Le Petit Prince est triste

Sa planète est fichue

Il ne reconnaît rien.

Sa rose bien aimée

Depuis longtemps fanée

Ne refleurira plus.

Sur cette terre ingrate du 7ème continent

Que peut-on faire pousser ?

Mon Roi, ayez pitié

Répondez !

Attente inutile.

Le roi et ses copains

Ont depuis bien longtemps

Amassé belle fortune

Pour pouvoir émigrer

Tranquilles et peinards

Dans une autre galaxie.

Notre petit bonhomme sent son cœur qui s’affole

Que sont ses amis devenus ?

Se seraient-ils perdus ?

L’ivrogne, le vaniteux

Je ne vous aimais pas, mais …répondez…

S’il vous plait…

Une bourrasque de vent

A l’haleine fétide

Lui claque le visage

Le Petit Prince chancelle.

Plus personne pour l’entendre.

Le Businessman ?

Il a le blues.

Drone frénétique

Il poursuit dans l’espace

Ses bitcoins envolés.

Le Géographe ?

Il est désorienté.

Sa boussole affolée

Lui indique le nord

Mais le nord est le sud

Et le sud est le nord

A qui donc se fier ?

Petit Prince dévasté

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Se laisse tomber à terre

Il choit sur des paquets

Aux couleurs délavées

D’où s’échappent des gâteaux

A moitié écrasés.

Au milieu du désastre

Il en trouve un intact

Et point trop avarié.

Mais il n’a pas le temps 

De porter à sa bouche

Ce délice sucré

Qu’une patte velue

Habile et griffue

Escamote au passage

Le mets chocolaté.

Toi aussi, mon ami !

S’écrie-t-il, atterré.

Mais à quoi cela sert

D’être apprivoisé 

Si même avec moi

Tu ne veux rien partager ?

Le goupil courroucé

Lui répond âprement :

Et vous qu’avez-vous fait

Humains impitoyables

Sinon nous affamer

Et pire, nous manger ?

Regarde autour de toi

Le résultat est là.

Sur leur tas de gravats,

Les amis accablés contemplent

L’océan de bouteilles, de cartons, de papier.

Quand du tas d’immondices

Une vieille affichette 

Portée par une bourrasque

Vient échouer à leurs pieds.

En lettres capitales,

Elle proclame triomphante

« demain, le black Friday » !