L’ air est si transparent qu’il n’a jamais l’air de rien. L' air n' a pas d'allure. Alors que le plus petit mouton d'un ciel d' été a déjà sa tête de nuage et va son train.
Ils naissent sans crier gare au milieu d’un azur imbécile qui ne les désire pas et grandissent en totale liberté. Ils sont capables de tout : se prélasser toute la journée dans le lit d' un ciel de traîne, comme se faire des ronds de jambes à n' en plus finir dans de magnifiques lever-coucher de soleil puis copuler sans prévenir dans d' orageuses fusion-suicides avant qu’une génération innocente ne renaisse au matin, parfaitement oublieuse de la précédente.
A quand une étude de motivation des nuages ? Intéressante certes, mais difficile à réaliser, tant leur langue n'est accessible qu'à de rares cancres, ces seigneurs des nuées réfugiés au fond des classes pour échapper aux étrangleurs de rêves. Mais interroge -t-on jamais un cancre sur ce qui le hante ?
Donc on sait très peu de choses sur les nuages et de nombreuses questions resteront donc encore longtemps sans réponse : Par exemple, de quel amour blessé le paisible et solitaire nimbus se charge-t-il régulièrement d’ électricité et peut-être de substances moins licites, pour piquer des colères dignes du capitaine Haddock ? Résistance défectueuse d’un cumulus face à l’habileté manœuvrière d’un stratus rival ? L'esprit se perd en conjectures… Même pour ceux qui, comme moi, ont vécu leur scolarité au milieu d' eux, les nuages sont de drôles d’oiseaux.