Découvrir le désert dans un quatre-quatre de luxe climatisé, ils se dirent que cela risquait de manquer d’esprit d’aventure, mais sur la corniche de Doha, il n’y avait que des voitures de luxe de ce type, un avantage tout de même, le fanion qui ornait l’avant de leur véhicule faisait qu’à son approche toute la circulation s’arrêtait, comme par miracle.

Très vite ils furent dans les faubourgs, comme ils avaient pu le voir depuis l’avion, la végétation cessait d’exister dès les derniers immeubles modernes dépassés.

On passait du luxe ostentatoire, à des groupements de petites maisons en terre, avec trois épineux, deux chèvres et quelques chiens. Dans ces quartiers, leur dit leur mentor, ce sont les familles du personnel de service qui se sont installées, ce sont des bédouins sédentarisés, mais qui ne sont pas Qataris, ils arrivent de tous les pays du golfe, ici il y a du travail et nous les traitons bien…

 

Un ange passa, Nicolas ne releva pas cette dernière remarque, il aurait été mal placé. Il avait seulement noté que leur chauffeur était armé jusqu’aux dents et que l’équipe qui les suivait dans deux autres véhicules ne devait pas non plus être venue les mains vides.

 

Ils roulaient à vive allure sur une route rectiligne qui s’enfonçait vers nulle part, il n’y avait aucun panneau de signalisation. Les voitures soulevaient des nuages de sable qui montaient en spirales en effaçant les formes. Ils marquèrent une pause pour laisser passer l’un des véhicules d’accompagnement, presque immédiatement il indiqua qu’il allait tourner pour s’enfoncer dans les dunes et quitter la chaussée asphaltée. On entendit la mise en route du dispositif qui allait leur permettre de rouler dans le désert, c’est à peine si les véhicules ralentirent.

 

-         Il nous reste une heure trente de route avant de trouver le bivouac, si vous voulez dormir profitez-en !

 

Ils n’avaient pas du tout envie de dormir, tout ce qu’ils découvraient leur paraissait fascinant, Nicolas se demandait bien comment on pouvait vivre dans un environnement pareil où tout était minéral.

Pas une arête vive, pas de droite, à l’infini des ondulations et des rondeurs. Certaines faces de dunes étaient lisses et sans la moindre aspérité, d’autres étaient ondulées de manière régulière comme si on les avait frisées au fer.

Pendant tout un temps le sol leur parut plat, ce n’était qu’apparence, la réalité fut moins confortable, le désert était plat mais recouvert de légères boursouflures lui donnant l’aspect d’une tôle ondulée, les conditions étaient réunies pour secouer les véhicules, ils semblèrent pris de la danse de saint Guy. Dans les premières secondes ils se regardèrent et partirent d’un grand fou rire, le temps passant ils commencèrent à trouver cela beaucoup moins amusant, le chauffeur continuait d’écraser l’accélérateur comme un malade, il semblait ne s’être aperçu de rien.

Le fils de Cheikh Tami les prit en pitié, ne vous en faites pas il n’y en a que pour une demi-heure, ensuite ce sera plus pierreux.

Les premiers signes de ce changement annoncé apparurent dans le paysage. Ils crurent à l’apparition de ruines médiévales en apercevant des pans de roches déchiquetées aux reflets ocrés, l’imagination leur jouait des tours comme lorsque l’on regarde les nuages, croyant y découvrir, là, la forme d’un animal, ici une carte du monde, ou tout autre gravure sortie de ses phantasmes.

C’était splendide, un sculpteur d’œuvres contemporaines n’aurait pas fait mieux, la nature avait joué avec volumes et couleurs en mêlant des blocs géants à une multitude de petites roches éparpillées qui semblaient en interdire l’accès.

Elle ne s’était pas arrêtée à éparpiller des volumes, elle s’était faite sculpteur, le vent chargé de grains de sable avait décapé les parties tendres des massifs, les rainurant de stries profondes aux couleurs mordorées. Certains blocs étaient pratiquement découpés en lamelles, chaque tranche présentant une couleur particulière s’étageant du blanc presque pur, à l’ocre rouge du plus bel effet.

Ils auraient bien fait un arrêt pour pouvoir admirer plus longtemps ces phénomènes naturels extraordinaires.

 

       Ne vous en faites pas, nous allons rencontrer bien d’autres choses tout aussi belles et aussi inattendues, mais il n’est pas possible de trainer en route, nous devons arriver avant le coucher du soleil, faute de quoi la piste deviendra beaucoup plus difficile !

