Toute son attention se dirige vers le restaurant-salon de thé du même nom que l’endroit.

Il est posté là, depuis vingt ou trente minutes, assis sur le rebord de la fontaine en pierre du XVIIIème, la main droite dans la poche de sa veste. Sur la porte d’entrée restée close pour garder la fraîcheur, un panneau d’ardoise indique à la craie : « c’est ouvert ! » d’une écriture ronde, presque enfantine.

Il l’a lu tout de suite. Il a tout de suite reconnu cette écriture. Il est pétrifié.

Un tic irrépressible le fait cligner des yeux, et déforme son visage.

Pas un client à l’intérieur ni sur la terrasse en teck où fleurissent des géraniums fixés à la balustrade en fer forgé. Seule une ombre qui semble familière du lieu s’affaire derrière la porte vitrée, changeant les nappes sur les tables de bistrot, arrangeant ici et là les bouquets et bibelots. Ce décor donne à la salle un air désuet.

L’homme regarde cette ombre légère, qui se déplace, presque aérienne, se recule, inspecte le nouvel agencement des choses. Elle porte un robe rouge ceinturée à la taille, plissée, à large volants jusqu’aux mollets. Et à chaque fois qu’elle esquisse un mouvement, se penche, une longue chevelure noire frisée tombe par-dessus ses épaules, cachant le visage qu’on ne peut deviner. L’ombre passe entre les tables telle une danseuse sévillane ; distante, dédaignant ce badaud qui la fixe depuis si longtemps.

Rien ne pourrait troubler cette fascination.

Seul un filet d’eau s’écoule discrètement de la gargouille d’un diable au milieu de la fontaine. Il fait encore très chaud, 35 degrés peut-être. La lumière décline en cette fin d’après-midi d’août sur le quartier Saint Etienne au sud de la cathédrale. Elle s’étire sur la façade de briques roses du Sainte Scarbe, s’embrasant en un reflet rouge oranger sur les carreaux de la porte. L’effluve odorant des géraniums a envahi la place.

Quelque chose au fond de la gorge irrite l’homme de la fontaine. Il se racle, tousse. Il cherche ses mots. Il doit y aller. Il est venu pour ça. Il n’a pas le choix. Il le sait. Il va se lever, entrer dans le salon de thé restaurant.

Un chat noir traverse tranquillement la place et vient se frotter à ses jambes. Il a horreur des chats, qu’ils soient noirs ou blancs. Ses poils se hérissent. Il tressaute au contact de l’animal qui s’enfuit en miaulant.

La main droite toujours dans la poche de sa veste, il s’avance. Son cœur bat au rythme de ses pas. Le pouls s’accélère lorsqu’il tourne la poignée et pénètre dans la salle. Il a ouvert la porte si doucement qu’elle n’a pas entendu le pêne glisser dans la gâche. Il s’avance. Elle est dos au comptoir. Elle sursaute, tourne la tête.

- Oh ! Bonjour ! Vous m’avez fait peur !

Elle sourit, repousse en arrière sa chevelure. Elle est belle.

Avec un léger accent espagnol, elle lui indique par un large geste du bras une table au choix.

- Y’a que l’embarras ! Installez-vous… C’est l’heure de l’émission de Stéphane Paoli sur France Inter. Je l’écoute quand c’est calme, ça fait du bien, mais je peux changer si vous voulez ? Classique, jazz, salsa, flamenco ? demande t-elle.

- …

La pendule au balancier doré plantée près de l’entrée se déclenche, tinte le quart de six heures et reprend son tic-tac tranquille.

- Ou …rien ?

Sans répondre l’homme de la fontaine s’assied sans se dévêtir près de la pendule. Elle le rejoint, et du bout des doigts aux ongles parfaitement vernis, lui tend la carte des saveurs.

Il recule la chaise qui crisse sur le vieux parquet, fusille la femme du regard.

