L'écritoire - Le roman d'un homme heureux (II) de Pierre Parlier2024-03-27T08:45:45+01:00Viviane YOUXurn:md5:c05c6c92edcfd160b3ec3d07c57183a4DotclearLe roman d’un homme heureux. II (1) De Pierre Parlier (ressuscité !!!)urn:md5:c185e830e774af6b433bae948d5288992008-10-07T15:21:24+00:002018-06-16T15:46:21+00:00EcritoireLe roman d'un homme heureux (II) de Pierre ParlierLe revoici le revoilà ! le pitre pathétique, l’acteur en toc, l’illusionniste, le faux artiste.Rappelez-vous : Mai 68 vient de passer par là comme une tornade blanche, brisant les ménages, secouant les âmes, essorant les cœurs, ne laissant rien en place. Lui si. Il n’a pas bougé, il habite toujours chez ses parents aux confins du plateau Beaubourg, qui n’était alors au cœur du vieux Paris qu’un trou noir qui servait de parking et où il gare sa voiture avant de rentrer chez lui. Car il a acheté une voiture entre temps, grâce à son salaire, une vieille Frégate qui ressemble à un gros cercueil noir, au moteur surpuissant, qui vous colle au siège quand elle démarre. Souvent il va la mettre aussi devant la Mairie du Vème, place du Panthéon et sa mère vient s’y installer pour regarder passer les gens. Sa voiture est aussi vaste qu’un salon et c’est encore mieux, dit-elle, que quand on roule. Mais sa grande passion à elle c’est la télévision. Il se rappellera toute sa vie ce jour fameux où il revenait en permission pendant son service et où on lui a fait découvrir l’objet qu’on venait d’acheter. « - Ce soir il y a les Incorruptibles. Tu vas voir, c’est fantastique, on est comme au cinéma !… » Ils s’étaient installés tous les trois sur le canapé du salon, sa mère au milieu, son père à droite et lui à gauche, c’était comme au cinéma en effet, comme autrefois quand ils allaient au Colisée ou à l’Empire. Le lendemain il y avait Discorama avec Denise Glaser. « - Regarde ces images ! C’est fantastique le noir et blanc ! on dirait des photos d’art. »<br />
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Le service militaire avait été une période de pur bonheur dans sa vie mais quand il était revenu il s’était aperçu que sa jeunesse était finie. Comme par enchantement tous ses amis étaient partis, balayés aux quatre vents, et quand il était retourné à la Sorbonne il n’avait plus reconnu personne. Il avait passé tous les diplômes qu’il avait pu et il les avait tous réussis. Mais maintenant c’était fini. Alors il était allé s’inscrire à un doctorat faute de mieux mais le doctorat ce n’est pas pareil. Il n’y a plus de cours à suivre. Les cours maintenant, c’est lui qui les donnait. Professeur agrégé au lycée de Chantilly, avec un salaire confortable grâce auquel il pouvait verser une pension à son père. Pas trop importante tout de même, la pension, pour ne pas l’humilier, parce que son père qui ne devait pas gagner la moitié de ce qu’il gagnait tenait tout de même à subvenir par ses propres moyens aux besoins de sa famille. Il aurait bien voulu qu’il s’en aille, d’ailleurs, ce fils encombrant dont il pensait s’être débarrassé et qui pour sa fierté et sa honte avait mieux réussi que lui. Mais lui comment aurait-il pu lui faire comprendre que s’il ne partait pas c’est qu’il ne pouvait pas, à la lettre il ne POUVAIT pas partir ! Il les aimait trop. Il en serait mort. N’avait-il pas décidé en secret qu’il se suiciderait le jour où ils disparaîtraient ? Il a tellement peur de la solitude ! C’est idiot à dire comme ça mais il ne peut envisager l’idée d’en être séparé. Et le plus idiot c’est qu’eux ils ne comprennent pas. « - Il veut nous narguer ! » disait son père. Et sa mère : « - Pourquoi est-ce que tu ne nous dis jamais rien ? Pourquoi est-ce que tu ne nous parles jamais de ce que tu fais, de tes amis ? Quelquefois j’ai l’impression que tu ne nous aimes pas. » Et lui il s’étranglait de rage. Mais ils ne comprennent donc rien ! Ils ne comprennent pas que c’est à cause de la pudeur que je n’arrive pas à parler, de la sacrosainte-sainte pudeur !… Ça ne sortait pas il n’arrivait pas à leur dire combien il les aimait et que s’il restait c’était justement à cause de ça, parce qu’il les aimait au point de ne pouvoir les quitter. Alors quelquefois il imaginait que quand ils seraient sur leur lit de mort, à l’ultime moment il trouverait enfin le courage de le leur dire parce qu’alors il n’y aurait plus moyen de tergiverser mais en attendant il souffrait au delà de tout ce qu’on peut imaginer. Une vraie malédiction ce mutisme qui l’étouffait, qui faisait qu’à toutes leurs questions il ne trouvait à opposer que le silence. Il souffrait au point qu’il avait décidé d’aller voir une psychanalyste dont on lui avait donné l’adresse. <br />
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Elle l’avait reçu dans son cabinet, boulevard Saint-Germain, une petite pièce encombrée de livres et de bibelots poussiéreux, et il lui avait débité son histoire. Parce qu’alors là, devant elle, aucun problème, sa langue se déliait. Il sait qu’il parle bien, il s’admire en parlant. Il lui avait raconté toute sa vie. Il adorait raconter sa vie. Mais à la fin elle lui avait demandé s’il ne croyait pas que cette impossibilité de s’exprimer devant ses parents n’était pas due à une volonté de se protéger, de se libérer d’eux, de garder ses distances, de sauvegarder son indépendance. Alors là il avait failli s’énerver. Elle n’avait donc rien compris, cette dinde ! Puisque qu’il se tuait à lui dire depuis le début que c’était exactement le contraire, qu’il crevait de cette distance qui le séparait d’eux, de ce silence qui s’était installé entre eux et que c’était pour ça qu’il était venu la voir, pour qu’elle lui trouve une solution, pour qu’elle le délivre de sa malédiction. Alors ils s’étaient quittés froidement et il n’avait pas pris de nouveau rendez-vous. Et tout avait continué comme avant : le même malaise, le même silence, et les mêmes sempiternelles reproches : « - Tu nous méprises, tu ne nous dis jamais rien… » Quelquefois sa mère en arrivait presque aux larmes, elle lui disait : « - Ton père encore, je comprends. Ne crois pas qu’entre nous ça ait toujours été le grand amour. Il ne faut pas me confondre avec lui. Quand je l’ai épousé c’est parce que j’avais peur de devenir vieille fille… Mais dès que tu es né, j’ai compris que ce serait toi mon grand, mon unique amour. Tu étais si intelligent !… Et maintenant, pourquoi est-ce que tu ne me dis plus rien ?… » Il ne parvenait pas à répondre. Il ne parvenait pas par exemple à prononcer devant elle le nom d’un seul de ses camarades. Pourquoi le seul fait de prononcer leur nom lui aurait paru un acte obscène ? Alors ils avaient institué un code entre eux, un code selon lequel chacun était désigné par un surnom qui provenait soit du rôle qu’il avaient pu jouer dans l’un de ses spectacles comme « l’abbé » par exemple ou « la baronne » (souvenirs d’Il ne faut jurer de rien), soit de leur origine géographique : il y avait « celle du Mans », « le Tunisien » ou « celui d’Antony ». Quelquefois, faute de mieux, on se servait du nom de famille mais jamais au grand jamais le prénom, prononcer un prénom c’eût été comme se déculotter. Quant aux relations amoureuses, n’en parlons pas ! On faisait comme si ces choses-là n’existait pas. Elle devait bien essayer pourtant de savoir, sa mère ! Mais impossible. Il était bouclé, vissé, soudé, muré. D’ailleurs qu’y aurait-il eu à savoir ? Il ne se passait rien. Il continuait à s’abandonner au souvenir de Petra, lui écrivait, attendait ses lettres, vivait dans l’espoir de la revoir, tout en s’arrangeant pour laisser passer l’occasion chaque fois qu’elle se représentait. Ce qu’il aurait voulu au fond, c’était en trouver une autre qui lui aurait ressemblé mais qui n’aurait pas été elle. Il n’était pas très exigeant, il ne demandait pas la lune, simplement une petite jeune fille mignonne, désirable, normale quoi ! et qui, dans une soirée par exemple, l’aurait distingué parmi les autres, lui aurait souri quand il se serait approché d’elle. Mais ça jamais, jamais il n’avait pu l’obtenir ! Dès qu’une fille était un peu jolie elle en préférerait un autre, c’était réglé d’avance. Lui, il était le second choix, celui qu’elles prenaient quand elles ne pouvaient trouver mieux. Alors il fallait qu’il aille les pêcher aux Tuileries ou au Luxembourg au prix de sa dignité, parce qu’on avait l’air si stupide dans ces occasions-là ! Toujours la même entrée en matière : « - Alors on se promène ?… Vous allez loin comme ça ?… Est-ce que je peux vous accompagner ?… » La belle faisait d’abord semblant de ne pas entendre, et puis petit à petit se laissait apprivoiser. « - Vous avez souri ! Ne niez pas, j’ai vu que vous aviez souri… » (Vous connaissez la musique : Pierre Brasseur dans les Enfants du Paradis). La plupart du temps elles étaient étrangères, elles devait se dire que ce serait une façon pour elles d’apprendre le français et puis ce garçon après tout n’avait pas l’air très dangereux. Petra avait fait partie du lot. C’est pour ça qu’il n’avait pas voulu d’elle, parce que depuis le début leurs amours était entachées de cette ombre qui tenait à la façon dont ils s’étaient rencontrés et qui ne s’effacerait jamais. Seulement maintenant voici qu’il était seul, vraiment seul et il ne voyait pas comment la situation pourrait changer puisque la seule chose qu’il pouvait espérer c’était d’en rencontrer une autre de la même façon et alors tout recommencerait.<br />
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qu’elle l’envahissait complètement, qu’elle l’empêchait de penser à autre chose, de penser tout simplement, et qu’à cause d’elle il allait devenir idiot. Mais comment faire quand on a une seule idée en tête qui vous siphonne la cervelle en permanence ? Le seul moment pendant lequel il parvient à s’en évader c’est lorsqu’il travaille. Il a choisi son sujet de thèse sans trop réfléchir, en s’inspirant simplement de celui de son diplôme (on dit maîtrise aujourd’hui), qui reprenait lui même le sujet de l’exposé qu’il avait fait autrefois en licence, passant simplement de Balzac à Flaubert d’abord parce qu’il faut bien changer et puis parce qu’il y a été encouragé par la note obtenue à l’agrégation sur <em>l’Éducation Sentimentale.</em> Il est donc allé voir son vieux professeur, Monsieur Castex, celui qui avait dirigé son diplôme deux ans auparavant, et il lui a proposé un sujet qui porterait sur « l’univers des sensations et des objets dans les romans de Flaubert », en se disant in petto que cela lui permettrait de se consacrer dans un premier temps à faire l’inventaire complet de toutes les notations de lumière, de bruit, de matières, etc. (travail purement mécanique qui ne demande pas un génie particulier) et qu’il aurait toujours le temps de voir le reste après, le deuxième avantage étant que ce type de critique est fondé sur la seule étude du texte à l’exclusion de tout apport extérieur. Finies ces longues recherches biographiques, études de sources, de genèse ou de variantes qui avait été jusqu’ici l’ordinaire des thèses. La critique thématique est à la mode. Elle préconise un retour au texte. Le texte, rien que le texte ! Et par chance le père Castex, tout en étant lui-même le représentant emblématique de l’ancienne école, est tout à fait ouvert à ces nouvelles tendances. Le voici donc promu au rang de disciple privilégié, de nouvel espoir de sa génération. Son âge plaide pour lui, il n’a pas trente ans… Ce qu’il voit, lui, dans cette affaire c’est qu’il n’aura pas à aller à la Nationale, qu’il pourra simplement travailler chez lui avec le Livre de Poche. En vérité, s’il répugne à aller à la Nationale ce n’est pas par paresse mais par ignorance des démarches à accomplir. Il n’ose pas demander d’explications de peur que devant son ignorance on le prenne pour un imposteur, sentiment qui ne pourra, hélas, que s’aggraver avec le temps car plus les années passeront plus il lui deviendra impossible d’avouer qu’il vient pour la première fois, ce qui fait qu’il sera sans doute le seul universitaire à accomplir toute sa carrière sans pénétrer une seule fois dans ce temple sacré.
Le travail qu’il consacre à sa thèse lui permet en tous cas de combler les longs moments d’ennui dont ses journées sont remplies, car son statut d’agrégé fait qu’il n’a que quatorze heures de cours à accomplir, regroupées sur trois jours ! ce qui veut dire qu’il en reste quatre à combler. D’autant qu’il n’a jamais compris comment ses collègues, qui se plaignent d’être débordés, s’y prennent pour préparer leur cours. Lui, il ne prépare jamais rien. Là encore ce n’est pas par paresse, mais tout simplement parce qu’il ne voit pas ce qu’il pourrait faire. Pour lui, préparer un cours consiste simplement à prévoir le texte qu’il va expliquer aux élèves. Ensuite c’est sur place qu’opère le miracle. Car il s’agit véritablement d’un miracle ! Il suffit qu’il se concentre quelques secondes et puis il se met à parler et alors les idées viennent toutes seules, elles se pressent dans sa tête, l’une amenant l’autre, dès idées auxquelles il étaient très loin d’avoir pensé auparavant mais qui lui paraissent aussitôt avoir un tel caractère d’évidence qu’il les expose avec une clarté et un enthousiasme qui emporte la conviction de ses élèves. Ceux-ci sont ravis et véritablement subjugués de voir une pensée naître ainsi en direct devant eux. C’est un numéro de haute voltige dont ni eux ni lui ne se lassent. S’il avait préparé son cours ses idées n’auraient pas eu le même éclat, le même caractère d’évidence. Bien sûr il lui arrive parfois de reprendre ce qu’il a déjà dit dans une autre classe, mais alors il mime l’improvisation et c’est comme au théâtre, c’est à ses qualités de comédien qu’il fait alors appel. Il entre dans sa classe comme on entre en scène, avec le même petit frisson, car il n’est jamais sûr de réussir son numéro, même s’il ne l’a encore jamais raté jusqu’ici, et il a besoin de ce frisson. Il en ressort épuisé mais véritablement revivifié par tous ces visages tendus vers lui, qui montrent leur plaisir de boire sa parole.
