Mon épouse finissait de débarrasser la table ; ce soir-là, j'avais un peu traîné devant la télé, comme d'habitude le jeu télévisé se terminait et juste avant les infos la chronique habituelle avec la recette du jour : facile, économique et délicieuse, le tout en quelques minutes pour les gens de plus en plus pressés et surtout très peu de calories !


Ce mot me sortait de ma torpeur visuelle : calories ! On finissait de manger, j'étais pourtant rassasié : une belle tranche du pâté de Pâques et une petite tranche de gigot avec quelques mojettes ; salade verte du jardin et une petite part de tarte aux pommes ! Le bonheur du lundi de Pâques...


Et pourtant ce mot calories me sautait dans la tête ; depuis que j'avais commencé ce foutu régime j'avais l'impression que les portions d'avant n'étaient plus les mêmes ou alors les assiettes étaient plus grandes... J'avais très faim avant le repas et... encore un petit peu faim après. Mais non j'avais beau compter et recompter les calories de ce jour ne dépassaient pas 1.300 alors que le nutritionniste m'autorisait 1.800 ; il restait encore 300 calories ! vite je pouvais sauter sur un bout de chocolat et le compte y était sans dépasser la norme...


J'avais lu sur internet qu'un homme en activité (c'est mon cas) devait manger environ 3.200 calories ; j'en étais loin et pourtant la balance ne cessait de me trahir en pointant inexorablement vers le haut !


En me couchant pas facile de m'endormir, avec ces entrecôtes saignantes qui défilaient et... des montagnes de frites !


Pourquoi cette obsession de la nourriture alors que je n'ai en réalité jamais été un gros mangeur... Dès le réveil le café sans sucre se mariait mal avec le lait écrémé et les biscottes sans sel ! Et dire que l'on avait cet été fait le plein de confitures, l'année avait été exceptionnelle pour les fruits... Et midi revenait... et le dîner revenait et toujours cette envie de manger après le repas... Et ce poids qui ne baissait pas !


Mon ami médecin, (à qui j'avais caché ce régime) et qui était encore plus enrobé que moi, me trouva déprimé et agité. Arrête ! me dit-il d'un ton sec, tu vas devenir fou !


On va faire des analyses complètes.

L'attente des résultats dura une éternité.

Bien sûr un petit trop haut un peu partout... mais pas catastrophique du tout me dit-il. Un petit traitement et c'est reparti.


Tout est rentré dans l'ordre et comme par enchantement l'aiguille de la balance a joué le jeu, elle s'est penchée du bon côté.

Mes obsessions de repas pantagruéliques ont disparu et mon ventre a dégonflé !


Ne me parlez plus jamais de régime...