Soudain, d’un geste brusque mal contenu, il dégaine la main de sa poche, lui tend une lettre, et, tonitruant, lâche :

- C’est vous qui l’avez écrite ?

-… ???

- VOUS ?

Elle est là, seule, devant ce client visiblement paumé. Elle le regarde sans comprendre.

De taille moyenne, il a la cinquantaine, tout comme elle (sauf qu’elle, elle ne les fait pas), des cheveux poivre et sel mi-longs décoiffés, un barbe de trois jours, et deux grands yeux verts ahuris. Il porte une veste de lin gris anthracite, froissée, un bermuda long confortable et des sandales de cuir tressées.

- Un bel homme, se dit-elle. Un de ceux à croquer si ce n’était cet air désemparé, tel un chien qu’on abandonne ! Ses mains sont fines, ses ongles un peu noirs, tout de même…sans doute un artiste…Trop de tracas…

Elle soupire.

- Dommage, j’ai passé l’âge des emmerdements, pense t-elle, tout en appréciant le pourtour de sa bouche charnue. Et cette main tendue, quelle théâtralité ! Tout cela commence à m’agacer.

Pour en finir, elle lit l’adresse sur l’enveloppe :

Monsieur Paul LENEHAN
Imprimeur- éditeur-typographe
31, rue des scribes
86000 POITIERS

et déchiffre le cachet de la poste en date du 20 février 1990 – Bureau d’expédition Toulouse- Saint Etienne. Intriguée, elle examine à nouveau l’enveloppe carrée de couleur mauve défraîchie. Le grain du papier semble de qualité supérieure. Elle le reconnaît. L’adresse est frappée à l’ordinateur sur une étiquette autocollante anonyme.

Son front se plisse accentuant les rides autour de ses yeux noirs. Oui, elle se souvient maintenant.

Le souffle coupé, elle saisit une chaise et s’assied face à l’homme.

- Le typographe de Poitiers !... Vous…vous …Félline…Félline HUET ! Murmure t-elle, interloquée.

Partageant le poids de cette révélation, il respire profondément, enlève sa veste.

- Oui, Félline et moi… Puis, il pose l’enveloppe face à elle et ordonne :

- Madame, lisez. S’il vous plait.

- Ce n’est pas la peine.

- Si.

-Pourquoi ?

- Lisez, et dites-moi si c’est vous qui l’avez écrite. Je suis venu pour ça. Pour savoir si c’était bien vous l’amie de Félline morte juste avant notre mariage.

- Oui, c’est bien moi, Diana… mais… je ne suis pas morte…je m’appelle Diana ESPERLA.

- Oui, je sais.

Alors, elle attrape l’enveloppe. Ses mains tremblent imperceptiblement quand elle déplie la lettre du même grain que l’enveloppe et reconnaît son écriture. Elle relit les mots, les phrases. Elle se rappelle.

- C’était il y a dix sept ans déjà …L’hiver 1990. Félline et moi avons toujours été comme les deux doigts de la main depuis l’école primaire.

J’avais 8 ans, j’arrivais de Barcelone en cours d’année scolaire. Je ne parlais pas bien français, alors on m’avait fait redoubler dans la classe de Félline, en CE1.

A la récré, je me souviens que les autres se moquaient de mon accent : Diana ESPERRRRLLA, ricanaient-ils en roulant les R de mon nom…Ils se moquaient, elle non.

Je l’avais remarqué.

Félline avait deux ans de moins que moi. C’était une petite blonde aux yeux noisette, un peu boulotte, avec des lunettes. En classe ; elle était assise près de la fenêtre, juste à gauche de la porte, sans personne à côté d’elle. Elle avait quelque chose de différent des autres élèves : un air à la fois sérieux, secret et taquin. Elle parlait peu, rêvait souvent, se mettait dans un coin avec un livre à la récré. Les autres la laissaient tranquille. Un jour, je lui ai demandé si je pouvais m’asseoir à côté d’elle en classe.