Heureusement qu’il connaît cette jouissance-là parce que du côté du théâtre, du vrai, il lui a bien fallu déchanter. Le retour du service militaire a marqué une radicale rupture avec le passé. Toutes les troupes qu’il connaissait ont disparu, à part celle d’Ariane Mnouchkine où l’on retrouve encore quelques transfuges du Théâtre Antique, comme Philippe Léotard ou ses deux alter ego, Claude et François. Lui n’a jamais eu l’occasion d’approcher Ariane Mnouchkine jusqu’ici, il ne l’a jamais vue que de loin, une ou deux fois, peut-être simplement parce qu’il ne la trouvait pas attirante. C’est une femme sans âge (elle a pourtant été étudiante en même temps que lui) à la tignasse déjà grisonnante, le nez crochu, la taille épaisse. Elle a une façon doucereuse de parler qui l’exaspère. Pourtant, pendant son service militaire, il est allé voir un de ses spectacles, les Petits Bourgeois, et il a été réellement emballé (il se souvient d’Arthur Adamov dans les coulisses discutant avec elle après le spectacle, les yeux hallucinés). À son retour il a donc sollicité ses camarades pour qu’ils le fassent entrer dans la troupe et grâce à eux il a obtenu de jouer dans leur nouveau spectacle, une adaptation du Capitaine Fracasse. Léotard a écrit le texte et joue le rôle principal. Lui, sa participation sera plus modeste. Il doit se contenter de quelques apparitions de ci de là dans des personnages épisodiques, bien loin des rôles qu’il jouait naguère mais quoi ! l’important n’est-il pas de participer ? Le reste on verra après. Heureusement, dans la dernière scène, quand tous les personnages sont pris en otage par des pirates et emmenés en terre ottomane (épisode issu de la pure imagination de Léotard) il doit jouer le rôle d’un geôlier turc qui, tout en mastiquant son sandwich, surveille les malheureux et leur fait avec délectation le récit circonstancié des supplices auxquels ils seront soumis le lendemain. Et il a eu l’idée pour débiter son monologue d’imiter l’accent arabe. Ariane est enchantée. Elle adore. À chaque répétition elle rit aux éclats, elle en redemande, attirant même sur lui la jalousie de ses camarades qui commencent à se demander si ce surprenant succès ne va pas finir par leur faire ombrage. Il existe en effet dans cette troupe une terrible concurrence qui tient à la fois de la rivalité amoureuse à l’égard de la patronne et du soucis de carrière. Lui pourtant n’a aucune ambition de plaire à cette femme qu’il ne lui viendrait pas à l’idée de considérer comme désirable et en outre il vient de comprendre que la vie de comédien n’est pas faite pour lui. Les répétitions en effet sont interminables et assommantes. Il faut passer son temps à attendre le bon vouloir du metteur en scène et se soumettre à ses volontés (car si Ariane n’a que les mots « création collective » à la bouche elle ne conçoit en réalité ses spectacles que comme une œuvre personnelle à laquelle n’ont accès que les trois ou quatre privilégiés qui sont admis dans son intimité et dont évidemment il ne fait pas partie). Cette obligation de défendre à chaque instant sa place est épuisante. Il n’y a plus rien de la légèreté que l’on trouvait naguère dans les petites compagnies d’amateur qu’il avait fréquentées. Ici, plus que jamais, il ne comprend rien aux relations entre les gens, elles lui paraissent confuses, insaisissables. On s’aime, on se désire, on se jalouse, on se hait. Les non-dit, les sous-entendus, les arrière-pensées lui échappent, il se sent complètement perdu. Heureux ceux qui sont mariés comme Léotard ou Jean-Claude Pinchenat. Leur femme au moins les protège. Lui il est seul, il n’a rien, il navigue à vue dans ce maelström en tentant comme il peut de tirer son épingle du jeu. Alors, faire rire Ariane dans le rôle du geôlier, c’est toujours ça mais il sent bien que dans ce milieu il n’arrivera à rien.<br />
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Et puis au Théâtre du Soleil on fait la fête tous les jours, et le dimanche on part à la campagne car Ariane ne conçoit pas que l’on ait une vie privée. Ça tombe bien, il n’en a pas ! Seulement voilà, côté groupe, il n’a de véritable intimité avec personne. Pas même avec ses anciens camarades. François est dévoré par son ambition comme toujours, il espère reprendre le rôle de Léotard quand celui-ci sera parti (ce qu’il parviendra à faire, d’ailleurs, l’année suivante, quand Léotard se sera tourné vers le cinéma), Claude, toujours absorbé par ses problèmes, poursuit une interminable psychanalyse qui semble n’avoir aucun résultat. Il s’est trouvé pourtant une petite amie qui ressemble à un chat écorché et à qui personne n’aurait l’idée de faire attention s’il ne s’empressait de préciser à chaque fois qu’elle était avant de le connaître la maîtresse de Jean Eustache. François, lui, dans sa stratégie de conquête du rôle principal, est parvenu à séduire la jeune première de la troupe, une assez jolie fille, brave mais sotte, qui se contente de promener sur la scène son agréable silhouette. Il faut dire que les femmes n’ont pas la part belle dans cette troupe, Ariane ne s’entourant que d’hommes. Alors comment pourrait-il se débrouiller pour trouver celle qu’il cherche, qu’il ne cesse de chercher ? Il a bien eu l’esquisse d’une relation un soir, avec une toute petite jeune fille dont il ne sait même pas le nom ni ce qu’elle faisait là (elle doit s’occuper de photos ou quelque chose comme ça), mais les choses ne sont pas allées bien loin. Une autre fois, lors d’un week-end à la campagne, à la suite d’un problème de lits en nombre insuffisant, il s’est retrouvé à partager le sien avec une jolie blonde qui s’occupe des costumes et qu’il convoitait depuis longtemps. Mais comme il n’avait aucun droit sur elle et qu’ils s’étaient retrouvés là par hasard, il s’était demandé s’il pouvait se considérer comme autorisé à en profiter. Et quand enfin il s’y était décidé, après un long temps de réflexion, entreprenant sous les couvertures, une lente et timide progression de son pied vers sa jambe, il lui avait semblé qu’elle ne s’y dérobait pas. Mais alors, entendant le rythme tranquille de sa respiration, il avait compris que cette apparente complaisance n’était due en réalité qu’au fait qu’elle s’était endormie et que les mouvements de son corps, qui maintenant s’étant retourné vers lui se pressait contre le sien, n’était que des réflexes inconscients qui s’adressaient sans doute à celui dont elle était en train de rêver. Il avait continué malgré tout, mourant de peur qu’elle ne se réveillât, mais au petit matin elle semblait ne se souvenir de rien, tandis qu’il était épuisé par la nuit blanche qu’il venait de passer.<br />
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Il souffrait donc de son isolement tout en se réjouissant malgré tout de faire partie de cette troupe qui représentait à beaucoup d’égards ce qu’il aurait pu rêver de mieux pour animer sa vie. Cependant, quelques jours avant la première représentation de Fracasse, voici qu’Ariane lui déclare que finalement elle ne gardera pas la scène du geôlier. Ce n’est pas à cause de lui, non ! Elle le trouve excellent au contraire, mais ce dénouement décidément ne lui convient pas et elle a eu une autre idée. Il en est donc quitte pour se contenter des quelques apparitions qu’elle lui a confiées par ailleurs, en particulier, celle d’une caryatide, affublé d’un pot de résédas sur la tête, qui annonce l’arrivée des invités lors d’une réception chez le duc de Vallombreuse - rôle dans lequel il peut malgré tout faire valoir encore une fois le timbre flatteur de sa voix et qui marquera son ultime apparition sur une scène parisienne.<br />
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<br /><em>NB:Vous trouverez l'épisode précédent sous la rubrique "Le roman d'un homme heureux II" de Pierre Parlier
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toujours en vacances ! Et en plus il y en a qui vous envient ! Chaque fois, il faut qu’il trouve une nouvelle idée pour employer son temps car il ne peut tout de même pas toujours travailler à sa thèse ! Elle avance à une telle vitesse qu’elle sera bientôt terminée. Ça ne fera pas sérieux ! Une thèse c’est dix ans à tout le moins, cinq à la rigueur mais pas deux. Alors à Noël, à Pâques et surtout quand arrivent les terribles mois d’été, c’est la même angoisse. Heureusement il est encore en âge de s’inscrire à ces voyages d’étudiants où pour un prix modique on parcourt le monde à pied, en car ou à vélo. Peu lui importe le pays, ni le moyen de locomotion, la seule chose qu’il craindrait ce serait de se retrouver dans un groupe d’adultes. C’est qu’il en a croisé dans ses pérégrinations de ces groupes composés de familles, de couples, de retraités et ça, ça lui fait horreur. Avec des étudiants il se reconnaît, il ne perçoit pas encore la différence d’âge qui commence à se creuser entre eux et lui. Et puis surtout il peut espérer trouver la femme de sa vie, car en matière de femmes il n’aime que les jeunes, les très jeunes. Éva avait seize ans quand il l’a connue, Petra dix-huit. Au dessus de trente ans une femme le répugne, c’est une vieille, il ne peut imaginer le moindre contact sexuel avec elle. Et comme ces voyages sont réservés au moins de trente ans, au moins il est garanti de ce côté-là. Mais il voit s’approcher avec angoisse le moment où il aura dépassé la limite d’âge. Que fera-t-il alors ? Il ne voit aucune solution, c’est comme s’il s’approchait inéluctablement d’un abîme vers lequel l’entraîne un irrésistible courant et qu’il ne distingue aucune solution. En attendant il continue comme si de rien n’était en évitant de penser à l’avenir. Asie, Europe, Afrique, peu lui importe. Les pays traversés ne sont que des décors. La seule chose qui compte c’est le groupe. Quand il arrive, le premier jour, au rendez-vous fixé, en général il est catastrophé. Qu’est-ce qu’il est venu faire ici ? Toutes les filles sont moches, les garçons ont l’air complètement idiots ! Il a envie de repartir. Tant pis pour l’argent perdu. De l’argent il en a, il est au dessus de ça. Mieux vaut perdre de l’argent que de s’infliger cette épreuve… Et puis il reste tout de même, parce qu’il n’ose pas faire de scandale ou passer pour un fou et puis que ferait-il d’autre de toutes façons ?… Cependant, très vite, le deuxième ou troisième jour, un miracle s’opère : le groupe prend son rythme, accède à une sorte d’autosuffisance qui fait que plus rien n’existe autour de lui, c’est chaque fois pareil, on accède alors à une sorte de nirvana, on décolle comme si l’on avait échappé à la pesanteur de l’existence, et l’on commence alors à éprouver un ineffable sentiment de bonheur. Il retrouve cette légèreté d’être qu’il a connu au service militaire et en quelques autres occasions, qu’il identifie parfaitement désormais et qu’il sait ne pouvoir ressentir qu’en ces circonstances-là et à laquelle rien d’autre n’est comparable, qui vous offre par une sorte de grâce divine les seuls moments qu’il vaille d’exister… Malheureusement il sait que viendra tôt ou tard le moment du retour. Alors le groupe se dispersera pour toujours, quelque chose sera définitivement clos. Terrible expérience de la mort ! De tous ces voyages que lui reste-t-il en effet ? des bribes de souvenirs, des visages sur lesquelles il ne pourrait même plus mettre un nom et dont il ne sait même plus dans quel pays il les a croisés. Était-ce en Islande ou en Laponie, en Russie ou en Tunisie cette bonne sœur défroquée qui ne parlait que de sexe ou ce garçon qui collectionnait les disques de musique militaire et courait les boutiques pour trouver un enregistrement de la fanfare locale, ou cette jeune fille blonde qui se laissait caresser les seins dans les couloirs d’un l’hôtel démodé ?… De ses voyages il ne reste jamais rien. On jure de se revoir, on était si proche, si fraternellement lié ! c’était forcément pour la vie… et puis chacun reprend le cours de son existence. On échange quelques photos, quelques lettres, et puis les relations s’espacent, on cesse de se voir. Et quelquefois, des années plus tard, on se rencontre dans la rue et l’on peine à se reconnaître.<br />
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« - Si tu n’es pas content tu n’as qu’à t’en aller ! » lui disait son père qui finissait par ne plus pouvoir le supporter. N’en pouvait plus son père, se sentait exploité, humilié. « - Il me nargue ! » répétait-il. Exactement comme autrefois, quand il était revenu de la guerre et qu’il ne parvenait pas à empêcher son fils de pisser au lit. « - Il me nargue !… » et les gifles pleuvaient. Aujourd’hui les gifles ne pleuvent plus parce qu’il est devenu vieux. Il ne peut plus rien contre ce fils de trente ans, professeur agrégé au lycée de Chantilly, qui prépare une thèse dont il tape les pages à la machine tous les jours à son bureau. Tous les matins à sept heures il part à Villa-Coublay. Il compte les années qui le sépare de la retraite. Ses collègues sont tous des abrutis, des imbéciles ! On l’a mis au placard. Littéralement dans un placard ! Il y passe ses journées entières à écouter la radio ou à lire le Figaro qu’il annote en rouge de la première à la dernière page (c’est le moyen qu’il a trouvé, rappelez-vous, pour dialoguer avec son fils) ou à taper sa thèse - autre versant du dialogue qu’ils mènent entre eux car le fils n’écrit en réalité que pour lui et pour en parlant de Flaubert lui parler de lui, car ils crèvent tous les deux de ne pas se parler. Mais l’échange entre eux est impossible, il tourne aussitôt au vinaigre. À propos de n’importe quoi, de politique, de cinéma ou même d’une simple chanson qu’on entend à la radio il faut que systématiquement le père soit d’un avis opposé à celui de son fils, ce qui fait que le fils se demande si le ramassis d’imbécillités qui constitue le discours de son père (il est pour la peine de mort, pour que les femmes restent à la maison, contre les juifs, les arabes et les francs maçons) n’est pas tout simplement la reproduction en négatif de son propre discours à lui, encore tout emmiellé des idées de Mai 68 (car il a achevé sa métamorphose depuis le temps où dix ans avant il chantait la Marseillaise sur le Forum, il a définitivement « viré sa cuti » comme on disait là-bas mais dans l’autre sens). C’est peut-être lui au fond qui a engendré ce père là, car il ne peut pas à admettre que son père soit un salaud. Il sait bien qu’il ne l’est pas. Il l’aime pour sa souffrance, pour la longue humiliation qu’est sa vie, pour sa bêtise elle-même qui est la forme la plus extrême de fragilité. À la suite de quels chaos de l’existence en est-il arrivé là ? D’où cela remonte-t-il ? A-t-il été détruit par la guerre, à laquelle il ne fait jamais allusion (monter à l’assaut de Monte Cassino ça ne doit tout de même pas vous arranger le caractère) ou plus en deçà encore par la terrible découverte que sa mère ne l’aimait pas ? ou bien sa bêtise est-elle plus originelle encore, constitutive en quelque sorte, cette bêtise vénérée par Flaubert à l’égal de la sainteté ? C’est grâce à lui qu’il a appris à aimer Flaubert, à partager sa fascination pour les imbéciles, ces éternelles victimes, figures de l’innocence, boucs émissaires des âmes bien pensantes, éternellement voués à inspirer le mépris. Parce que les autres c’est tellement plus facile de les aimer !… Alors leurs disputes à propos de n’importe quoi tournent aussitôt au duel implacable. Les répliques volent en rafales jusqu’à ce que le père, à bout d’arguments, parte s’enfermer dans sa chambre en claquant la porte. Car hélas à ses joutes verbales c’est toujours le fils qui gagne, non parce que ses idées sont plus justes mais parce qu’il est plus habile dans le maniement des mots, il a le sens de la réplique qui fait mouche, il prend son adversaire à contre-pied, il joue avec lui, se joue de lui, comme le matador de son taureau, jusqu’à ce que la bête épuisée se laisse mettre à mort. C’est insupportable d’être le plus fort quand on a son père pour adversaire !… Alors le fils souffre sans doute davantage de sa victoire que le père de sa défaite. Et ils restent ensuite deux ou trois jours sans pouvoir se parler, déchirés, épuisés, jusqu’à ce qu’un nouveau sujet vienne les enflammer et qu’alors enfin tout recommence.<br />
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<br /><em>NB: Les épisodes précédents sont rassemblés sous la rubrique : "Le roman d'un homme heureux" II de Pierre Danger</em><br />
<br />http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2008/10/05/516-le-roman-dun-homme-heureux-ii-3-de-pierre-parlier#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/451Le Roman d’un homme heureux. II (4) de Pierre Parlierurn:md5:71100fb4ecd4ed6e51ac8abd328e46892008-10-04T12:18:15+00:002018-06-16T15:46:21+00:00EcritoireLe roman d'un homme heureux (II) de Pierre ParlierÉtait-il donc heureux cet homme heureux ou bien le titre est-il à prendre ironiquement ? <br />
Eh bien, aussi curieux que cela puisse paraître, il l’était réellement. Envers et contre tout. Au point que son plus fort désir, son seul désir en vérité, était que rien ne change, que rien ne vienne troubler cette monotone répétition du même qui l’arrachait à la fuite du temps. Car il y avait quelque chose de fascinant dans cet empilement de jours exactement semblables les uns aux autres où chacun n’est que l’exacte répétition du précédent. Qui n’a été frappé par ce phénomène de répétition qui fait que certains de nos gestes inévitablement se reproduisent à l’identique comme par exemple de se raser le matin (et toujours en commençant par la même joue) ou de se laver les dents selon un rituel fixé une fois pour toutes. Les mêmes gestes, dans le même ordre ! Qui peut prétendre, aussi aventureuse que soit sa vie, pouvoir échapper à ce phénomène ? Lui, il pensait que cela était impossible et de toutes façons il ne l’aurait pas souhaité. Dans cette répétition du même il y avait comme la réalisation d’un scénario longuement affiné par élimination de l’inutile et qui tendait ainsi vers une forme de perfection… Les mêmes gestes, à la même heure… Alors le passé et l’avenir n’existent plus, le temps n’est plus qu’un éternel présent. Pure jouissance d’exister ! Expérience absolue de l’immanence…<br />
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C’est alors que la catastrophe est arrivée. Sous la forme d’un coup de téléphone. Son directeur de thèse, Monsieur Castex, lui demande s’il serait intéressé par un poste d’assistant. « - À la Sorbonne ? - Non à Verriers. »<br />
Verriers est un chef lieu de département, dans le centre de la France, à trois heures trente de Paris. Il y a là une des plus vieilles universités du pays. Un poste va s’y libérer. Il a pensé à lui. « - Mais c’est que… - Vous avez une objection ? – Voyez-vous… il m’est difficile de quitter Paris… – Qui vous parle de quitter Paris ? Vos cours seront regroupés sur deux jours. Vous n’aurez qu’une nuit à passer là-bas. Tous vos collègues en font de même. – Alors évidemment, dans ce cas-là… » Il se verrait mal refuser, l’autre ne comprendrait pas. « - Je ne vous demande pas une réponse immédiat de toutes façons mais si vous êtes intéressé appelez de ma part Madame Grandon. C’est elle qui dirige le département de français. Et puis tenez-moi au courant. »<br />
<br />
Pourquoi a-t-il pensé à lui ? Pourquoi l’apprécie-t-il ? c’est ce qu’il s’est toujours demandé. D’ailleurs l’apprécie-t-il ? Chaque fois qu’il est allé le voir pour lui parler de sa thèse il l’a reçu dans son modeste appartement de la Porte Dorée, il l’a écouté sans rien dire et lui a fait simplement quelques remarques banales sur son travail en lui disant de continuer. Jamais une correction, jamais une objection, c’était presque trop facile. Et lui, il repartait à la fois déçu et content : content de ne rien avoir à refaire et déçu de ne pas susciter plus de commentaires. Peut-être qu’il s’en fiche au fond, tout simplement. Cependant comme il préside aux plus hautes instances universitaires et qu’il dispose d’un pouvoir considérable, malgré son allure de petit père tranquille, il l’a fait inscrire sur toutes les listes d’aptitude possibles, sans même qu’il ait à le demander et avant les échéances normales. Il n’a pas encore fini sa thèse qu’il pourrait déjà prétendre à un chaire professeur. « Liste restreinte » ça s’appelle. Du jamais vu à son âge ! En l’occurrence il ne s’agit pas d’une chaire mais d’un poste d’assistant. Et il n’a rien demandé une fois de plus ! Lui, il aurait tant voulu ne jamais quitter son lycée, ses chers élèves, surtout après les événements qu’on vient de traverser et qui ont remué l’établissement de fond en comble ! Au moment où l’on allait tout réinventer dans un grand élan d’enthousiasme, refaire les programmes, le règlement intérieur… Il va falloir qu'il quitte tout cela pour plonger dans l’inconnu ! Alors, la mort dans l’âme, il téléphone à Madame Grandon.<br />
