L'écritoire - Quelques lectures2024-03-27T08:45:45+01:00Viviane YOUXurn:md5:c05c6c92edcfd160b3ec3d07c57183a4Dotclear"Traces de racisme ou confusion intérieure ?", coups de coeur de Viviane Youxurn:md5:820825b797c62679ec71894c24e9acf02014-01-16T08:39:03+00:002014-02-26T17:54:29+00:00EcritoireQuelques lectures<font size="3"><img width="80" height="72" align="left" src="http://ecritoire.chateaudavanton.com/blog/images/Image/AUTEURS/Viviane.jpg" alt="" />Patrick Chamoiseau, Les racistes n'ont plus de refuge, <br />Marie Darrieussecq, Il faut beaucoup aimer les hommes<br />Karine Tuil, L'Invention de nos vies<br />Kanak, L'Art est une parole, exposition jusqu'au 26 janvier 2014, Musée du Quai Branly, Paris<span style="font-family:
Arial;mso-bidi-font-family:Arial;color:#121922"><em style="mso-bidi-font-style:
normal"></em></span></font><em style="mso-bidi-font-style:
normal"><span style="font-family:Arial;mso-bidi-font-family:Arial;
color:#121922"></span></em> <style type="text/css">
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<p align="center" style="text-align:center;mso-pagination:none;
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<p style="margin-bottom:15.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none" class="MsoNormal"><span style="font-family:Arial">De quelles attitudes profondes les récentes manifestations de comportements racistes, dans leur violence et leur bestialité, sont-elles le révélateur ? D'un racisme anciennement généralisé qui, en cours de résorption, choque d'autant plus qu'il se heurte aux limites de l'indicible, de l'impensable ? Ou de peurs difficiles à surmonter, même par la rationalisation et la conscientisation ? Deux romans récents, qui prennent la part de cette confusion intérieure, "<em style="mso-bidi-font-style:
normal">L'invention de nos vies</em>", de <strong style="mso-bidi-font-weight:
normal">Karine Tuil</strong>, et "<em style="mso-bidi-font-style:normal">Il faut beaucoup aimer les hommes</em>", de <strong style="mso-bidi-font-weight:normal">Marie Darrieussecq</strong>, se trouvent magistralement éclairés par l'article de <strong style="mso-bidi-font-weight:normal">Patrick Chamoiseau</strong> (<em style="mso-bidi-font-style:normal">le Monde</em> du 15 novembre 2013) et par l'exposition qui se tient au Musée du Quai Branly, à Paris, "<em style="mso-bidi-font-style:normal">Kanak, l'Art est une parole</em>". </span></p>
<p style="margin-bottom:15.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none" class="MsoNormal"><span style="font-family:Arial;mso-bidi-font-family:Arial;color:#121922">Faisant suite aux attaques subies par la Ministre de la Justice, Christiane Taubira, <strong style="mso-bidi-font-weight:normal">Patrick Chamoiseau</strong> explique, encore et encore, que "le racisme est irrationnel </span><span style="font-family:
Arial">[et] </span><span style="font-family:Arial;mso-bidi-font-family:Arial;
color:#121922"><span style="mso-spacerun:yes"> </span>n'a aucune fondement logique.", montrant combien notre cerveau reptilien, siège des forces vitales, besoins naturels et comportements primitifs, est prompt à s'activer. "Dès lors, l'argument n'a plus d'importance, on ne discute plus d'idées, on n'a plus les moyens de le faire." Et la permanence du racisme anti-nègre, le plus fort encore aujourd'hui selon lui, prend naissance dans la spécificité de la "traite atlantique", qui a produit un esclavage d'un type particulier, considéré comme irréversible. "L'esclavage américain, c'est l'animalisation définitive de tout un phénotype. Dans le monde entier, sous influence occidentale, le phénotype nègre est aujourd'hui ce qu'il y a de plus déprécié." </span><span style="font-family:Arial">Pouvons-nous faire autrement que de partager son optimisme quand il affirme que <span style="mso-spacerun:yes"> </span>seule la Relation peut faire front aux "racistes [qui] n'ont plus de refuge", une Relation nourrie d'une éthique "</span><span style="font-family:Arial;mso-bidi-font-family:Arial;
color:#121922"> capable de nous porter vers l'Autre, d'installer la différence comme brique fondamentale des aventures du vivant." ? </span></p>
<p style="margin-bottom:15.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none" class="MsoNormal"><span style="font-family:Arial">C'est bien une de ces briques que pose l'exposition "<em style="mso-bidi-font-style:normal">Kanak, l'Art est une parole</em>", au Musée du Quai Branly. Présentée du point de vue d'un Kanak, elle nous fait plonger aux sources des déshumanisations qui conduisent au racisme ordinaire ; il aura fallu du temps pour que soit analysée et rejetée cette disqualification de "l'autre" différent par sa couleur de peau et ses coutumes. La <em style="mso-bidi-font-style:normal">Coutume, </em>comme le rappelle cette exposition, est d'abord, en Nouvelle Calédonie, un objet relationnel ; l'entrée en contact passe par un don d'un tissu, de menus objets, qui symbolisent la rencontre avec l'autre et permettent que la parole soit échangée. Désormais, des objets en apparence anodins prennent une valeur sociale qui leur confère un statut d'œuvre d'art. Et un travail de parole, par l'abandon du nom "canaque" donné par les colons au profit du plus traditionnel "kanak", s'est aussi révélé nécessaire pour la reconnaissance <span style="mso-spacerun:yes"> </span>et l'autonomisation des autochtones calédoniens. </span></p>
<p style="margin-bottom:15.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none" class="MsoNormal"><span style="font-family:Arial">À l'inverse, les deux romans, s'ils peuvent poser deux autres briques "des aventures du vivant", c'est que, ne s'attaquant pas de front à des comportements racistes, ils mettent en scène des personnages aux prises avec cette angoisse fondamentale : suis-je objet, ou pire, moi-même sujet de racisme ?</span></p>
<p style="margin-bottom:15.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none" class="MsoNormal"><span style="font-family:Arial">Les situations sont fort différentes. "<em style="mso-bidi-font-style:normal">L'invention de nos vies</em>" rejoue, dans le Paris étudiant des années quatre-vingt, un début de Jules et Jim où l'un serait Samir et l'autre Samuel. <strong style="mso-bidi-font-weight:normal">Karine Tuil,</strong> faisant vivre à Nina un choix cornélien et rationnel, éjecte Samir et le propulse au faîte de la société new-yorkaise grâce à un travail acharné, une utilisation judicieuse de ses opportunités professionnelles, et un mariage patricien dans la meilleure société juive. Et grâce, surtout, à un mensonge par lequel il réinvente sa vie en empruntant à celle de Samuel. Qui, lui, réussit nettement moins bien dans sa banlieue parisienne, même s'il a "gagné" la très belle Nina. Au point de tout faire basculer en dérangeant l'ordre établi par son ami de jeunesse. Samir, pris dans un imbroglio, perdra tous ses proches, ou presque, en révélant son mensonge : il s'y était cru acculé devant les refus essuyés par son brillant diplôme <span style="mso-spacerun:yes"> </span>de docteur en droit associé à un prénom trop connoté. Suffisait-il d'attendre un peu, comme le lui suggère à la fin son patron et ami parisien qui l'avait recruté ? Aurait-il passé le cap s'il n'avait pas changé Samir en Sam ? Pouvait-il renier indéfiniment sa famille, sa mère bonne musulmane, son demi-frère blond qui l'entraine à son insu dans des aventures rocambolesques sur fond d'après 11 septembre ? Quant à Samuel, après avoir poussé Nina à le quitter par un jeu pervers, il réussit enfin à écrire le roman de sa vie, ou plutôt de la vie de son ami, qui fait de lui un écrivain reconnu. Après s'être pillés mutuellement, les deux anciens amis ne peuvent que se retrouver seuls. Dans ce roman où les personnages vivent très soumis à un destin intériorisé, le seul geste de révolte est celui des femmes, l'épouse de Samir qui pouvait tout supporter mais pas un tel mensonge, sa mère qui a soutenu ses fils dans leurs errements jusqu'à une mise en cause trop violente de son rôle de mère, Nina qui, abandonnée, renonce à la beauté et décide de vivre sa vie sans être soumise au désir des hommes.</span></p>
<p style="margin-bottom:15.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none" class="MsoNormal"><span style="font-family:Arial">Le désir, non d'un homme, mais pour un homme, occupe tout l'espace physique et mental de Solange, dans "<em style="mso-bidi-font-style:normal">Il faut beaucoup aimer les hommes</em>". Au point de ne vivre plus que dans l'attente, l'espoir, le désespoir. Rien de plus banal que cet état de passion amoureuse, si ce n'est que Solange, originaire du pays basque, venue à Hollywood faire du cinéma, est blanche, quand l'objet de son désir, Kouhesso, prodigieux acteur d'origine camerounaise, est noir. Rien de plus banal qu'un couple mixte, croyait la narratrice de <strong style="mso-bidi-font-weight:normal">Marie Darrieussecq</strong>. Et pourtant elle perçoit vite que dans ce milieu de superstars hollywoodiennes, la mixité n'est pas si courante. Les Noirs américains, s'ils sont bien loin par leurs standards de vie de l'Afrique que Kouhesso a fuie, restent entre eux. Et son amant est sourcilleux, un seul "Oh" de recul de ses amis parisiens creuse l'écart. Elle-même se remet en question : quelles traces de racisme peut-elle traquer au plus profond de son être ? Pour tenter de le rejoindre dans son intime, elle le suit au fond du Cameroun, du Congo, où le film, qu'il tourne comme réalisateur avec les plus grandes stars, véritable gouffre financier, lui laisse un rôle. "La promise", qu'elle était, qu'elle tourne, ne le sera plus après cette aventure africaine. Il ne lui restera que les stigmates d'un désir violent, la promise, ce ne sera pas elle, la créature superbe qui accompagne Kouhesso dix ans plus tard est "mi-canadienne mi-sud-africaine" ; la déclaration d'amour rétrospective sur laquelle se termine le roman n'aura pas suffi à balayer les frontières. Rejetée dans sa capacité à "se porter vers l'Autre", Solange suscite une question : s'agit-il d'une banale histoire d'amour qui se finit mal, ou d'une question de couleur, de culture ?...</span></p>
<p style="margin-bottom:15.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none" class="MsoNormal"><span style="font-family:Arial">Les romans font leur chemin, "L'Art est une parole" qui sonde, fouille, fait émerger nos angoisses et désirs enfouis et, ainsi, tisse peu à peu cette Relation chère à <strong style="mso-bidi-font-weight:
normal">Patrick Chamoiseau :</strong> "</span><span style="font-family:Arial;
mso-bidi-font-family:Arial;color:#121922">Il nous faut comprendre que, </span><span style="font-family:Arial;mso-bidi-font-family:Arial">dans la Relation<span style="color:#121922">, l'Autre n'est même plus l'étranger, même plus l'incertain, l'imprévisible ou l‘impossible : c'est maintenant l'impensable. L'impensable c'est l'"en dehors" ultime."</span></span></p>
<p style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph;
mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none" class="MsoNormal"><strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><span style="font-family:Arial;mso-bidi-font-family:
Arial;color:#121922">Patrick Chamoiseau</span></strong><em style="mso-bidi-font-style:
normal"><span style="font-family:Arial;mso-bidi-font-family:Arial;color:#121922">, </span></em><a href="http://www.afef.org/blog/espace.php?board=14&document=460"><em style="mso-bidi-font-style:normal"><span style="font-family:Arial;mso-bidi-font-family:
Arial">Les racistes n'ont plus de refuge</span></em></a><em style="mso-bidi-font-style:
normal"><span style="font-family:Arial;mso-bidi-font-family:Arial;color:#121922">, </span></em><span style="font-family:Arial;mso-bidi-font-family:Arial;
color:#121922">Le Monde, 15 septembre 2013</span></p>
<p style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph;
mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none" class="MsoNormal"><strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><span style="font-family:Arial;mso-bidi-font-family:
Arial;color:#121922">Marie Darrieussecq</span></strong><span style="font-family:
Arial;mso-bidi-font-family:Arial;color:#121922">, <em style="mso-bidi-font-style:
normal">Il faut beaucoup aimer les hommes</em>, septembre 2013, </span><a href="http://www.pol-editeur.com/index.php?spec=livre&ISBN=978-2-8180-1924-5"><span style="font-family:Arial;mso-bidi-font-family:Arial">POL éditeur</span></a><span style="font-family:Arial;mso-bidi-font-family:Arial;color:#121922">, Prix Médicis 2013</span></p>
<p style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph;
mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none" class="MsoNormal"><strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><span style="font-family:Arial;mso-bidi-font-family:
Arial;color:#121922">Karine Tuil</span></strong><span style="font-family:Arial;
mso-bidi-font-family:Arial;color:#121922">, <em style="mso-bidi-font-style:normal">L'Invention de nos vies</em>, aout 2013, </span><a href="http://www.grasset.fr/Grasset/CtlPrincipal?controlerCode=CtlCatalogue&requestCode=afficherArticle&codeArticle=9782246807520"><span style="font-family:Arial;mso-bidi-font-family:Arial">Grasset</span></a><span style="font-family:Arial;mso-bidi-font-family:Arial;color:#121922"></span></p>
<p style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph;
mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none" class="MsoNormal"><a href="http://www.quaibranly.fr/fr/programmation/expositions/a-laffiche/kanak-lart-est-une-parole.html"><em style="mso-bidi-font-style:normal"><span style="font-family:Arial;mso-bidi-font-family:
Arial">Kanak, L'Art est une parole</span></em></a><span style="font-family:Arial;
mso-bidi-font-family:Arial;color:#121922">, exposition jusqu'au 26 janvier 2014, commissaires <strong style="mso-bidi-font-weight:normal">Emmanuel Kasarhérou & Roger Boulay</strong>, Musée du Quai Branly, Paris, </span></p>http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2014/01/16/1077-traces-de-racisme-ou-confusion-interieure-coups-de-coeur-de-viviane-youx#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/951"Le choix de l'humanité", coup de coeur littéraire de Viviane Youxurn:md5:8b20a8be55a499b5914631f957b14f422014-01-16T08:31:13+00:002014-02-26T17:58:34+00:00EcritoireQuelques lectures<img width="80" height="72" align="left" src="http://ecritoire.chateaudavanton.com/blog/images/Image/AUTEURS/Viviane.jpg" alt="" /> <br /> Cloé Kormann, Les saisons de Louveplaine <style type="text/css">
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<p class="MsoNormal"><span style="font-size:11.0pt;font-family:Arial"> </span></p>
<p class="MsoNormal"><span style="font-size:11.0pt;font-family:Arial">À choisir de situer son roman entre le nord de l'Algérie et la banlieue parisienne, à le faire débuter à la manière d'un conte, Cloé Korman prenait le risque de s'inscrire dans les stéréotypes sur les migrations, les entredeux, l'interculturalité. Elle y avait échappé dans son premier roman, Les <em style="mso-bidi-font-style:normal">hommes-couleurs</em>, qui mêlait une histoire de migrants clandestins<span style="mso-spacerun:yes"> </span>à celle d'une famille française, en le situant à la frontière mexico-étasunienne. Elle y échappe à nouveau dans <em style="mso-bidi-font-style:normal">Les saisons de Louveplaine</em>, par ses choix narratifs, nourris probablement de sa rencontre avec les lycéens de Jacques Brel à La Courneuve dont elle a accompagné l'atelier d'écriture autour de portraits d'habitants.</span></p>
<p class="MsoNormal"><span style="font-size:11.0pt;font-family:Arial"> </span></p>
<p class="MsoNormal"><span style="font-size:11.0pt;font-family:Arial">L'auteure aurait pu se focaliser sur le destin de Hassan dont les trafics, qui assurent le quotidien de sa famille restée en Algérie, l'acculent à disparaitre, se cacher puis être liquidé pour avoir voulu apercevoir sa femme une dernière fois. Mais elle choisit plutôt de confier à une narratrice le fil du récit des aventures de Nour : "C'est arrivé à une fille que j'ai connue toute petite, avant l'école, et à un jeune homme qui vivait par ici." Ce pourrait être le début d'un conte, ou d'une <em style="mso-bidi-font-style:normal">love story</em>, mais non, pas plus qu'une histoire classique de regroupement familial. La jeune épouse, lasse d'attendre et soupçonneuse, décide de rejoindre son mari dans l'appartement de la banlieue parisienne qu'il a loué pour elle et leur bébé ; et c'est en comprenant et comblant peu à peu la double vacuité qui l'attendait, d'un appartement aussi vide que désert, qu'elle construit son identité de femme.</span></p>
<p class="MsoNormal"><span style="font-size:11.0pt;font-family:Arial"> </span></p>
<p class="MsoNormal"><span style="font-size:11.0pt;font-family:Arial">L'auteure aurait pu nous enfermer dans le pathos et la misère des banlieues nord, des petits trafics aux combats de chiens, de l'émeute des jeunes du quartier aux luttes d'égos de chefs. Mais elle choisit définitivement l'humanité dont la reconnaissance et les marques composent le quotidien de Nour, tous ces personnages qui, chacun à leur manière, tissent des liens entre des personnes, plus qu'entre des cultures. Voisine infirmière - passeure entre deux univers, jeune caïd - lycéen exemplaire, professeure ferme et attentive, médecin autoritaire et juste, commissaire vigilant et modérateur, voisin à l'écoute et prévenant, mère sénégalaise muette jusqu'à ce que qu'on trouve un interprète. Et les langues vont se délier, par petites touches, révélant les accommodements de ceux qui doivent s'adapter pour survivre, y compris dans les choix de genre, les efforts de négociation pour que les situations n'explosent pas, que l'émeute soit contenue, que tous puissent continuer à vivre. Y compris les policiers qui ont provoqué l'émeute à leur insu, et qui finiront par le voir, vraiment, ce cerf au bois cassé qui a traversé la route, ils ont presque des preuves…</span></p>
<p class="MsoNormal"><span style="font-size:11.0pt;font-family:Arial"> </span></p>
<p class="MsoNormal"><span style="font-size:11.0pt;font-family:Arial">Au bout de sa recherche, Nour peut rétablir le contact avec sa famille en Algérie, avec sa petite fille qui lui parle pour la première fois au téléphone. Le fil n'aura été coupé qu'un temps, juste le temps nécessaire pour que la vie s'impose, et que l'humanité tisse un univers vivable et digne. Nour peut s'installer, maintenant, elle se débrouillera. Elle n'a pas eu besoin de se poser la question en termes de cultures, différences ou entredeux, enrichie de ses rencontres, elle apporte autant d'humanité qu'elle en reçoit. Et l'imagination peut reprendre ses droits, le cerf au bois cassé existe bien pour ceux qui le voient.</span></p>
<p class="MsoNormal"><span style="font-size:11.0pt;font-family:Arial"> </span></p>
<p class="MsoNormal"><a href="http://www.rentree-seuil.com/ouvrage/les-saisons-de-louveplaine"><em style="mso-bidi-font-style:normal"><span style="font-size:11.0pt;font-family:
Arial">Les Saisons de Louveplaine</span></em><span style="font-size:11.0pt;
font-family:Arial">,</span></a><span style="font-size:11.0pt;font-family:Arial"> <strong style="mso-bidi-font-weight:normal">Cloé Korman</strong>, Seuil 2013</span></p>
<p class="MsoNormal"><a href="http://www.mediapop-editions.fr/portfolio/la-courneuve-memoires-vives/"><em style="mso-bidi-font-style:normal"><span style="font-size:11.0pt;font-family:
Arial">La Courneuve, mémoires vives</span></em></a><span style="font-size:11.0pt;
font-family:Arial">, par les élèves de 1<sup>ère</sup> L du Lycée Jacques Brel de la Courneuve, avec l'aide de <strong style="mso-bidi-font-weight:normal">Cloé Korman</strong>, Médiapop éditions 2011</span></p>
<p class="MsoNormal"><a href="http://www.seuil.com/livre-9782021001679.htm"><em style="mso-bidi-font-style:normal"><span style="font-size:11.0pt;font-family:
Arial">Les hommes-couleurs</span></em></a><span style="font-size:11.0pt;
font-family:Arial">, <strong style="mso-bidi-font-weight:normal">Cloé Korman</strong>, Seuil 2010, Prix du livre inter 2010</span></p>
<p class="MsoNormal"> </p>http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2014/01/16/1076-le-choix-de-l-humanite-coup-de-coeur-litteraire-de-viviane-youx#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/950"Les Sauvages 1, 2, 3..." de Sabri Louatah, par Viviane Youxurn:md5:851cf63f09374c20bd4d4f83e4a398a62014-01-15T08:50:22+00:002014-02-26T17:55:07+00:00EcritoireQuelques lectures<style type="text/css">
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<p class="MsoNormal"><em style="mso-bidi-font-style:normal"><img width="84" vspace="3" hspace="3" height="127" align="left" src="http://ecritoire.chateaudavanton.com/blog/images/Sauvages1.png" alt="" /><img width="81" vspace="3" hspace="3" height="127" align="left" src="http://ecritoire.chateaudavanton.com/blog/images/Sauvages2.png" alt="" /><img width="83" vspace="3" hspace="3" height="128" align="left" src="http://ecritoire.chateaudavanton.com/blog/images/Sauvages3.png" alt="" /></em></p>
<em style="mso-bidi-font-style:normal">
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal"><br /></p>
</em> <style type="text/css">@font-face {
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<p class="MsoNormal">Vous êtes peut-être resté à l'écart de certains bruissements médiatiques, méconnaissant l'univers des sagas littéraires que vous avez préféré laisser aux écrivains nordiques, prétextant que depuis Balzac, Sue ou Zola, on n'était plus capable, en France, de rivaliser avec les séries télévisées. </p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal">Vous aviez peut-être, pourtant, suivi l'épopée du XX<sup>ème</sup> brossée par Anne-Marie Garat dans trois tomes éblouissants<a title="" name="_ftnref1" href="http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2014/01/15/1067-les-sauvages-1-2-3-de-sabri-louatah-par-viviane-youx#_ftn1" style="mso-footnote-id:
ftn1"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:12.0pt;font-family:Arial;
mso-fareast-font-family:"MS 明朝";mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:FR;
mso-bidi-language:AR-SA">[1]</span></span></span></span></a>, deux-mille-cinq-cent pages où histoires de famille se mêlent à l'Histoire de 1913 à 1963.</p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal">Mais seriez-vous passés à côté du dernier avatar du genre, cette histoire d'une France contemporaine où des familles se croisent et se décroisent sur fond d'élection présidentielle de 2012, <em style="mso-bidi-font-style:
normal">Les Sauvages</em>, de Sabri Louatah ? </p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal">Cet écrivain de trente ans, bourreau de travail d'écriture qui en est déjà à trois tomes publiés en un peu plus de un an et demi, n'aura de cesse qu'il ait bouclé sa saga. Et, comme ses prédécesseurs, il est obligé d'accompagner le troisième tome d'un résumé des tomes précédents, comme tout bon feuilleton, et d'un tableau récapitulatif des personnages. Sauf que les familles, rassemblées en clans, s'appellent Nerrouche, Chaouch et Montesquiou. </p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal">Le candidat à la présidence, Nerrouche, populaire "deuxième génération" du neuf-trois, marié à une non moins populaire Esther, est victime d'un attentat en même temps qu'élu. L'enquête désigne rapidement un des jeunes Chaouch, famille d'origine arabe très bien intégrée à Saint-Etienne, dont on comprend vite que, si c'est lui qui a tiré, il a subi diverses les manipulations <span style="mso-spacerun:yes"> </span>qu'il a subies sont diverses ; venant d’une part d’un de ses cousins Chaouch, qui, plutôt isolé dans sa famille a viré du côté de l'islamisme ; et d’autre part du le clan du baron Amaury de Montesquiou, dont les enfants se partagent entre ceux qui tirent les ficelles de la droite ou de l'extrême-droite, et ceux qui sont étouffés par la rigidité familiale. </p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal">Cette histoire, située entre Saint-Etienne, berceau de la famille Chaouch, Paris, centre politique et un des fiefs, avec la Normandie, de la famille Montesquiou, un Grogny imaginaire du neuf-trois, cité d'adoption et de cœur de la famille Nerrouche, nous entraine dans les méandres de démêlés politiques, judiciaires, amoureux, avec une maitrise qui gomme quelques défauts de jeunesse dans l'écriture. </p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal">Et le troisième tome, dont la fin nous conduit à Gênes, porte maritime vers AQMI, et dans l'avion présidentiel vers le G8 de New-York, nous laisse sur un suspense insoutenable ; l'addiction qu'il provoque nous rendrait presque inconvenants : si Sabri Louatah est capable d'écrire dix heures par jour, il pourrait peut-être forcer encore la dose pour ne pas nous faire attendre trop longtemps le quatrième (et dernier ?) tome. </p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal">Si vous ne voulez pas en être réduits à découvrir la version série télévisée (forcément moins bien) qui ne saurait tarder, dépêchez-vous de vous plonger dans <em style="mso-bidi-font-style:normal">Les Sauvages</em> 1, puis 2, puis 3, et recommandez-en la lecture à vos grands élèves, à moins qu'ils ne s'y soient déjà plongés sans vous le dire !</p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal"> </p>