- « Clarrro que si », m’avait t-elle répondu avec un large sourire édenté. « Si tu veux, mets- toi près de la fenêtre, mais je suis gauchère, je vais te gêner pour écrire si tu prends ma place ».

Complice, j’ai rigolé, surtout que je savais qu’elle une avait une écriture de chat.

Je me suis installée à sa place.

Depuis ce jour, on ne s’est jamais séparées. Jusqu’au 1ier avril 1990 où elle a disparu sans laisser d’adresse. On a grandi ensemble, on a tout partagé, les premières joies, les premiers secrets… les premières fois, les premières amours aussi…

A Toulouse, je venais d’acheter ce fond de commerce ; Félline était infirmière et avait un cabinet rue de Metz. Elle est toujours infirmière ? demanda Diana.

- Oui, euhh… enfin non, elle ne travaille plus.

- Et qu’est elle devenue?

- Après, je vous le dirai. Continuez s’il vous plait. Dites-moi comment ça c’est passé.

Diana reprend

: - On travaillait du matin au soir, dimanche compris. Je n’avais plus un rond pour rénover le café ; y’avait tout à refaire dedans. Un coup de folie ! Elle, faute de trouver l’âme sœur, se donnait corps et âme à ses patients. J’avais 32 ans, collectionnais les conquêtes. Elle venait de fêter son trentième anniversaire, et avait pris la ferme résolution de trouver l’homme idéal cette année.

On habitait ensemble, rue de l’imprimerie… de l’autre côté de la Garonne, derrière le cimetière de Salonique.

Pour casser le rythme, mais aussi sans vraiment nous l’avouer, pour partir « à la chasse à l’homme », on avait décidé de faire un week-end de ski à Cauterets. Des copains nous avaient invitées : C’était l’occasion!

La suite, vous la savez. Vous êtes monté avec elle sur le télésiège, vous avez discuté tout le long de la montée, comme si vous vous connaissiez depuis toujours. Vous lui avez dit que vous habitiez Poitiers, que vous étiez venu avec des amis en car pour le week-end, que votre soeur était elle aussi infirmière libérale à Paris et que vous étiez imprimeur. Puis, à la descente du télésiège, vous êtes parti de votre côté, et nous du nôtre.

Je n’ai plus entendu le son de sa voix du samedi. Le dimanche, elle m’a dit qu’elle voulait skier toute seule. Je sais qu’elle vous a cherché sur les pistes toute la journée. Nous sommes rentrées le soir à Toulouse, et là, dans la voiture en conduisant, je l’ai un peu charriée.

- Elle est amoureuse ! Elle est amoureuse !

Ça nous avait fait sourire de vous savoir imprimeur. C’est alors que je lui ai dit que c’était un signe du destin, un bon présage. Qu’elle devait tenter sa chance, que peut-être celle-ci ne se représenterait pas. Elle m’a dit :

- C’est foutu !

Je lui ai rétorqué :

- Il faut que tu lui écrives, que tu lui fasses une belle lettre. Un homme, il craque toujours quand une femme lui écrit de sa plus belle plume.


- Mais je ne sais même pas où il habite.

- Tu as dit Poitiers.

- Et alors, il y a des milliers de péquins à Poitiers. Et puis d’abord, c’est le pôle nord, Poitiers. Moi, je ne pourrai jamais vivre au dessus de Bordeaux.

-….

- Poitiers, c’est au dessus, ou au dessous de la Loire, tu sais, toi ?

- Au dessous. Il faut que tu lui écrives, je te dis.

- J’ sais pas faire.

- Mais si. Ecoute ton cœur.

- J’ l’ai jamais fait.

- Faut un début à tout.

- Imprimeur qu’il est ! Quand il verra mon écriture, il va fuir en courant. Et je peux pas l’écrire à l’ordinateur. Une lettre d’amour, tu l’écrirais toi, à l’ordinateur ?