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Madame le Professeur Grandon (c’est ainsi qu’on dit), Isadora de son prénom, habite quai des Orfèvres un petit appartement au plafond bas qui donne sur la Seine. Personnage impressionnant qui tient de la chanteuse Wagnérienne. Elle l’introduit dans cet espace trop étroit qu’elle emplit de sa stature et de sa voix et il ne trouve à s’asseoir que sur un petit pouf dont elle doit se servir quand elle est seule pour poser ses pieds. Et là, elle entame devant lui un monologue éblouissant dont il comprend très vite qu’il serait illusoire de vouloir l’interrompre. Les sujets s’enchaînent les uns aux autres : le rôle de la femme dans la religion musulmane (sur laquelle elle en sait plus, dit-elle, que tous les imams réunis), la Résistance (à laquelle elle a participé), la misogynie de la société actuelle qui lui interdit d’accéder à l’Institut. Tout ceci n’a pas le moindre rapport avec l’objet de sa visite. Mais comment l’arrêter ?<br />
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Cependant, à un moment, elle s’interrompt et, l’œil fixe, elle le regarde droit dans les yeux : « - Avez-vous lu Platon ? – C’est-à-dire… - Il faudra que d’ici la rentrée que vous ayez lu Platon. Il n’est pas possible d’enseigner sans avoir lu Platon. » Il se demande avec angoisse à quel moment il pourra le faire car il a déjà plusieurs projets de vacances mais le temps d’y réfléchir et le monologue est déjà reparti. Il aurait bien voulu poser des questions sur ce qu’on allait lui demander là-bas, dans cette université où il sera censé enseigner, car il n’en a aucune idée, mais il est décidemment impossible d’en placer une. Il s’efforce simplement de prendre un air convaincu en l’écoutant tout en jetant au dehors des regards inquiets. Le paysage qu’on peut apercevoir par la fenêtre ressemble à un tableau de Marquet : la Seine, le quai Saint-Michel. Il constate avec angoisse que le jour commence à tomber. Les réverbères sont allumés. Et elle parle toujours. Comment va-t-il pouvoir interrompre ce flux verbal pour prendre congé ? Depuis combien d’heures est-il là ? Il a de plus en plus mal au dos sur son pouf. Et toujours cette obligation d’opiner du chef, d’acquiescer en prenant un air pénétré ! Elle jouit visiblement d’avoir un interlocuteur à sa merci, s’étalant, se rengorgeant. Dans tout ce qu’elle raconte il n’est question que d’elle, de l’admiration qu’elle suscite, de ses faits d’arme, des articles qu’elle a écrits. Elle apparaît toujours en redresseuse de torts ou en victime… Elle en était à parler de l’interprétation radicalement neuve qu’elle venait de faire d’un poème de Valéry auquel personne n’avait jamais rien compris parce que personne n’avait pensé jusqu’ici à le rapporter à un théorème de mathématique qu’elle était seule à connaître (car elle est aussi experte en mathématiques) quand soudain elle s’interrompt : « - Mais sauvez-vous vite, il est l’heure de vous en aller. » Il ne se le fait pas dire deux fois, se confond en remerciements et se retrouve bientôt sur le trottoir du quai des Orfèvres la tête bourdonnante. Au fait, lui a-t-elle donné son accord pour ce poste ? Oui, sans doute. Elle ne le lui a pas signifié clairement mais cela tombe sous le sens. Alors il rentre chez lui pour l’annoncer à ses parents.<br />
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Est-ce un signe du destin ? Verriers est la ville où son père, quand il avait dix-huit ans, avait été envoyé comme pensionnaire pour tenter de passer son bac. Le lycée en effet s’était fait une spécialité de récupérer les cancres les plus invétérés. Il était connu pour cela dans toute la France. Mais il avait rencontré à cette occasion son premier échec car son père, dont la seule activité avait été d’aller se promener dans le parc municipal, s’ennuyait tellement dans ce lycée qu’il avait pris l’initiative au bout de quelques temps de repartir chez lui sans prévenir personne. Cette nomination c’est donc sa revanche. Son fils enseignant en Faculté dans la ville même où il n’avait été lui-même qu’un cancre incapable de passer son bac ! « - Tu vois, lui dit la mère, tu devrais être en fier au lieu de toujours te plaindre de lui ! » Fier, il l’est en effet, fier comme Artaban ! Mais il cache cette fierté par pudeur derrière un grand éclat de rire. Il en est devenu tout rouge, il en a les larmes aux yeux. Quelle facétie du destin tout de même !… Et l’on décide de partir tous ensemble le dimanche suivant pour aller visiter les lieux.<br />
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<br /><em>NB: Les épisodes précédents sont rassemblés sous la rubrique: "Le roman d'un homme heureux" II
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<br />http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2008/10/04/528-le-roman-dun-homme-heureux-ii-4-de-pierre-parlier#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/463Le Roman d’un homme heureux. II (5) de Pierre Parlierurn:md5:15e9dad357903f16d0a260aa4701aa882008-10-03T22:17:33+00:002018-06-16T15:46:21+00:00EcritoireLe roman d'un homme heureux (II) de Pierre ParlierUn dimanche de Juin… Verriers ne lui est pas tout à fait inconnu, il y a passé deux jours il y a quelques années lors d’une tournée des<em> Perses</em> avec le <em>Théâtre Antique</em>. Il se souvient du car qui était venu les chercher à la gare pour les mener en ville par un boulevard qui montait en épingle, et puis la ville perchée sur un plateau. Il se souvient des petites ruelles et d’une grande place où se réfugie l’animation de la ville. Ils étaient allé y prendre un verre avec François et Claude avant de visiter une église romane…<br /><br />Il reconnaît vaguement aujourd’hui les endroits qu’il a déjà traversés. Ce sont comme des cartes postales tombées d’un vieil album. Mais on est dimanche cette fois-ci et la ville est vide. Et puis ses camarades ne sont plus là, le Théâtre Antique n’existe plus. L’angoisse lui noue la gorge tandis que sa mère s’extasie. « - Avec la situation que tu auras tu pourras être reçu dans les meilleures familles ! Tâche d’en profiter pour te faire des relations. » Son père tient à leur faire visiter son ancien lycée, une grande bâtisse austère qui suinte la solitude et l’ennui, tout à fait à l’image de la vie qu’il dit y avoir menée. Mais elle se moque de lui : « - N’exagère rien ! Tu n’y a passé que trois mois. – Oui, mais ce sont trois mois qui comptent ! – Tu n’étais qu’un bon à rien, voilà tout. Ce n’est pas comme ton fils ! Assistant ! tu te rends compte… » Le fils est accablé. Il pense à son joli lycée, blanc comme un château de conte de fée, aux moments de bonheur qu’il y a passés. Ici tout est gris. Et ces ruelles étroites ! cette grande place vide ! On a repéré l’hôtel où il pourra descendre quand il viendra passer la nuit une fois par semaine. Une fois par semaine !… Ce sera bien le bout du monde.<br /><br />Après cela il y a eu l’été, Avignon, Mai 68 revisité, Vilar, Béjart, et puis les amours toujours inaboutis. Et au retour la rentrée s’est faite sans lui. Son lycée devait être sens dessus dessous, les AG succéder aux forums de discussions, les élèves, les collègues en ébullition… Lui, pendant ce temps, il remplissait des papiers pour régulariser son détachement. Ainsi la chose est faite, il est assistant ! La convocation arrive fin octobre. Entre temps il a lu un petit livre sur Platon, à tout hasard. <br /><br />Ça pourrait commencer comme un roman de Balzac : <em>Par un soir pluvieux de Novembre un jeune homme vêtu de gris s’approcha d’un taxi qui attendait près de la gare et demanda qu’on le conduise à l’hôtel des Trois Piliers…</em><br />Le portier de l’hôtel avait un visage de vieux gamin et portait un gilet rouge à brandebourgs dorés. Il le conduisit à travers des couloirs qui lui parurent immenses jusqu’à une chambre haute de plafond et froide comme un tombeau où il l’abandonna après lui avoir déposé dans la main une clé attachée à une grosse étoile de cuivre. Épuisé par l’émotion il se coucha sans plus attendre. Les draps étaient lourds et froids. Il avait envie de pleurer. Ses pensées tourbillonnaient dans sa tête comme des mouches. C’était la première fois qu’il se sentait aussi seul depuis que ses parents l’avaient laissé voici quelques années pour partir à Paris. Il se souvenait de ces jours de flottement dans un espace irréel qui n’était plus celui d’une vie appartenant désormais au passé et pas encore celui d’un avenir qui lui était inconcevable, un espace intermédiaire entre la vie et la mort où la conscience n’est plus que conscience de son propre néant.<br /><br />La Faculté des Lettres se trouve dans un hôtel Renaissance en haut d’une ruelle bordée de façades médiévales. Des bâtiments entrecoupés de jardins. Un petit if, quelques rosiers, une glycine… Il pensait trouver, comme à son lycée, une foule de collègues bavardant joyeusement et se racontant leurs vacances. Quand il pousse la porte il ne trouve qu’une petite dizaine de personnes assises autour d’une grande table qui se retournent à peine vers lui quand il entre. Madame le Professeur Grandon est bien là, il la reconnaît aussitôt, elle lui sourit distraitement mais ne fait guère attention à lui, poursuivant une conversation particulière avec un petit vieillard au regard malicieux qui l’écoute en serrant contre son oreille un appareil auditif. Les autres parlent également entre eux. Alors il se dirige discrètement vers une chaise vide et s’assoit sans se faire remarquer. Tous ces personnages l’impressionnent : ce sont des « profs de fac » c’est-à-dire qu’ils appartiennent à cette espèce dont dépendait son sort il n’y a guère encore et il ne parvient pas à réaliser qu’il a franchi la barrière et se trouve désormais parmi eux. Ce n’est pas Mme Grandon qui prend la parole comme il s’y attendait mais une dame d’allure plus jeune qui après avoir souhaité la bienvenue à tout le monde et salué la présence d’un nouveau collègue (il a droit à quelques sourires) se lance dans des considérations d’ordre pratique concernant les horaires et les salles. Chacun prend de notes pour ce qui le concerne tandis que Madame Grandon affecte de se désintéresser complètement de la question en continuant à bavarder avec son collègue dur d’oreille (il apprendra ensuite qu’elle a été contrainte de démissionner de ses fonctions de directrice de la section à la suite des événements de Mai et qu’elle en a conçu quelque amertume).<br /><br />Chacun reçoit successivement ses horaires par ordre hiérarchique et quand arrive son tour, forcément en dernier, l’aimable dame lui demande quel jour ils désirerait venir. Il ne s’attendait pas à cette question, une telle complaisance le stupéfie. Il se répand en protestations et balbutie sans parvenir à trouver une réponse. Alors, venant à son secours, elle réfléchit avec lui sur ce qui lui conviendraient le mieux, compte tenu des horaires de trains (que tout le monde ici a l’air de connaître par cœur) et finalement lui fixe un emploi du temps qui lui permettra, lui dit-elle, de partir de chez lui le mardi matin par le train de huit heures et de revenir le mercredi par celui de dix-sept heures. Quant au contenu des cours il aura deux œuvres à traiter : un roman de Balzac, qu’il connaît déjà par cœur, et Madame Bovary. Autant dire qu’il n’aura rien à faire ! Cinq heures de cours par semaine, et le reste du temps ? C’est effrayant. Cependant il ne peut pas se plaindre ! Qui se plaindrait ? Les cours commencent dans quinze jours. D’ici là… <br /><br /><em>NB: Les épisodes précédents sont sont rassemblés sous la rubrique "Le roman d'un homme heureux" </em><br /><br />http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2008/10/03/537-le-roman-dun-homme-heureux-ii-5-de-pierre-parlier#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/471Le Roman d’un homme heureux II (6) De Pierre Parlierurn:md5:639b33f388f7f469d64f1376968fed102008-10-02T18:05:57+00:002018-06-16T15:46:21+00:00EcritoireLe roman d'un homme heureux (II) de Pierre Parlier<font face="Times">
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><o:p><font face="Times"> </font></o:p><span style="FONT-FAMILY: 'Georgia','serif'; mso-bidi-font-family: Times">La vie continue… c’est-à-dire cet empilement monotone de journées toutes semblables.</span></p>
</font> <p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><font face="Times"></font></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><font face="Times"></font></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><o:p><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Times"></span></o:p><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Times">Le seul moment où il ressent une certaine légèreté d’être c’est le dimanche quand il retrouve ses amis. Car ils ont fini par former une petite bande et tous les dimanches ils vont à la campagne chez les parents de Claude qui possèdent une maison près de Pontoise entre forêt et champs. Il y a là François, Christian, Claude, ses deux sœurs, Sylvie, la disgraciée, et Annie, la belle, qui écrit dans <em><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Times; mso-bidi-font-style: normal">Mademoiselle Âge Tendre</span></em>. Elle a fini par se joindre à eux et ils n’en sont pas peu fier. Un dimanche matin il est passé la prendre chez ses parents à Paris parce qu’elle lui avait demandé de l’emmener dans sa voiture et il l’a trouvée au lit avec son amant. Pendant qu’elle s’habillait celui-ci la regardait, hilare, tandis qu’elle tentait d’obtenir de lui un prochain rendez-vous. Et lui, visiblement, noyait le poisson, répondait à côté, se défilait. La scène était très pénible pour un observateur extérieur. On avait l’impression d’assister à un film. Bref elle avait fini par s’en aller presque au bord des larmes et sans même avoir pu obtenir de savoir quand il pourrait lui rendre ses clés (« - Tu n’oublieras pas de fermer la porte en partant, n’est-ce-pas ? ») tandis qu’il continuait à se prélasser tout nu dans le lit. Ils avaient roulé ensuite dans sa Frégate et elle lui avait raconté que ce type était un salaud, un vrai truand, un homme dangereux qui se baladait avec un flingue dans la poche, et il en avait conçu encore plus d’admiration pour elle, se sentant flatté de se retrouver en tête-à-tête avec cette ravissante blonde qui écrivait dans <em><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Times; mso-bidi-font-style: normal">Mademoiselle Âge Tendre</span></em> et sortait avec un type armé d’un flingue. Mais elle lui en paraissait, hélas, d’autant plus inaccessible. </span><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Times">Cette maison des parents près de Pontoise, c’est une sorte de rêve, un vrai décor de conte de fée : Une maison toute en vieilles pierres avec un grand salon, une vaste cheminée, une cuisine rustique. Tout y est raffiné, original, à la fois luxueux et chaleureux. La moindre chose l’émerveille, la couleur des rideaux, les fenêtres à petits carreaux, les dalles en céramique dans la cuisine, la batterie de casseroles en cuivre qui pend au dessus de l’évier, l’escalier à rampe de bois qui monte à l’étage. Décor idyllique pour famille idyllique. Que ne peut-il en dire autant de chez lui où tout est si vieux et si triste ! C’est une vraie providence cette famille, un bonheur tombé du ciel, d’autant qu’on est loin du triste accueil du premier jour, quand les parents avaient fait une tête d’enterrement en les voyant. Non, sans qu’il comprenne très bien pourquoi (cela fait partie des nombreuses choses qu’il ne comprend pas) le père est aussi aimable maintenant qu’il avait été glacial au début. Il les accueille chaque dimanche avec de grandes démonstrations d’amitié, appelle tout le groupe sans distinction « les agrégés » en raison de ses diplômes (son fils, lui, a abandonné ses études pour faire du théâtre, Sylvie passe son bac et Annie a renoncé à passer le sien). Avec eux il y a aussi Élisabeth, la nouvelle petite amie de Claude, une blonde languide d’origine polonaise qui parle d’une façon si douce qu’on l’entend à peine. Son père, paraît-il, est « ministre plénipotentiaire », ce qui impressionne beaucoup tout le monde parce qu’on ne sait pas au juste ce que c’est. Christian est toujours le petit ami de Sylvie, du moins formellement, depuis ce fameux premier séjour où ils ont été si mal accueillis et elle s’accroche à lui avec l’énergie du désespoir. Un curieux personnage, d’ailleurs, ce Christian, bien de sa personne, dandy, très à l’aise, toujours gai, toujours aimable mais avec des côtés déconcertants : il leur raconte par exemple qu’il joue au rugby depuis son enfance et qu’il s’y est cassé deux dents et abîmé un oeil. Un jour aussi il lui a demandé, comme ça, tout crûment, alors qu’ils étaient train de descendre tous les deux le boulevard Saint-Michel, s’il ne serait pas tenté d’avoir avec lui une expérience homosexuelle. Il a refusé bien sûr. Il déteste l’idée même de l’homosexualité parce que ce serait pour lui une pure et simple lâcheté, une façon de fuir la peur que lui inspire les femmes et de tricher avec les règles de la nature, mais l’autre prétendait qu’il ne fallait refuser aucune expérience intéressante. La conversation a tourné court et ils en sont restés là. Mais ils sont demeurés amis tout de même et se voient maintenant de plus en plus souvent. Ils vont ensemble plusieurs fois par semaine au <em><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Times; mso-bidi-font-style: normal">Tabou</span></em> jusqu’à des quatre heures du matin et ensuite restent à bavarder dans un café en attendant le premier métro (car Christian habite Antony). Celui-ci en profite pour lui lire des poèmes qu’il a écrit en lui disant qu’il les trouve si beau qu’il n’arrive pas à croire qu’ils sont de lui et lui se demande comment on peut être assez vaniteux pour sortir des choses pareilles, d’autant que ses poèmes ne sont qu’un salmigondis informe de mots qui n’ont aucun sens. Christian lui a raconté aussi que le père de Sylvie l’avait « convoqué » (c’est le terme qu’il a employé) pour lui demander conseils à propos de sa fille. Il s’inquiète de l’état de perpétuelle angoisse dans lequel elle se trouve et Christian lui a répondu qu’en effet il n’était pas exclu qu’elle tente un jour de se suicider. Il est très fier de cette conversation « entre hommes » et se pose en sauveur d’âmes.</span><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Times">Le dimanche matin, donc, quand ils arrivent, les uns en train, les autres en voiture, tout le monde part monter à cheval dans la forêt de l’Isle Adam. Le père est propriétaire d’un étalon qu’il a mis en pension dans un club hippique dont le directeur, M. Magloire, déplore chaque fois que les « agrégés » - c’est ainsi qu’il les appelle communément lui aussi à l’imitation du père - ne consentent pas à revêtir l’équipement réglementaire (bottes et culottes de cheval). Mais eux s’y refusent obstinément. Ils y mettent un point d’honneur. Ils continueront à monter avec leur jean et leurs baskets. Ne sont-ils pas des rebelles ! Pas de concessions à l’ordre bourgeois !… Et le pauvre M. Magloire, qui n’a rien à refuser au père, est obligé de supporter chaque dimanche cette bande de charlots qui déshonorent son club. Alors il se venge en leur donnant les canassons dont personne ne veut : les plus vieux, les plus moches, les seuls de toutes façons qu’ils seraient capables de monter car il faut dire qu’ils n’y sont pas très experts, tandis que le père, lui, a fière allure sur son étalon dont personne d’autre ne pourrait contenir la fougue et dont les sabots ricochent sur les pavés en faisant des étincelles. Pourtant, un jour, ce fou de François – c’est tout à fait lui, ça ! - lui demande, en prenant son air d’ahuri, comme il sait si bien faire, de lui permettre de l’essayer. Et le père y a consenti ! Tout le monde en riait d’avance. Il a tenu pourtant, dans des postures incroyables, cramponné à la crinière. Et Claude le regardait en roulant des yeux. Des semaines après on en parlait encore. De même parfois François, qui n’a peur de rien, se permet de prendre la belle Annie par l’épaule – histoire de rire – et elle rit en effet et le laisse faire ! mais cela ne dure jamais bien longtemps.