Quand tu n’es pas là, j’ai l’appartement pour moi. Je me couche sur tes vêtements, je respire ton odeur. J’ai horreur de cet after shave que tu mets quand tu sors. Moi je connais ta vraie senteur, celle du matin poisseux, quand tu n’as pas encore pris ta douche et que les draps ne sentent que toi. Quand tu rentres seul. Parce qu’elles, elles croient qu’elles vont t’avoir avec leurs parfums, leur beau parler, leurs gémissements. Moi, tu me parles, et je ne te réponds pas, et pourtant tu es à moi. Je dors à coté de toi, sur toi, sans que tu me voyes parfois. Parfois des caresses, quand tu es seul. Là où j’aime, parce que tu me connais bien. Moi j’ai ta tendresse, d’une façon que ces autres n’ont pas. Une tendresse désintéressée, un peu trop. Ce que je préfère, c’est rester derrière toi, te regarder, t’écouter au téléphone, quand tu me flattes négligemment. Poser mon cou sur tes cheveux. Voir et vivre à travers toi ce que tu fais.
Tu crois que je dépends de toi, mais ce n’est que parce que je le veux bien. Tant que tu le vaux bien. Un jour, peut être je partirai. Tu reviendras, seul, et je ne serai plus là.
Ton erreur, c’est de croire que je ne comprends pas ce que tu trames. Mais que crois tu que je fasses quand tu quittes notre appartement ? oui je dis notre appartement, je l’habite autant que toi, même plus, même si je ne paye pas le loyer. Quand tu t’en vas, je lis tes livres, tes 1000 livres qui m’envahissent chaque jour un peu plus. Parfois je me connecte sur ton PC. Et bien oui, tu me crois à l’age de pierre ? Je connais internet, et tes secrets. Je sais qu’un jour, l’une d’elles te ferrera assez pour que tu déménages. Je serai une gène pour toi, alors que je me fais si discrète. Tu hésiteras à m’emmener, malgré toutes ces années. Bien que ce soit moi, toujours, qui te console de tes échecs, de tes conquêtes perdues. Celle là, celle de trop, dira qu’elle ne m’aime pas trop, depuis le début. Et tu l’écouteras, car tu es aveugle.
Jusqu’ici tu me lis, sans te douter que c’est moi qui t’écris. Tu te demandes laquelle t’aime comme ça déjà. Tu es ravi, on t’aime, on t’adore. Pour fêter ça, tu me prends dans tes bras. « Et ça, oui, ça, c’est vraiment toi, oh oui c’est vraiment toi ». Comme dans la chanson de Téléphone. Et bien oui, j’écoute tes disques aussi. Tu crois que les chattes n'aiment pas la musique?



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