 

Une demi-heure après, en traversant le lit de ce qui ressemblait à un oued à sec au creux d’une déclivité, ils levèrent un groupe d’une dizaine de Gazelles. Elles le firent avec un bel ensemble, et une élégance racée. Les vieux mâles se positionnant devant la harde, toutes les têtes tournées vers les véhicules. La teinte de leur pelage s’intégrait à la perfection dans le paysage. Elles avaient l’œil vif et attentif, voyant que personne ne descendait et que les véhicules continuaient leur route, elles se contentèrent de s’éloigner d’un pas léger et élégant de danseuses, mais à une allure soutenue. Dans de pareils endroits la survie ne peut perdurer que grâce à des réflexes bien ancrés dans la génétique et à une attention de tous les instants.

 

Ils s’étonnèrent auprès de leur guide de les avoir trouvées là, alors qu’il n’y avait aucune nourriture visible à la ronde.

 

-         Ne vous attendez pas à découvrir de l’herbe et de vertes prairies, vous ne l’avez peut-être pas remarqué, mais à proximité il y avait quelques buissons épineux et c’est l’une de leur nourriture préférée. D’ailleurs très souvent, il n’y a pas d’autres choix ; ils se regardèrent en faisant des mimiques appropriées, l’air de dire : « si c’est ce que l’on mange dans le désert, nous sommes mal partis ! »

 

Ils n’avaient pas encore vu le plus beau, le soleil désormais très bas sur l’horizon, appliquait des couleurs étonnantes sur les pentes des dunes. Les faces qui ne recevaient plus la lumière en direct présentaient une palette de teintes s’échelonnant de l’ocre brun au gris. Les pentes et les rondeurs qui étaient caressées par cette lumière rasante resplendissaient de toute la chaleur des ors, de l’or blanc à l’or rouge avec une multitude de nuances, et cela allait très vite, à peine magnifiée, une face pouvait aussi bien s’éteindre, et sombrer dans les ocres et les gris.

Puis il n’y eut plus que des ombres, glissant de la gamme des bleus les plus froids aux noirs les plus profonds, après transition par les gris les plus doux et les plus apaisants. La vie ne se concentrait plus que dans le faisceau des phares qui se perdait dans les sables en n’accrochant que de rares aspérités, et dans le ronronnement du moteur.

Le silence s’était fait dans l’habitacle, chacun perdu dans ses rêveries, Dick pianotait sur son portable, Colette dormait la tête entortillée dans le châle dont elle couvrait sa chevelure depuis son arrivée dans le pays, Nicolas comme à l’accoutumée était perdu dans ses pensées. Il aurait pourtant tellement aimé pouvoir faire cesser ce mécanisme diabolique mais la réalité étant ce qu’elle était, il vivait avec. Dans le véhicule on n’entendait que les phrases brèves échangées entre le chauffeur et leur guide à propos de l’itinéraire, le bruit produit par les changements de vitesses qui faisaient ronronner les pignons, en ligne harmonique de fond, les rugissements du diesel et le sifflement de la clim poussée à son maximum.

 

Ils espéraient que la nuit annoncerait le silence du désert, enfin ce qu’ils imaginaient être le silence du désert, et ils en firent part à leur accompagnateur. Leur jeune guide les détrompa, vous verrez leur dit-il, que le désert n’est pas silencieux, la nuit, il s’y déplace de nombreux animaux, et il y a toujours une multitude de bruits variés et inexpliqués portés par le vent. De tous les animaux que l’on peut rencontrer, les Oryx encore sauvages et les Gazelles sont les éléments les plus emblématiques et les plus gracieux, mais il en est de moins fréquentables quoique pas moins méritants pour parvenir à vivre dans ces zones très difficiles, comme les Hyènes et les Loups qui vont librement au travers de la presqu’ile arabique. On ne les voit que rarement mais ils se déplacent souvent en petites bandes et nettoient le désert. Méfiez vous des serpents et des scorpions, la plupart du temps ils se sauvent à notre approche bien plus effrayés que nous, mais tout de même prudence. Il revint sur les Oryx que l’on élevait dans la région et à qui il vouait un véritable culte

Il leur expliqua toutes les précautions nécessaires à la survie des êtres humains dans ce milieu, car il n’y a pas que pour les Gazelles que la vie peut être dangereuse, dans ce monde très particulier, insistant particulièrement sur la nécessité de boire.

Ils ne réalisèrent être arrivés que lorsque le bruit du moteur s’interrompit, leur donnant cette fois une sensation de paix et de repos, ils avaient les oreilles encore toutes bourdonnantes du trajet.

- Prenez de quoi vous envelopper, en sortant la température vous paraitra douce, ce n’est qu’une sensation agréable due à la climatisation dans le véhicule, très vite, elle vous paraitra assez inconfortable.

La soirée eut quelque chose de féérique, repas autour d’un feu, galette de pain et viande rôtie, dattes et thé brulant. On était loin des voyages touristiques avec danseuses du ventre et musiciens, ils mangèrent comme leurs guides et dormiraient comme eux.