</span><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Times">Après la promenade, tandis que le père part rejoindre sa femme dans la maison, la bande des « agrégés » s’en va festoyer dans une auberge. Le repas dure souvent toute une partie de l’après-midi. Moment délicieux ! On parle de soi, on se répand en réflexions sur la vie, sur la politique. On parle surtout du père bien sûr ! Comment peut-on être aussi bourgeois ! comment peut-on avoir des idées aussi réactionnaires ! S’il croit qu’il va nous impressionner ! Mais comment pourrait-il impressionner qui que ce soit ce petit homme qui ressemble à Pasquali (un acteur comique de l’époque). On se moque de lui, de sa casquette, de sa veste en tweed. Seule Sylvie tente de prendre sa défense et Claude se contente de rouler des yeux. </span><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Times">Après le repas on retourne dans la belle maison. Le père demande alors à son fils de faire du feu. Piège attendu ! Chaque dimanche c’est la même chose ! Tout le monde sait que ce pauvre Claude est incapable de faire du feu. Il a beau recommencer dix fois, ça ne prend pas. Il use toute la réserve de vieux journaux et toutes les allumettes jusqu’à ce que le père finisse enfin par s’en mêler en disant que dans sa jeunesse, quand il habitait la ferme de ses parents, celui qui n’aurait pas su faire du feu en aurait été réduit à se geler tout l’hiver. Parce qu’il n’y avait pas le confort moderne qu’on connaît aujourd’hui, de son temps ! il fallait savoir se débrouiller… Il manie la pincette avec une habileté de chirurgien, dispose ce qu’il reste de journaux au fond de l’âtre, dépose par dessus le petit bois, et bientôt, à la grande admiration de tous, les flammes s’élèvent. Le fils roule des yeux. Alors le père demande aux « agrégés » d’aller scier du bois dans le jardin et de ramener des bûches (c’est là qu’un jour Claude leur a annoncé qu’il était impuissant). Quand ils reviennent, le père est installé devant la cheminée à faire chauffer ses bottes. Il lit le <em><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Times; mso-bidi-font-style: normal">Figaro</span></em> tandis que la mère prépare déjà le repas du soir. « - Vous resterez bien dîner avec nous ? - Nous ne voudrions pas déranger… - Allons, allons, chez moi, c’est l’auberge espagnole !… » On se répand en remerciements. La mère, elle, ne dit rien, elle est aussi maussade que son mari est gai. On ne peut jamais lui tirer un sourire. De quel amour blessé souffre-t-elle en secret ? On n’a jamais pu éclaircir ce mystère. On s’est habitué finalement à l’oublier. À part Sylvie qui va l’aider à la cuisine. Tout le groupe s’est rassemblé autour de la cheminée où le feu flambe maintenant joyeusement et là commence une interminable discussion politique. Car c’est un passage obligé, le moment que tous préfèrent. Le père est de droite, la totalité du groupe fait bloc contre lui. Car les « agrégés » sont tous de gauche, c’est à qui sera le plus radical, le plus révolutionnaire, le plus nihiliste. Les esprits s’échauffent. Le père parle de sa jeunesse paysanne. En ce temps-là on savait se débrouiller tout seul et ce qu’on obtenait c’était par son travail. On ne passait pas son temps à brasser de grandes idées, on avait le goût des choses simples. Ah ! la joie du sabotier sculptant son sabot !… On se récrie, le ton monte. Soyons réaliste, demandons l’impossible. Sous les pavés la plage… « - Ah ! vous me la baillez belle, les agrégés ! En attendant heureusement que vous avez vos parents. Esther ! (sa femme s’appelle Esther) remet des pommes de terre au feu puisqu’il faut les nourrir. Vous restez, n’est-ce pas ? » Elle se contente de maugréer</span><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Times">En attendant le dîner on a encore le temps d’aller voir le voisin, un multimilliardaire dont la maison fait trois fois celle du père et le parc se prolonge jusqu’à la forêt. Il a aussi un appartement dans l’Île Saint-Louis, juste au dessous des Pompidou. Mais il n’est presque jamais en France, il voyage pour affaires. Toujours en déplacement. Quand il n’est pas là sa femme passe son temps à l’attendre en lisant <em><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Times; mso-bidi-font-style: normal">Jour de France</span></em>. On dit qu’il la trompe à tour de bras. C’est une grosse femme assez vulgaire. Lui aussi est gros et peu démonstratif. Quand par hasard il est là il ne se prête guère aux protestations d’amitiés du père qui le tutoie et lui donne des bourrades au nom de leur vieille amitié car ils étaient à l’école ensemble. Le père a acheté cette maison pour être son voisin. Le milliardaire a deux filles et on se moque de Claude parce qu’il était prévu qu’il en épouserait une. Mais hélas elles sont devenues moches en grandissant et en outre il paraît qu’il y en a une qui est devenue lesbienne.</span><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><o:p><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Times"> </span></o:p><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Times">Quand il rentre à Paris, il fait déjà nuit. Il est saoul de rires, de grands mots et de grand air. Il gare sa grosse Frégate sur le plateau Beaubourg, totalement désert à cette heure, regagne sa maison en se dépêchant parce que le quartier n’est pas sûr. Ses parents sont déjà couchés et bien qu’il fasse le moins de bruit possible, il entend sa mère se retourner dans son lit. Elle l’attendait pour s’endormir.</span><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><em><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Times">NB: Les épisodes précédents sont rassemblés sous la rubrique " Le roman d'un homme heureux".(II)</span></em><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoHeader" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"> </p>Le Roman d’un homme heureux, II (7) de Pierre Parlierurn:md5:220ed160e077cf36da32a1af6537e42b2008-10-01T18:57:42+00:002018-06-16T15:46:21+00:00EcritoireLe roman d'un homme heureux (II) de Pierre Parlier<font face="Times">Sa vie ressemble à un puzzle. Elle est faite de fragments disjoints qui peinent à s’encastrer</font> <p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><font face="Times">ensemble : il y a les dimanches chez les parents de Claude, les soirées chez Ariane Mnouchkine, les nuits au <em style="mso-bidi-font-style: normal">Tabou</em>, et puis les jours où il va faire ses cours et ceux où il reste tout simplement travailler chez lui pour poursuivre la rédaction de sa thèse qui avance page après page, inexorablement, et puis les rendez-vous avec André, qui enseigne maintenant dans un lycée de la porte de Vanves, ou avec Anita qui prépare à son tour l’agrégation et enseigne en tant que professeur certifié dans un lycée de la banlieue. Il adore errer avec elle dans les rues de Paris. Ils vont se promener du côté du Jardin des Plantes s’arrêtent pour prendre un thé à la Mosquée, repartent vers la rue Mouffetard. Ils parlent littérature. Il s’est toujours demandé quelle était la nature des liens qui l’unissaient à elle. Il faut dire que c’est une drôle de fille, au physique démodé. Elle ressemble un peu à une gravure ancienne avec son épaisse chevelure qu’elle ramène en chignon au dessus de sa tête, son nez bourbonien, sa petite bouche en forme de cerise. Elle n’est pas jolie au sens classique du terme, mais elle a un charme fou. Son regard est tendre, toujours un peu las et un peu ironique, sa voix fluette monte dans l’aigu quand elle se moque, car elle a l’ironie facile. Elle pourrait être une de ces romancières anglaises comme Jane Austen, George Eliot ou Katherine Mansfield, telles qu’il se les imagine. D’ailleurs elle ne parle que littérature. Elle a fait un mémoire sur Mallarmé à partir du manuscrit d’<em style="mso-bidi-font-style: normal">Igitur</em> qu’elle a déniché chez un vieux collectionneur américain, elle écrit présentement une biographie de Régis Messac, un auteur de science fiction. Car la littérature d’anticipation est sa nouvelle passion. Elle est comme ça : elle a des marottes, des emballements, des idées arrêtées sur tout… Et ils continuent à se vouvoyer. Depuis le temps ! Elle ne tutoie personne à part André à qui la lie une amitié plus profonde sans doute que la leur, en tous cas plus ancienne. C’est grâce à lui qu’il l’a connue et il en est un peu jaloux. Qu’a-t-il de plus que moi, se dit-il, ce provocateur, ce pornographe, sale, dépenaillé, elle si délicate ?… Ce qui les unit c’est leur intelligence bien sûr ! Car il les juge tous les deux bien plus intelligents que lui. Cependant ce sont eux qui l’admirent ! Ils admirent sa voix, sa façon de parler (Anita l’appelle « le marteau-piqueur : on ne peut plus vous arrêter quand vous vous y mettez ! ), ils admirent son autorité. Pourquoi n’a-t-il jamais eu de liaison amoureuse avec elle ? C’est ce qu’il se demande parfois. Peut-être parce qu’il ne la trouve pas jolie, cependant il se sentirait bien près parfois d’en tomber amoureux. Et elle ? cache-t-elle son jeu ? Ne serait-elle pas secrètement attirée par lui ? C’est ce qu’il se demande parfois. Il se dit qu’elle n’attend peut-être qu’un mot… Mais non, ils se sont réfugiés une fois pour toutes dans la mystique d’une amitié purement cérébrale. D’ailleurs elle a une conception très exclusive de l’amour, elle prétend qu’elle quitterait un homme sur le champ, quelque soient ses sentiments pour lui, si elle avait connaissance de la moindre infidélité de sa part. Voilà qui n’est guère encourageant ! Et puis il vient de se passer quelque chose dans sa vie. Une de ses élèves est venue la voir à la fin d’un cours et lui a fait une déclaration d’amour enflammée. Elle avait un ton si péremptoire et définitif qu’Anita s’est laissée circonvenir et elles se sont vues en dehors du lycée. Et voici que maintenant elles en sont venues à habiter ensemble ! Anita jure qu’elle n’aurait jamais imaginé cela, qu’elle n’a aucun goût pour les femmes mais qu’elle n’a pu résister à cette passion, à la détermination de cette adolescente. Elle la lui présente quelques jours plus tard. C’est un petit personnage étrange qui ressemble à Marcel Proust. Et d’ailleurs Proust est leur commune passion à tous les trois. Maintenant leur principal jeu quand ils sont ensemble consiste à se poser des colles sur <em style="mso-bidi-font-style: normal">la Recherche du Temps Perdu</em> afin de savoir lequel des trois en a la connaissance la plus intime : Quel est le prénom de la duchesse de Guermantes ? celui de son mari ? Comment s’appelle la maîtresse de Saint-Loup ?… </font></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><o:p><font face="Times"> </font></o:p></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><font face="Times">Les morceaux d’un puzzle… comment pourrait-il les faire coller ensemble ? Il n’y aucun rapport entre eux. Anita et André ne connaissent pas Claude et ses sœurs et d’ailleurs qu’auraient-ils à se dire ? Quant à ses parents ils ne connaissent ni les uns ni les autres. Quand il leur parle d’eux c’est en utilisant des surnoms : André devient « le tunisien », Christian « celui d’Antony », etc. Quant à Verriers c’est un autre monde. Chaque semaine il prend le train gare d’Austerlitz. Trois heures et demi de trajet dans un vieux wagon à compartiments. Sa mère lui a préparé deux sandwichs, l’un au jambon l’autre au fromage, enveloppés dans du papier d’aluminium, qu’il mange aussitôt installé à sa place. Ensuite il n’a plus qu’à les digérer en somnolant ; il regarde défiler le paysage qu’il connaît par cœur, le plus souvent noyé dans la brume. Il pense à Petra, échafaude les scénarios par lesquels il pourrait aller la retrouver, puis se rappelant les moments qu’ils ont passés ensemble il pleure en pensant à elle, au bonheur perdu par sa faute, à la vie qu’ils auraient pu avoir si elle était devenue sa femme, et les larmes coulent le long de ses joues. Il pleure et somnole ainsi jusqu’à ce que le bruit des freins le réveille. Un petit cimetière à flanc de coteau signale l’approche de la gare. Sur le quai, des postulants à la suite du voyage attendent, leur valise à leurs pieds. Ils vont s’embarquer pour Bordeaux ou pour l’Espagne. Pour lui c’est fini, c’est ici qu’il descend.</font></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"> </p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><em>NB Les épisodes précédents sont rassemblés sous la rubrique " Le roman d' un homme heureux" II</em></p>http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2008/10/01/555-le-roman-dun-homme-heureux-ii-7-de-pierre-parlier#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/481Le Roman d’un Homme Heureux. II (8) de Pierre Parlierurn:md5:925c92c17fb1de055ec3a8d352bee7872008-09-30T17:53:08+00:002018-06-16T15:46:21+00:00EcritoireLe roman d'un homme heureux (II) de Pierre Parlier<font face="Times">On accède directement à la Faculté des Lettres depuis la gare par un long et sinistre</font> <p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><font face="Times">boulevard qui longe la voie ferrée. Un escalier à droite et c’est la vieille ville. Ses cours ont lieu dans un ravissant petit hôtel Renaissance en haut d’une ruelle en pente. Quand il arrive dans sa salle, les étudiants sont déjà là, leurs cahiers posés devant eux. Ce qui l’a frappé au début c’est leur calme. Ici pas de discipline à faire comme au lycée, pas besoin de se battre pour obtenir le silence. Ils semblent résignés, victimes de quelque malédiction. On se croirait dans le château de la Belle au Bois Dormant. Il y a de jolies filles certes parmi eux, d’une beauté moins éclatante peut-être qu’à Chantilly mais tout de même. Celle-ci par exemple avec son ciré jaune et ses longs cheveux noirs… Mais comment entrer en contact ? À la fin du cours ses étudiants repartent après avoir replié leurs affaires et il ne connaît rien de leur vie, ils ne connaissent rien de la sienne, un mur invisible les sépare. Il a de plus en plus le sentiment d’avoir fait un marché de dupe en quittant son lycée. </font></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><font face="Times">Une fois pourtant il a eu une surprise. Au dernier rang il a aperçu un visage qu’il connaissait, une amie de Sylvie qu’il avait rencontrée une ou deux fois à Paris quelques temps auparavant, une petite noiraude dont le seul attrait était d’être la fille d’une romancière qui avait obtenu le prix Goncourt. Et voici qu’elle est là, parmi les autres, qui le regarde en serrant contre elle un gros nounours en peluche ! Qu’est-ce que cela signifie ? Est-elle venue pour lui ?… À la fin du cours elle s’approche de son bureau. Mais ses propos ne sont pas très clairs. Elle a une amie, lui dit-elle, qui lui a parlé de ses cours et comme elle passait dans la région… Ils échangent quelques paroles insignifiantes… Bon et puis voilà elle repart comme elle est venue. Qu’est-ce que cela signifie !… Et ce nounours qu’elle serrait dans ses bras, était-ce une plaisanterie, une provocation ? C’est vrai qu’elle a l’air d’une petite fille. Un moment il a espéré grâce à elle trouver avec ses étudiants ce contact qu’il cherchait en vain, mais les semaines suivantes elle n’est pas revenue et les choses ont repris leur cours comme si de rien n’était. Personne ne semble s’être étonné de cette gamine avec son nounours qui était venue le trouver à la fin de son cours. Il ne devait du reste plus jamais la revoir et cette rapide apparition restera l’une des grandes énigmes de sa vie, enfin l’une des nombreuses énigmes qu’il a renoncé à comprendre.</font></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><font face="Times">Pourtant il sent bien qu’il a un impact sur ses étudiants, le même qu’il avait à son lycée. Il le lit sur leurs visages. C’est qu’il n’a pas changé, lui. On lui reprochera souvent plus tard de ne pas préparer ses cours, mais en réalité c’est faux. Quand il arrive devant eux il a tout lu de Flaubert, de Balzac, la <em style="mso-bidi-font-style: normal">Comédie Humaine</em> en entier, mais également les œuvres de jeunesse, la correspondance, tout ! et puis aussi les biographies, les ouvrages critiques, Luckacs, Barberis, Wurmster, Maurois, Stéphane Zweig. Il s’est incorporé leurs idées au point qu’elles sont devenues les siennes. La vie de Balzac, celle de Flaubert n’ont plus de secret pour lui, c’est comme s’il les avait connus personnellement. Vendôme, Villeparisis, la rue Lesdiguières, Rouen, Croisset, Mantes où Flaubert va retrouver sa maîtresse. Il raconte tout sans une note comme s’il évoquait des souvenirs personnels. Car l’important c’est de faire sentir à ces jeunes gens que la littérature c’est quelque chose de vivant, pas des pages dans un manuel, figées à jamais dans leur perfection esthétique mais le produit d’hommes comme eux – Racine a vingt-cinq ans quand il écrit Andromaque, Musset vingt-trois quand il écrit Lorenzaccio en pompant sans scrupule un scénario que Georges Sand<span style="mso-spacerun: yes"> </span>lui a abandonné pour l’aider à se sortir de son marasme intellectuel, de sa paresse et de ses penchants pour l’alcool et les putes. Ce sont des jeunes gens comme eux, dévorés par leur ambition, leurs passions et leurs vices et qui ne se distinguent d’eux que par cette étrange manie d’écrire qu’ils ont eue. Car écrire, ne l’oublions jamais, ce n’est pas une chose sérieuse, une manie, une bien étrange manie. Les écrivains sont des raconteurs d’histoire qui exercent dans la société une activité qui n’est en rien productrice de richesses, des bouches inutiles si vous y réfléchissez bien. Et vous de même ! leur dit-il en pointant vers eux un doigt accusateur. Ne vous faites aucune illusion, les études que vous faites ne vous serviront à rien, ou dans le meilleur des cas à transmettre à d’autres ce que vous aurez appris et qui ne leur servira à leur tour à rien. On ne fait pas de dissertations dans la vie !… Mais quel extraordinaire privilège de pouvoir se consacrer à ce qui ne sert à rien ! La société nous entretient comme les bourgeois d’autrefois entretenaient leur danseuse pour faire étalage de leur richesse. Nous sommes les danseuses de la société. Frivoles et purs produits du luxe, fleurons d’une nation parvenue au stade supérieur de son développement ! Le luxe, en effet, n’est-il pas la quintessence de l’humain et l’esprit de sérieux a contrario la forme la plus achevée de la bêtise ?… Pauvres étudiants ! eux dont l’esprit de sérieux est certainement la qualité la mieux partagée, ils l’écoutent bouche bée, pour certains sans doute secrètement indignés, les autres au contraire soulevés en leur intérieur par un enthousiasme qu’ils n’osent davantage exprimer. Quel est ce professeur qui n’a pas l’air beaucoup plus vieux qu’eux, qui vient de Paris, que personne ne connaît et qui se permet de tenir de tels discours ? C’est qu’il paraît qu’il s’en est passé là-bas au printemps dernier !… Et puis il y a son verbe, cette virtuosité qui vous emporte, et cette extraordinaire aptitude à sortir n’importe quoi de son chapeau. Quand il se lance dans une explication de texte - l’épreuve reine, leur dit-il, ouvrez votre livre au hasard - plus la page semble anodine, mieux il s’en sort. Facile ! leur explique-t-il. L’univers d’un écrivain est tout entier présent dans chacune de ses lignes, dans un infime détail, une tournure de phrase, le choix d’un mot. Et quand il a fini il referme son livre et s’en va, comme un acteur qui sort de scène, il les laisse en plan. À la semaine prochaine ! Il retourne à sa solitude. Il remonte en ville, erre dans les rues, traîne dans les librairies et puis enfin quand l’heure est venue rentre dans son hôtel, pose ses affaires et redescend dîner.</font></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><font face="Times"></font></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><font face="Times"><em>NB: Les épisodes précédents sont rassemblés sous la rubrique: "Le roman d'un homme heureux" (II)</em></font></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><em><font face="Times"></font></em></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"> </p>http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2008/09/30/557-le-roman-dun-homme-heureux-ii-8-de-pierre-parlier#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/483Le Roman d’un homme heureux. II (9) De Pierre Parlierurn:md5:1a33e61a0a0a3941aa73cb8702c70e012008-09-29T19:20:55+00:002018-06-16T15:46:21+00:00EcritoireLe roman d'un homme heureux (II) de Pierre Parlier<p><span style="FONT-SIZE: 14pt; FONT-FAMILY: 'Georgia','serif'"><font size="2"></font></span></p>
