Mémoires variantes

« Mais, que diable allait-il faire dans cette galère ? »

Que les Gaulois, dans cette époque supposée lointaine et ce village supposé coupé du monde, aient pu se laisser prendre à ce mythe baladeur de pourfendre le Romain aux confins de la Méditerranée, passe encore !

Mais lui, quel mobile pouvait le pousser à s’escagasser pour que son invention soit reconnue ? Il avait poussé les portes des fabricants, puis, crescendo, tenté l’INPI pour déposer son brevet, mais rien n’y faisait. Il avait beau se remuer les méninges, comment faire accepter l’idée que son nouveau programme d’entrainement cérébral en ligne, sur le modèle itératif d’un itinéraire séquentiel, pouvait constituer une alternative de poids à la perte de mémoire galopante qui accompagnait si fidèlement le vieillissement de la population ?

Baptisé « Galère à la portée de tous », celui-ci présentait l’immense avantage de résister à tous les chevaux de Troie, et sa fiabilité conférait à ce poste à galène moderne un outil de poids pour les candidats à l’Alzheimer : une nouvelle mémoire inviolable greffée derrière l’oreille dans la puce de leur mobile.

Trêve de galéjades ! Son intention n’était pas d’amuser la galerie, mais de redonner aux ainés leur rôle de mentor que le jeunisme ambiant leur avait subrepticement volé. Il la tenait, la raison de continuer à se battre ; un journaliste l’avait remarqué, le mouvement était lancé ! Il n’aurait plus besoin de courir dans tous les sens. Il n’avait plus qu’à tenir le cap. Et que vogue la galère ! 

 

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Variations autour d’escagasser, pour prendre son temps…

 

Je me régale, je m’escagasse

Tu t’emballes, je me décarcasse…

Pour qui, pour quoi, pauvre fada !

Les mobiles ne manquent pas…

Variantes nobles de l’escargot,

Mes escarpins me prennent au mot.

Je m’agace de ces escarbilles

Qui s’attardent sur ton nombril.

Au moindre signe de ton esbroufe

Je m’esbigne sans dire que je souffre.

Utopiste ancrée de repères,

Je m’escrime hors de ta galère.

C’est ton baladeur qui braille

Crescendo sans un son qui vaille

La peine que je m’emberlificote

Dans des fadaises de la sorte.

Mon premier mentor aimerait

Ce remue-ménage secret

Qui descagasse mes méninges

Au rythme lent d’un lave-linge.

Je prends mon temps, je ralentis,

Je m’escagasse à prendre le pli

De zapper le flux trop mobile

Qui hante ma retraite immobile.

Alors c’est décidé, dans ma tête

Je prends la poudre d’escampette.

N’insiste pas, c’est sans appel,

N’escalade pas en rappel

Les raides falaises de Troie

Où mon cheval s’escagassa.