C'est l'heure où le sapin coiffe son blanc chapeau,
Sous sa ramure se tait l’oiseau le plus bavard,
Le saule baisse les bras comme dans un mélo,
Et la glace en silence étrangle un nénuphar.

L’artiste vagabond n’a plus que la ficelle,
Du dernier saucisson du dernier rogaton,
Sur la flaque gelée, épuisé, il chancelle,
S' échoit sur sa guitare,ses fifres et mirlitons.

Allongé sur la plaque qui se fait le miroir,
Des splendeurs déclinantes d’un ciel aux doigts de rose,
Du chemin des enfers il prend l'étroit couloir,
Espérant que la mort accepte enfin sa cause.

Mais des passants le trouvent et le portent au café,
Où le gel aux carreaux dessine des fougères,
Des palmiers argentés sous des dunes ridées,
Quand il ouvre les yeux dans l'auberge étrangère.