Nous pourrions dire dans la voilure tant ce souffle attendu est le symbole de la reprise du voyage.

Voyage de vie pour chacun, au sein de sa famille, de son travail, de ses activités, de ses réseaux tels qu'on les nomme aujourd'hui.  

Nous étions encalminés, tournant en rond au bout de nos chaînes comme bateaux à l'amarre. Les entendant grincer dans nos vies comme dans nos rêves en fonction des souffles du vent et du clapotis des rumeurs.

On sort de cette période un peu groggy, dans les jours qui viennent le monde va se remettre en mouvement. Que retiendrons nous de cette parenthèse, quel impact aura-t-elle sur nos vies ?

Chacun se fera sa propre évaluation : serons-nous les mêmes, serons-nous différents, comment considérerons-nous ces changements : positifs ou négatifs ?

Qu'est devenu ce temps effacé des horloges, parti en temps de refondation ou inscrit au compte des pertes et profits, qu'en avons-nous fait ?

Pour vivre, les humains que nous sommes ont besoin de se projeter, il nous faut des projets, effacer le temps et faire comme si nous avions l'éternité pour domaine.

Lors du dernier message que j'ai envoyé à Viviane, "que je voulais envoyer au groupe et que je n'avais envoyé qu'à elle en raison de problèmes informatiques", j'écrivais que ces derniers temps j'avais ressenti que le groupe manquait de tonus.

Le nombre de textes déposés était peu important, ne parlons pas du nombre des présents, mais me direz-vous s'il y avait la qualité pourquoi pas, c'est vrai. Cependant, pour qu'il y ait progression et qu'une dynamique se maintienne ou s'instaure il faut des textes, une émulation. Nous sommes dans un atelier et le chantier proposé chaque mois est un maillon de l'évolution.

Notre espace de respiration ce sont les mots, les phrases et tout le bouillonnement qui les entoure. Notre base de données et de créativité c'est notre cerveau là où tout prend sa source et où tout s'élabore.

Il est comme un muscle primordial il ne répond à nos sollicitations qu'à la condition que nous l'entretenions par des exercices répétés. Il faut le nourrir de lecture, de créations, de rêveries, de projets, de rencontres…d'écriture !

Nous lui devons tant qu'il ne faut pas le brimer, l'enfermer, mais le laisser courir avec quelquefois la sensation que sa logique et ses objectifs nous échappent, c'est je pense le prix à payer de la créativité.

Il est surprenant par sa capacité à effacer les limites, sublimer les contraintes. Il garde la trace de la moindre des pulsations de la vie.

Laissons la main le suivre dans les méandres du conscient et de l'inconscient, dans ces univers où nous sommes libres d'entraves, notre seule limite restant le temps.

Je ne sais si nous reprendrons le voyage un jour interrompu, mais je sais que les exercices auxquels nous nous sommes livrés toutes ces années nous ont démontré qu'il ne tenait qu'à nous d'être libres dans nos têtes.