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</style> </em></p>
<p class="MsoNormal"><em style="mso-bidi-font-style:normal">Les Sauvages</em> <em style="mso-bidi-font-style:normal">1, 2, 3,</em><span style="font-weight: bold;"> Sabri Louatah</span>, Flammarion <br />(janvier 2012 – mai 2012 – aout 2013), prix du premier roman français par le Magazine Lire en 2012.</p>
<div style="mso-element:footnote-list"><br clear="all" /> <hr width="33%" size="1" align="left" />
<div id="ftn1" style="mso-element:footnote">
<p class="MsoFootnoteText"><a title="" name="_ftn1" href="http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2014/01/15/1067-les-sauvages-1-2-3-de-sabri-louatah-par-viviane-youx#_ftnref1" style="mso-footnote-id:ftn1"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character:
footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:12.0pt;font-family:Arial;mso-fareast-font-family:"MS 明朝";
mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:FR;mso-bidi-language:AR-SA">[1]</span></span></span></span></a> <span style="font-size:10.0pt">Dans la main du diable (2006), L'Enfant des ténèbres (2008), Pense à demain (2010), Anne-Marie Garat, Actes Sud.</span></p>
</div>
</div>http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2014/01/15/1067-les-sauvages-1-2-3-de-sabri-louatah-par-viviane-youx#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/941Penser le faire, coups de coeur littéraires, de Viviane Youxurn:md5:fd23b39be4fae3775226537d130887922013-10-02T15:06:38+00:002014-02-26T18:00:08+00:00EcritoireQuelques lectures<img width="80" height="72" align="left" src="http://ecritoire.chateaudavanton.com/blog/images/Image/AUTEURS/Viviane.jpg" alt="" /><br />Libre parcours roman-théâtre, de <span style="font-style: italic;">Faber. Le destructeur</span> à <span style="font-style: italic;">Au Monde...</span><br /><br />De<span style="font-style: italic;"> Faber. Le Destructeur</span>, de <span style="font-weight: bold;">Tristan Garcia</span>, à <span style="font-style: italic;">L'Enfant, Le Bachelier</span>... <span style="font-weight: bold;">de Jules Vallès</span><br /><br />De <span style="font-style: italic;">Au Monde</span>, de <span style="font-weight: bold;">Joël Pommerat</span>, à <span style="font-style: italic;">Les Trois soeurs</span>, de <span style="font-weight: bold;">Anton Tchekhov</span> <style type="text/css">
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<p align="center" style="text-align:center" class="MsoNormal"><strong style="mso-bidi-font-weight:
normal"><span style="font-size:14.0pt;font-family:Arial"><br /></span></strong></p>
<p align="center" style="text-align:center" class="MsoNormal"><strong style="mso-bidi-font-weight:
normal"><span style="font-size:14.0pt;font-family:Arial"><br /></span></strong></p>
<p align="center" style="text-align:center" class="MsoNormal"><strong style="mso-bidi-font-weight:
normal"><span style="font-size:14.0pt;font-family:Arial">Penser le faire : questions sociétales</span></strong></p>
<p style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph" class="MsoNormal"><span style="font-family:Arial">Deux œuvres récentes m'ont interpelée, autant par leur puissance propre que par les échos entre elles<span style="mso-spacerun:yes"> </span>et avec des œuvres classiques : un roman de cette rentrée, <em style="mso-bidi-font-style:normal">Faber. Le destructeur</em>, de <strong style="mso-bidi-font-weight:normal">Tristan Garcia</strong>, et une pièce de <strong style="mso-bidi-font-weight:normal">Joël Pommerat</strong>, <em style="mso-bidi-font-style:
normal">Au Monde</em>, reprise à l'Odéon en septembre-octobre. D'un côté, deux garçons et une fille, vingt ans en 2000, dont l'absence d'idéal démocratique suppléée par une radicalité politique renvoie, en creux, au parcours de Jacques Vingtras, le personnage de <strong style="mso-bidi-font-weight:normal">Jules Vallès</strong>. De l'autre, trois sœurs inscrites dans les pas de celles de <strong style="mso-bidi-font-weight:normal">Tchekhov</strong>, trois frères et un patriarche parangons d'un système économique en déliquescence. Car si ces deux œuvres peuvent se répondre, c'est par leur manière d'interroger le social à travers le "faire". </span></p>
<p style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph" class="MsoNormal"><span style="font-family:Arial"> </span></p>
<p style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph" class="MsoNormal"><span style="font-family:Arial">Le personnage du roman de <strong style="mso-bidi-font-weight:
normal">Tristan Garcia</strong>, Mehdi Faber, abandonne, dès l'école, son prénom originel pour se faire appeler de son nom adopté d'ouvrier-forgeron, Faber ; et c'est bien ce talent de forgeron doué d'une intelligence hors pair qui l'érige, pour ses deux acolytes, en héros qu'ils doivent tuer, comme on tue le père, tant les choix radicaux qu'il a posés leur rendent une vie ordinaire invivable : "éduqués et formés (…) par la promesse de devenir des individus (…) en droit d'attendre une vie différente (…) nous avons compris qu'il ne serait jamais question que de prendre la file et de travailler." (prologue). La clochardisation choisie par Faber pour échapper à cette fatalité <span style="mso-spacerun:yes"> </span>est insupportable pour les deux autres qui se sont résignés à "faire", travailler, faire comme si… Et leurs tentatives d'échapper à leur vie toute tracée se solderont de manières différentes. Quant au destin de Faber, nouveau justicier qui sauve son jeune double, il est probablement de ne pas en avoir. Jacques Vingtras se révoltait contre une violence familiale et sociale qui privait sa génération de trouver sa place ; dans un contexte apparemment plus apaisé, celle de Faber se voit empêchée de se construire dans un monde où rêves démocratiques et utopies ont déjà été portés par leurs parents qu'ils ne peuvent que tuer, au réel et au symbolique, pour tenter d'être, et pas seulement de faire. Faber, le destructeur…</span></p>
<p style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph" class="MsoNormal"><span style="font-family:Arial"> </span></p>
<p style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph" class="MsoNormal"><span style="font-family:Arial">Le monde de la pièce de <strong style="mso-bidi-font-weight:
normal">Joël Pommerat</strong> est un empire industriel international bâti sur le fer, le père s'est "fait avec le fer", "le seul de nos jours à avoir compris le poids du fer encore de nos jours" (sc. 1), le poids du faire aussi des millions de personnes qui travaillent pour lui. Une scénographie millimétrée encadre une histoire familiale exposée "au monde", toute en noir et gris, un espace noir d'où émerge une table nappée de blanc, des personnages habillés majoritairement de gris ou de noir, aux corps qui expriment leur essence et leur devenir.<span style="mso-spacerun:yes"> </span></span></p>
<p style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph" class="MsoNormal"><span style="font-family:Arial">D'abord le père qui, vieillissant, choisit son second fils pour lui succéder ; en attendant sa décision, le monde continue à être gouverné par un vieillard de plus en plus sénile, par un corps noir et raide qui peu à peu s'affaisse et s'affale… </span></p>
<p style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph" class="MsoNormal"><span style="font-family:Arial">Ensuite les trois frères, ou plutôt les deux frères et le beau-frère, "pièce rapportée" au sens plein du terme ; l'ainé, d'une admiration sans borne pour son père qu'il seconde et supplée, même silhouette ; le second, le seul qui porte un nom, Ori (Les Oris de Stargate ? l'origine ? l'orient ?) dont le retour est attendu avec impatience ; costume civil gris tiré à quatre épingles, pas sonore aux accents militaires, s'il hésite à endosser ce rôle de successeur que son père lui a assigné, c'est entre autres parce que, contraint de quitter l'armée à laquelle il croyait malgré son pacifisme, il devient aveugle ; il ne sort plus que la nuit et se cogne partout, prêt à sortir physiquement du cadre ; il finira malgré tout par accepter, par peur de faire souffrir son père, lui qui aimerait "seulement faire quelque chose (…) d'impersonnel, vraiment gratuit, simplement profond" (sc. 18). Après avoir été gouverné par un gâteux, le monde va l'être par un aveugle, le noir éclairé seulement par quelques flashs prend tout son sens. </span></p>
<p style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph" class="MsoNormal"><span style="font-family:Arial">Enfin les trois sœurs ; la robe noire de l'ainée met en exergue une grossesse dont on ne parle pas, comme si la venue au monde de l'enfant était barrée ; la benjamine, adoptée, remplace la sœur morte, Phèdre : "Quel nom, Phèdre, quand même pour une enfant" (sc. 7) ; et la cadette, la seule dont la succession de robes de couleur et de hauts talons tranche avec le noir ambiant, annonce un monde idéal où "le travail va disparaitre un jour" (sc. 5), à l'inverse de l'Irina de <strong style="mso-bidi-font-weight:normal">Tchekhov</strong> qui rêvait d'un monde où tous pourraient travailler au lieu d'être contraints à l'oisiveté ; à contrario, c'est à la massification du divertissement que travaille la cadette, tournant sa famille vers la salle transformée en écran de télévision qu'elle allume et éteint au gré de ses caprices. </span></p>
<p style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph" class="MsoNormal"><span style="font-family:Arial">Le noir est traversé par une autre série de flashs, des séquences musicales tonitruantes décalées et transgenres, et un personnage aux cheveux longs habillé de blanc, étrangère médium du plaisir et du mal, embauchée comme femme à rien faire…<span style="mso-spacerun:yes"> </span>Le faire est conduit en aveugle, les idéaux sociaux sont utopie, il ne reste qu'à se divertir pour s'accommoder du monde.</span></p>
<p style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph" class="MsoNormal"><span style="font-family:Arial"> </span></p>
<p style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph" class="MsoNormal"><span style="font-family:Arial">Ces deux œuvres m'ont interpelée, à la fois par les lectures sociales du monde qu'elles proposent, quand le "faire" est empêché ou accommodé, mais aussi par les immenses ressources qu'elles recèlent, symboliques, mythologiques, intertextuelles… Textes et représentations à découvrir, pour un usage plus large quand ils seront disponibles en poche et accessibles en proximité.</span></p>
<p style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph" class="MsoNormal"><span style="font-family:Arial"> </span></p>
<p style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph" class="MsoNormal"><em style="mso-bidi-font-style:normal"><span style="font-family:Arial">Faber. Le destructeur</span></em><span style="font-family:Arial">. <strong style="mso-bidi-font-weight:
normal">Tristan Garcia</strong>. Éditions Gallimard 2013.</span></p>
<p style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph" class="MsoNormal"><em style="mso-bidi-font-style:normal"><span style="font-family:Arial">Au monde</span></em><span style="font-family:Arial">. <strong style="mso-bidi-font-weight:normal">Joël Pommerat</strong>. Actes Sud-Papiers 2004 2013. Théâtre de l'Odéon jusqu'au 19 octobre 2013.</span></p>
<p style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph" class="MsoNormal"><span style="font-family:Arial"></span></p>
<p style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph" class="MsoNormal"><br /><span style="font-family:
Arial"> Viviane Youx</span></p>
<p style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph" class="MsoNormal"> </p>http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2013/10/02/1055-penser-le-faire-coups-de-coeur-litteraires-de-viviane-youx#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/929"Indignez-vous!" de Stéphane Hessel, lu par Viviane Youxurn:md5:5bf752a058bd197bf7442181b11cbafe2011-01-11T14:30:00+00:002023-12-03T16:10:27+00:00EcritoireQuelques lectures<p><img align="left" alt="" height="72" src="http://ecritoire.chateaudavanton.com/blog/images/Image/AUTEURS/Viviane.jpg" width="80" /><font face="Verdana" size="2"> Le livre du mois de Kultur Café (11 janvier 2011)</font></p> <p align="center" class="MsoNormal" style="TEXT-ALIGN: center; MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><br />
