Je venais de terminer une série d'émissions, De l'hommage au pillage, à Radio France, sur France Musique.

Denis Lhemery m'avait fait confiance, mais son successeur, Alain de Chambure, fit tout pour se débarrasser de moi (a posteriori, je le comprends un peu, mais j'ai fait beaucoup de progrès depuis !).

Je pus malgré tout faire dans les mois qui suivirent quelques autres séries d'émissions dans Les Métiers de la Musique.

 

Et c'est alors que commence une étrange histoire, qui se déroulera sur près de vingt ans...

 

Pour essayer de varier un peu les approches, les producteurs délégués que nous étions « inventions » des métiers qui n'en étaient pas toujours ; c'est ainsi que je proposais de faire une série sur « les duos », série qui fut acceptée par Bernard Deutsch, producteur de l’émission.

Ce projet me fit ainsi rencontrer, entre autres, Katia et Marielle Labeque, et j’eus un jour le guitariste Alexandre Lagoya au téléphone qui accepta de participer à l'émission, à condition qu'il puisse venir avec son fils, car il avait l'intention de recréer le duo de guitares Presti-Lagoya avec le fils qu’Ida Presti lui avait donné.

 

C’est ainsi que père et fils vinrent pour enregistrer l’émission.

 

Lorsqu’il arriva en studio, Lagoya me demanda si une de ses élèves pouvait venir y assister, car elle n'était jamais venue dans les studios de Radio France.

Je n'avais aucune raison de refuser, et cette jolie femme tint compagnie au preneur de sons pendant l'heure qui suivit.

L'enregistrement se déroula normalement, et c’est lorsqu’il fut terminé qu'Alexandre Lagoya me présenta son élève...

 

Elle s'appelait Gilberte Goscinny, veuve de l'immense scénariste de tant de bandes dessinées.

Et nous sympathisâmes ; tellement que Gilberte m'invitât fréquemment chez elle par après (elle habitait près de Radio France) ; (J'y ai d'ailleurs un jour retrouvé Lagoya qui m'a expliqué comment faire cuire une côte de bœuf – mais c'est une autre histoire !).

Gilberte, chaleureuse et sympathique, me parla souventes fois ; de René Goscinny, bien sûr ; mais aussi d’elle, de sa vie, de son cancer (qui finit par l'emporter longtemps après).

Et je lui dis un jour qu'il m'arrivait d'écrire des histoires. C'est alors qu'elle me proposa d'en envoyer à Guy Vidal, directeur du journal Pilote.

 

Ce que je fis.

 

Et Guy Vidal me répondit par retour du courrier : Elle est très bien votre histoire, mais elle est trop longue !

 

Qu'à cela ne tienne !

 

Et je raccourcis la chose.

 

Guy Vidal me dit alors O.K ...

 

Se passèrent alors un certain nombre de choses (mensualisation de Pilote ? Changement de rédacteur en chef ? Je ne me souviens plus…).

 

Mais cette histoire ne parut jamais.

 

Caramba ! Encore raté ! (Entre-temps, le directeur de France-Musique avait enfin réussi à se débarrasser de moi, malgré l'aide de Philippe Caloni, de Bernard Deutsch, d'Alain Lacombe, et de bien d'autres. Mais il était apparemment allergique à mes productions, et il est vrai que ce que je faisais n'était pas extraordinaire - c'est beau, l'honnêteté !).

 

Toujours est-il que : plus de « Pilote ». Puis...

 

Puis la vie a changé ; c’est vers cette époque que j'ai commencé à travailler au conservatoire de Ville-d'Avray et à m’occuper de son orchestre, et je perdis alors contact avec nombre de gens en en découvrant nombre d'autres­.

Bien des choses étranges en ces années 70-80 : plusieurs articles pour Panorama-Musiques (disparu), et mes années précédentes m'avaient vu projectionniste au cinéma des Acacias (disparu), au cinéma « La Royale » (disparu), au Saint-Michel (disparu)...

 

Il va des moments où cela m’inquiète un peu...

 

Puis le hasard.

 

Qui fait que je tombe un jour sur le nom du responsable de Radio-Bleue : Bernard Deutsch, qui m'avait fait travailler à plusieurs reprises à France-Musique.

 

Et j'apprends que sa radio cherche des pièces radiophoniques.

 

Je l’appelle.

 

Réponse immédiate de Bernard : Envoie-moi ton texte.

 

Et je renvoie ce texte qui avait déjà une histoire chargée.

 

Réponse de Bernard Deutsch : L’idée est amusante, mais ce n'est pas envisageable radiophoniquement, car il n’y a presque pas de dialogues et cela ne me paraît pas faisable.

 

Ah bon ? Et je m'y mets.

 

Et lui renvoie le texte quelques jours plus tard.

 

Réponse immédiate : Je n’y croyais pas, mais bravo ! Mais si je peux te donner une petite information, je te conseille de rallonger ton histoire, car c’est payé à la minute et je pense que cela t'intéresserait de faire plus long.

 

Et c'est ainsi que fut un jour diffusé par Radio France : La jeunesse, ce n'est plus de votre âge…

 

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