En les interrogeant ils apprirent que le lieu où ils se trouvaient étaient une toute petite oasis qui servait de point d’appui aux gardes du désert dont la mission consistait à surveiller les dunes aux abords des fermes où l’on élevait Oryx et Gazelles pour les relâcher dans le désert.

Vous verrez l’Oryx est un animal fabuleux, parfaitement adapté à la vie dans ces zones désertiques. Il a bien failli disparaître, sa chair est délicieuse, et ses longues cornes étaient un produit de choix dans l’artisanat local, tout cela est fini, désormais ce bel animal est l’un de nos emblèmes nationaux.

 

Nicolas était épuisé d’avoir dû servir d’interprète toute la journée, il en avait le cerveau en ébullition. Ses traductions n’avaient pas toujours été très précises mais en gros il s’en était sorti et c’était ce qui comptait.

 

*****

 

Maintenant il ne rêvait plus que d’une chose, qu’on ne lui demande plus rien, et qu’il puisse s’éloigner et contempler le ciel.

Dés qu’on les eut installés sous une tente ouverte sur le feu, il décida de s’éloigner pour retrouver le calme, après quelques pas, il s’arrêta et attendit quelques instants que ses yeux s’habituent à la nuit il fut tout étonné de découvrir qu’il ne faisait pas très sombre. Ici au cœur du désert rien ne venait polluer le ciel, pas de phares de voitures, de lampadaires ou d’enseignes lumineuses, il découvrit un ciel comme il ne se rappelait pas d’en avoir jamais vu, un ciel constellé d’étoiles et ce n’était pas qu’une image, mais un ravissement.

En s’éloignant du campement il aperçut au-delà des tentes ce qu’ils n’avaient pas vu en arrivant, il y avait là quelques bouquets de palmiers signalant la présence de l’eau, mais rien d’une oasis luxuriante.

Il était tout heureux se croyant seul dans le désert, quand il remarqua une ombre au creux d’une dune, un homme se tenait là dans la nuit assurant leur sécurité, l’image perdait un peu de son romantisme, le monde ne se laissait pas oublier aussi facilement.

 

Il chemina une centaine de mètres sur une pente, pour gagner une crête qui surmontait leur campement. Arrivé à son sommet il se laissa glisser quelques mètres en contrebas pour ne plus voir les tentes. Il était en nage. Pour faire cent mètres, il avait dû en faire mille tant le sable se dérobait sous ses pieds, l’obligeant à faire de gros efforts.

Quelques instants il s’était tenu sans bouger à mi-pente écoutant chanter la dune quand le sable file sur sa pente, c’était doux et mélodieux à la fois. Les petits grains de sable jouaient de la musique en émettant de tous petits bruits de cristaux qui se heurtent.

 

Il laissa le calme revenir, laissant son souffle s’apaiser, ce n’était pas si facile dans un cadre pareil.

Il avait toujours été attendri par le Petit Prince de Saint Exupéry et là tout à coup ce texte prenait une toute autre dimension, celle de l’universalité.

Au dessus de lui il y avait l’éternité et les fascinations qu’elle exerce, autour de lui il y avait l’immensité des sables, il scruta la nuit espérant en voir sortir un Fennec, ces petits Renards des sables.

A cet instant, il lui revint le souvenir de l’un de ses rêves d’enfant : Il s’agissait de « s’allonger sur un point élevé et ne plus voir que le ciel », il avait bien fait cette expérience par le passé, mais il n’était jamais parvenu à un résultat satisfaisant. Il y avait toujours quelque chose qui clochait et qui venait accrocher son regard, un arbre, un poteau électrique, des brins d’herbes, un oiseau, ou la trace d’un avion dans le ciel, le laissant sur sa frustration…Peut-être n’avait-il pas été suffisamment attentif et précis dans sa démarche, le résultat étant qu’il n’avait connu que des échecs.

Un autre sentiment lui trottait dans la tête, il n’aurait su dire pourquoi, mais il appréhendait ce qu’il allait découvrir, ce qui allait se passer. Ce n’était pas la peur mais quelque chose qui l’étreignait… Ce pouvait être quelque chose qui le laisserait effrayé, mais tout autant ce pourrait-être un instantané sublime qui lui laisserait le cœur plein de charme et de ravissement.

 Il remonta sur le sommet de la vague de sable, y rechercha un endroit plat et s’allongea. Il attendit un instant les yeux fermés…Puis il les ouvrit, après les premières secondes d’adaptation, il eut la sensation que des millions de petites piques de lumière arrivant de chacune des d’étoiles venaient lui percuter la rétine. Il y eut un temps pendant lequel celle-ci sembla se mettre doucement à fondre, puis, une sorte de flash se produisit comme s’il venait de vivre un orgasme avec l’univers. Il ne pouvait plus bouger regardant défiler dans sa tête toutes les couleurs de l’arc en ciel. Quand ce feu d’artifice s’éteignit ce sont les illustrations du Petit Prince qui défilèrent en boucle.