<font face=""><strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><em style="mso-bidi-font-style: normal"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt">Indignez-vous</span></em></strong><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt">, de <strong style="mso-bidi-font-weight: normal">Stéphane Hessel</strong><o:p></o:p></span></font></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="TEXT-ALIGN: center; MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><font face="">Le livre du mois, janvier 2011<o:p></o:p></font></span></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="TEXT-ALIGN: center; MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><o:p><font face=""> </font></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 35.4pt; MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><font face="">Drôle d’injonction que celle qui nous bouscule comme une trainée de poudre depuis un mois : "Indignez-vous !" Est-ce parce qu’elle vient d’un vieux monsieur de 93 ans ? Ou parce qu’il s’appuie sur son engagement de résistant ? C’est en tout cas sur cette double affirmation qu’il ouvre son pamphlet. Car il se souvient que si le Conseil National de la Résistance était une force d’opposition à l’ennemi, il avait aussi mis au point un programme de principes et de valeurs qui ont servi de base à notre démocratie moderne. <o:p></o:p></font></span></p>
<p class="MsoNormal" style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 35.4pt; MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><font face="">Le retour sur ces valeurs prônées il y a 60 ans pourrait ressembler à une régression vers un hypothétique âge d’or si l’action de Stéphane Hessel depuis cette période n’avait été constamment au service d’un engagement pour la démocratie et pour les plus démunis. Pour exemple, son indignation et son combat pour la Palestine, et son analyse de l’exaspération des Gazaouis qui les pousse vers une violence sans issue. Et pourtant, selon lui, "il ne faudrait pas ex-aspérer, il faudrait es-pérer". Seule la non-violence peut faire cesser la violence, seule, elle est efficace, par le message d’espoir qu’elle porte dans "la capacité des sociétés modernes à dépasser les conflits par une compréhension mutuelle et une patience vigilante." Pour preuve, il souligne l’embarras du <span style="mso-spacerun: yes"> </span>gouvernement israélien à cause de la marche hebdomadaire sans violence de citoyens vers le mur contre lequel ils protestent. <o:p></o:p></font></span></p>
<p class="MsoNormal" style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 35.4pt; MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><o:p><font face=""> </font></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 35.4pt; MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><font face="">Mais c’est à nous tous, et surtout aux jeunes générations que s’adresse Stéphane Hessel, quand il nous souhaite d’avoir un motif d’indignation. Avec le recul, il reconnait qu’il était probablement plus facile de s’indigner contre l’occupation nazie, contre le colonialisme, contre la guerre d’Algérie. Mais il nous engage à observer le monde actuel, où la course à l’argent s’est accrue, où l’écart entre les riches et les pauvres s’est creusé. Le pire, c’est l’indifférence ; ce qui fait l’humain, c’est "la faculté d’indignation et l’engagement qui en est la conséquence." <o:p></o:p></font></span></p>
<p class="MsoNormal" style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 35.4pt; MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><o:p><font face=""> </font></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 35.4pt; MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><font face="">Il nous ouvre quelques pistes, mais probablement pas assez balisées pour qu’elles débouchent sur un véritable militantisme. Suivons-les, malgré tout :<o:p></o:p></font></span></p>
<p class="MsoListParagraphCxSpFirst" style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: -18pt; MARGIN: 0cm 0cm 0pt 53.4pt; mso-list: l0 level1 lfo1; mso-add-space: auto"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-bidi-font-family: Calibri; mso-ascii-font-family: Calibri; mso-hansi-font-family: Calibri"><span style="mso-list: Ignore"><font face="">-</font><span style="FONT: 7pt "Times New Roman""> </span></span></span><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><font face="">L’éducation : il soutient ces enseignants qualifiés de "désobéisseurs" qui refusent d’appliquer les réformes de 2008 trop éloignées de l’idéal démocratique d’une école au service de l’esprit critique et créatif.<o:p></o:p></font></span></p>
<p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: -18pt; MARGIN: 0cm 0cm 0pt 53.4pt; mso-list: l0 level1 lfo1; mso-add-space: auto"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-bidi-font-family: Calibri; mso-ascii-font-family: Calibri; mso-hansi-font-family: Calibri"><span style="mso-list: Ignore"><font face="">-</font><span style="FONT: 7pt "Times New Roman""> </span></span></span><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><font face="">La grande pauvreté, la situation des sans-papiers, des immigrés, des Roms.<o:p></o:p></font></span></p>
<p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: -18pt; MARGIN: 0cm 0cm 0pt 53.4pt; mso-list: l0 level1 lfo1; mso-add-space: auto"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-bidi-font-family: Calibri; mso-ascii-font-family: Calibri; mso-hansi-font-family: Calibri"><span style="mso-list: Ignore"><font face="">-</font><span style="FONT: 7pt "Times New Roman""> </span></span></span><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><font face="">Les droits de l’homme et l’état de la planète, en revenant à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme que nous devrions défendre pour qu’elle s’applique à tous.<o:p></o:p></font></span></p>
<p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: -18pt; MARGIN: 0cm 0cm 0pt 53.4pt; mso-list: l0 level1 lfo1; mso-add-space: auto"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-bidi-font-family: Calibri; mso-ascii-font-family: Calibri; mso-hansi-font-family: Calibri"><span style="mso-list: Ignore"><font face="">-</font><span style="FONT: 7pt "Times New Roman""> </span></span></span><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><font face="">La pensée productiviste, la fuite en avant vers le "toujours plus", plus d’argent, plus de technique, plus de consommation, au détriment de l’éthique, de la justice, de l’équilibre durable et de la culture.<o:p></o:p></font></span></p>
<p class="MsoListParagraphCxSpLast" style="TEXT-ALIGN: justify; MARGIN: 0cm 0cm 0pt 53.4pt; mso-add-space: auto"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><o:p><font face=""> </font></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 35.4pt; MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><font face="">Son discours frappe parce qu’il replace chaque lecteur devant sa responsabilité d’être humain qui devrait le pousser vers l’engagement. <o:p></o:p></font></span></p>
<p class="MsoNormal" style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 35.4pt; MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><o:p><font face=""> </font></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 35.4pt; MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><font face="">Il est cependant dommage qu’il ne creuse pas plus profondément les motifs d’indignation qu’il ne fait suggérer. En procédant ainsi, dans une langue simple, il prend le risque de réunir les contraires dans un consensus mou, et de ne pas vraiment réussir à sortir de leur indifférence les partisans du "je n’y peux rien, je me débrouille". Ou, plus grave, il risque de donner bonne conscience aux indignés d’un jour qui se contentent d’une vague protestation accompagnée éventuellement d’un chèque lors d’une catastrophe, aussi vite oubliée qu’advenue dans les médias. <o:p></o:p></font></span></p>
<p class="MsoNormal" style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 35.4pt; MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><o:p><font face=""> </font></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 35.4pt; MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><font face="">Ne négligeons cependant pas son appel à une "véritable insurrection pacifique" en faveur du respect des plus faibles, de l’équité, d’un équilibre économique durable, d’une culture pour tous. Et retenons sa formule de conclusion : « CREER, C’EST RESISTER. RESISTER, C’EST CREER. »<o:p></o:p></font></span></p>http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2011/01/11/876-indignez-vous-de-stephane-hessel-lu-par-viviane-youx#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/760Katiba, de Jean-Christophe Rufin : le livre du mois, par Viviane Youxurn:md5:b9344e0848fc4f0d3a1031f6316650c32010-12-16T11:03:50+00:002011-06-22T19:29:09+00:00EcritoireQuelques lectures<font size="2" face="Verdana"><img alt="" align="left" width="80" height="72" src="http://ecritoire.chateaudavanton.com/blog/images/Image/AUTEURS/Viviane.jpg" />Le livre du mois de décembre de Kultur Café (14 décembre 2010)</font> <p style="TEXT-ALIGN: center; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal" align="center"><font face=""><strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><em style="mso-bidi-font-style: normal"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><br />Katiba</span></em></strong><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt">, de Jean-Christophe RUFIN<o:p></o:p></span></font></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><o:p><font face=""> </font></o:p></span></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><font face="">Qu’est-ce qu’une katiba ? Jean-Christophe Rufin donne ce titre à son dernier roman qui rencontre un succès populaire à la hauteur de son sujet et du rythme de son écriture. <br /><o:p></o:p></font></span></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><font face="">Mais pourquoi "Katiba" ? Il ne s’agit pas d’un prénom, ni d’un lieu, mais d’un mot arabe qui a désigné d’abord, durant la guerre d’Algérie, une unité offensive du FLN qui se déplace clandestinement, essentiellement de nuit.<br /><o:p></o:p></font></span></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><font face="">Dans le roman de Rufin, il ne s’agit pas de la guerre d’Algérie, mais d’un sens plus contemporain du mot : un camp d’entrainement mobile pour combattants islamistes en Afrique du nord. L’univers est annoncé. C’est là où l’intrigue du roman va trouver son nœud, entre la Mauritanie, l’Algérie, le Mali, le Nigéria, dans un de ces réseaux islamistes qui font beaucoup parler d’eux depuis quelques années.<br /><o:p></o:p></font></span></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><font face="">Car il s’agit bien d’un roman, et non d’un documentaire, même si l’auteur fait preuve d’une remarquable connaissance des arcanes géopolitiques dans lesquelles il situe son intrigue. En effet, Jean-Christophe Rufin, pionnier de l’humanitaire, a été de tous les grands combats ; conseiller de plusieurs secrétaires d’état ou ministres, vice-président de Médecins sans frontières, administrateur de la Croix Rouge française, il a supervisé une mission humanitaire en Bosnie et permis la libération d'une dizaine d'otages français détenus par les Serbes ; attaché culturel au Brésil, puis président de "Action contre la faim", sa dernière fonction diplomatique a été celle d’ambassadeur du Sénégal, qui a pris fin en juin dernier, sous la pression supposée du pouvoir sénégalais qu’il semblait déranger. Elu à l’Académie Française en 2008, il est aussi un écrivain reconnu, notamment pour <em style="mso-bidi-font-style: normal">Rouge Brésil</em>, prix Goncourt en 2001.<br /><o:p></o:p></font></span></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><font face="">Dans <strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><em style="mso-bidi-font-style: normal">Katiba</em></strong>, il a choisi le rythme haletant d’un roman à suspense, d’un thriller que vous ne pouvez pas abandonner avant d’être arrivé à la fin. <span style="mso-spacerun: yes"> </span>Personnage central, Jasmine, cette jeune femme dont la personnalité et le passé s’avèreront fort complexes, apporte un peu d’humanité à ce monde de terrorisme, de calculs, de coups bas, dans lequel s’entremêlent trafic de drogue, fondamentalisme islamiste, terrorisme, lutte armée. Mais le personnage double de Jasmine sème le trouble partout, quand manipule-t-elle, et quand est-elle manipulée ? Quels liens entretient-elle avec la katiba, avec cette attaque signée Al Qaida contre quatre touristes occidentaux, assassinés dans le Sahara ? Son passé ressurgit par cercles, jeune veuve du consul de Mauritanie, enfant ballotée entre la France et l’Algérie : quand est-elle sincère ? Est-elle maitresse de son destin ? De quel côté va balancer cette fille à la double haine, haine de l’occident, mais aussi de ses espoirs de jeunesse perdus ? <o:p></o:p></font></span></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><font face="">Bonne lecture !