C'est un souvenir qui surgit tout à coup du fond de la mémoire.

Comme cela un soir d'été sur la plage à l'heure où la mer est étale.

Il fait très chaud, les familles quadrillent le sable, le couvrant de serviettes de bain tel des tapis de prière.

On sent bien que cela ne peut durer, les maitres-nageurs sont sur leur garde, attentifs et vigilants. 

A l'instant ou s'inverse la marée, quand les enfants commencent à trépigner car ils savent que les vagues vont arriver et qu'elles dévoreront les châteaux de sable qu'ils ont patiemment bâtis au cours de l'après-midi…

La chaleur écrase tout, ils sont seuls à vibrionner et courir à leur plaisir.

Une brume de chaleur est montée sur la mer dévorant la ligne d'horizon. Elle avance au gré de la marée prenant un phare par ci, un sardinier par là.

Au début, ce n'est qu'un peu de brume sur la mer, un espoir de fraîcheur. Cependant les regards se font inquiets, c'est cette façon de dévorer le paysage qui met mal à l'aise. Un peu comme un trou noir aux confins de l'univers qui dévore des exoplanètes.

Les sifflets des surveillants deviennent plus intenses intimant aux estivants de regagner le sable. Les véliplanchistes se rapprochent du rivage, seuls quelques téméraires prennent plaisir à foncer vers le large pour se laisser engloutir dans cette barbe à papa neigeuse. Au passage, la masse laiteuse dévore le soleil faisant brusquement chuter la température.

Les familles se regroupent, on fourre en vrac dans les sacs serviettes, jeux et tout ce qui, il y a quelques minutes, rendait l'instant plaisant.

On ne se précipite pas encore, on accélère seulement le pas, les petits chougnent de devoir abandonner leurs constructions intactes alors que la marée ne les a pas encore atteintes. Les parents les tiennent fermement par le bras de peur qu'ils ne s'échappent.

Désormais, la plage est vide, le mirador des sauveteurs a été le dernier à rendre les armes et s'engloutir. L'animation a gagné les rues du centre-ville et la promenade du front de mer. C'est l'instant qu'attendent chaque soir les habitants pour pouvoir sortir leurs chaises et se poser sur le pas de leur porte pour profiter de la fraîcheur venue du large.

Ce soir ils seront déçus ; une fois les vacanciers partis, les rues auront disparu avalées par le moloch. Il fait si sombre que le système d'éclairage public s'est enclenché. La masse laiteuse est désormais décorée de place en place par de gros halos aux teintes orangées qui font penser à des spectres en déshérence.

***

L'hiver allait prendre ses distances, chacun se montrait attentif, après les froidures et brouillards un peu de soleil et les premières fleurs ne feraient pas de mal.

Les nouvelles collections n'allaient pas tarder à faire leur apparition dans les vitrines et l'on pourrait même commencer à rêver aux vacances …

 

Atmosphère un peu perturbée en ce printemps. Le monde semble en suspens. Comme tétanisé par ce qui nous arrive.

Certains voudraient savoir, craignent ou sont persuadés qu'on leur cache la vérité.

Dans l'ensemble la situation semble assez calme, mais les morts continuent de s'entasser ici et ailleurs. Ce qui ne semble pas concevable c'est qu'à notre époque de tels phénomènes puissent encore se produire.

Pourtant depuis que Darwin est passé par là nous sommes informés que le monde est en évolution perpétuelle et d'ailleurs si nous existons c'est qu'à un moment donné se sont produites des mutations qui ont permis l'apparition des hominidés.

C'est compliqué, c'est angoissant, une menace que rien n'avait laissé prévoir (si ce n'est l'histoire des pandémies) pour laquelle nous n'avons pas de réponse si ce n'est d'attendre que les patients aient passé le cap après lequel le verdict tombera et que l'on sera mort ou vivant.

A l'instar des chats on fait le gros dos, on attend.

Comme les Incas on se demande si demain le soleil à nouveau brillera

Certains pensent que c'est notre façon d'investir le monde qui a provoqué cette réaction de la planète. pourtant lors des épidémies qui ont frappé le monde par le passé on ne pouvait pas faire ce rapprochement : 

Les grandes pestes : pendant la peste noire au XIVème siècles ce furent 7 millions de français qui moururent sur 17 millions d'habitants.

La grippe espagnole qui à sévi juste après la guerre 1914 - 1918 tua 40 millions de personnes dans le monde et encore n'est-ce qu'une estimation, dont 400000 en France. (Le virus était le H1N1 et pourtant certains se sont étonnés que lors d'un épisode récent de grippe de ce type, on ait commandé tant de vaccins ! et qui disent cette fois ci que gouverner c'est prévoir)

En 1968 / 1969 1 million de personnes sont mortes dans le monde au cours d'une épidémie de grippe mais on avait la tête ailleurs. (il y eut pourtant 30 000 décès en France).