- Imprimeur, c’est pas graphologue ou …psychiatre !.

- ….

Tu veux que je le fasse pour toi ?

- ???

- Tu veux ?

- Il doit y avoir plein d’imprimeurs à Poitiers.

- Non, je ne pense pas.

- Je ne connais même pas son prénom.

- Bon ! Tu veux oui ou merde ?

- Oui.

- Ok. On va chercher sur le minitel. J’écrirai autant de lettres qu’il existe d’imprimeurs sur Poitiers.

C’est en me garant, qu’une idée aussi amusante qu’incongrue m’a traversé l’esprit ; sans doute aurais je mieux fait de me taire, si j’en crois la tournure des évènements. Mais, à cet instant là, sans réfléchir, je lui ai dit :

- On va corser les jeux de l’amour et du hasard ! Je vais écrire les lettres. Mais ensuite … petite variante : Je vais en signer la moitié à mon nom, et l’autre moitié c’est toi qui signeras de ton nom, d’accord ? Celle qui dégote Don Juan l’invite à la maison - rien d’incorrect, nous serons trois- le présente à l’autre, et ensuite, voyons laquelle de nous deux décrochera la timbale! Ça te va ?

Félline a tout d’abord hésité, puis elle a rétorqué :

- Ok… Et si ça marche… – nous sommes folles ! - celle qui gagne à la loterie est témoin de l’autre à son mariage ?

-D’accord ! »

Je me souviens à ce moment précis qu’on a pouffé de rire comme deux gamines.

Diane marque une pause et regarde Paul. Ses épaules s’enfoncent dans son cou.

-Vous voulez boire quelque chose ? Un whisky, un Cognac, un verre de Cahors?

- Un cognac. Double, s’il vous plait.

Diana va derrière le comptoir, remplit deux verres, et revient s’asseoir face à Paul. Elle lui tend un verre. Il avale une gorgée, puis une autre.

- J’ai donc été tiré au sort ! Tiré à la loterie, J’ose pas y croire !

- Non, vous n’avez pas été tiré au sort.

- Expliquez-moi donc alors ?

- Tout ce que je sais, c’est que j’ai bien écrit la lettre et que j’en ai fait huit exemplaires de ma plus belle plume. Félline en a signé quatre, et moi aussi. Puis nous sommes allées à la Poste ensemble le surlendemain, si je me souviens bien ; oui, c’était un mardi peu avant la fermeture. Au moment de glisser nos courriers dans la boite, Félline s’est sentie mal.

Elle m’a dit en bégayant :

- NON ! Je je… je ne peux pas, c’est malhonnête. Cette façon de faire, ce n’est pas moi. Si si.. si je le faisais et si si.. par chance ça collait entre nous, et qu’il l’apprenne, il ne me le pardonnerait jamais !

Paul interrompt Diana:

- Et ensuite, que s’est il passé ?

- Elle a failli s’évanouir sur le trottoir. J’ai ramassé les lettres qu’elle avait laissé tomber sur le sol et, énervée, je les lui ai toutes glissées dans son sac. J’étais en colère. Avoir perdu tout ce temps pour rien !

Je le lui ai dit. Je lui ai dit aussi que c’était une pauvre fille qui ne vous méritait pas. Qu’il fallait savoir ce qu’on voulait dans la vie…Que moi, les hommes, je savais y faire…ils ne me résistaient pas.

Ça m’est venu comme ça, d’un coup, je ne sais pas pourquoi. C’était la première fois qu’on s’engueulait. Et ça a été la dernière. Après, ça n’a plus été pareil.

Un mois plus tard, elle s’est volatilisée. Je suis allée à son cabinet. Elle avait trouvé une remplaçante. J’ai téléphoné à sa mère dans le Lot pour retrouver sa trace, mais elle m’a raccroché au nez.