<p><span style="FONT-SIZE: 14pt; FONT-FAMILY: 'Georgia','serif'"><font size="2"> Il va toujours dans le même restaurant, une grande brasserie sur la place,</font></span></p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 14pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><font size="2">toujours à peu près vide. On s’y croirait revenu cinquante ans en arrière : banquettes de molesquine, globes jaunâtres qui répandent une lumière triste, miroirs désargentés, jardinières de fleurs artificielles. Il aime cet endroit. Sur le mur du fond il y a une grande photo en noir et blanc d’un garçonnet à bicyclette dans le parc de la ville qui fait le tour du grand bassin. Pourquoi cette photo le fascine-t-il ? Peut-être parce que cet enfant pourrait être lui (la photo doit dater de l’époque où il avait son âge), peut-être parce que le photographe l’a saisi en plein élan, le figeant ainsi à tout jamais au point exact où chaque semaine il le retrouve. Qu’a pu devenir aujourd’hui cet enfant ? Est-il professeur agrégé comme lui ? marié, père de famille ? A-t-il connaissance de cette image de lui, demeurée prisonnière sur le mur de la brasserie comme dans cette bande dessinée qu’il lisait jadis, où l’on découvrait des gens transformés en statue parce qu’ils avaient, croyait-on, croisé le regard d’une méduse au masque de plâtre qui les avait figés dans l’attitude même où ils étaient quand ils l’avaient rencontrée ? Il suivait les épisodes de cette histoire dans un album illustré qu’il se faisait offrir chaque année pour Noël et qui était composé des numéros reliés d’un magazine hebdomadaire parus l’année précédente. Mais comme un jour, parce qu’il en avait passé l’âge sans doute, on avait cessé de lui offrir cet album, il n’avait jamais pu connaître le fin mot de l’histoire qui était restée à tout jamais inachevée pour lui malgré les efforts qu’il avait faits ensuite pour connaître la clé de l’énigme (car il était évident que cette histoire de méduse n’était qu’un leurre qui cachait autre chose), courant encore jusqu’à une époque récente pour découvrir la vérité ces librairies spécialisées où l’on voit d’honorables quinquagénaires feuilleter précautionneusement de vieux volumes illustrés à la recherche de leur enfance. <o:p></o:p></font></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 14pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><font size="2"> Comme ces albums se suivaient ils laissaient en plan chaque fois les histoires dont ils se composaient et dont les héros restaient eux aussi figés – comme le petit garçon à bicyclette ou les victimes de la méduse - jusqu’à ce que, au Noël suivant, ils se réaniment pour poursuivre leurs aventures, apportant ainsi les réponses aux questions qui étaient restées en suspens durant toute l’année. Cependant il lui eût possible en achetant le magazine au moment où il paraissait, de transgresser le cours du temps et de devancer l’échéance. Mais il s’y était toujours refusé, sauf une fois, malgré lui, quand il avait trouvé l’un de ces numéros abandonné sur le banc d’un square. Alors il n’avait pas résisté à la tentation d’y regarder mais cette transgression lui avait paru comme une tricherie à l’égard des lois sacrés qui régissent l’ordre du temps. C’était comme si un magicien lui avait permis par un coup de baguette magique de faire une incursion dans le futur. Il avait donc jeté un œil circonspect sur le magazine, y voyant en effet ses héros familiers engagés dans des aventures auxquelles il ne pouvait rien comprendre puisqu’elles n’étaient pas raccordées à ce qu’il connaissait et il avait dû attendre jusqu’au Noël suivant pour savoir enfin, en retrouvant ce numéro enserré dans la continuité des autres, comment elles étaient liées à ce qui précédait.<span style="mso-spacerun: yes"> </span><o:p></o:p></font></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 14pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><font size="2"> « - Monsieur a choisi ? » interrompt le garçon le tirant de sa rêverie en lui tendant l’éternel cahier relié en cuir qui contient le menu. Celui-ci est toujours le même : assiette de crudité, cuisse de canard (chaque fois il hésite avec le rôti de veau mais finalement il choisit la cuisse de canard), fromage de chèvre et crème caramel (il a décidé une fois pour toutes que la crème caramel est son dessert préféré). « - Et avec ça, un cinquante de Gamay comme d’habitude ? – Comme d’habitude. » Le garçon s’éloigne, le col de sa veste lustré par l’usure, sous l’œil attentif du patron qui le surveille de loin accoudé au bar auprès de son épouse qui, de l’autre côté du comptoir, règne sur sa caisse. Le patron est un petit homme aux cheveux gris et au visage chafouin, qui interprèterait admirablement dans un film le rôle du collabo ou du corbeau. Il lui adresse de loin un sourire mielleux afin de lui signifier qu’il le reconnaît<span style="mso-spacerun: yes"> </span>(un jour il est même venu jusqu'à sa table pour lui serrer la main). Sa femme, une blonde défraîchie, a perdu depuis longtemps toute tentation de sourire, elle passe ses journées penchée sur d’interminables additions d’autant plus incompréhensibles que la salle est toujours vide.<o:p></o:p></font></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 14pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><font size="2"> Le voici maintenant devant sa carotte râpée en tête-à-tête avec la photo du petit garçon à bicyclette. Et le Gamay fait lentement son effet. Son esprit s’envole dans des circonvolutions incertaines où se mêlent le souvenir de Petra et des réflexions sur sa destinée. Il aime ces moments de totale vacuité où rien ne peut le détourner de ses pensées. C’est à ces moments-là qu’il se sent pleinement heureux, pleinement en accord avec son existence. Son métier est décidemment le plus beau métier du monde, bien plus beau encore que le théâtre évidemment ! Tous ces visages tendus vers lui !… Il reste toutefois cette douleur essentielle, comme une crampe au creux de l’estomac de ne pas avoir trouvé la femme qu’il aime et qui soit à lui. Petra, Éva, Béatrice, Odile, Genifer… il en a tant vu défiler. Elles viennent une fois de plus à tour de rôle se placer devant la lunette de sa mémoire. Il n’y a d’important que cela au fond : le mystère de cet étrange lien qui unit le sexe à l’élan mystique qui l’emporte vers la beauté. Quel est la nature du désir ? Quel est le rapport entre la souillure du plaisir et cette aspiration à la pureté qu’est le sentiment amoureux ? Encore des pièces du puzzle qui ne parviennent pas à s’emboîter. <em style="mso-bidi-font-style: normal">Il y a les filles dont on rêve et puis celles avec qui l’on dort</em>, disait la chanson qu’il chantait en Laponie en pensant à Petra. Oui, c’est cela, les filles dont on rêve et puis celles avec qui l’on dort… Il se souvient de <em style="mso-bidi-font-style: normal">la Porte Étroite</em> et de l’exposé qu’il avait dû faire à l’oral de l’agrégation : « <em style="mso-bidi-font-style: normal">Amour et Mysticisme dans le roman d’André Gide</em> » !… Toujours la même chanson.<o:p></o:p></font></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 14pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><font size="2"> Quand il rentre à son hôtel il se sent à moitié saoul. Le demi pichet de Gamay a fait son effet. Le portier en gilet rouge lui donne sa clé. Il aime ce contact de la lourde étoile de cuivre dans sa main ; il parcourt le long couloir plongé dans la pénombre, écoute en marchant le bruit de ses pas assourdis par la moquette. Sa chambre est haute comme un mausolée. Un rideau de velours en masque la fenêtre. Dans la salle de bain la monumentale baignoire de marbre est souillée par la rouille et les robinets de cuivre émettent des gargouillis menaçants à la moindre tentative pour les manipuler. Il se couche sous des draps raides et glacés et aussitôt lui parviennent les bruits d’autres gargouillis dans l’épaisseur des murs. Quelque part un humain se livre comme lui à des ablutions et cela le rassure. Il s’endort.<o:p></o:p></font></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 14pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><font size="2">La journée du lendemain est identique à celle de la veille, à cette seule différence qu’elle est maintenant entièrement orientée vers le retour. Dès qu’il a fini sa dernière heure de cours il se dirige vers la gare par le même boulevard sinistre qu’il a pris à l’aller. Son horaire est soigneusement calculé, il n’a pas à attendre le train bien longtemps. Direction Paris. Sa semaine est terminée. <o:p></o:p></font></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 14pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><font size="2"> En arrivant gare d’Austerlitz il doit prendre encore le métro aérien qui traverse la Seine avant de plonger dans les entrailles de la ville. Au loin, par delà les ponts, il aperçoit la cathédrale qui lui fait signe de ses deux bras levés. Alors vraiment il peut se dire chez lui. Notre Dame, en effet, est la sentinelle qui veille en son absence afin de l’assurer qu’il ne s’est pas perdu durant son voyage car tel un nouvel Orphée il revient des Enfers, même si ce n’était pas hélas pour retrouver son Eurydice mais tout simplement pour accomplir sa tâche. <o:p></o:p></font></span></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 14pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><font size="2">Et quand il arrive chez lui, ses parents sont en train de regarder la télévision. Il s’assied sur le canapé à côté de sa mère tandis que de l’autre côté, menton contre la poitrine, son père<span style="mso-spacerun: yes"> </span>s’est déjà assoupi.</font></span></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 14pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><font size="2"></font></span></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 14pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><em><font size="2">NB: Les épisodes précédents sont rassemblés sous la rubrique: "Le roman d'un homme heureux" (II)</font></em></span></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 14pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><font size="2"></font></span></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 14pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p><font size="2"></font></o:p></span></p>http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2008/09/29/562-le-roman-dun-homme-heureux-ii-9-de-pierre-parlier#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/488Le roman d'un homme heureux II (10) de Pierre Parlierurn:md5:06cffa59bbbbdf0e1e3f254df56b542c2008-09-28T19:46:21+00:002018-06-16T15:46:21+00:00EcritoireLe roman d'un homme heureux (II) de Pierre Parlier<p><font face="Arial"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: 'Georgia','serif'; mso-bidi-font-family: Arial"> Les semaines se succèdent, les mois passent…</span></font></p> <p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Arial"></span><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt 14.15pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Arial">Les choses semblent se répéter mais elles changent pourtant, insensiblement, inéluctablement. François s’est éloigné du groupe, on le voit de moins en moins, Christian est parti en Afrique. Annie, la belle Annie, a trouvé un travail dans un nouvel établissement psychiatrique qui vient de se créer à Laborde. D’autres personnages apparaissent, dont on ne sait pas encore qu’ils seront amenés à devenir un jour des acteurs importants de cette histoire. </span><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt 14.15pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Arial"> Sylvie a dix-huit ans et pour son anniversaire ses parents lui ont laissé la disposition de leur appartement afin d’y organiser une grande soirée. Il doit venir l’aider dans l’après-midi et arrive en compagnie d’une blondinette, plutôt mignonne, qu’il a rencontrée quelques jours auparavant au cours d’une sortie et qui tout de suite s’était branchée sur lui. Quand il a dansé avec elle il l’a senti trembler dans ses bras, sa joue s’est posée sur la sienne, leurs lèvres se sont jointes… Ils se sont revus depuis, à deux ou trois reprises, mais rien ne s’était encore passé. Ils arrivent donc ce jour-là tôt dans l’après-midi et comme Sylvie leur demande de l’attendre pendant qu’elle va faire des courses, dès qu’elle a refermé la porte ils se précipitent dans une chambre et la blondinette ne rechigne aucunement à lui accorder tout ce qu’il lui demande, se soumettant sans broncher à toutes les petites cochonneries qu’il a coutume d’exiger dans ces cas-là (car c’est à cela qu’il mesure le charme qu’il exerce). Elle se contente de le regarder de ses grands yeux et de sourire comme pour s’excuser d’être si délurée. </span><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt 14.15pt"><o:p><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Arial"> </span></o:p><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt 14.15pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Arial"> Un peu plus tard la soirée bat son plein. Les invités sont arrivés. Il y a là beaucoup de gens qu’il ne connaît pas, des camarades de Sylvie qui préparent l’École des Beaux-Arts avec elle, d’anciennes copines de classe et puis aussi un garçon dont ils ont fait la connaissance l’été précédent, une sorte de dandy, assez mignon mais fade et mou comme un bâton de guimauve, qui aspire selon toute apparence à prendre la relève de Christian auprès d’elle. Lui, grâce à sa blondinette, il se sent rayonnant de bonheur et de puissance virile. N’est-elle pas mignonne en effet avec ses grands yeux bleus et son air innocent ? Et en plus il vient de lui faire subir les derniers outrages ! Alors ils exhibent leur toute nouvelle intimité en dansant sauvagement enlacés au milieu du salon. Ils s’embrassent à bouche que veux-tu, langue contre langue, conscients qu’on les regarde. L’ambiance d’ailleurs s’échauffe. À leur exemple d’autres couples se forment. Et les voici maintenant couchés par terre, toujours enlacés, comme emportés par un irrésistible élan. Ils roulent sous le piano à queue qui trône dans un coin et offre à leurs ébats un abri providentiel, elle toute dépoitraillée et lui la pétrissant à pleines mains… </span><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt 14.15pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Arial"> C’est à ce moment-là qu’arrive la belle Annie, revenue tout exprès de Laborde pour l’occasion, escortée de deux chevaliers servants. Sylvie est toute heureuse qu’elle ait daigné se déplacer. Elle exulte, d’autant que sa soirée donne tous les signes de la réussite la plus parfaite et l’image de ce couple vautré sous le piano n’y est pas étrangère. Du reste les deux garçons ne semblent pas y être insensibles. Ils considèrent ce couple avec une lueur de convoitise dans le regard. L’un porte une paire de moustaches à la gauloise et s’exprime d’une voix lente et sentencieuse, l’autre est une sorte de gnome simiesque, bouillonnant, éructant, ricanant, qui ne tient pas en place. Le couple consent enfin à se désenlacer et à s’extraire de dessous le piano pour saluer les nouveaux arrivants. On engage conversation. Le moustachu explique qu’il travaille à Laborde et fait allusion à « son ami Félix » ( il s’agit sans doute de Félix Guattari, on apprécie). L’autre se lance dans un extraordinaire numéro en expliquant que sa méthode pour plaire c’est « la stratégie de la carpette ». Il ne peut séduire, dit-il, qu’en s’avilissant. Le seul moyen qu’il ait trouvé : ramper, s’abaisser. Et afin d’en faire l’illustration le voici qui s’accroupit sur le tapis et parcourt ainsi le salon à petits sauts de grenouille. Sylvie n’en peut plus de rire (elle est en train de se dire en elle-même que ce garçon est tout de même plus intéressant que le playboy en pâte de guimauve ! ) On devient les meilleurs amis du monde, on parle, on boit. Lui continue à caresser sa blondinette, ce qui lui vaut toujours l’admiration des autres. </span><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt 14.15pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Arial"> Enfin, tard dans la soirée, lorsque tout le monde est épuisé, vient le moment de partir à la recherche d’un lit pour terminer la nuit. Lui et la blondinette pénètrent dans la chambre des parents, suivis des deux garçons qui ne savent pas où dormir eux non plus. On décide de se coucher à quatre… Et aussitôt, évidemment, ce que l’on pouvait prévoir arrive. La blondinette affecte de se défendre contre les caresses du moustachu. Jeux de mains. Les fessées claquent. Les autres applaudissent. On rit, on se vole des baisers. Le moustachu exulte. C’est qu’elle assure, la petite garce ! Jamais vu ça, même à Laborde !… On s’est relevé maintenant, on se court après, tout nus, à travers la chambre, on crie, on pleure de rire. À un moment la blondinette va valdinguer contre l’armoire à glace, Sylvie accourt en suppliant qu’on ne mette pas à sac la chambre de ses parents, qu’on ne souille pas le lit conjugal !… Pauvre Sylvie ! Sa peur décuple le plaisir des autres. La blondinette est ravie. Moments de folie…</span><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt 14.15pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Arial"> À la fin, las de se battre, ils se recouchent tous les quatre et s’endorment corps contre corps comme le petit Poucet et ses frères. Au petit matin on se réveille l’esprit confus. Annie est déjà en train de plier bagage et emmènent ses deux compagnons avec elle. Les autres sont déjà partis sauf le playboy en pâte de guimauve qui, ayant sans doute trop bu, est en train de vomir dans la salle de bain. Sylvie va le réconforter en se disant qu’après tout, puisque les autres ne sont plus là, mieux vaut tenir que courir. Quant à la blondinette, elle danse nue en prenant des pauses au milieu du salon. Mais il n’y a plus personne pour la regarder.</span><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt 14.15pt"><o:p><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Arial"> </span></o:p><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt 14.15pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Arial"> Leurs amours ne dureront guère. Les jours suivants il apprend qu’elle vit chez ses parents et qu’elle a un enfant dont elle ne s’occupe guère. Il s’aperçoit qu’elle appartient à la catégorie des « voraces sexuelles », dont il ignorait jusque là l’existence. Malgré son visage d’ange, elle ne pense qu’à ça. Sa curiosité en ce domaine est sans limite. En particulier elle s’intéresse aux amours saphiques. Qu’à cela ne tienne ! il décide de lui présenter la compagne d’Anita, cette petite élève de terminale qui ressemble à Marcel Proust et qui vit maintenant avec elle. Rendez-vous est pris (en cachette d’Anita évidemment) et ils se retrouvent dans un café. Ils décident d’aller faire un tour en voiture, lui devant conduisant, elles derrière. Très vite ils se rend compte qu’elles sont déjà en train d’échanger des baisers. Mais hélas il ne parvient pas à voir grand chose dans le cadre trop étroit de son rétroviseur. Il finit par les laisser au bord d’un trottoir pour qu’elles aillent se faire voir ailleurs. Le lendemain la blondinette lui témoigne sa satisfaction. Elle a passé une nuit fantastique, lui dit-elle. Alors pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? il lui propose de l’emmener dans un célèbre cabaret de femmes qu’il connaît à Pigalle. Évidemment l’air innocent de la blondinette y fait aussitôt merveille et il éprouve un étrange plaisir à la regarder danser dans les bras de ces lesbiennes à carrure de déménageurs qui constituent ici l’ordinaire de la clientèle. Son plaisir est fait sans doute du sentiment d’être le propriétaire de cette angélique créature dont il se sert pour les exciter. Plaisir de domination, rêve de puissance. Afin de montrer qu’il maîtrise parfaitement la situation (et aussi parce qu’il commence à s’ennuyer un peu) il décide de la laisser toute seule et de rentrer chez lui. Le lendemain quand il lui demande comment elle a terminé sa soirée elle lui raconte que les autres se sont inquiétées de son âge (il n’avait pas pensé à lui demander si elle était majeure). L’une d’elles l’a même prise sous sa protection, scandalisée qu’il l’ait laissée ainsi et lui a même donné de l’argent pour qu’elle rentre chez elle. Il se sent tout à coup confus comme un enfant qui a fait une bêtise.</span><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt 14.15pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Arial"> Leurs relations se refroidissent assez vite bien qu’ils se voient tous les jours maintenant. Chaque soir il la raccompagne chez elle, jusqu’à ce petit pavillon de banlieue qu’elle habite avec ses parents à l’Haye-les-roses. À cette heure-là, la rue est vide et ils en profitent pour s’offrir un dernier petit plaisir dans la voiture avant de se quitter mais il sent bien que le cœur n’y est plus et qu’elle ne s’acquitte de sa tâche que par politesse. Ensuite elle s’esquive et enjambe une fenêtre pour rentrer chez elle car ses parents lui prennent ses clés pour l’empêcher de sortir.