Je fais souvent ce rêve d'une journée à la campagne. Je marche sur une route, avec des amis que je ne connais pas. Il fait chaud. Le soleil tape sur nos nuques, nous sommes fatigués, mais contents. Personne ne nous a obligés à faire cette randonnée, qui ne nous apportera plus tard que la satisfaction d'avoir éprouvé nos muscles, guetté cette biche à l'orée d'un bois, humé les sous-bois. Une petite brise nous accompagne par intermittence. La sueur que nous épongeons a un goût amer, elle met un voile opaque sur nos lunettes. Nous arrivons enfin au hameau qui doit nous accueillir pour la nuit.

         Quelqu'un nous salue. Une femme, semble-t-il. Difficile à dire, les vitres miroitant au soleil, troublant encore davantage notre vision. Elle fait taire les chiens, et au crissement de nos derniers pas sur les graviers s'ajoutent maintenant les pépiements des oiseaux, un vacarme quasi-assourdissant.. C'est curieux, lorsque l'un de nos sens est empêché, en l'occurrence notre vue, un autre s'exacerbe.

         S'il ne faisait pas si beau, si les alentours n'étaient pas si charmants, j'aurais envie de sortir mon lance-pierres et d'exterminer ces maudits volatiles.

         Mais on est à la campagne, comme je le disais, tout va bien, bientôt nous nous attablerons autour n'un repas simple, une bonne salade, et pour en rehausser le goût, pas d'autres épices qu'un peu de sel.

         Quand tout sera éteint, nous nous délasserons dans des draps de lin frais.