Plaies, bosses, puberté précoce. Il doit très tôt emprunter le rasoir de son père. Très vite il fait blanchir les cheveux de sa mère. Et difficile de dire si elle est soulagée ou terrassée d'angoisse le jour où son casse-cou de fils prend le large. Toujours est-il qu'il ne s'attarde guère dans le cocon familial. Encore boutonneux, il choisit la liberté.

Besoin d'espace, besoin de vie et de vitesse, animé de foudres et de guerres, il part !
Il part pour le bout du monde comme on va au fond de son jardin. L'Aventure est là, devant, promise. L'Aventure et la Gloire, l’une et l’autre désirables.
Mais la grande maîtresse du Bélier, la plus immédiate à prendre sous toutes les coutures – car pas mal couturée de cicatrices –, la plus infatigable de ses compagnes de route, celle qui ne craint que la routine, mais autant le fer craint la rouille, c'est l'Action. L’Action, frangine de Mars, cascadeuse de ses jours et de ses nuits, toujours en tête à ses côtés.
Derrière suivent les suiveurs.
Très important les suiveurs. Le Bélier a besoin d'eux comme ils ont besoin de lui. C'est pour eux qu'il ouvre la marche.
Tout feu, tout fougue, ainsi va le Bélier, de victoires en conquêtes. Et que les montagnes ne s’avisent pas de lui barrer la route : il est la foi qui les déplace. Lorsque le jour de Gloire est arrivé, à peine s’il s’accorde un repos du guerrier. Pas question de s’endormir sur le moelleux de ses lauriers. Le temps qu’il bâcle ses amours avec sa jeune Gloire, son infatigable hâte lui aura déjà bouclé son barda.
Back on the road, il est prêt à repartir.

Premier partout

Premier à repartir. Premier à débouler dans votre vie telle une giboulée surprise. Premier en avril à vous découvrir d’un fil. Premier, bien avant mai, à faire ce qu'il lui plaît. Sur pied dès potron-minette, plusieurs fois tombé amoureux dans la même journée, il était hier le premier sous le balcon des belles. Il est encore aujourd'hui le premier à vous proposer le dernier must, la nouvelle boite in. Premier à éprouver le choc pour des fringues chics mais pas chères, qui encaissent les accrocs et qui donnent un look R&B – pour peu qu’il ne trouve pas ces formules déjà dépassées !

Bélier, pas agneau...

Mais qu'on se le dise dans les alcôves tapissées de bergeries, ce Bélier n'est pas un agneau. Il joue avec les allumettes plutôt qu’avec les grands sentiments. En dépit, ou à cause de quoi, ça en excite plus d’une. Tant et si fort et que, fils du printemps, il peut devenir pour la gent féminine aussi incontournable que le tube de l'été.
Alors, si vous en trouvez un de libre, qu’il vous plaise et que vous aimiez le risque, aguichez-le ouvertement avant qu'il ne joue à guichet fermé.

Le suivre

Vous l'aurez suivi pour sa réputation d’avoir des braises un peu partout. Chemin faisant, il aura changé plusieurs fois de route – façon de multiplier les départs. C'est qu'il a une âme à ressorts, des semelles à starting-blocks, l’ambition et l'impulsion à fleur d'impatience. Il a tout ça fiévreusement comme d'autres ont le palu. Vous l’aurez donc suivi pour toutes ces brûlantes raisons mais sans trop savoir où il allait vous conduire ni à quel moment l'urgence amoureuse pouvait surgir.
Soyez donc prudente pour deux. Habillez-vous chaudement mais facile d'accès. Et ne posez surtout pas votre petit linge sur l'abat-jour : vous êtes avec un signe de feu ne l'oubliez pas.
De toute façon, la nuit sera incendiaire. Il est Bélier avec un grand B comme Bill le rapide. Il est le number one du Zodiaque, celui qui dégaine plus vite que son nombre et qui fait feu à volupté. Toujours une bonne raison pour précipiter les choses et aller plus vite que la musique.
Mais ne lui reprochez pas de raccourcir les refrains. Admirez plutôt sa façon de multiplier les couplets. Selon une amie, reconnue d'excellente source et qui ne compte plus les sourciers d’un soir, le Bélier serait même le seul ténor du Zodiaque à ignorer le stress d'être prématurément bissé.

l’épouser

Contre toute attente – mais il a horreur de l'attente – cet intrépide épouse vite. Pas de demi-mesure : ou bien il vous plaque d’emblée, ou bien il vous propose le plus court chemin du froid solitaire aux tisons partagés. Que ça passe par les grandes orgues et fasse pleuvoir du riz ou des dragées, il ne déteste pas.
Une fois en ménage ne tentez pas de l’aménager. Acceptez-le tel qu'il est, tout d'une pièce, brut de fonderie.
Sachez seulement qu'il nécessite quelques précautions d’emploi et peut comporter certaines contre-indications.

Précautions d’emploi

Citons en trois.
Il conduit bien mais à toute allure – comme tout ce qu’il fait. Évitez donc de lui prêter vos clés de voiture, de peur du cadeau-malus.
S’il débarque chez vous en quête d’un point de chute, ne lui n'ouvrez pas naïvement votre divan de secours. Ça le rend insomniaque et il vient vous réveiller au milieu de la nuit pour s'en plaindre.
Enfin ne lui racontez pas trop vite vos peines de cœur : son instinct de consolation risquerait de vous déborder sur-le-champ.

Contre-indications

Citons en, deux
Il est d'abord à déconseiller si vous ne souhaitez pas dépasser le stade du flirt. Dans ce cas, tournez-vous plutôt vers le Gémeaux, car le Bélier, bien que très vite debout, ne conçoit pas que l'on puisse s'entendre sans s'étendre.
Les petits jeux de la séduction, les rendez-vous fleurs bleues, les baisers papillons et autres mignardises de l’amour guimauve, c’est pas son truc. Une seule devise : "on s’aime, on couche". Il est comme ça : saute-au-cœur – si l’on peut dire. Il met le feu à vos broussailles et dévore la forêt de vos illusions, quitte à disparaître après qu’il a jeté son feu.
Voilà bien la deuxième contre-indication : le Bélier est à déconseiller si vous cherchez la pérennité amoureuse.
Dès que la date limite est dépassée, il retourne à la case printemps, à l'improviste du torrent, à l'anarchie des sèves. Il saute-mouton de lit en lit, comme si tout devait enfin rentrer dans le désordre.
Il vous aura fait vivre un scénario brûlant mais de court métrage.
Dommage pour l'amour éternel. Mais qu’importe : le temps que ça dure : ça fait du bien là où ça brûle.