Je fais souvent ce rêve d’une fenêtre ouverte sur un champ d’herbe haute.

Des enfants le traversent, pêlemêle.

Ils arrachent au hasard des tiges vertes bercées par la brise, les portent à leurs narines.

La fraicheur un brin amère les fait frémir.

Un voile opaque écarte de leurs yeux le temps qui passe.

Leurs cheveux brillent d’une fraiche tiédeur.

Un rossignol trille.

Le soleil s’étale en une nappe rose orangée traversée de formes mouvantes.

Les enfants courent, courent, un pépiement confus s’élève avant de se noyer dans leurs larmes.

L’horizon miroitant est trop loin, toujours trop loin.

Le sel pique leurs joues.

Le rose a viré au gris sombre, bientôt le ciel est éteint.

Le plus petit tombe, troublant la course des autres.

Son genou écorché tremble.

« Maman, c’est fini, ton rêve ? »