L’année se termine
       - Ouf ! L’année se termine ! Comment ai-je pu être timbré au point de m’embarquer dans une aventure aussi risquée pour mon ego que celle de la fréquentation assidue de l’atelier d’écriture du château d’Avanton ? Il faut vraiment être totalement ouf pour se commettre avec cette tribu d’hurluberlus, glisse à  mi- voix Marc Lévy, à sa rousse amie à l’opulente chevelure,  tout en lorgnant la table des festivités vers laquelle il commence à se diriger d’une curieuse démarche en zigzag. Pour le pur esprit qu’il affiche d’être, il est en effet primordial de paraître détaché des nourritures terrestres.

Renée-Claude




L'école est finie ! L'école est finie !
Les couettes virevoltant autour de sa tête, elle saute d'un pied sur l'autre au bord du trottoir usé.

Dans le tohu-bohu de la circulation, zip, une voiture la frôle, han-han, un vélo la suit, le propriétaire fatigué par la côte.  Mais il est timbré celui-là, ouf il m'a fait peur.
 Elle traverse le carrefour. Feu rouge.  Un hurluberlu avance au volant de sa Chevrolet bleue sur le passage clouté.
L'école est finie! L'école est finie!
Mettre un pied entre chaque clou doré. Elle zigzague sur le macadam qui fond sous le soleil de midi. Si elle réussit à passer sans trébucher, elle aura gagné : maman aura préparé un gâteau au chocolat.
L'école est finie! L'école est finie!
Dis Maman, je n'irai pas aux cours de vacances, hein!
Ma petite fille, l'année se termine et tu as obtenu de bons résultats malgré ton bavardage incessant.  Tu n'auras qu'à t'enlivrer et le tour sera joué . Pas de devoirs de vacances cette année, c'est promis.
Si j'avais su que c'était si facile, je n'aurai pas eu si peur.

Monique François



"Si j'avais su que c'était si facile".
Qui, quoi, la vie, l'atelier d'écriture ? j'hallucine, je crie  "A la folie" !
La vie c'est tentant il faut l'avoir vécu pour y croire,
mais en aucun cas facile à vivre.
Il y a toujours l'hurluberlu de service ou le timbré, au choix,
qui se croit obligé de venir vous l'ambiancer
débitant à tire-larigot inepties et fariboles.
Cela pourrait pourtant être si simple,
si on ne prête pas l'oreille au tohu-bohu du monde.
Ce charivari, quoi qu'on puisse en penser, n'est pas inutile,
il est là que pour nous rappeler que vivre,
c'est accepter le grand brassage du temps, du vent du calme de la tempête.
Sommes nous bien certains d'être conçus pour une vie bien rangée ?
N'est-il pas préférable de choisir celle qui file en zigzag
A chacun de chercher où se trouve sa part de rêve.
La difficulté c'est que dans tout ça à la longue on s'égare
la propension humaine étant qu'un jour on prend, un jour on laisse,
 l'on finit par perdre ses illusions d'enfant.
Nous  reste alors le voyage des mots et l'Atelier
 ils offrent une échappatoire sans pour autant nous enlivrer,                                                   
Les mots sont ce que nous sommes, faut-il encore parvenir à les attraper,                                        
les dompter, les tordre, et que notre réflexion en fassent jaillir du sens.
C'est plus difficile que de cueillir truite au ruisseau
Mais on retrouve alors peu à peu sa trace, et le chemin...
En fait, c'est un paradoxe que de dire : " Ouf ! l'année se termine !..."
comment imaginer un instant les mots cessant  de jaillir ?...
On ne peut s'arrêter de penser !

Dominique Guerville



Si j'avais su que c'était si facile
De s'enlivrer de mots et de merveilles
De zigzaguer entre pages pareilles
À tire-larigot, ambianceuses futiles.

Si j'avais su qu'en ce tohu-bohu
D'aucuns, timbrés, m'auraient traitée de folle,
Moi qui croyais encore aux fariboles
En nos soirées, de tant d'hurluberlus.

Si j'avais su que l'année se termine
À la folie, mais sans que j'aie dit ouf,
À la folie, non, plutôt sur un plouf,
J'aurais plus craint, pour l'an prochain, la mine.

Viviane Youx