« Une planète, un prince, une rose, un petit renard et une caisse à mouton, un géographe derrière son bureau, et un allumeur de réverbère… »

 

Mais c’est le Renard qui finit par s’imposer, il était en grande conversation avec le Petit Prince. Ce dernier voulait être son ami pour qu’il vienne jouer avec lui et le Renard de lui répondre que ce n’était pas possible !

 

-         Je ne peux pas jouer avec toi, dit le renard, je ne suis pas apprivoisé…

 

La voila bien la question,

 

-         Qu’est-ce que signifie « apprivoiser » ?

-         Tu n’es pas d’ici, dit le Renard, que cherches-tu ?

-           Je cherche les hommes, dit le petit Prince. Qu’est-ce que signifie « apprivoiser » ? [1]

 

Nicolas aurait pu dire je cherche les hommes et je me cherche moi-même, et la route a été longue

 

-         C’est une chose trop oubliée, dit le Renard. Ça signifie créer des liens

-         Créer des liens ?

Mais si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde[2]

 

Créer des liens, justement ce qu’il n’arrivait pas à faire, car quelque part il avait peur de dépendre de quelqu’un et que quelqu’un dépende de lui car il n’était pas certain qu’il serait à la hauteur des attentes de l’autre…d’où fuites et malentendus…             

 

Le crissement produit par le sable sous le pas de quelqu’un progressant vers lui le tira de sa torpeur, le garde s’approchait lui faisant signe qu’il devait regagner le campement.                                 

*****

Ils n’avaient pas gagné le concours pour la construction du musée, une équipe du cabinet Jean Nouvel les avait devancés, ils étaient bien un peu dépités. Même lorsque l’on sait que l’on ne joue pas dans la même catégorie, on finit par se piquer au jeu. Le projet retenu était magnifique et, beaux joueurs, ils allèrent féliciter leur adversaire.

Cette équipe avait conçu son projet à partir des formes de la rose des sables, Cheik Tami leur avait dit qu’ils avaient besoin d’une signature pour le prestige du Qatar et que cela avait pesé dans le débat. Sa mère, la Chelkha Maja al Mismad qui avait apprécié leur présentation avait demandé que l’on étudie la possibilité de les faire travailler à l’une des réalisations à venir.

 

Après un après midi passé à ruminer leur déception et pendant lequel ils firent du tourisme et du shopping dont pour Nicolas une magnifique Rose des sablespour Simone et Georges, (Il faut aussi avoir de l’humour), ils demandèrent un rendez vous au Cheikh Hamad ben Khalifa al Thani Pour le remercier de son accueil et de tout ce qu’il avait fait pour eux.

C’est à ce moment qu’il leur confirma son désir de les voir travailler pour son pays.

 

-         Vous avez été dans le désert découvrir les fermes dans lesquelles nous élevons Gazelles et Oryx, nous aimerions que vous nous fassiez des propositions pour des aménagements permettant de recevoir touristes et scientifiques dans des conditions sobres mais élégantes. Vu votre imagination je pense que cela ne devrait pas vous poser trop de problème et que ce sera intéressant.

 

C’est Dick qui prit la parole pour répondre au Cheikh

 

-         Nous allons étudier cette question dans les meilleurs délais et ne manquerons pas de venir vous présenter les résultats de notre travail.

 

*****

 

Ils avaient l’impression d’avoir quitté la France depuis des semaines, alors qu’il n’y avait que dix jours qu’ils étaient là…

Nicolas avait tenu sa promesse d’envoyer des Mel à Marianne il les avait accompagnés de nombreuses photos, en particulier d’Oryx, de Gazelles et de dunes qui les avaient séduits par leur grâce, ils en avaient encore les yeux écarquillés et ne rêvaient que d’y retourner.

 

Roissy leur apparut triste, froid, et toujours aussi cauchemardesque pour passer la douane et prendre un café.

 

Dick prit Nicolas à part pour lui parler du contrat qui se dessinait, le mot les fit rire, un contrat qui se dessine pour des architectes, cela ressemble à un pléonasme…

-         J’ai vu que tu avais accumulé croquis et photos, tu as des idées derrière la tête, il faut que cela murisse ? Mais si tu veux que l’on en parle, tu n’hésites pas.

-         J’ai des idées, c’est vrai mais il faut que je les élabore un peu plus avant de vous présenter un premier jet !

-         OK, je compte sur toi, mais il ne faut pas trainer si nous voulons garder la main, si je te donne quinze jours, c’est jouable ?

-         C’est jouable, OK pour moi !







[1] Extraits du Petit Prince de Saint Exupéry

 


[2] Extraits du Petit Prince de Saint Exupéry