</span><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt 14.15pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Arial"> Quelques jours plus tard, lors d’une soirée, elle lui signifie qu’il ne doit plus compter sur elle, mais consciente de ses obligations elle lui présente une de ses amies, laquelle lui semble à tout prendre plus jolie et bénéficie surtout de l’attrait de la nouveauté. Leurs relations malheureusement n’iront pas très loin car une tentative pour se revoir le lendemain n’aboutit qu’à une soirée horriblement ennuyeuse que ni l’un ni l’autre n’auront envie de renouveler. L’amie disparaît donc de sa vie aussi vite qu’elle y était entrée en même temps que la blondinette qui a trouvé un travail de secrétaire dans une célèbre organisation de voyages dont elle séduit aussitôt le bouillant PDG. Quelques temps plus tard il apprendra qu’elle est tombée ensuite dans les bras d’une suédoise qui l’a emmenée dans son pays où elle sera devenue sans doute la madone des saunas.</span><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt 14.15pt"><o:p><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Arial"> </span></o:p><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt 14.15pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Arial"> Et lui, il se retrouve seul une fois de plus. Il ne regrette pas la blondinette, il n’en regrette aucune. Les femmes lui semblent des êtres à part, qui vivent selon leurs lois propres et qu’il est inutile d’essayer de comprendre. Bien heureux encore si on arrive quelquefois à ce qu’elles vous accordent leurs faveurs. Pour quelle obscure raison d’ailleurs ? C’est ce qu’il ne peut concevoir. Pourquoi consentent-elles à cette abjection qu’est le sexe ? C’est un mystère qui lui demeure incompréhensible. Elles ne peuvent tout de même pas y prendre du plaisir ! Elles ne s’y soumettent sans doute que pour ses beaux yeux, lorsqu’il est parvenu à les rendre amoureuses. C’est la raison pour laquelle il en tire un extraordinaire sentiment de fierté, et à leur égard un mélange de pitié et de mépris. Lui, son plaisir c’est de les humilier, de les salir. C’est un plaisir triste car ce mépris n’est que l’envers de l’immense respect qu’il éprouve pour elles, pour leur condition, pour ce que la nature et la société leur font subir et l’envers de l’immense émerveillement qu’il ressent pour leur beauté. Ce sont des icônes et les seuls rapports qu’il peut avoir avec elles sont des rapports d’adoration ou de profanation.</span><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Arial"> Celles avec qui il peut avoir de vraies relations ce sont celles avec qui, pour une raison ou pour une autre, le sexe est exclu. Sylvie par exemple, à cause de sa cicatrice à la lèvre. L’intimité entre eux s’est considérablement renforcée depuis quelques temps. Ils forment maintenant avec le playboy en pâte de guimauve un triangle indissociable car elle s’est résolue finalement à se contenter de lui à défaut du gnome simiesque qui est parti au Laos pour enseigner. Elle attend son retour de pied ferme mais d’ici là il faut bien se distraire ! Le playboy s’appelle Alain, il a une vague ressemblance avec un chanteur à la mode mais c’est un personnage plus complexe sans doute qu’il n’en a l’air. Il leur a raconté qu’il avait été coureur motocycliste dans une autre vie, qu’il avait été marié et qu’il a deux enfants quelque part. Pourquoi a-t-il quitté sa famille ? Il ne répond rien. Quand on lui pose la question, il se contente de sourire. Par ailleurs il est totalement inculte et parvient à le dissimuler en répétant tout ce qu’il entend comme venant de lui. Il est capable de parler d’un peintre sans avoir jamais vu aucune de ses œuvres ou d’un romancier sans n’avoir lu aucun de ses livres. Il se dit révolutionnaire (les idées à la mode lui fournissent un excellent prétexte pour déguiser son ignorance en refus idéologique de la culture bourgeoise) : Il faut brûler les livres et les musées, remplacer l’école par des activités d’épanouissement personnel. Il rêve de révolution culturelle, fréquente l’Université de Vincennes qu’on vient de construire au milieu des bois. On peut y aller sans le bac. Une fois par semaine il suit un atelier de « recherches gestuelles » au département d’arts plastiques. On décide d’y aller avec lui.</span><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>
<p><em><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; mso-bidi-font-family: Arial">NB: Les épisodes précédents sont rassemblés sous la rubrique "Le roman d'un homme heureux" II</span></em><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p> </o:p></span></p>
<p> </p>http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2008/09/28/575-le-roman-d-un-homme-heureux-ii-10-de-pierre-parlier#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/498Le Roman d’un homme heureux II (11) de Pierre Parlierurn:md5:c3117c153cd8e55ca1a9ed922d656a762008-09-27T15:09:21+00:002018-06-16T15:46:21+00:00EcritoireLe roman d'un homme heureux (II) de Pierre Parlier<span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: 'Georgia','serif'">Une trentaine de personnes assises par terre dans une salle vide. </span> <p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Des garçons aux cheveux longs, des filles en pulls et collants multicolores. Certaines ravissantes. Sylvie n’en mène pas large, lui non plus. Alain a l’air de ne connaître personne contrairement à ce qu’ils espéraient. Ils vont s’asseoir dans un coin. On ne se parle que très peu d’ailleurs dans cette salle. Chacun reste sur son quant-à-soi. On attend l’arrivée du maître. Celui-ci apparaît enfin. Jeune, à l’aise. Il s’assied parmi ses élèves, étale ses papiers, consulte ses notes, s’adresse enfin à la fille qui est assise à côté de lui, la plus jolie évidemment, fais signe à un barbu qui va brancher une sono posée dans un coin. La fille s’est levée… Jean-Sébastien Bach !… Elle se tient debout au milieu du cercle et se recueille un moment le visage entre ses mains et puis soudain se déploie comme soulevée par une vague… Quelle merveille ! Transfigurée par la musique !… Son corps souple qui ondule… Voici qu’elle s’allonge maintenant sur le sol, roule sur elle-même. Sa poitrine se gonfle, ses reins se cambrent, ses bras se tendent. Un garçon s’avance alors vers elle et la saisit par la taille, elle se retourne comme secouée par une décharge électrique, et lui la soutient, la soulève, la fait tourner, la manipule, la plie, l’enveloppe. Et la musique toujours ! cette musique sublime, comme une respiration, une houle, un vent. Il s’enlacent, se déprennent, se reprennent… Et lui qui ressent un si violent désir d’être ce garçon. Ah ! s’il pouvait lui aussi la serrer dans ses bras, s’il pouvait lui aussi la posséder aux yeux de tous et faire qu’elle s’abandonne contre lui, se glisse, se love, s’enroule autour de lui, mourant et renaissant sans cesse, portée, soutenue, emportée par la musique, s’il pouvait !… <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""> Le silence enfin retombant, le garçon et la fille reviennent à eux et tout essoufflés attendent en souriant l’approbation du maître. Celui-ci leur signifie sa satisfaction et annonce qu’on va enchaîner maintenant sur une improvisation collective. Nouvelle musique. Électronique cette fois. Le jerk de Pierre Henry. Chacun se lève, paupières closes, visage extasié. On se laisse doucement posséder par le rythme. Et voici que tout autour de lui on se roule par terre, on se livre à différentes acrobaties plus ou moins impressionnantes… Prudemment, dans son coin, il commence à esquisser des gestes, ferme les yeux, prend un air inspiré lui aussi… et puis peu à peu s’abandonne à ces sons qui s’entrechoquent en lui et font valdinguer son corps d’un côté, de l’autre. Il se heurte à d’autres corps, se sent pris par la frénésie de cette danse barbare… Le silence de nouveau… Chacun retourne se rasseoir.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""> C’est la première fois qu’il a le sentiment de participer à ce formidable mouvement de Mai que jusque là il n’avait fait qu’effleurer. À Vincennes il est au cœur des choses. On est en train d’inventer un nouveau langage, une nouvelle culture, un nouveau monde, plus rien ne sera comme avant. Ce qui le frappe pourtant c’est la contradiction qu’il semble y avoir entre cette recherche systématique de la frénésie, ce spontanéisme fondé sur l’exploitation d’émotions immédiatement poussées à leur limite et une certaine pesanteur du groupe, comme si l’on n’était pas encore très à l’aise dans les habits que l’on a endossés : les débordements achevés chacun retourne dans son coin. On communique peu les uns avec les autres. Après quelques exercices du même tonneau le maître repart comme il était venu et au fond tout s’est passé comme s’il s’agissait d’un cours traditionnel. Il n’a même pas retrouvé la joyeuse pagaille qu’il avait tellement appréciée naguère à la Sorbonne lorsqu’on s’agglutinait aux portes des amphis. <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Mais Alain a d’autres cordes à son arc. Il a l’art de s’insinuer partout, peut-être en raison même de son aspect incolore et transparent. Il a eu vent d’une soirée vaudou organisée par des haïtiens qui doit avoir lieu dans un local proche de la place Pigalle à l’occasion d’une fête traditionnelle. Il s’agit d’un événement exceptionnel qui a lieu une fois par an et qu’il ne faut absolument pas rater. Les voilà donc partis pour la fête vaudou. Cela doit durer vingt-quatre heures, leur a-t-il expliqué, pendant lesquelles on danse sans s’arrêter, jusqu’à épuisement de ses forces. On mange sur place, on dort sur place, et quand on se réveille on recommence… <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Quand ils arrivent il y a déjà foule dans une espèce de hangar situé au fond de la cité Véron, juste en face de la maison où ont habité Boris Vian et Jacques Prévert. Dans la pénombre, on distingue le même genre de population qu’à Vincennes – jeunes gens aux cheveux longs, jeunes filles au visage d’ange – ainsi qu’un nombre considérable de noirs de tous âges. Deux femmes en costume traditionnel (avec foulard et madras) sont en train de dessiner par terre un mandala à l’aide de grains de riz qu’elles font couler entre leurs doigts. Le travail est lent, patient, interminable. On les regarde dans un silence religieux, à la seule lumière des bougies disposées sur le sol. L’assistance est recueillie pour bien manifester qu’elle est consciente d’assister à un rite sacré (et au bout d’une heure de ce spectacle il se demande si les autres ressentent le même ennui que lui). Mais non, il semble que personne ne songe à éprouver la moindre lassitude, on regarde et on se tait. Alain a l’air très concentré lui aussi pendant que les deux femmes continuent à faire couler avec délicatesse les grains de riz entre leurs doigts. Sylvie fait des efforts, visiblement, pour se mettre à l’unisson. Alors il en prend son parti et fait des efforts lui aussi pour paraître intéressé. Il faudra bien, de toutes façons, que ça finisse un jour ! D’ailleurs, il faut avouer, le résultat sur le sol de ces arabesques de riz est très décoratif. Au bout de deux heures enfin le travail est terminé et la fête peut commencer. Quelques percussionnistes se lancent alors dans une improvisation frénétique entraînant les spectateurs dans une sorte de danse primitive où toutes les extravagances sont permises (avec force figures érotiques ou obscènes auxquelles les noirs se livrent avec un plaisir évident, jouant de leur langue, de leurs mimiques et des mouvements de leur bassin tandis que les autres tentent tant bien que mal de les imiter). On piétine allègrement le mandala sans que les deux femmes, qui ont eu tant de mal à le réaliser, semblent s’en offusquer. Quel mépris pour leur travail ! Cela doit faire partie du rituel. Il ne lui reste plus qu’à se mêler à la gesticulation collective en prenant lui aussi un air extasié. Mais il se sent assez vite épuisé et va s’asseoir dans un coin, se contentant de regarder les autres. La beauté des noirs, qui dansent torse nu, est admirable. Au bout de deux ou trois heures cependant il commence à en avoir marre. Beaucoup des participants d’ailleurs, affalés par terre, couchés dans un coin, se sont carrément endormis. La nuit est déjà largement avancée et pourtant on n’en est qu’au début. La fête doit durer jusqu’au lendemain soir. Alain, qui s’est mis torse nu, continue à se déhancher en faisant preuve d’une remarquable résistance. Il faut dire qu’il est si léger ! La fatigue n’a pas prise sur lui. Ce qui est remarquable chez ce frêle jeune homme c’est son aptitude à entrer dans toutes les situations. Mais pas une minute il ne perd sa lucidité. Il a toujours ce petit sourire en coin qui veut signifier qu’il fait ce qu’il faut mais qu’il n’y croit pas. Mais alors quel plaisir en tire-t-il ? À Vincennes déjà c’était la même chose. Il accomplit des gestes, simplement pour faire comme les autres. Mais au fond combien doivent être comme lui ? combien à s’ennuyer, à aller jusqu’au bout de leurs forces, simplement pour pouvoir dire : j’y étais. Cette impression que tout cela est faux, que tout cela n’est qu’une mascarade lui devient soudain insupportable !… Sommeil, fatigue. Il éprouve une irrésistible envie de s’en aller, d’échapper à cet enfer absurde où l’on se torture par snobisme. Il fait signe à Sylvie qui n’attendait que ça. Alain, lui, leur fait signe qu’il reste et ils se retrouvent tous les deux place Pigalle, heureux de pouvoir respirer les parfums de merguez et de frites qui s’échappent des bouisbouis du quartier. Ils échouent dans un bar-tabac et là Sylvie lui confie qu’elle ne peut plus supporter Alain, cette limace molle dépourvue de tout caractère. « - Son corps même me répugne ! lui dit-elle. Il vous glisse entre les doigts comme une savonnette. – Mais alors pourquoi ne le quittes-tu pas ? » Mais non il sait bien qu’elle ne le quittera pas. Elle ne peut pas quitter un homme. C’est plus fort qu’elle. À l’égard des hommes elle est comme Harpagon à l’égard de sa cassette. Un homme c’est trop précieux ! Quand elle en tient un elle se ferait tuer plutôt que de le lâcher. « - Alors à demain, n’est-ce pas ? – À demain. » Alain doit les emmener cette fois dans un atelier d’expression<span style="mso-spacerun: yes"> </span>corporelle à la Cité Universitaire. « - Il paraît que c’est génial. – On verra. »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""></span></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""></span></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""></span></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""></span></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""></span></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""></span></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""></span></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><em>NB: Les épisodes précédents sont rassemblés sous la rubrique "Le roman d'un homme heureux" II</em></span></p>
<p><em> </em></p>http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2008/09/27/582-le-roman-dun-homme-heureux-ii-11#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/505Le Roman d’un homme heureux II (12) De Pierre Parlierurn:md5:c1ecad8ee8605c6ee09d1c480c2abed52008-09-26T19:02:46+00:002018-06-16T15:45:37+00:00EcritoireLe roman d'un homme heureux (II) de Pierre Parlier<span style="font-size: 13pt; font-family: 'Georgia','serif';"> La cité Universitaire, Vincennes, les fêtes vaudous.…</span> <p class="MsoBodyTextIndent" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 13pt; font-family: "Georgia","serif";"> Ils sont partout, en quête d’expériences, de sensations nouvelles. Ils vont suivre des cours de théâtre au Centre Culturel Américain, participent aux grandes fêtes nocturnes organisées dans ce joli hôtel particulier du boulevard Raspail, victime depuis de la spéculation immobilière. Il y a bal à tous les étages et au sous-sol on va se jeter tout nu dans la piscine son verre à la main. Se mettre nu, à l’époque, c’est un acte militant par lequel s’exprime un radical rejet des valeurs bourgeoises. À bas la sacro-sainte pudeur de nos chers parents ! Osons nous montrer sans honte… (cela permet accessoirement de dérober au passage quelques fugitives visions d’anatomies féminines qui lui rappellent les émotions ressenties autrefois aux bains Padovani). <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 13pt; font-family: "Georgia","serif";"> Mais vient toujours le moment où l’on repart et où l’on se retrouve seul. Il va rejoindre sa voiture, rentre chez ses parents, en se disant que cette fois, tout de même, il a été vraiment au cœur des choses, au cœur de ce Paris en ébullition. C’est la seconde fois qu’il a ce sentiment. La première, il venait de débarquer et courait les cabarets avec sa bande de copains des <em style="">Trois Masques</em>. Cette fois il est un peu plus vieux, un peu trop vieux peut-être, il s’en rend compte. Il a l’impression de bénéficier d’une seconde chance, d’une épreuve de rattrapage, mais il ne saura pas mieux en profiter que de la première.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 13pt; font-family: "Georgia","serif";"> Paris est une fête… À l’atelier d’expression corporelle de la Cité U il a enfin réussi à se faire quelques amis, en particulier une petite brune, assez mignonne, sur laquelle il tire des plans. Elle est timide, parle peu mais a l’air douce et accueillante. Un soir, boulevard Jourdan, il a trouvé le courage de la prendre par l’épaule et elle s’est laissé faire. Le fruit est mûr, il n’y aura plus qu’à le cueillir. L’occasion se présente bientôt. Cette petite brune est la fille d’un chanteur qui a connu naguères son heure de gloire en apparaissant dans un film de François Truffaut où il chantait une chanson loufoque que tout le monde s’était mis à fredonner à l’époque dans les rues du Quartier Latin : <em style="">Avanie et Framboise… sont les mamelles du destin</em>. Depuis lors, un peu oublié, il passe encore dans un cabaret de la rue Saint-Jacques. On va l’attendre à la sortie. Il possède une énorme Cadillac noire, longue comme un porte-avions, qu’il laisse garée sur le trottoir pendant qu’il chante. Quand il sort on repart avec lui, dans le petit pavillon qu’il habite en banlieue. Il y a là déjà beaucoup de monde quand on arrive : des chanteurs, des artistes, Moustaki dans un coin, une poule sert d’animal domestique et circule entre les groupes. Bobby s’assoit par terre, il vient d’avoir une idée de chanson, il faut qu’il la note, il en rit déjà tout seul. « - Écoutez ça les copains ! <em style="">Ta Katie t’a quitté. Tic tac… tic tac… </em>» On rit, on applaudit, le vin circule, le fromage, les gâteaux secs. Et la petite brune !… C’est l’occasion où jamais. Un peu plus tard il se retrouve vautré avec elle sur un fauteuil. Baisers, caresses… Bobby, en face d’eux, se prélasse de son côté dans les bras d’une grande fille au tempérament apparemment volcanique et adresse à sa fille des signes d’encouragements. Mais ça le bloque, lui, au lieu de l’encourager ! Il s’agit de son père tout de même ! D’ailleurs la petite brune s’esquive en lui demandant de l’attendre un moment et disparaît dans les étages. Il l’attend, sagement, mais dans l’angoisse. Un quart d’heure plus tard la petite brune n’est toujours pas redescendue. Alors il se dit qu’elle a dû vouloir lui filer entre les mains, mieux vaut partir que d’être ridicule. Il est très pressé tout à coup. Bobby lui demande pourquoi il s’en va. Il prétexte qu’il lui faut absolument rentrer. Quand il reverra la petite brune le lendemain, elle lui demandera pourquoi il ne l’a pas attendue. Eh oui, pourquoi au fait ? il ne sait que répondre. Encore une occasion de perdue ! Elle ne se reproduira plus. Bientôt on apprendra la maladie de Bobby et sa mort.