J’ai réalisé alors que j’étais allée trop loin. J’ai toujours espéré qu’elle me pardonnerait avec le temps, et qu’un jour je la verrais entrer dans mon restaurant, qu’on se raconterait nos vies, et que tout recommencerait comme avant, comme au temps de l’esperluette.

- L’esperluette ?

- Ah oui, à l’école, quand on nous appelait, on ne nous différenciait pas chacune par nos prénoms. On nous nommait pas nos noms : « ESPERLA, HUET en rang ! » disait l’institutrice. Jusqu’au jour où, au cours d’une leçon, elle a demandé à la classe si quelqu’un connaissait le signe typographique qui représentait la 27e lettre de l’alphabet après le Z. Personne n’a su répondre bien sûr.

-L’esperluette, a t-elle annoncé fièrement à ses élèves.

Une fille au fond de la classe a entonné une ritournelle :

- Lunettes, castagnette, ESPERLUETTE ! Lunettes, castagnette, ESPERLUETTE !

La classe a éclaté d’un seul rire. Et ce surnom nous est resté.

Paul sourit en soufflant du nez, attrape son stylo, et dessine sur le sous boc la lettre &.

- On la prononçait « ète » et elle remplaçait systématiquement la locution « et » dans les textes depuis l’époque romaine. C’est encore l’un des rares caractères à avoir le même sens dans toutes les langues. Ce nom vient sans doute des écoliers qui, jusqu’au milieu du 19ième siècle terminaient leur alphabet par une rime : « X,Y, Z, “ ète“ , esperluette ! ».

Esperluette. Cela vous va bien, à toutes les deux.

Un silence complice se crée.

Diana demande :

- Vous …vous êtes revus après Cauterets?

- Oui.

- Que c’est-il passé, vous avez reçu la lettre ?

- Oui.

- Vous…vous êtes mariés ?

- Oui.

- Et ?...

- J’ai du interner Félline en hôpital psychiatrique. Placement d’office. Elle est schizophrène. La maladie s’est déclenchée suite à la naissance de notre fils aîné ; elle s’est aggravée à la naissance du second il y a sept ans. …Je me suis toujours demandé comment elle connaissait le sens du signe &. C’est le seul mot qu’elle prononce actuellement. Excepté votre Prénom : D-I-A-N-A, qu’elle articule chaque fois qu’elle se regarde dans un miroir. J’ai longtemps cru qu’elle s’identifiait à la princesse d’Angleterre. Je vous croyais morte, un accident de la route, c’est ce qu’elle m’avait dit.

Puis il y un mois, j’ai fouillé dans ses effets personnels, son courrier ; pour comprendre.

J’ai retrouvé un brouillon d’une lettre griffonnée à votre intention, juste après la naissance de mon second fils. Elle ne vous l’a jamais envoyée. Elle disait qu’elle voulait vous revoir, s’excuser. Je vous la donnerai si vous voulez…

Vous savez, je n’ai pas reconnu son écriture. Elle était irrégulière, épaisse, presque illisible. Je me suis dit que c’était à cause des neuroleptiques. Mais cela m’a intrigué.

J’ai commencé à m’interroger.

Elle ne m’avait jamais écrit au cours de nos seize ans de mariage. Pas même un petit mot. Je la taquinais souvent à ce sujet, disant que c’était dommage, qu’elle avait du talent, une belle plume, que j’avais toujours sa lettre dans mon portefeuille, que ça me ferait plaisir…

Elle se dérobait toujours. Elle se servait tout le temps de l’ordinateur. Elle avait un portable qu’elle emmenait partout. Elle communiquait aussi par SMS, ou elle venait me voir à l’imprimerie en faisant sa tournée.

Comment aurais je pu deviner ….?

Paul relève la tête. Ses yeux sont rougis. Des larmes coulent sur ses joues.

- Je l’aime. Si vous saviez comme je l’aime !