Le Sida qui a fait 32 millions de morts (estimation), Ebola…et l'on pourrait en citer d'autres.

La particularité dans chacune de ces circonstances étant de comprendre à quel type d'adversaire on a affaire pour parvenir à organiser des parades. Aujourd'hui c'est très complexe car il ne ressemble à aucun autre et ne donne pas le même tableau clinique chez tous les patients.

Le président dans une allocution a fait référence au fait qu'on était en "guerre" cela semble en avoir surpris voir choqué certains, mais c'est un choix comme un autre. L'ennemi n'est pas l'autre le malade, mais le vecteur de la maladie avec qui une course de vitesse s'est engagée.

Jamais les laboratoires du monde n'ont été aussi rapides pour décrypter l'adversaire et pourtant les démarches de mise au point d'un traitement puis d'un vaccin semblent ne pas avancer.

Chacun se veut expert en médecine, en gestionnaire de crise, en prévisionniste d'approvisionnements.

Certains se voient déjà en Saint-Just demandant des comptes après la fin de la crise, on multiplie les commissions d'enquête.

D'autres ont la rage, soit, mais il faut raison garder, et être économe de son énergie la réserver pour ce qui est actuellement en jeu : des vies humaines sur tous les continents.

Il faut d'abord regarder ce qui s'est produit de positif au cours de ces semaines : la collaboration mondiale et européenne pour se prêter du matériel, des soignants, des lits d'hospitalisation en réanimation. La réactivité extraordinaire des entreprises qui ont modifié leur fonctionnement pour fabriquer des respirateurs, des masques, des tenues de protection et du liquide hydroalcoolique.

L'engagement des soignants qui font fonctionner les hôpitaux, les enseignants qui ont su mettre en place de nouvelles méthodes pédagogiques, toutes celles et ceux qui sont montés au créneau pour venir en aide aux soignants : nourriture, logements, messages de soutien, les politiques et les administrations qui ont su mobiliser les ressources de la nation et qui devront continuer à le faire, une fois l'urgence passée, pour éviter l'effondrement de l'économie.

Toutes celles et ceux qui font preuve d'idées originales pour nous aider à garder ou retrouver l'espoir. 

N'oublions pas les millions que nous sommes qui bon gré mal gré acceptent le confinement pour protéger les leurs et leur entourage et freiner la propagation de l'épidémie.

Alors au lieu de se plaindre, de râler, de relayer les informations non vérifiées (oui tout n'est pas drôle) cherchons en quoi nous pouvons nous rendre utiles. Pour gagner et relever ce défi faut-il encore que nous soyons vivants ! 

 

***

Manger des chauves-souris, et des pangolins, il faut être un peu dérangé pour se comporter ainsi, oublieux que nous sommes, nous qui mangeons cuisses de grenouilles, lapins et escargots.

Les Chinois cela semble une masse grouillante de peuples et de langues différentes, qu'on ne sait pas exactement combien ils sont, mais ce qui est sûr c'est qu'ils sont nombreux. Alors un peu plus un peu moins qui s'en apercevra pensent les simplistes.

Le brouillard s'est posé sur l'orient, les pays les uns après les autres sont entrés dans la masse sombre qui s'avance.

L"OMS a tiré le signal d'alarme, certains voudraient des responsables, certains pensent que la terre se venge. Certains prient, brûlent de l'encens font des offrandes aux dieux.

Certains, non des moindres, nient, fanfaronnent, gesticulent. Les navires restent au large comme du temps de la grande peste arrivée par la mer.

Les avions restent cloués au sol, les habitants restent chez eux. 

C’est beau une ville aux rues vides et silencieuses dans lesquelles les animaux sauvages se promènent.

Le silence partout en l'absence de voiture, plus de concert, de théâtre, de cinéma. Chacun reste chez soi : on télétravaille, on Zoom, on WhatsApp, on déprime, on grossit, on perd le sommeil !

Tout ça pour un pangolin pas frais je rêve, en attendant la nouvelle Zélande a disparu de la carte, et comme un jeu de domino qui s'écroule la pandémie avance et dévore les continents et les pays à belles dents.

  Il y a ceux qui tonitruent, fantasques et délirants, semblant de ne rien voir. les économies se délitent et l'Amérique s'est engloutie de l'Alaska au Cap Horn.

Les morts s'empilent, beaucoup de pays que l'on pensait indemnes manquaient simplement de statistiques qui sont une denrée de pays riches et développés…

Le masque sur le nez on déambule, ce sont souvent ceux qui devraient en porter qui les négligent, les personnes de plus de soixante-cinq ans qui présentent un problème de surpoids.

Tout ce qui semblait installé solide, faisant référence s'enlise doucement sans que l'on sache s'il y a un fond et ce qui restera quand on y parviendra !!!