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 13pt; font-family: "Georgia","serif";"> Paris en est une fête… On a fait le projet de créer une nouvelle troupe. C’est qu’il n’a pas encore tout à fait renoncé au théâtre, ou plutôt le démon l’a repris. Tous ses amis se lancent bien dans la carrière ! Jean-Pierre Miquel joue Suréna au théâtre Récamier, Jean Benguigui a rejoint Patrice Chéreau pour <em style="">l’Affaire de la rue de Lourcine</em>, Philippe Léotard commence à faire du cinéma, François a décidé de monter une pièce de Céline et il a convaincu Ursula Kubler, l’ancienne compagne de Boris Vian, de faire partie de la distribution. Pour se pénétrer de l’univers de l’auteur il est allé voir le Vigan au Brésil et la première chose que celui-ci lui a demandé c’est s’il était juif. « - Vous n’êtes pas juif ! Alors laissez tomber, vous êtes foutu. Le théâtre est aux mains des juifs !… » Claude a été engagé dans un spectacle de Tadeüs Kantor qui se joue dans un théâtre de la banlieue. Évidemment le soir de la première on est tous venu le voir. Dès avant l’arrivée des premiers spectateurs il est déjà sur la scène que ne dissimule aucun rideau, tout seul, nu, debout dans une caisse, immobile. Après une longue attente, quand tout le monde est enfin en place, les acteurs commencent à entrer en scène, lui est toujours rigoureusement figé dans sa caisse comme une statue. Les scènes se suivent, longues, ennuyeuses, incompréhensibles, tandis qu’il semble perdu dans ses rêves. Au bout de deux heures enfin il s’anime soudain, se tord, se secoue, comme pris d’une crise d’épilepsie, s’extraie de sa caisse. Sa bouche se démantibule sans émettre aucun son, il fait le tour de la scène… puis, son tour accompli, remonte dans sa caisse, reprend sa position et s’immobilise à nouveau. Le spectacle est terminé. <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 13pt; font-family: "Georgia","serif";"> Et dire que le lendemain ça recommencera ! Car le théâtre c’est cela. Demain et après demain et les jours suivants… Et pendant ce temps la vie de Claude consistera à aller se placer tous les soirs dans sa caisse en attendant l'arrivée des premiers spectateurs et d’y rester immobile pendant deux heures, pour à la fin en sortir et faire son tour de scène. Et tout cela pour pouvoir dire qu’il a joué dans un spectacle de Taddeüs Kantor !<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 13pt; font-family: "Georgia","serif";"> Car c’est l’époque où le théâtre vient de s’engager dans la voie d’une inexorable glaciation où la longueur de la représentation et l’ennui qui s’en dégage deviennent les principaux critères de qualité, comme s’il fallait que le spectateur en paye le prix pour se sentir grandi par ce qu’il a vu. Quant aux acteurs, ils doivent souffrir eux aussi ! Les metteurs en scène rivalisent d’imagination dans les mauvais traitements qu’ils leur font subir : immobilité comme dans le cas de Claude, inconfort des position exigées, lenteur des gestes comme dans les spectacles de Bob Wilson, sont les instruments de torture habituellement utilisés par le metteur en scène, et surtout l’obligation absolue de « distancier », c’est-à-dire de ne manifester aucune émotion, sous peine de tomber dans la vulgarité de ce qu’on appelle le « Boulevard », terme honni entre tous et qui s’applique indifféremment à tout ce qui ne se soumet pas à cette ascèse. Les pauvres acteurs, outre ces mauvais traitements sont astreints, comme chez Mnouchkine,<span style=""> </span>à l’anonymat, par mépris de toute forme de vedettariat, quand il ne faut pas de surcroît confectionner soi-même les sandwichs de l’entracte et balayer la salle en sortant, tout ceci en vertu du statut de « coopérative ouvrière » qui est celui de la troupe. Souvent il faut se vautrer dans la peinture fraîche ou se livrer à des actes dégradants comme dans ce spectacle d’Arrabal ou un jeune homme entièrement nu, crucifié au centre de la scène, doit pisser sur sa partenaire… Et c’est ainsi que se créent autour de Paris, à Nanterre, à Saint-Denis, à Gennevilliers ou à Aubervilliers d’austères cathédrales où se pratiquent d’étranges rites qui laissent le spectateur épuisé, fier malgré tout d’avoir survécu, d’avoir réussi à tenir parfois plus de six ou huit heures, assis sur des banquettes de bois (car l’inconfort des sièges est évidemment un élément important de la soirée) avant de devoir braver pour rentrer chez lui les dédales obscurs d’une banlieue déserte qu’il n’aurait jamais eu autrement l’occasion d’aller visiter.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 1cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 13pt; font-family: "Georgia","serif";">Lui, notre homme heureux, il continue à y croire cependant, ou veut s’entretenir dans l’illusion qu’il y croit. On lui a tellement dit quand il était petit que ce métier était « le plus beau métier du monde » ! Et puis le théâtre n’est-il pas en train de vivre un grand moment de son histoire, revivifié par l’esprit de Mai 68 ! Alors il court les ateliers, les stages. Justement on en annonce un dirigé par Bob Wilson dont il vient de voir <em style="">le Regard du Sourd</em> au théâtre de la Gaîté Lyrique. Il s’y est un peu ennuyé comme tout le monde, mais tout de même c’était si beau ! Cette étrangeté surréaliste des décors, ces symboles d’on ne sait quoi qui ont un pouvoir de sidération : le baigneur de la belle époque qui, à intervalles réguliers, traverse le fond de la scène en petite foulée et qui doit représenter le temps, la reine d’Angleterre assise dans sa loge d’avant-scène, qui assiste à tout le spectacle sans bouger, figurant sans doute la pérennité des traditions. L’extrême lenteur des gestes fait qu’on a l’impression qu’il ne se passe rien, c’est comme un tableau dont les lignes se déplacent insensiblement et qui se transforme sous les yeux du spectateur sans qu’il y prenne garde, et tout cela sans un mot, avec seulement cette musique répétitive, lancinante qui égrène indéfiniment les mêmes notes sur fond de cris de mouettes et de bruit de vagues. Oui vraiment, un spectacle magnifique qui a éclaté comme une bombe dans le ciel de l’actualité parisienne. Participer à un atelier de Bob Wilson c’est un honneur, un privilège, quelque chose d’unique qu’il pourra ensuite raconter toute sa vie. Il s’empresse de s’inscrire.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 1cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 13pt; font-family: "Georgia","serif";"></span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 1cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 13pt; font-family: "Georgia","serif";"><font face="Times New Roman" size="3"></font></span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 1cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 13pt; font-family: "Georgia","serif";"> =-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=--=</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 1cm; text-align: justify;"><span style="font-size: 13pt; font-family: "Georgia","serif";"><em>NB: Les épisodes précédents sont rassemblés sous la rubrique : "Le roman d'un homme heureux"</em></span></p>http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2008/09/26/590-le-roman-dun-homme-heureux-ii-12-de-pierre-parlier#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/510Le roman d’un homme heureux II (13) de Pierre Parlierurn:md5:6e4f8a31256b14b1812527bc5729619d2008-09-25T18:30:39+00:002018-06-16T15:45:37+00:00EcritoireLe roman d'un homme heureux (II) de Pierre Parlier<meta http-equiv="Content-Type" content="text/html; charset=utf-8" />
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<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Enfin le maître arrive. Il a davantage l’air d’un étudiant de Berkeley que d’un metteur en scène d’avant-garde : jeune, chaleureux, jean et baskets. Il ne parle qu’américain mais un interprète a été prévu, un petit barbu (le parfait intellectuel, lui, par contre) chaussé de lunettes d’écailles. Malheureusement il s’avère que cet interprète est bègue et qu’on ne comprend rien à ce qu’il dit. Peu importe, on se débrouillera. Le maître explique qu’il a l’intention de monter un spectacle, durant ce stage, qui portera sur le thème du temps. Le premier jour sera consacré à la mise en place, le second à la représentation, puisque celle-ci durera exactement douze heures !…! Douze heures ! Diable, c’est du sérieux !… On en frémit d’aise. Après ce petit discours qui avait lieu dans la cour on pénètre dans le hangar. <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Surprise en entrant de s’apercevoir qu’il y a déjà quelqu’un à l’intérieur. Dans un coin, une jeune fille en robe blanche tourne lentement sur elle-même, les bras à demi écartés. Personne n’ose la déranger ni demander ce qu’elle fait là… Quelques heures plus tard, quand on s’apercevra qu’elle continue à tourner sans rien dire et que rien ne laisse supposer qu’elle s’arrêtera un jour, sa présence contribue à créer un certain malaise. Chacun garde ses réflexions pour soi mais on ne parvient pas à faire abstraction de sa présence. On se dit que ce doit être une des patientes du maître (on sait qu’il a été psychiatre et utilise le théâtre comme moyen thérapeutique) car seule une schizophrène peut être capable de tourner comme ça sur soi-même pendant des heures… <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Le maître, pendant ce temps, a commencé sa mise en place selon un planning très minutieux, l’ensemble des actions qu’il indique successivement à chacun devant s’imbriquer les unes dans les autres, un peu comme les pièces d’un puzzle, pour contribuer au déroulement de la représentation. La scène se passe dans le dortoir d’un collège anglais (figuré par le hangar, long d’une trentaine de mètres). À l’un des participants a été confié le rôle du voleur (casquette d’apache, loup sur le visage et sac sur l’épaule). Il doit traverser toute la longueur du dortoir avec cette fameuse lenteur qui est la marque de l’esthétique Wilsonienne, sa progression devant couvrir au total les douze heures que durera la représentation ! Voilà. C’est tout ce qu’il aura à faire. Quant aux autres, ils figureront les pensionnaires du collège, couchés en épis de part et d’autre du hangar, uniformément vêtus d’une chemise de nuit et d’un bonnet de coton. À intervalles réguliers l’un ou l’autre, selon un ordre très précisément prescrit à l’avance, devra se lever, se saisir d’un bougeoir placé à la tête de son lit, craquer une allumette, toujours avec la même lenteur, et faire le tour de son lit (le tour devant durer un quart d’heure) en criant par trois fois : « - Thief !… Thief !… Thief… » (« Au… vvvo…vo…voleur ! » traduit l’interprète). Ce voleur, on l’aura compris, c’est le temps.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">La journée se passe ainsi à régler les différents détails des interventions (il y a également deux ou trois autres personnages périphériques : un astronome armé d’une lorgnette qui scrute le ciel, une lady portant à ses lèvres une tasse de thé… <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">À midi pause-repas. On déballe son sac en plastique et l’on regroupe l’ensemble des vivres apportés par les participants à même le sol, sur une grand nappe blanche selon une disposition qui vise à un effet artistique afin que chacun puisse, après s’être concentré un moment sur la contemplation de cette œuvre collective, aller y cueillir ce qui lui convient. Pendant ce temps la jeune fille en robe blanche continue à tourner mais il y a belle lurette que plus personne ne s’occupe d’elle. <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Les vivres épuisés le travail reprend et se prolonge jusqu’au soir.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Le lendemain quand on arrive, de bonne heure comme la veille, la jeune fille en blanc est toujours là, elle tourne toujours ! Y a-t-elle passé la nuit ? On évite de la regarder. La « représentation » commence selon ce qui a été réglé la veille et tout se déroule comme prévu, la principale difficulté, pour ceux qui figurent les pensionnaires, étant de ne pas s’endormir entre deux interventions. On surveille discrètement sa montre pour ne pas laisser passer l’heure. À chaque intervention (« - Thief ! Thief ! Thief !… » ) on constate que le voleur a progressé de quelques mètres et on se félicite en son for intérieur de ne pas avoir hérité de ce rôle qui ne permet aucun moment de relâchement, tout en enviant un peu le titulaire malgré tout car il s’agit tout de même du rôle principal. Qu’est-ce qu’il avait de plus que moi ? se dit-on.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">À la fin, quand le voleur a accompli la totalité de son parcours, il est très exactement dix-neuf heures - heure indiquée pour la fin du stage. Tout le monde se retrouve au centre du hangar pour se congratuler et commenter ce qui vient de se passer. La jeune fille en robe blanche, qui a enfin cessé de tourner, rejoint le groupe. On se presse autour d’elle, on lui demande ses impressions. Surprise ! ce n’est pas une schizophrène mais une personne qui semble tout à fait normale. Elle répond aimablement aux questions qu’on lui pose : Non, vraiment, ce qu’elle a fait n’est ni difficile ni pénible. Question de concentration. Elle a une confiance illimitée en son maître Bob Wilson et elle accomplit aveuglément tout ce qu’il lui demande. On la considère avec respect et chacun repart, fier d’avoir participé à cette aventure.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Thief !… Thief !… Thief !… Le temps progresse comme un voleur… le temps progresse inéluctablement. Bientôt il va avoir trente ans et chaque jour sa thèse avance, insensiblement, de deux ou trois pages qui bientôt feront la quantité requise pour prétendre à la soutenance. Cependant on parle de plus en plus de l’énorme ouvrage que Sartre est en train de composer sur Flaubert. Il y travaille depuis des années. Pourvu qu’il ne le sorte pas avant moi, se dit-il. Car ce serait un combat par trop inégal pour sûr ! Quelle commune mesure y a-t-il entre Sartre et lui ? Autant comparer une formule 1 et une deux-chevaux. Son travail à lui ce n’est qu’un travail d’amateur. Une ou deux bonnes idées peut-être, qu’il sera prêt à défendre devant un jury, mais au total à quoi servira sa thèse ? à qui ?… La phrase Flaubert lui revient toujours à l’esprit : « Un emmerdement constitutionnel que je refoule parfois à force de travail ». Oui, c’est bien cela, il sera docteur, le plus jeune docteur de France, paraît-il (c’est son directeur de thèse qui le lui a dit) et tout ça simplement parce qu’il s’emmerde !… Mais il y a dans l’ennui quelque chose d’inégalable, une qualité de sensation qu’on ne peut décrire. L’ennui est une expérience métaphysique. L’homme qui ne s’ennuie pas est un infirme de l’âme. Alors l’été venu, dans la seule intention de ne pas rester sans rien faire (éternel problème des vacances ! ) il s’inscrit pour une expédition aux îles Lipari dont il a vu l’annonce par hasard dans un couloir de la Sorbonne.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><br /></p>
<p class="MsoNormal" style="TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify">=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=</p>
<p class="MsoNormal" style="TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"> </p>
<p class="MsoNormal" style="TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><font style="FONT-STYLE: italic" size="4">NB: Les épisodes précédents sont rassemblés sous la rubrique" Le roman d'un homme heureux" II</font></p>
<p class="MsoNormal" style="TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"> </p>
<p class="MsoNormal" style="TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2008/09/25/594-le-roman-dun-homme-heureux-ii-13-de-pierre-parlier#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/514Le Roman d’un homme heureux II (14) de Pierre Parlierurn:md5:e4b66f76837ed3d12372d05d13b60eb72008-09-25T16:00:15+00:002018-06-16T15:45:37+00:00EcritoireLe roman d'un homme heureux (II) de Pierre Parlier<meta http-equiv="Content-Type" content="text/html; charset=utf-8" />
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<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Non, en réalité il s’en fiche éperdument mais ce qu’il recherche, comme toujours, c’est l’immersion dans un groupe, c’est participer à une aventure collective pour goûter encore une fois à cette joie libératrice qui vous affranchit du temps et des pesanteurs de l’existence et vous permet d’accéder à cet absolu du bonheur qui donne un avant-goût du Paradis. <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Et toujours la même angoisse au moment du départ : sur qui va-t-il tomber cette fois ?<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Une chose l’a intrigué quand il s’est inscrit, c’est qu’on lui a renvoyé une fiche à remplir et parmi toutes les questions posées celle qui concernait ses motivations comportait un choix de cases à cocher : <em>attrait de l’aventure</em>, <em>intérêt pour la vulcanologie</em>, <em>goût de la performance sportive,</em> etc… La dernière était libellée ainsi : <em>désir d’emmerder l’organisateur.</em> Cette ultime option lui paraissant procéder d’un sens de l’humour appréciable c’est évidemment celle qu’il s’était empressé de cocher. Or ne voilà-t-il pas qu’il reçoit un coup de téléphone de l’animateur en question qui, s’étant inquiété de sa réponse, demande à le rencontrer. Rendez-vous est donc pris dans un café du Quartier Latin. <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Il s’agit d’un homme d’allure sportive, jeune, le cheveu coupé court, énergique, sympathique, qui lui déclare d’entrée qu’il voulait savoir les raisons qui l’avait amené à cocher cette fameuse case. Il tient particulièrement, dit-il, à s’assurer de l’ambiance qui règnera dans le groupe et ne veut personne qui vienne dans l’intention de semer le trouble… Ah ! que n’a-t-il dit là ! Mais enfin comment a-t-il pu s’imaginer une seconde que sa réponse était sérieuse ! Elle ne pouvait pas l’être davantage que la question posée, car il est bien évident que celui qui aurait l’intention d’<em>emmerder l’organisateur </em>ne l’avouerait pas avant de partir. La question était donc absurde. À question stupide réponse stupide. Tout ceci n’était évidemment qu’une plaisanterie… Malgré l’évidence de ces arguments l’autre ne semble pas tout à fait convaincu. Il s’avère en effet que sa question était tout à fait sérieuse au contraire et que le malheureux est réellement préoccupé par l’ambiance qui règnera dans son groupe. Il veut s’assurer de la bonne volonté de chacun avant de partir. Alors c’est avec joie et une totale sincérité que notre candidat le rassure totalement sur ce point. Nul plus que lui, dit-il,<span> </span>n’a le sens du groupe et d’ailleurs sa principale motivation en s’inscrivant c’était justement de participer à une aventure collective, de se fondre dans une équipe, parce qu’il adore ça, lui, les groupes, c’est son principal plaisir, sa spécialité, son but dans la vie. Il évoque son service militaire, les troupes de théâtre auxquelles il a participé. Donc, aucune inquiétude à avoir là-dessus, il est l’homme de la situation !… L’organisateur, quoique seulement à demi rassuré, finit par se laisser convaincre.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Le départ a lieu quelques semaines plus tard. Voyage en train jusqu’à Naples puis embarquement en bateau. Il y a une trentaine de personnes au total dont, comme toujours, une grande majorité de filles, toutes plus ou moins moches sauf une seule, laquelle est évidemment accompagnée de son petit ami. Ils forment d’ailleurs un joli couple, respirant la santé et la joie de vivre ce qui fait qu’il sympathise aussitôt avec eux. Les autres semblent atteints d’une maladie de langueur dont rien ne paraît devoir les délivrer. Il est évident qu’ils sont venus, eux aussi, non par amour des volcans mais dans l’espoir de faire des rencontres, mais ils ne se font guère d’illusion cependant, ils sont déjà résignés à leur sort. Ça promet !