<o:p></o:p></font></span></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><o:p><font face=""> </font></o:p></span></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><o:p><font face=""> </font></o:p></span></p>http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2010/12/16/872-katiba-de-jean-christophe-rufin-le-livre-du-mois-par-viviane-youx#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/756Des éclairs de Jean Echenoz, le livre du mois de Kulture Caféurn:md5:85156496543df15235f468ec1861f87a2010-11-10T11:29:25+00:002011-06-22T19:19:50+00:00EcritoireQuelques lectures<font color="#800000" size="2" face="Verdana"><img alt="" align="left" width="80" height="72" src="http://ecritoire.chateaudavanton.com/blog/images/Image/AUTEURS/Viviane.jpg" />La première session de <a href="http://www.facebook.com/pages/Kulture-cafe/123314284394501?ref=ts&v=wall"><strong><font color="#0000ff">Kulture Café</font></strong></a>, le "magazine" culturel de ceux qui veulent s'informer chaque mois, a eu lieu le 9 novembre au Grand Kfé de la Maison des étudiants à Poitiers, animé par Fred Abrachkoff. Prochaine session de Kulture Café le mardi 14 décembre à 18h15 : venez nombreux !</font> <p style="TEXT-ALIGN: center; MARGIN: 0cm 0cm 10pt" class="MsoNormal" align="center"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><font face=""><br /><br />Jean ECHENOZ, <strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><em style="mso-bidi-font-style: normal">Des éclairs</em></strong><o:p></o:p></font></span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 10pt" class="MsoNormal"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><o:p><font face=""> </font></o:p></span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 10pt" class="MsoNormal"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><font face="">Imaginez un ingénieur capable d’apprivoiser l’électricité depuis son plus jeune âge. Né par une nuit d’orage prémonitoire, sous des éclairs qui lui resteront toujours fidèles contrairement à ses contemporains, Gregor gardera de l’ignorance du jour exact de sa naissance – peu avant ou après minuit – un regard décalé sur le monde.<o:p></o:p></font></span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 10pt" class="MsoNormal"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><font face="">Très tôt hors du commun : trop nerveux – capable d’entrer dans une fureur inquiétante pour des bruits ou vibrations que les autres ne perçoivent pas –, trop grand – tout de suite plus grand que tout le monde – , trop<span style="mso-spacerun: yes"> </span>intelligent – il avale parcours scolaire, langues étrangères, expériences de physique en un temps record –, il imagine très jeune des dispositifs capables de révolutionner les échanges mondiaux. Pas de vagues applications pratiques, mais carrément des projets cosmiques : télécommunications, courant alternatif, missiles, tubes de néon, radars... <o:p></o:p></font></span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 10pt" class="MsoNormal"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><font face="">Attiré par les chutes du Niagara dont il a vu quelques gravures, il quitte son Europe du sud-est natale pour les Etats-Unis d’Amérique où il va directement se présenter à Thomas Edison qui l’embauche comme simple électricien pour réparer ses installations de courant continu qui tombent toujours<span style="mso-spacerun: yes"> </span>en panne. Après avoir installé le courant alternatif, il se fait plumer de son idée aussi vite que de son argent. Oubliant toujours de déposer des brevets comme de prêter attention aux contrats qu’on lui fait signer, il sera toute sa vie aidé et financé par les plus grands, mais aussi dépossédé de ses idées et des ressources qu’elles auraient dû générer.<o:p></o:p></font></span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 10pt" class="MsoNormal"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><font face="">Hors du commun, il le restera. Peu à peu ses délires l’entrainent sur des chemins, ou plutôt dans les airs, où plus personne ne peut le suivre. Incompris par les hommes, il converse avec les éclairs. Puis avec les oiseaux qu’il fréquente assidument, soigne, recueille chez lui. Ou si l’on peut dire : dans une suite d’un des plus grands hôtels newyorkais, puis d’un hôtel légèrement inférieur, il soudoie le personnel pour qu’il veille sur « ses oiseaux » quand il sort. <o:p></o:p></font></span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 10pt" class="MsoNormal"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><font face="">Incapable de prêter attention aux contingences matérielles, il dépense sans jamais savoir compter son argent, et passe ses dernières années abandonné de tous, sauf de l’hôtel qui ne lui réclame jamais la note, et d’une amie Ethel, qui le reçoit avec son mari toutes les semaines. Les sentiments qu’ils partagent ne seront jamais portés au jour. Gregor aura vécu toute sa vie bourré de troubles obsessionnels, dans la peur du moindre contact, et ses seules maitresses auront été les colombes à qui il consacre toute son énergie. Il meurt avec dignité, en faisant accrocher sur sa porte le carton habituel des hôtels « ne pas déranger ». Personne n’osera le décrocher avant trois jours.<o:p></o:p></font></span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 10pt" class="MsoNormal"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><font face="">Avec ce troisième roman, inspiré de la vie de l’ingénieur Nikola Tesla, Jean Echenoz clôt une série de trois vies. Romans, et non biographies comme on pourrait le croire. Ces trois hommes réels ont pour point commun une vie dont on ne sait si elle frappe par son caractère ordinaire ou extraordinaire. <strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><em style="mso-bidi-font-style: normal">Ravel</em></strong>, le compositeur et musicien mondialement reconnu, perd peu à peu la mémoire : de ses notes, de ses œuvres, de lui-même. Dans<strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><em style="mso-bidi-font-style: normal"> Courir</em></strong>,<span style="mso-spacerun: yes"> </span>le coureur tchèque Zapotek traverse la seconde guerre mondiale, où il commence à courir sans aimer cela, et le régime communiste d’après-guerre dont il devient le champion avant de finir comme archiviste au sous-sol du Centre d’information des sports, non sans avoir signé son autocritique pour avoir la paix. Gregor, le personnage de <strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><em style="mso-bidi-font-style: normal">Des éclairs</em></strong>, termine <span style="mso-spacerun: yes"> </span>en illuminé cette série de génies décalés. <o:p></o:p></font></span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 10pt" class="MsoNormal"><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-SIZE: 14pt"><font face="">Romans, et non biographies, car ces vies sont traitées par l’auteur comme des romans à suspense, que vous ne pouvez pas quitter avant d’arriver à la fin. Des formats courts, rapidement avalés, et qui nous laissent avec l’impression que, finalement, la littérature c’est facile.<br /><br />Viviane Youx</font></span></p>
<p><font size="4"> N. B. Le Grand Kfé de la Maison des Etudiants se trouve sur le campus, près du Restaurant Universitaire Champlain</font></p>
<p><font size="4"> Retrouvez Kulture Café sur facebook : </font><a href="http://www.facebook.com/pages/Kulture-cafe/123314284394501?ref=ts&v=wall"><font color="#0000ff" size="4"><strong>groupe Kulture Café</strong></font></a></p>
<p> </p>http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2010/11/10/849-le-livre-du-mois-de-kulture-cafe#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/735Arrêt sur livre de Jean Roulet: "L'horizon" de Patrick Modianourn:md5:6cb3ec127754848c561f78bdf3c739092010-07-22T19:44:19+00:002010-12-16T11:46:36+00:00EcritoireQuelques lectures<p><img hspace="30" alt="" align="middle" width="80" height="101" src="http://ecritoire.chateaudavanton.com/blog/images/Image/AUTEURS/Jean Roulet.jpg" /><a href="http://www.canalacademie.com/ida5865-Patrick-Modiano-son-roman-L.html">http://www.canalacademie.com/ida5865-Patrick-Modiano-son-roman-L.html</a>?</p> .http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2010/07/22/823-arret-sur-livre-de-jean-roulet-l-horizon-de-patrick-modiano#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/710Incorrigibles optimistesurn:md5:7759350ed479a37d1d9a55154efd089d2009-12-05T17:34:54+00:002010-01-21T17:49:00+00:00EcritoireQuelques lectures<p><font size="2" face="Verdana">Découvrez Lettrines...</font></p> <p><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-FAMILY: "Calibri", "sans-serif"; FONT-SIZE: 11pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-theme-font: minor-bidi">Roman de formation, roman social, roman historique, <em><strong><span style="FONT-FAMILY: "Calibri", "sans-serif"; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin; mso-bidi-theme-font: minor-bidi">Le Club des Incorrigibles Optimistes</span></strong></em>, premier roman de <strong><span style="FONT-FAMILY: "Calibri", "sans-serif"; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin; mso-bidi-theme-font: minor-bidi">Jean-Michel Guenassia</span></strong>, tient de tous ces genres sans s'enfermer dans aucun. </span></p>
<p><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-FAMILY: "Calibri", "sans-serif"; FONT-SIZE: 11pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-theme-font: minor-bidi">Retrouvez la suite, bien d'autres textes sur mon blog : <a href="http://lettrines.info/">http://lettrines.info/</a> </span></p>
<p><span style="LINE-HEIGHT: 115%; FONT-FAMILY: "Calibri", "sans-serif"; FONT-SIZE: 11pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-theme-font: minor-bidi">Viviane Youx</span></p>http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2009/12/05/743-incorrigibles-optimistes#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/644Questions d’idéologie : écologie versus humanitaire ? de Viviane Youxurn:md5:0745ee08d1f09b029541cbb208f6ede42009-12-02T15:17:37+00:002010-01-21T17:48:00+00:00EcritoireQuelques lectures<font size="2" face="Verdana"><font color="#000080">Lecture du roman de <strong>Jean-Christophe Ruffin</strong>, <em>Le Parfum d'Adam</em></font></font> <p style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><font face="Verdana">Questions d’idéologie : écologie versus humanitaire ?</font></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><font face="Verdana">Dans son roman, « <em style="mso-bidi-font-style: normal">Le parfum d’Adam</em> », <strong style="mso-bidi-font-weight: normal">Jean-Christophe Ruffin</strong> plonge aux sources de l’idéologie écologiste mondiale jusqu’à nous faire plus que froid dans le dos. Engagé pendant vingt ans dans des missions humanitaires, actuellement ambassadeur de France au Sénégal, il s’est toujours préoccupé des pays pauvres et de la réduction des inégalités.</font></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><font face="Verdana">Pour comprendre l’enjeu de son roman, commençons par situer l’univers dans lequel il se déroule.<br /></font></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><font face="Verdana">En France, voire dans une partie de l’Europe, les mouvements écologistes se présentent sous des dehors sympathiques, sauver la planète passerait par apprendre à l’homme à préserver ses ressources, à la détruire le moins possible, à ne pas émettre trop de substances toxiques, en quelque sorte à vivre en bonne harmonie avec cette terre qu’il habite. Et nous sommes bien conscients de la puissance de ces thèses, que nous adoptons tous peu ou prou en triant nos déchets, en gaspillant le moins possible d’eau et d’énergies fossiles. En est témoin la montée en puissance aux dernières élections des partis qui intègrent ces préoccupations. A gauche comme à droite, l’écologie humaniste fait son chemin, les enfants éduquent leurs grands-parents, voire leurs parents, et nous caressons tous le doux rêve d’une société la moins consommatrice possible qui permettrait au plus grand nombre d’hommes de bien vivre.<br /></font></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><font face="Verdana">Mais c’est un autre portrait de l’écologie mondiale que nous dresse <strong style="mso-bidi-font-weight: normal">Jean-Christophe Ruffin</strong>. Il s’agit d’un roman, certes, mais les déclarations de ses personnages, hélas, sont le plus souvent reprises à des ouvrages ou prises de parole publiques de penseurs ou de militants reconnus.