Barcelone, la cathédrale de la Sainte Famille. Ou quelque chose comme ça. Moi, les grands monuments, les cathédrales, le gothique, le roman, je m'en fous complètement. Le guide bleu, vert, rouge ... me fait gerber. Je vais dans les pays étrangers pour sentir, ou pour le soleil, ou pour les bruits, ou pour l'eau chaude. La ville ne m'intéresse que par les gens, les troquets, les boutiques. Mais là, putain, le choc! Il faut arriver par la façade, celle qui date de 1920.

 

Gaudi, l'architecte qui l'a faite, n'a pas fini la cathédrale. Alors ils terminent l'arrière d'après ses plans. Moins bien. Mais devant, quel choc, je répète ! C'est moderne, façon modern style, avec du facteur Cheval, avec de la richesse de création, d'architecture, de formes, de lumière, d'originalité, de ...

 

C'est pas du miséreux moderne, béton à arrêtes droites ou courbes calculées. C'est pas de l'ingénieur qui croit faire les beaux-arts. Non, c'est un architecte qui a la foi: F.O.I. Un truc qui vient d'ailleurs, de l'air, des étoiles, de l'invisible, et qui crée au fur et à mesure. On sent que ça jaillit, que ça crée ... est sacré.

Même moi qui suis plus proche du singe dans sa branche que du lec­teur du Nouvel Obs, je l'ai senti. On nous raconte toujours l'histoire de nos cathédrales dont la construction a duré un ou deux siècles. Et bien là, tu la vois en marche. Parce que les travaux ne viennent de reprendre qu'il y a peu de temps, que finalement l'ensemble ne sera, sur des plans originaux de celui qui a commencé, qu'une suite de gens tous métiers confondus, et que c'est parti (à la vitesse où ça va) pour cent ans, au moins.

Allez-y! Vous ne serez pas déçus. Je n'y croyais pas. Mais là, en bagnole ou à pied, déjà j'étais pris. Et n'attendez pas de moi que je vous montre une photo, un livre ou autre chose. Je ne pouvais pas: prend-on la photo du premier baiser avec l'autre, au moment de la ren­contre? Non! Mais on le sent encore, intact, des années après.