Thème du jour : Questions de point de vue…

 

Séance du jour - rappels : Point de vue, énonciation, focalisation

  • Le point de vue peut désigner « vulgairement » le jugement, l’appréciation, l’opinion. Ainsi, la narratrice-personnage central du roman de Sophie BassignacLe plus fou des deux, écrit à propos de sa sœur : « Elle et moi n’avons pas eu la même enfance. […] Il faudra que je lui explique que nous n’avons pas eu les mêmes parents… » Cette affirmation se présente comme un point de vue qui représente un jugement, une appréciation…
  • Mais le point de vue désigne aussi, dans l’analyse littéraire de la fiction :
    • L’énonciation : qui parle, qui narre, qui prend en charge le récit ?
    • La focalisation : qui voit ? quel regard et quelle place le narrateur choisit-il ?
  • Auteur/narrateur/personnage/lecteur : l’auteur, qui écrit, extérieur au texte, s’inscrit dans un système d’énonciation sur lequel il joue :
    • Son narrateur, qui narre et prend en charge le récit, peut être peut être implicite (ex. Flaubert, Stendhal, Viguier, Reinhardtdans les exemples joints), ou représenté dans le texte (s’incarner dans un personnage, cf. ci-dessous).
    • Ce (ou ces) personnage, chargé de la narration, devient personnage-narrateur, cette position influe sur la perception des autres personnages (David DiopFrère d’Âme ;Sophie BassignacLe plus fou des deux). 
    • Le narrateur peut être multiple, avec des changements récurrents (Thierry BeinsteingelIls désertent) ou beaucoup plus fréquents (Alain DamasioLes furtifs, qui emploie des signes typographiques)
    • Le lecteur peut être impliqué explicitement, il peut s’agir d’une adresse au lecteur quand il est directement interpelé par le narrateur (ex. Jacques le FatalisteDiderot), ou de considérations générales que l’auteur fait porter au narrateur (ex. Victor Hugo).
  • Focalisation/vision : elle va déterminer la part d’objectivité ou de subjectivité choisie par l’auteur dans son énonciation.
    • La focalisation zéro, ou point de vue omniscient(regard de Dieu) : le narrateur est partout, il n’est pas un personnage, il voit depuis tous les angles et sait ce que pensent et ressentent tous les personnages (roman classique, La Fayette, Balzac, Hugo…)
    • La focalisation externe, le regard de personne : l’objet est toujours connu de l’extérieur, il donne l’illusion que personne ne regarde (Hemingway, Steinbeck, Nouveau roman en France : Robbe-Grillet, Butor…)
    • La focalisation interne, le regard singulier : le foyer est placé dans la conscience d’un sujet-témoin à partir de laquelle le lecteur connait les pensées et sensations du personnage ; ce sujet-témoin peut être pris en charge par un narrateur implicite (Stendhal, Flaubert, Viguier, Reinhardt), ou par un narrateur-personnage (Beinsteingel , Diop, Damasio, Bassignac
  • Ces deux dimensions du point de vue narratif (énonciation et vision) déterminent la perception du lecteur et sont soumises à des choix d’auteur préalables et/ou concomitants à l’écriture.

 

Séance du jour – écriture : Ordre et fortuit.« Un silence parfait est venu avec la nuit. Tout est en ordre, enfin. » Silence et ordre parfaits ouvrent des interstices au hasard, à l’inattendu, au fortuit. À partir de cette phrase finale du roman de Sophie Bassignac, imaginer un récit qui laisse la place au hasard… Bien sûr en choisissant un point de vue (narrateur, focalisation)…

 

 

Quelques lectures :

  • Karine Tuil,Les choses humaines
  • Cécile Coulon,Une bête au paradis
  • Sophie BassignacLe plus fou des deux

À suivre…

 

 

Prochaines dates : 16 octobre – 13 novembre – 11 décembre – 15 janvier – 12 février – 11 mars – 8 avril – 13 mai – 10 juin