</font></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><font face="Verdana">Imaginez une autre approche de l’écologie. Si l’écologie humaniste vise la protection de la planète elle garde comme axe central l’homme et l’espoir d’une harmonie plus grande entre l’humanité et la terre qui la porte. Déplacez maintenant cet axe : prenez comme postulat que le plus important n’est pas l’humanité, mais la planète ; alors, sur la planète, tous les « habitants » sont au même plan, les animaux, les végétaux, les minéraux, et l’homme n’y a pas de place spécifique. Si ce n’est qu’il s’est institué comme propriétaire de la terre, et qu’il l’a domestiquée, transformée, épuisée, jusqu’à la mettre en danger. Jusque-là, le raisonnement nous est familier. Il faudrait donc protéger aussi les animaux, les végétaux, les minéraux, enrayer le réchauffement climatique...<br /></font></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><font face=""><font face="Verdana">Mais le dérapage, défendu de manière plus ou moins souterraine par certains mouvements écologistes, se situe ailleurs. Si la planète est mise en danger par l’homme, elle est surtout menacée par l’accroissement de la population. Il faudrait donc qu’il y ait moins d’hommes pour enrayer ce phénomène. Or, les pays les plus puissants ont déjà pris conscience de cet accroissement de population en contrôlant les naissances. Si vous suivez le raisonnement de ces idéologies ultra, le problème vient actuellement des pays pauvres, dont la démographie galopante confinerait à une inflation que rien ne pourrait arrêter. Et, toujours en suivant leurs thèses, puisque les tentatives</font> </font><font face="Verdana">de régulation des naissances restent sans résultat, il faudrait aller plus loin en détruisant des masses entières par des armes bactériologiques insoupçonnables. <br /></font></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><font face="Verdana">Ce versant de l’idéologie écologiste qui consiste à éliminer les pauvres, c’est ce que met en scène <strong style="mso-bidi-font-weight: normal">Jean-Christophe Ruffin</strong> dans « <em style="mso-bidi-font-style: normal">Le parfum d’Adam »</em>, à travers le parcours d’une jeune fille qui, tout en découvrant cet univers, passe successivement de l’endoctrinement le plus aveugle à la prise de conscience salutaire. Mené sur le rythme haletant d’un roman d’espionnage, ce roman connait la fin heureuse indispensable pour nous éviter de sombrer dans le pessimisme le plus profond. Le trajet au cœur des idéologies, ici incarnées dans des mouvements écologistes, rappelle bien des endoctrinements dogmatiques. Véritable coup de poing dans l’estomac, ce roman ramène à sa place essentielle la question de l’humanisme, de l’humanité, de l’homme, mais surtout de tous les hommes.</font></p>
<p> </p>http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2009/12/02/738-questions-dideologie-ecologie-versus-humanitaire-de-viviane-youx#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/643De bouche à oreille d' André Youxurn:md5:c2693ee37c80d4b41a5707f7408da0082009-10-21T04:01:46+00:002009-12-18T15:27:16+00:00EcritoireQuelques lectures " Des hommes" Roman de Laurent Mauvignier: <p>Touché-coulé par ce bouquin lu d'une traite!</p>
<p> Quarante ans plus tard, à l'occasion d'une fête de famille,un incident vient réveiller les blessures indicibles de deux cousins rescapés de la guerre d'Algérie, murés dans leur silence. Laurent Mauvignier a l'art de mettre en scène le non-dit "<em>du dessous d'une histoire dont on ne sait pas que c'est une histoire tant qu'on n'a pas soulevé celles qui sont en dessous et qui sont les seules à compter, comme les fantômes, nos fantômes qui s'accumulent et forment les pierres d'une drôle de maison dans laquelle on s'enferme tout seul, chacun sa maison, et quelles fenêtres, combien de fenêtres?"</em> </p>
<p>Des ralentis sur images d'une précision chirurgicale pour dépeindre en clair-obscur le refoulé. Puissance des évocations, plus qu'un style, un langage. Essayez ce livre, vous m'en direz des nouvelles...</p>
<p><em>Laurent Mauvignier "Des hommes" (Les éditions de Minuit)</em></p>http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2009/10/21/714-le-bouche-a-oreille-d-andre-youx#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/620Conscience ou dignité ? de Viviane Youxurn:md5:5d952c1b601bd1f7f755b21f2b8d11d12009-09-07T18:03:34+00:002009-11-21T00:23:31+00:00EcritoireQuelques lectures<font size="2" face="Verdana">Une réflexion à partir d'exemples, à poursuivre...</font> <p style="TEXT-ALIGN: center; LINE-HEIGHT: normal; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal" align="center"> </p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; LINE-HEIGHT: normal; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><o:p><font face="Verdana"> Qu’est-ce que la dignité ? Pourquoi dit-on de quelqu’un qui vient de mourir qu’il est parti dans la dignité ? </font></o:p></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; LINE-HEIGHT: normal; TEXT-INDENT: 1cm; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><o:p><font face="Verdana"></font></o:p></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; LINE-HEIGHT: normal; TEXT-INDENT: 1cm; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><font face="Verdana">Un chapitre du roman de <strong style="mso-bidi-font-weight: normal">Pascal Mercier,</strong> <strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><em style="mso-bidi-font-style: normal">Train de nuit pour Lisbonne</em></strong>, (ch. 41, p. 428-432) [<a href="http://cid-df75d8fdc556f0f9.skydrive.live.com/browse.aspx/Train%20de%20nuit%20pour%20Lisbonne%20-%20Pascal%20Mercier%2010-18"><font color="#0000ff">lire le chapitre en cliquant sur le lien</font></a>]</font><font face="Verdana">relie cette question à celle de la conscience et de la manière dont le corps lui obéit. Le personnage principal, Gregorius, <span style="mso-spacerun: yes"> </span>à travers Amadeu, un médecin de Lisbonne décédé, dont l’histoire se mêle à celle du Portugal, se trouve plongé dans un voyage initiatique dont il sortira transformé.<span style="mso-spacerun: yes"> </span>Il rencontre notamment João Eça, autrefois torturé par les salazaristes, épreuve qui l’a diminué physiquement, mais n’a altéré aucune de ses facultés mentales, ni ne l’a fait avouer ni dénoncer.<span style="mso-spacerun: yes"> </span></font></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; LINE-HEIGHT: normal; TEXT-INDENT: 1cm; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><font face="Verdana">« La dignité, dit Gregorius. Je n’ai aucune idée de ce que c’est en réalité. Mais je ne crois pas que cela se perde uniquement parce que le corps défaille.»</font></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; LINE-HEIGHT: normal; TEXT-INDENT: 1cm; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><font face="Verdana">La perte de contrôle du corps suffit-elle à faire perdre sa dignité ? Qu’est-ce que change l’incontinence du vieillard par rapport aux souffrances extrêmes infligées par ses bourreaux ? Il avait réussi à ne pas parler, à les tenir à distance ; leur action ne les atteignait pas, comme si ce qui se passait dans son corps, provoqué par d’autres, ne le concernait pas tant qu’il pouvait exercer une pensée consciente qui annihilait cette action sur lui ; elle avait beau être violente, elle n’existait pas tant que son esprit le décidait. « Pour perdre sa dignité, il fallait la mettre en jeu et la perdre soi-même. » Perdre sa dignité, ce serait donc se laisser aller, dans cette incapacité de la pensée à dominer la situation.</font></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; LINE-HEIGHT: normal; TEXT-INDENT: 1cm; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><font face="Verdana">Se laisser aller physiquement, ne plus maitriser son corps, lui laisser prendre le dessus ; dans la maladie, quand le corps devient premier, par une souffrance qui fait peur ; dans le corps exacerbé par le sport à outrance, par la priorité de l’apparence ; dans le corps oublié, quand des excès de toute sorte (nourriture, alcool, drogue…) le ravalent au niveau d’objet.</font></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; LINE-HEIGHT: normal; TEXT-INDENT: 1cm; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><font face="Verdana">Se laisser aller moralement, agir servilement, sans respecter ses idéaux, ses croyances, ses valeurs ; exemples de léchage de bottes ou d’opportunistes évoqués par Gregorius ; petits arrangements avec sa conscience.</font></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; LINE-HEIGHT: normal; TEXT-INDENT: 1cm; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><font face="Verdana">« S’assumer – cela aussi fait partie de la dignité. » dit Gregorius. L’incontinent, le grand malade perdent-ils leur dignité parce qu’ils ne peuvent plus s’assumer ? Est-ce qu’assumer son corps suffit à définir la dignité ? Le malade à qui son corps échappe perd-il sa dignité pour autant ? </font></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; LINE-HEIGHT: normal; TEXT-INDENT: 1cm; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><em style="mso-bidi-font-style: normal"><font face="Verdana">« Mourir en dignité, cela veut dire mourir dans la reconnaissance du fait de mourir, que c’est la fin. Et de résister à tout le kitsch de l’immortalité. »</font></em></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; LINE-HEIGHT: normal; TEXT-INDENT: 1cm; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><font face="Verdana">La dignité aurait-elle alors partie liée avec la mort ? Raison pour laquelle on emploie souvent ce mot pour dire d’un mort qu’il est parti avec dignité ? Si elle qualifie le fait de mourir en conscience, sans l’artifice de l’immortalité et de l’au-delà pour en accepter l’idée, alors les religions, fondées sur l’idée d’un après plus ou moins glorieux, seraient-elles le premier frein à une dignité purement humaine et consciente ?</font></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; LINE-HEIGHT: normal; TEXT-INDENT: 1cm; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><o:p><font face="Verdana"> </font></o:p></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; LINE-HEIGHT: normal; TEXT-INDENT: 1cm; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><font face="Verdana">Un autre roman allemand, de <strong style="mso-bidi-font-weight: normal">Juli Zeh</strong>, <strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><em style="mso-bidi-font-style: normal">La fille sans qualités</em></strong>, traduction impropre du titre allemand <strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><em style="mso-bidi-font-style: normal">Spieltrieb</em></strong> qui a plus à voir avec l’idée de manipulation, met en scène le jeu pervers auquel se livre le jeune Alev au détriment de son professeur Smutek, avec l’aide et le consentement apparent de l’héroïne Ada, la « fille sans qualités ». Dans un lycée d’aujourd’hui, Ada, « arrière-petite-fille des nihilistes », surdouée à l’esprit particulièrement brillant emballé dans un corps complexé, s’entraine à ne montrer aucun sentiment, à mettre de la distance avec tous les affects, quand elle se trouve entrainée à séduire leur professeur pendant qu’Alev le menace de chantage grâce aux photos qu’il cache dans le réseau internet du lycée. </font></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; LINE-HEIGHT: normal; TEXT-INDENT: 1cm; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><font face="Verdana">Le professeur, première victime, humilié par cette situation qu’il ne maitrise pas et par le mépris d’Alev frôle l’indignité. Comment échapper à ce chantage sans mettre en danger son couple déjà très menacé par la grave dépression dont souffre son épouse, Polonaise d’origine comme lui, et qui, pas plus que lui, n’a supporté les coups de l’Histoire ? Sans mettre en danger son poste de professeur d’allemand, lui qui fait étudier à ses élèves <strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><em style="mso-bidi-font-style: normal">L’homme sans qualités</em></strong> de <strong style="mso-bidi-font-weight: normal">Musil</strong> et est fasciné à la fois par l’intelligence d’Ada et ses qualités de coureuse ? Lui qui, aussi professeur de sport, en l’entrainant pendant des kilomètres tout en lui racontant sa vie, va l’aider à assumer son corps. </font></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; LINE-HEIGHT: normal; TEXT-INDENT: 1cm; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><font face="Verdana">Ada, seconde victime, d’abord consentante au jeu d’Alev en qui elle trouve un maitre en nihilisme, échappe peu à peu à la place à laquelle l’a réduite son pseudo-amoureux grâce une <span style="mso-spacerun: yes"> </span>transformation physique qu’elle accepte de plus en plus, et à la libération de ses sentiments. </font></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; LINE-HEIGHT: normal; TEXT-INDENT: 1cm; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><font face="Verdana">Les deux victimes en effet échappent à la manipulation grâce à une rencontre authentique. Si Ada et Smutek s’aiment, ils ne sont plus le jouet d’un pervers, le chantage n’a plus de prise sur eux. Et c’est bien parce qu’Alev, sentant que la situation lui échappe à cause de cet amour, interrompt la rencontre hebdomadaire qu’il avait instituée entre Ada et Smutek, que ce dernier en arrive à s’avouer ses sentiments en cassant la gueule au maitre chanteur.