est bien ce qui me questionne. Il m’avait appelé pour me dire qu’il passait, et il est arrivé, très rapidement il était devant ma porte, sans avoir sonné en bas, qui lui a ouvert, à cette heure ?

-       Il vous a importunée ? Ce n’est peut-être pas un vrai ami ?

-       Non, ce n’est pas la question, mais comment a-t-il pu entrer, sans sonner ? À cette heure-là, il y a peu de gens de l’immeuble qui sortent. Et si quelqu’un était sorti, vous l’auriez entendu, comme vous avez entendu sortir Sacha.

-       Oh, il s’appelle Sacha, joli nom.

-       Oui, mais cela ne me dit pas comment il est entré sans sonner, et sans que vous l’entendiez, alors que vous l’avez entendu sortir.

-       Là je ne sais pas. Mais vous m’inquiétez. Si j’allais demander à l’homme qui est assis sur le banc devant l’immeuble. Je viens de parler avec lui, il est très aimable.

-       Mais il vient juste d’arriver, il n’a rien pu voir.

-       On ne sait jamais…

 

Me voici donc avec quelques informations, à prêcher le faux j’ai eu quelques réponses, que Mme Bardouin a bien repéré les visites de Sacha, qu’elle ne l’a pas entendu entrer, il a donc fallu qu’il se fasse bien discret pour échapper à son œil de lynx et son ouïe aiguisée, et que l’homme en bas n’a pas des airs de brigand. Mais quand même, pour entrer avec deux cartons, il a bien fallu qu’il ouvre la porte ; aura-t-il attendu pour se faufiler ? Ma brave voisine n’a entendu personne. Et il est arrivé si vite. Il ne peut pas avoir de clé de l’immeuble, où l’aurait-il prise ? À moins qu’il connaisse quelqu’un d’autre ici, bizarre, je m’en serais aperçue. Ce qui me tracasse, ce n’est pas lui, mais de penser que quelqu’un peut entrer sans que nous nous en apercevions. Il va falloir que j’en parle au propriétaire.

 

Je sors de chez les Clochard, leur soirée était particulièrement réussie. Comme souvent. J’aime bien leur concept, inviter des gens très différents, autour d’un pot amélioré, vous n’êtes pas accroché à une place à table, vous pouvez changer de voisins, les conversations sont animées, depuis quelque temps elles tournent beaucoup autour des attentats. L’esprit est plutôt ouvert, même si certains de leurs vieux amis, qui se font décidément vieux, ont tendance à tourner racistes, sans le dire vraiment, mais je sens bien qu’il n’en faudrait pas beaucoup, une sorte d’islamophobie retenue. Je me suis un peu emportée ce soir, l’alcool aidant, je n’ai pas aimé les remarques sur les migrants qui profiteraient de la situation. Je n’ai pas abordé l’absence répétée de Sacha, personne n’en parle, comme s’il n’était jamais venu aux soirées Clochard, comme s’il n’avait jamais existé. Suis-je la seule qu’il a contactée depuis ses difficultés ? A-t-il joué le rôle du migrant alibi, celui qu’on invite pour se donner bonne conscience, un temps, jusqu’à ce qu’on passe à autre chose ? Bon, comme migrant, ce n’est pas non plus le cas typique, il doit être en France depuis un certain temps, vu son niveau de français.  Et à moi non plus, il ne donne pas de nouvelles. Je lui ai bien dit, lors de son dernier dépôt, de ne pas me laisser sans nouvelles, que je m’inquiète. Et rien. Ce n’est quand même pas à moi de l’appeler. Quoi que, après tout, s’il va mal, il n’a peut-être pas le courage d’appeler. C’est décidé, demain soir, en rentrant, je l’appelle, si je n’ai rien avant.

 

-       Mme Desforêts, c’est la police, est-ce que nous pourrions entrer ?

-       La police ? Mais qu’est-ce qui se passe ?

-       Nous allons vous expliquer, si vous nous laissez monter.

-       Je vous ouvre.

 

La police, qu’est-ce que c’est que cette histoire. Une bonne demi-heure, deux policiers, une femme et un homme, lui me disant qu’ils avaient essayé de venir dans la journée pendant que je travaillais, elle me demandant si je connaissais cet individu, sur la photo. J’ai blêmi, lui est-il arrivé quelque chose… Non, je ne l’ai pas vu récemment, depuis au moins deux semaines. Je le connais un peu, oui, je l’ai rencontré chez des amis, puis revu deux fois. Ils savent déjà qu’il est venu ici, pas la peine de le cacher, autant dire ce que je sais, pas grand-chose, son numéro de téléphone, ils l’ont déjà, s’il est toujours valable. Évidemment que je les préviendrai si je le revois, si j’ai des nouvelles. Je n’arrive pas à comprendre ce qu’ils cherchent, ce qu’ils savent sur lui, probablement plus que moi, mais ils ne me disent rien, des méthodes de policiers, visiblement, en dire le moins possible. Dès leur départ, je vais voir mes cachettes, sa serviette est toujours à sa place, ses cartons aussi, je n’ai rien dit là-dessus, et qu’est-ce que je pourrais bien en dire ? Est-ce que je sais, moi, ce qu’il y a dedans ? Je ne vais quand même pas aller fouiller ses affaires. La confiance, ça ne se trahit pas !

 

                A suivre...