</font></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; LINE-HEIGHT: normal; TEXT-INDENT: 1cm; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><font face="Verdana">Et, lorsque Ada inverse la « vérité » lors du procès de Smutek, faisant peser tous les torts sur le manipulateur Alev, elle assume enfin son corps, ses sentiments, sa pensée. Elle n’est plus un robot <span style="mso-spacerun: yes"> </span>intelligent, mais un être humain capable de démonstrations rationnelles grandioses, et une conscience capable d’assumer ses actes. Elle ne court plus pour oublier mais pour grandir. En refusant à la fois son statut de bourreau et de victime elle conquiert sa liberté. Elle n’a plus besoin de manipuler ni d’être manipulée pour exister. </font></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; LINE-HEIGHT: normal; TEXT-INDENT: 1cm; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><font face="Verdana">La dignité, avec Ada, n’a pas à voir avec la mort, mais avec la vie. Elle ne parle pas de l’au-delà ; mais elle brise l’écran, l’illusion de la mise à distance, pour vivre son présent. Sa conscience lui confère sa dignité en la plaçant dans sa vie.</font></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; LINE-HEIGHT: normal; TEXT-INDENT: 1cm; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><o:p><font face="Verdana"> </font></o:p></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; LINE-HEIGHT: normal; TEXT-INDENT: 1cm; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><font face="Verdana"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><em style="mso-bidi-font-style: normal">Le voyeur</em></strong>, un film britannique de <strong style="mso-bidi-font-weight: normal">Michael Powell</strong> (de 1960), pose un autre problème qui rejoint notre question : que peut faire un homme devenu criminel à cause de son éducation ? Mark, caméraman dans un studio, est obsédé par le désir de filmer la peur. Traqué par l’appareil photo de son père, quand il était enfant, dans ses moindres émotions, réactions, sentiments, il ne peut vivre, adulte, que dans la quête perpétuelle de la peur extrême. Et pour la filmer, il transforme sa caméra en arme : une lance se déplie au bout de sa caméra, première peur pour la femme qui se trouve en face ; mais cela ne suffit pas, il fixe au-dessus un miroir déformant, pour que la femme soit terrorisée par l’image de sa propre peur déformée. Terrifié à l’idée que la jeune fille, devenue sa confidente, et qu’il a promis de ne jamais filmer, montre sa peur, il en finit par retourner contre lui-même son arme perverse. Peur d’un corps qu’il ne peut pas maitriser ? Certainement. Conscience de sa monstruosité ? Probablement. Mais cette conscience n’a évidemment rien à voir avec la dignité qui aurait alors besoin d’une autre dimension, d’ordre moral. La causalité de ses actes sur laquelle le film insiste suffit-elle à le dédouaner ? Sa conscience pourrait justement l’en sortir, à condition qu’elle soit assortie d’un sens moral à l’égard de toutes les femmes, et pas seulement de celle qu’il a choisie.</font></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; LINE-HEIGHT: normal; TEXT-INDENT: 1cm; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><font face="Verdana">La dignité, dans la mort comme dans la vie, a certainement aussi à voir avec la morale. Personne ne s’aventurerait à dire qu’un tel homme est mort dans la dignité.</font></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; LINE-HEIGHT: normal; TEXT-INDENT: 1cm; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><o:p><font face=""> </font></o:p></p>
<p style="LINE-HEIGHT: normal; TEXT-INDENT: 1cm; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><o:p><font face=""> </font></o:p></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; LINE-HEIGHT: normal; TEXT-INDENT: 1cm; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><font face="Verdana">Pourrait-on alors dire que la dignité, si elle pose plusieurs conditions, comme être capable d’assumer ses actes, de contrôler son corps, met en jeu tout d’abord la conscience. Conscience des valeurs qui guident ses choix et ses actes. Conscience de sa finitude. Conscience de vivre plutôt que d’essayer d’échapper à sa vie par des faux-fuyants qui empêchent de l’assumer.</font></p>
<p style="LINE-HEIGHT: normal; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><o:p><font face="Verdana"> </font></o:p></p>
<p style="LINE-HEIGHT: normal; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><span style="mso-tab-count: 1"><font face="Verdana"> </font></span></p>
<p style="LINE-HEIGHT: normal; MARGIN: 0cm 0cm 0pt 36pt; mso-add-space: auto" class="MsoListParagraph"><font face="Verdana">A suivre pour d’autres exemples…</font></p>http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2009/09/07/695-conscience-ou-dignite-de-viviane-youx#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/601Notes de lecture de Pierre Dangerurn:md5:96e32f40e4d086fdcae20c90eb0563d22008-10-11T10:30:27+00:002008-11-16T19:42:58+00:00EcritoireQuelques lecturesSur le livre de Michel Houellebecq et Bernard-Henri Levy, "Ennemis publics". <br />
Ce livre avait toutes raisons d’être un coup médiatique, l’exploitation à des fins lucratives de la réputation sulfureuse de nos deux auteurs. Or, à mon sens, il n’en est rien. Bien au contraire. Il s’agit d’un ouvrage magnifique par la profondeur des thèmes abordés et l’émotion qui s’en dégage. Bien sûr il y a toute une partie - sans doute celle que privilégiera la critique - sur l’acharnement dont nos deux auteurs prétendent, à tort ou à raison, être victimes, et chacun aura son avis là-dessus, mais en dehors de la polémique immédiate, les pages sur la meute, la calomnie, le harcèlement, sont très belles. Et puis il y tout le reste, une réflexion tendue, passionnée, sur la foi et le matérialisme, l’engagement, la judéité, l’essence de la poésie, le devenir contemporain, etc., et puis l’évocation de l’enfance, des figures parentales, et puis cette intimité que l’on voit naître pour ainsi dire sous nos yeux - si émouvante par la joie que l’un et l’autre en éprouve - entre deux esprits nourris aux mêmes sources, puisant aux mêmes références littéraires et philosophiques. Dans cette époque qui est la nôtre d’acculturation avancée et de rupture avec tout ce qui constitue les fondements de notre identité, c’est rassurant et revigorant.<br />
<br />
Cette note de lecture est donc un signal d’alerte pour ceux que le bruit ambiant aurait pu tromper sur la marchandise. Bien sûr, je sais que beaucoup préfèreront rester sous la bannière de Télérama ou du Nouvel Observateur (je ne sais pas ce que ces journaux ont écrit de ce livre mais je me doute). Un des traits caractéristiques du caractère français est l’autodénigrement. Chacun cultive le scepticisme afin d’être sûr de faire partie de ceux à qui « on ne la fait pas ». Ainsi Michel Houellebecq est considéré à peu près partout dans le monde comme le plus grand écrivain français contemporain, mais ici on ne s’en doute même pas, on préfère ricaner, on prétend qu’il ne sait pas écrire. Dans ma jeunesse on prétendait que Picasso ne savait pas dessiner. Les mêmes aujourd’hui courent à son exposition. Dans vingt ou quarante ans les contempteurs de Michel Houellebecq inaugureront des lycées à son nom. Lisez Ennemis Publics sans attendre jusque là.<br />
<br /><br />http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2008/10/11/507-notes-de-lecture-de-pierre-danger#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/442Partage de lecture: "Brothers" de Yu Hua (par André Youx)urn:md5:4218a2cf53a804a5456064e9d0cbfdfc2008-07-24T21:02:34+00:002008-09-16T15:56:15+00:00EcritoireQuelques lecturesRoman picaresque chinois de deux "frères" d'une famille recomposée dont l'auteur rapporte les tribulations pendant les quarante dernières années, des atrocités de la révolution culturelle aux dérèglements du capitalisme le plus sauvage.<br />
Une épopée dans la veine de" Cent ans de solitude ", truculente, facétieuse, burlesque, tonitruante. Yu Hua décrit, comme une allégorie des dernières convulsions de la Chine, les déchirements homériques de deux frères sous les yeux d'un village mythique proche de Shanghaï. Grandiose ! A lire absolument.<br /><br />
<em>Yu Hua, Brothers, collection Actes Sud 2008, 717 p<br />
</em><br />
<br />NB: Ne cachons pas la lumière sous le boisseau !<br />
Si d'aventure, parmi vos lectures de vacances, vous tombez sur un bouquin sortant du lot, pensez à en faire profiter vos petits camarades de l'Ecritoire :<br /><a href="mailto:blog@chateaudavanton.com" hreflang="fr">mailto:blog@chateaudavanton.com</a>http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2008/07/24/475-note-de-lecture-brothers-de-yu-hua-par-andre-youx#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/411Coups de coeur de lecture d'André Youx : "Les yeux des chiens ont toujours soif " de Georges Bonnet et "Dans la main du diable" d'Anne-Marie Garaturn:md5:2ae7821ea83bdde46d27def1e03267462008-07-06T22:45:28+00:002008-07-24T21:03:45+00:00EcritoireQuelques lectures</p> Pour le livre de Georges Bonnet, je ne puis faire mieux pour traduire mon enthousiasme que reprendre ci-dessous la présentation générale faite au dos de ce livre, particulièrement en phase avec son contenu. Par ailleurs même si ce n'est pas essentiel à son déroulement, le fait que l' intrigue se passe en des lieux parfaitement identifiés de Poitiers est une cerise sur le gâteau (broyé,<em> of course</em>!) qui ne ne saurait déplaire à des Poitevins...<br />
<em>"C'est,</em> je cite,<em> avec une grande économie de moyens et une pudeur exemplaire, suivant à petits pas les personnages de son récit, que Georges Bonnet nous relate la rencontre d'Émile et Louise, septuagénaires jusqu'alors solitaires et confinés entre appartement, jardin public et cimetière, mais finalement sujets aux plus intenses débordements du cœur.
C'est grâce à un art dénué de tout artifice, comme puisé à l'émotion même, qu'il sait rendre palpitante la plus partagée des banalités et tenir le lecteur en haleine. Car ces êtres - auxquels il ne doit, en principe, plus rien arriver- sont vulnérables à l'amour, à ses joies comme à ses peines, quand même il ne leur viendrait pas à l'esprit de nommer le sentiment qui les traverse et les rend à la vie."</em><br />
<br />
Je me suis également régalé du livre d'Anne Marie Garat qui est pourtant aux antipodes de celui de Georges Bonnet.<br />
"Dans la main du diable" est un roman fleuve de plus de 900 pages, une saga familiale qui se déroule à l'aube de la première guerre mondiale et nous conduit de la Birmanie aux premières hécatombes du front en passant par la Hongrie. Sans dévoiler l'intrigue, sachez qu' Anne-Marie Garat a la fiction généreuse, luxuriante et documentée à la Zola, qu'elle décrit aussi magnifiquement les paysages que les recoins de l'âme ou les glissements progressifs de l'amour et que son analyse du pouvoir et des rapports sociaux est d'une précision chirurgicale.<br />
Dégager du temps pour la lecture et prévoir que le retour au réel sera difficile !..<br /><br /><br />
<em>Georges BONNET, Les yeux des chiens ont toujours soif, Le temps qu'il fait Editions 2006, 138 p (En vente dans toutes les bonnes librairies poitevines)</em><br />
<br />NB: Qui est Georges Bonnet ?<br />
Soyons sérieux, comme si je ne savais pas que les plus curieux d'entre vous ont déjà lâché Google ou Yahoo à sa poursuite !<br />
Une observation au passage: il m'est apparu ces derniers temps que Yahoo était souvent mieux renseigné que Google, en particulier sur les textes de l'Ecritoire...
<br /><br />
<em>Anne-Marie Garat, Dans la main du Diable, collection Actes Sud 2006, 907 p<br />
</em>
NB: Anne-Marie Garat vient de publier un nouveau roman " L' enfant des ténèbres" apparemment même encre, même poids même épaisseur que le précédent et qui se situe cette fois à l'aube de la seconde guerre mondiale. Le hasard ne fait-il pas bien les choses!<br />
<br />http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2008/07/06/472-coup-de-coeur-de-lecture-d-andre-youx-les-yeux-des-chiens-ont-toujours-soif-de-georges-bonnet#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/408Note de lecture (de Viviane Youx) sur Cendrillon d'Eric Reinhardturn:md5:0ef9ce761f10dc492bb4d92f498761b52008-03-06T11:09:20+00:002008-04-18T11:52:09+00:00EcritoireQuelques lecturesFatalisme ou libre arbitre, laissons le narrateur tisser notre pantoufle de vair... Cendrillon. <br />
Tes souliers de petite fille riche parsèment de contrepoints le fil de la narration pour que tu n’oublies pas la citrouille qui te guette à minuit. <br />
Tes personnages aux récits d’un mimétisme qui brouille les identités nous entrainent dans une vertigineuse confusion. <br />
Entre le diner raté d’un père qui saccage à tout jamais sa vie professionnelle et l’itinéraire chaotique d’un fils brillant qui ne se relève définitivement pas d’une meurtrissure profonde, plusieurs lignées de récits s’entrechoquent. <br />
Et ton narrateur, pris dans un « grand complot » à la limite du rêvé, nous entraine dans une éblouissante explication des mécanismes boursiers qui bruleront ton carrosse. <br />
Une lecture hallucinante depuis laquelle notre pantoufle de vair a pris une facheuse tendance à nous glisser du pied…<br /><br />
Cendrillon, Eric Reinhardt, Editions Stock septembre 2007http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2008/03/06/353-note-de-lecture-de-viviane-youx-sur-cendrillon-d-eric-reinhardt#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/303Note de lecture de Viviane Youx sur "Storytelling" de Christian Salmonurn:md5:c23938b3fc94386e95a8c591a51266292008-01-11T17:51:48+00:002008-01-30T17:27:10+00:00EcritoireQuelques lecturesDe l'art de raconter des histoires.<br/>
"Storytelling", quand les histoires nous manipulent et formatent nos esprits... Des mythes fondateurs aux cultures de l’oralité, nous avons toujours été baignés d’histoires. Les enfants sont nourris de contes, dont La Fontaine a élevé la portée morale à une fonction éducative universelle dans ses <em>Fables</em>. Conter, fabuler, même l’esprit rationnel du siècle dernier n’a pas pu nous en empêcher.<br /><br />
C’est même tout à fait le contraire qui est en train de se produire, si nous en croyons Christian Salmon dans <em>Storytelling, la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits</em>. Nous n’avons affaire ni à un économiste ni à un politologue : écrivain (fondateur du Parlement des écrivains) et chercheur (membre du Centre de recherches sur les arts et le langage du CNRS), il nous entraine pourtant dans les deux domaines de prédilection des raconteurs d’histoires contemporains, l’univers économique et la communication politique, entre lesquels il établit un pont presque naturel.<br /><br />
Apparue dans les années 90 aux Etats-Unis, puis en Europe sous l’anglicisme « storytelling », la technique est redoutable. Elle a d’abord investi la formation en entreprise : balayant les méthodes chiffrées et factuelles, des gourous d’un genre nouveau ont commencé à conter ; quoi de plus pratique, pour susciter une adhésion rapide, que de jouer sur l’imaginaire, l’émotion, l’identification ? Pour formater une « culture » d’entreprise, nul besoin de données concrètes et rationnelles, quand quelques anecdotes élevées à hauteur d’exemples suffisent ! Evidemment l’univers marchand a suivi à grands pas, les marques ont refait l’histoire des produits, nous entrainant dans les entrelacs de légendes lointaines ou nouvelles ; l’image ne nous suffit plus, ringardisée par les bonimenteurs, il nous faut maintenant le rêve à portée d’oreille… Et la communication politique a, elle aussi, trouvé là une arme redoutable : les dernières campagnes électorales en sont une bonne illustration, quand elles mettent en scène au lieu de définir un programme ; nous sommes passés du sacro-saint respect de la vie privée comme rempart contre la chose publique à une orchestration soigneusement dosée, non plus seulement de l’image, mais d’une histoire qui se construit en direct avec son lot de dramatisation et d’identification, plus accessible aux esprits simples (mais qui n’en est pas un à ses heures ?) que des chiffres et des faits bien ennuyeux !<br /><br />
Evidemment, dirons-nous, il ne s’agit « que » des marchands du temple… Nous autres, intellectuels, sommes bien au-dessus de tout cela ! Et pourtant, si nous y regardons bien… Pourquoi les séries télévisées, les téléréalités gagnent-elles des couches sociales, voire intellectuelles, qui en étaient restées jusque-là bien éloignées ? Pourquoi la fiction narrative a-t-elle aussi largement pris le pas sur tous les genres littéraires ? Pourquoi l’écriture à la première personne, avec ou sans la distanciation nécessaire à une production littéraire, envahit-elle les gondoles des supermarchés de la culture ? Nous pouvons encore rêver que la « vraie littérature » échappe à l’univers marchand, ou peut-être sommes-nous déjà en train de nous raconter des histoires…Christian Salmon aura ainsi bientôt matière à un nouvel ouvrage !<br /><br />
Viviane YOUX<br /><br />
SALMON Christian<br />
Storytelling, la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits<br />
Editions La Découverte, 240 p., 18 €<br />http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2008/01/11/285-note-de-lecture-de-viviane-youx-sur-storytelling-de-christian-salmon#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/242Note de lecture de Viviane Youx sur "Conversations sur la langue française" de Pierre Encrevé et Michel Braudeauurn:md5:829b9549a4e79bbebfaa149b2a3d2d642008-01-09T16:53:28+00:002008-04-18T12:02:16+00:00EcritoireQuelques lecturesTout sauf ennuyeux ! Voila un titre bien austère, faisant fi des modes racoleuses ! Cet ouvrage ne serait-il destiné qu’à nourrir les intercours de quelques enseignants de français déboussolés que rien ne peut arracher à leur boulet quotidien ?<br />
Que l’on ne s’y trompe ! Là n’est pas le propos de nos auteurs. Au fil de cinq promenades, Pierre Encrevé (sociolinguiste, directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, auteur de la réforme de l’orthographe alors qu’il était conseiller de Michel Rocard) s'entretient avec Michel Braudeau (écrivain et journaliste) au cours de 5 promenades dans des jardins parisiens qui les conduisent du Palais Royal aux Tuileries, puis des Buttes Chaumont au Musée Rodin, avant de terminer au Jardin du Luxembourg. Et il va nous entrainer dans une histoire étonnante, amusante, iconoclaste, bien loin de l’image que l'on se fait couramment d’un traité de linguistique.<br /><br />
Loin des idées reçues, Pierre Encrevé désigne le français comme une langue jeune, dont la fixation précoce dans l’histoire s’est accélérée depuis la seconde guerre mondiale, au point que les variations actuelles sont plus générationnelles que géographiques. Malgré les déceptions archaïques d’une élite rêvant d’une « belle langue » apanage d’un petit nombre, jamais l’ensemble de la population n’a été aussi nombreux à parler correctement. <br />
Le monolinguisme des Français, posé depuis un siècle en idéal national, s’effrite, mis à mal par le choix de l’anglais comme langue de communication internationale, mais aussi du fait du multilinguisme naturel à l’humanité. Si les expansions linguistiques sont toujours liées à l’histoire politique, la langue française a toujours été langue de culture, de distinction, plus que de masse, et elle doit se dissocier de sa dimension nationale pour conserver sa stature internationale.<br />
L’ethnocentrisme hexagonal, qui prône le « français en partage » repose sur le postulat d’une langue unique. Or, la francophonie passe par la coexistence des différentes langues, y compris en France. Les vocabulaires judiciaire et administratif gagneraient à s’inspirer de la prudence de François 1er qui recommanda, dans l'édit de Villers Cotteret en 1539, de parler comme ses sujets, pour les comprendre, sans prétention de leur imposer un usage collectif ; ou d’imiter l’habileté des jeunes de banlieue à jongler entre un sociolecte, le "parler jeune" utilisé en interne pour renverser l’exclusion subie, et le français commun à usage externe. <br />
La pression normative est telle en France qu’elle fait oublier qu’il n’existe aucune contrainte légale sur la langue dans le privé. A l’Etat revient le rôle de désigner la langue officielle, de l’enseigner et de la faire évoluer, mais son emploi individuel est libre. L’orthographe « divinité laïque » a balayé toute tolérance, alors que le sacro-saint accord du participe passé repose sur un jeu de Marot appliqué à la lettre au XIXème siècle seulement, et que Molière a écrit <em>Le Misantrope</em> et Proust « nénufar »…<br />
Des espoirs d’évolution peuvent nous venir d’un métissage au sein d’un plurilinguisme, ou de transformations en douce, comme la féminisation réussie des métiers venue du Québec. Aucune défense systématique ne peut aboutir si elle repose sur des interdictions qui menacent la liberté d’expression. Par contre tous les usages et formes qui se généralisent sont porteurs de changement. <br />
Rêvons que tous les enseignants, suivis par les citoyens, se mettent à appliquer les simplifications orthographiques de 1990, plus quelques autres tolérances, progressivement… Alors, nous retrouverions peut-être un peu de cette liberté linguistique qui confère toute sa richesse à l'écriture et à la parole !<br /><br />
<em>Conversations sur la langue française</em>, Pierre ENCREVE , Michel BRAUDEAU, NRF Gallimard 2007 193 p. 16,50 €
<br />
<br />
Viviane Youxhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2008/01/09/281-note-de-lecture-conversations-sur-la-langue-francaise#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/238Notes de lecture de Viviane Youx sur " Le rapport de Brodeck", de Philippe Claudelurn:md5:ff6305a7b2ae6129bea728b371d933d62007-12-07T22:02:21+00:002008-01-16T12:01:51+00:00EcritoireQuelques lecturesIl arrive parfois que la vie s’arrête sans que vous compreniez pourquoi. Vous aviez décidé, enfin, de lire ce roman qui trainait, que vous aviez tardé à acheter, un de plus, la pile qui baisse un peu ; quoi que, celui-ci, vous aviez hésité, le précédent du même auteur vous avait demandé une 2ème lecture, comme si votre mémoire avait effacé la 1ère ; vous aviez peur de vous mettre inconsciemment en danger d’un nouveau gommage.
Et puis, cette idée d’une littérature qui bouscule, c’est bien beau, peut-être militant, mais dans la réalité, les piles de livres qui s’amoncellent la mettent plutôt en défaut.<br />
En train de boucler un travail sur quelques grands axes de la littérature française de ces vingt dernières années, je n’avais pas l’intention de reprendre ma copie, et pensais en être à la touche finale. J’avais reculé devant ce roman, couverture bleu nuit, chez Stock, dont le nom m’avait un peu rebutée jusque-là : <em>«Le rapport Brodeck »</em>. J’avais cru comprendre qu’il s’agissait encore d’un roman sur la 2nde guerre, (que Philippe Claudel tire encore un peu sur la corde déjà bien élimée me surprenait, dans Les <em>Ames grises</em>, la présence de la 1ère guerre était plutôt d’arrière-plan).<br />
Mais quand j’y suis entrée, c’est un peu comme si ma vie avait basculé ; prise aux tripes dès les premières pages, j’en ai perdu le sommeil, oscillé entre les larmes, le dégout, et l’admiration devant une dignité sans mesure. « Je m’appelle Brodeck et je n’y suis pour rien », l’écriture dépouillée, d’une banalité déconcertante, de celui qui parce qu’il a été rien, (ou plus, ou moins que rien » s’accroche à son nom, seule bribe d’identité qui lui reste. Arrivé enfant on ne sait d’où, accueilli et aidé par un village entier qui se cotise ensuite pour l’envoyer faire des études à la capitale (il fallait bien qu’au moins un jeune du village y aille), il sera aussi désigné par ce même village, une fois la guerre déclarée (une guerre à la fois identifiable et floue) pour servir de bouc émissaire et être envoyé dans un camp, d’où il revient, après avoir été littéralement traité comme un chien, à la grande surprise de tout le village qui avait déjà inscrit son nom sur le monument aux morts. Son destin trouve une résonance dans celui de cet étranger arrivé, lui aussi, on ne sait d’où ni pourquoi, avec qui il sent une complicité, et qui va vite se trouver en butte aux villageois qui ne peuvent pas supporter sa différence. Le rapport que Brodeck est chargé de rédiger sur lui ne sera qu’une feinte qui lui permettra peu à peu de retrouver sa dignité d’homme, et le fera quitter ce village comme il y était arrivé enfant, clamant à nouveau son nom.<br />
Vie ordinaire, secret, altérité, ce roman condense les grands thèmes de la littérature contemporaine, dans une narration qui nous amène, entremêlant les différentes strates temporelles, à découvrir peu à peu les différentes facettes des individus et de la collectivité, entre bonté et abjection, entre intelligence et bêtise. Je n’en sors pas indemne. Il va me falloir retrouver un peu de légèreté ou de profondeur pour pencher plutôt du coté de la bonté et de l’intelligence. Et je vais devoir conclure autrement mon travail que je croyais bouclé.<br />
<br />http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2007/12/07/261-notes-de-lecture-de-viviane-youx-sur-le-rapport-de-brodeck-philippe-claudel#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/218Notes de lecture (de Pierrre Danger) sur la "Nuit de l'oracle" de Paul Austerurn:md5:4a1ec3082528ab823d475db9b4e8ddff2007-12-07T12:59:04+00:002008-03-06T10:52:53+00:00EcritoireQuelques lecturesDans le prolongement de ce que disait Viviane sur la littérature qui ne bouscule pas et de ces romans qui se lisent comme on va voir un film, je voudrais signaler le remarquable roman de Paul Auster, la<em> Nuit de l'oracle</em>, où le héros narrateur est un romancier qui nous raconte le roman qu’il est en train d’écrire et les circonstances dans lesquelles l’idée de ce roman lui est venue. Cela donne une narration extrêmement dépouillée puisque ce n’est pas le roman lui-même que nous lisons mais une sorte de scénario, de récit au second degré, qui fonctionne cependant si bien que nous sommes passionnés par l’histoire jusqu’au moment, le plus palpitant évidemment, où le narrateur décidant d’abandonner son roman nous embarque dans une autre histoire, la sienne, telle qu’elle est en train de se dérouler, celle-ci générant à son tour, par ramifications, des personnages secondaires, dont l’histoire nous est également racontée dans des notes qui font elles-mêmes parfois plusieurs pages, ce qui nous amène à une lecture assez curieuse en allés-retours, jusqu’à ce que le narrateur reprenne l’histoire abandonnée en évoquant les différentes façons dont il pourrait la continuer mais préférant finalement s’engager dans un scénario de film qui lui a été commandé par son agent littéraire avant de revenir à sa propre histoire, ou plutôt celle de sa femme, etc. Cette construction complexe dans laquelle cependant on ne se perd jamais, ces passages constants d’un niveau narratif à un autre, nous amène à nous poser le problème complexe du rapport entre réalité et fiction, de cette fonction de fascination du récit qui nous « embarque » sans cesse pour mieux nous désillusionner ensuite et nous fait prendre des vessies pour des lanternes, éternel recommencement des <em>Mille et une Nuits</em> où raconter c’est vivre ou plutôt survivre à une mort qui conclura inévitablement la fin du récit, la fin de tout récit. <br />
<br />http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2007/12/07/259-notes-de-lecture-de-pierrre-danger-sur-la-nuit-des-oracles-de-paul-auster#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/216