… Joseph, l’animateur, règne sur son petit monde avec énergie et efficacité. Il a emporté une cantine où sont entreposés vivres et matériel (et en particulier une quantité considérable de bombes à raser dont il laisse entendre malicieusement qu’elles sont destinées à assurer l’ambiance durant les soirées festives qu’il compte organiser quand le groupe se connaîtra mieux). <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Au terme d’une nuit de traversée, passée à tenter de dormir dans les coursives du bateau car par mesure d’économie il n’a pas été prévu de cabines, on se retrouve sur le pont au lever du soleil et Joseph entreprend la préparation du café, tiré de la cantine, et sa distribution. La mignonne jeune fille – celle qui est accompagnée de son petit ami - lui demande alors si elle ne pourrait pas avoir une tasse de thé à la place du café parce qu’elle a l’habitude de prendre du thé le matin. « - Impossible, répond Joseph, le matin c’est du café. Le thé c’est pour quatre heures. – Mais enfin, puisqu’il y a du thé ça ne te dérange pas. Je ne supporte pas le café. » Et là, l’événement imprévisible : sans autre explication, il lui administre une gifle qu’on entend claquer à plusieurs mètres à la ronde. Elle en reste sans voix. Tous les autres demeurent figés et contemplent ce spectacle horrifiés. Personne ne sait quoi dire. Le petit ami pas plus que les autres qui sent bien, le malheureux, qu’il doit prendre la défense de celle qu’il a en charge de protéger mais dont l’agressivité n’est visiblement pas le penchant naturel. Alors il se compose tant bien que mal un personnage de dur et demande des explications sur un ton qu’il s’efforce de rendre menaçant. Joseph se détourne sans daigner lui répondre et va s’affairer dans sa cantine. Alors un grand garçon, à la silhouette massive, qui ne s’était pas fait remarquer jusqu’ici, participant parmi les autres, s’interpose pour calmer les esprits. Il explique que Joseph est un ami à lui, qu’ils se connaissent à Paris et que s’il est un peu impulsif certes c’est un homme très sympathique cependant quand on le connaît bien et très dévoué, il ne faut pas lui en vouloir. Alors pour ne pas aggraver les choses chacun préfère passer l’éponge et l’incident en reste là. Mais la scène malgré tout a fortement marqué les esprits. Il n’y a rien de tel pour souder un groupe. Le reste de la journée se passe évidemment à en reparler. Et évidemment notre héros, l’homme heureux, est le plus éloquent pour faire valoir que ce geste est inadmissible, extrêmement grave, un manquement aux règles les plus élémentaires du respect de la dignité humaine et qu’il aurait dû entraîner le départ instantané de tout le groupe car il n’y a pas de compromission à avoir avec ce genre de comportements. Certains, après l’avoir entendu, sont déjà prêts à faire demi-tour après avoir demandé qu’on les rembourse, mais lui voudrait partir sans rien demander, l’argent ce n’est pas la question. L’important c’est la dignité ! Et voilà qu’il se retrouve tout naturellement dans la position qu’il affectionne tout particulièrement, qui lui va comme un gant, dans laquelle il triomphe grâce à son éloquence, son sens de la formule et du théâtre : la position du contestataire, du grand rassembleur des mécontents, du chef de l’opposition. Il a déjà connu ça tant de fois ! aux <em>Trois Masques</em> avec le malheureux Patrick Poitevin, au <em>Théâtre Antique</em> quand il s’était opposé à la nomination d’un nouveau membre pour lequel la « base », disait-il, n’avait pas été suffisamment consultée, et maintenant, là, de nouveau il est l’homme de la situation. Le petit couple voit en lui un protecteur et la mignonne jeune fille lui prodigue des marques d’affection auxquelles il n’est pas insensible. On l’écoute, on l’admire. Joseph, à qui parvient bientôt, comme de bien entendu, des échos du complot qui se trame contre lui, se dit qu’il avait bien raison de se méfier de cet agitateur qui avait annoncé la couleur avant de partir. Ah ! il est très fort, le traître !… Toujours est-il que personne ne demande finalement à repartir et le voyage se poursuit comme si de rien n’était.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Mais c’est désormais la guerre entre Joseph et lui, une guerre sourde, larvée, qui n’aboutira pas à de grands éclats parce que Joseph le craint et que lui de son côté ne veut pas de conflit, mais une guerre impitoyable. Ce genre de guerre il connaît, c’est celle qu’il a menée toute sa vie contre son père. Il sait qu’il est le plus fort, il sait qu’il la gagnera et il souffre de gagner, car ce Joseph au fond, il lui est sympathique malgré tout avec ses bombes à raser qu’il a emmenées pour assurer l’ambiance et qui, à cause de lui, resteront dans la malle, à cause de tout ce mal qu’il a dû se donner pour organiser son expédition, de tous les rêves qu’il a dû y mettre et qui se retrouve seul, isolé, tout ça par sa propre faute, parce qu’il est atteint de cette étrange maladie contre laquelle il ne peut rien et qu’on appelle la paranoïa. Car Joseph est un paranoïaque, un vrai, cela se vérifiera chaque jour par la suite. Il s’avère que le gros garçon qui s’est dit son ami est en réalité un garde du corps qu’il a recruté avant de partir, à toutes fins utiles. Un garçon plutôt sympathique du reste, lui aussi, qui leur raconte qu’il était membre du mouvement Occident avant de démissionner pour entrer dans les CRS. Le service d’ordre c’est sa passion, sa marotte. Il en parle comme un autre parlerait de la guitare ou de la flûte à bec. Il voulait déjà en faire étant enfant… Au bout de quelques jours l’une des filles dans le groupe s’est laissé séduire par lui. Alors voilà que tous les autres la prennent à part pour lui dire qu’elle ne vaut pas plus cher que celles qui pendant la guerre couchaient avec les boches. C’est une collaboratrice. En d’autres temps on l’aurait tondue… Et la malheureuse qui ne comprend rien à ce qu’on lui reproche se met à pleurer à chaudes larmes et ne sait plus si elle doit le quitter ou lui rester fidèle. Un autre jour on découvre que Joseph a caché un revolver dans le fond de sa cantine. Grande frayeur ! Jusqu’où serait-il capable d’aller ? Jamais on ne s’est autant amusé… Il convient tout de même à la vérité de dire que tout ceci ne concerne qu’une petite partie du groupe, ceux qui se sont rangés sous la bannière du Grand Opposant, et que les autres, en particulier toute la bande de filles recrutées pour la plupart par des publicités que Joseph a passé dans des magazines féminins (il savait ce qu’il faisait le bougre ! ), se contentent de subir leur sort sans se préoccuper de ce qui se passe… tout ceci sur fond de Stromboli en éruption et de coulées de laves en fusion. On retrouve son unité quand il s’agit de gravir les pentes caillouteuses du volcan. On dort à la belle étoile, on se risque jusque sur les lèvres du cratère, on a la chemise trouée par des retombées de cendres incandescentes, on croise les époux Kraft qui disparaîtront quelques mois plus tard dans une expédition… C’est dans ces conditions qu’il fait la connaissance de Christine.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Il ne l’avait pas remarquée au début, elle était dans le groupe, une parmi les autres, ni belle ni laide, incolore. Un soir il s’est trouvé assis à côté d’elle dans le cercle qu’ils formaient pour dîner à la lueur des grandes gerbes d’étincelles qui jaillissaient du volcan. Et comme d’habitude, à tout hasard, pour essayer, il a posé un bras sur son épaule. C’est toujours ainsi qu’il procède : il pose un bras sur l’épaule de sa voisine, comme un pickpocket glisserait la main dans le sac, ni vu ni connu, tout en regardant ailleurs. Si l’intéressée ne réagit pas, si elle fait semblant de ne pas s’en apercevoir, c’est qu’elle est d’accord. Après il n’y aura plus qu’à conclure. Et cette fois, évidemment, elle n’a pas réagi – ça marche toujours ! - elle n’a pas tiqué et a laissé le bras reposer sur son épaule. Alors à la fin du repas, considérant que c’est gagné, il l’examine plus attentivement : Elle est mince, les cheveux tirés en arrière, retenus par un chignon, pas très bavarde, semble-t-il, plutôt le genre sérieux. Et quand, à l’écart du groupe, ils échangent leur premier baiser, elle n’y met pas beaucoup d’ardeur mais bon, peu importe, l’essentiel est fait : il peut considérer désormais qu’il a une petite amie. <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Ainsi son voyage n’aura pas été inutile. D’ailleurs il commençait à en avoir marre de Joseph et de sa paranoïa et des volcans en éruption. Les autres continuent à se battre contre lui, à mener jusqu’au dernier jour une guerre de tranchée qui se terminera dans le train du retour par un grand règlement de compte où ils tenteront une fois de plus de se faire rembourser. Comme s’ils n’avaient toujours pas compris, les imbéciles, que ce n’était pas une question d’argent mais de dignité ! Mais pour lui, de toutes façons, tout ceci n’a plus aucune importance. Dans quelques jours il sera à Paris et Joseph sera oublié. L’essentiel aura été fait : il a une petite amie.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><em><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">NB : Retrouvez les textes de Pierre Parlier avec la rubrique « Rechercher »<o:p></o:p></span></em></p>http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2008/09/25/598-le-roman-dun-homme-heureux-ii-14#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/518Le roman d’un homme heureux II (15) de Pierre Parlierurn:md5:a548f312bf0d690ffa36082c97d923a72008-09-25T14:43:25+00:002018-06-16T15:45:37+00:00EcritoireLe roman d'un homme heureux (II) de Pierre Parlier<meta http-equiv="Content-Type" content="text/html; charset=utf-8" />
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<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Elle habite chez ses parents, près du Champ de Mars et quand il se rend à l’adresse indiquée il découvre un immeuble bourgeois avec cage d’ascenseur, moquette rouge, caryatides et torchères de cristal. Un seul appartement par étage… Il sonne à la porte. On vient lui ouvrir. C’est elle, avec son éternel chignon, cheveux tirés en arrière, regard sérieux. Quelque chose de grave, d’élégant et de froid à la fois. Il ne parvient pas à ressentir une véritable émotion en la revoyant, mais enfin qu’importe ! la seule chose qui compte c’est qu’il a désormais une petite amie est celle-ci peut faire l’affaire aussi bien qu’une autre. Le vestibule dans lequel elle l’introduit est aussi vaste qu’un salon, tendu de soie, éclairé par une double porte vitrée qui donne sur le reste de l’appartement. Comme il s’extasie elle lui dit que son père est PDG d’une grande entreprise et qu’il gagne beaucoup d’argent, mais elle ajoute aussitôt que c’est un homme tout à fait ordinaire à part cela, qu’il est comme tous les polytechniciens qui ont bien réussi dans leur métier, voilà tout. D’ailleurs il n’aime guère son milieu et c’est la raison pour laquelle ils a quitté le XVIème arrondissement où ils habitaient jusqu’ici pour venir se loger ici (on dirait qu’elle parle d’une banlieue défavorisée). Seulement comme elle a fait ses études au lycée Molière elle a encore tous ses amis là-bas.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Elle le fait entrer dans le salon, immense lui aussi, orné de boiseries anciennes et de rideaux de satin. Par les fenêtres on aperçoit les frondaisons du Champ-de-Mars. Quand il lui demande si l’on ne pourrait pas plutôt aller dans sa chambre, elle lui répond que pour être plus tranquille elle a décidé d’aller s’installer dans la chambre de bonne et c’est la bonne maintenant qui occupe sa chambre. Il n’ose pas insister. Et comme rien ne s’est encore passé entre eux à cause de la présence permanente du groupe là-bas qui rendait la chose impossible il se demande comment il va s’y prendre. Non qu’il soit impatient mais pour lui le passage à l’acte a une valeur symbolique. C’est le seul critère qui permette de juger de la réalité de sa victoire. Il se méfie des femmes qui se payent de mots et dont les promesses ne se traduisent finalement que par des gesticulations sans conséquences. Désormais il a décidé qu’il lui fallait du concret. <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">C’est alors qu’elle met elle-même le sujet sur le tapis en lui demandant tout de go s’il n’a rien contre une vierge de vingt-deux ans. Du coup il en avale sa salive. Il n’est pas sûr d’avoir bien compris. De qui parle-t-elle ? d’elle sans doute. Ce terme lui semble désuet, incongru et en même temps trop direct. Il a l’habitude de prendre plus de détours pour aborder ces choses. Mais la virginité doit être pour elle un problème brûlant et cette façon abrupte d’en parler traduit en réalité un trouble qu’elle tente de dissimuler. C’est dire à quel point il se sent apte à la comprendre ! Ce propos les a rapproché tout à coup, à un point qu’elle ne peut deviner, et il en profite aussitôt pour poser à l’homme d’expérience dont la maturité pourra lui être précieuse. C’est la providence qui les a fait se rencontrer. Qu’elle n’ait aucune crainte ! il va arranger ça.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Changeant de sujet et soulagée apparemment de sa réaction, elle lui propose alors de lui faire visiter le reste de l’appartement et il fait semblant de se moquer d’elle en lui disant qu’on aurait plus vite fait de prendre un vélo étant donné les distances à parcourir. Mais en réalité il est ébloui. Que de meubles précieux, d’objets d’art, de peintures anciennes ! Un véritable musée !… Tout au fond d’un couloir elle lui montre le petit cabinet où son père, lui dit-elle, a coutume d’aller se réfugier quand il est chez lui. Il s’y est aménagé un coin personnel avec un vieux piano sur lequel il joue du Bach. Il n’est pas souvent là mais même quand il est là on ne s’en aperçoit guère.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Soudain un bruit dans le vestibule. C’est la mère. Blonde, menue, la quarantaine. Sans doute ravissante autrefois. Elle accueille l’ami de sa fille avec volubilité et insouciance, propose de prendre le thé. Comme la bonne n’est pas là elle tient à le faire elle-même. On se déplace à la cuisine. On dirait une petite fille qui jouerait à la maman. Elle cherche les tasses et les cuillers, se plaint de ces éviers en inox qui sont impossibles à ravoir. Pendant ce temps sa fille la regarde faire sans intervenir. On retourne au salon. Elle parle de la bibliothèque qu’elle vient d’acheter chez un antiquaire. Un ravissant Louis XV, une folie ! Le Louis XV atteint de ces prix aujourd’hui !… mais elle n’a pas pu résister. Et puis la conversation tombe sur sa fille. Cette idée d’aller s’installer dans la chambre de bonne ! « - Et vous qu’est-ce que vous en pensez ? Vous ne trouvez pas que c’est absurde ? Voilà que c’est la bonne qui va dormir chez nous maintenant ! » Elle se plaint de son mari qui rentre à toutes les heures. Il n’en a que pour son métier. Depuis qu’on lui a demandé de construire le tunnel sous la Manche il ne pense plus qu’à ça ! Enfin, ça lui fait tellement plaisir ! « - Et vous, qu’est-ce que vous faites ?… Ah ! la littérature !… » Elle adore la littérature. Elle passe ses nuits à lire. Il faut dire qu’elle souffre de terribles insomnies. Mais elle adore le cinéma aussi. D’ailleurs elle vient de former un groupe avec des amies, une sorte de club, qui se réunira une fois par mois pour parler des films qui viennent de sortir. « - La prochaine réunion aura lieu ici. Chacun devra préparer une fiche. On veut faire ça très sérieusement. Martinon (un éminent professeur de la Sorbonne pour qui vient d’être spécialement crée une chaire de cinéma et qu’il a vu récemment à la télévision) a accepté de présider les séances. Vous serez des nôtres naturellement ?<span> </span>Et toi aussi, Christine, tu ne vas pas nous faire faux-bond ! » Il remercie chaleureusement. Christine paraît moins enthousiaste.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Il ne se sera donc rien passé entre eux ce jour-là, une fois de plus, mais ils doivent se revoir le lendemain chez une amie qui était avec elle au lycée et dont le père est secrétaire confédéral d’une grande centrale syndicale (il se fait intérieurement des réflexions sur la collusion secrète entre syndicats et grand patronat). Le lendemain, donc, ils arrivent ensemble dans un immeuble cossu du XVIème arrondissement où une petite rousse replète les accueille avec une grande affabilité, ravie de connaître enfin celui dont elle a manifestement beaucoup entendu parler. Elle est rigolote, pas vraiment jolie mais charmante. Elle s’appelle Jeanne et semble avoir une grande admiration pour son amie Christine dont elle vante les qualités en ayant l’air de penser qu’il a beaucoup de chances de l’avoir rencontrée, ce dont d’ailleurs il ne disconvient pas. Cela crée entre eux une sorte de connivence par rapport à elle qui du coup semble toute réconfortée, heureuse de se voir ainsi l’objet de leur double attention. Jeanne leur propose de venir passer le prochain week-end dans la maison que ses parents possèdent en Normandie. Ils ne seront pas là mais il y aura son frère Paul.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Le samedi suivant les voici donc en Normandie. Une petite chaumière entourée de pommiers. Un côté carte postale qui le déçoit un peu. C’est moins luxueux qu’il ne s’y attendait. Quant à Jeanne, elle est toujours aussi gaie, aussi charmante, leur vantant les charmes de la maison paternelle et les beautés de la Normandie. Son frère, à peu près du même âge qu’elle, tout aussi roux, tout aussi rond, cultive le genre artiste prolétaire - quelque chose de Verlaine ou de Gustave Courbet - : grosses mains, grosse bouffarde, vif, sympathique, bon vivant. Semble avoir lui aussi une grande affection pour leur amie Christine. Décidemment toute la famille lui est dévouée ! Il a son franc parler et se lance d’entrée dans une critique très corrosive du XVIème arrondissement. On s’attable devant une bouteille de cidre et Christine explique la décision qu’elle vient de prendre de trouver un travail pour poursuivre ses études parce qu’elle refuse absolument de profiter de la fortune de ses parents. On lui a parlé d’un petit boulot de vendeuse aux Galeries Lafayette et elle a l’intention d’autre part de se trouver un studio pour être tout à fait indépendante. Jeanne et son frère trouvent l’idée absurde mais elle ne veut pas en démordre. Elle partira de chez elle dès qu’elle aura commencé à travailler et subsistera par ses propres moyens.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Le soir, Christine et lui se retirent dans la chambre qui leur a été dévolue. Enfin, les voici cette fois au pied du mur. C’est donc ici que la chose aura lieu !… Sauf qu’il comprend très rapidement que ça ne va pas se passer comme il l’espérait. Tout en manifestant une louable bonne volonté pour se soumettre à ses désirs elle se montre dépourvu de tout enthousiasme. Le moins qu’on puisse dire est que le cœur n’y est pas. Et tout à coup elle lâche prise en déclarant : « - Non mais franchement, tu ne trouve pas que ça pue ? – Quoi ? - Ça pue ! Tu ne vas tout de même pas dire le contraire ! » …Oui, c’est vrai, il ne peut pas dire le contraire, ça pue, le sexe pue. Mais il se lance alors dans des considérations générales sur le caractère éminemment subjectif de la sensibilité olfactive… cependant, au fond de lui-même il est bien d’accord avec elle : ça pue, incontestablement ça pue ! Il s’est déjà fait lui-même cette réflexion bien des fois. Du coup les voilà bien embarrassés maintenant sur la suite à donner. D’autant qu’elle lui avoue que si elle est vierge ce n’est pas tout à fait un hasard : elle est atteinte d’une affection plus ou moins psychosomatique qui la rend, au sens propre du terme, « impénétrable », serrée comme les cordons d’une bourse !… Voilà qui d’une certaine manière l’arrange en faisant porter sur elle toute la responsabilité des difficultés qu’ils ne vont pas manquer de rencontrer mais en même temps cette situation rend problématique leur relation. Que vont-ils faire ensemble ? Pour une fois qu’il avait une petite amie ! Enfin, dans l’immédiat, ils s’endorment l’un à côté de l’autre, plutôt soulagés d’avoir passé ce cap difficile.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Le lendemain est occupé par l’arrivée des parents de Jeanne qui sont venus déjeuner. Le père et la mère sont la réplique exacte de leurs enfants : roux et ronds. Gais, aimables. On discute autour de la table en buvant du cidre. Une certaine vulgarité un rien affectée .<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Les jours suivants Christine et lui, malgré leurs difficultés, s’installent finalement dans une relation tranquille qui n’est pas sans agréments. Ils se retrouvent le soir, souvent avec Jeanne, quelquefois avec Paul. Jeanne leur demande s’ils ne la trouvent pas trop envahissante. « - Vous en avez peut-être un peu marre à la fin de m’avoir tout le temps sur votre dos ! » Oh que non, ils n’en ont pas marre ! c’est une bénédiction au contraire. Elle leur apporte sa joie de vivre. Elle rit, elle trouve toujours quelque chose à dire. Christine est intelligente et il s’entend parfaitement bien avec elle mais quand ils sont en tête-à-tête, il sent toujours planer au dessus de leurs têtes le spectre hideux de l’ennui. <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Heureusement elle a beaucoup d’autres amis, en dehors de Jeanne, et ils sont souvent invités dans des soirées. Là, il apprend à découvrir un monde qu’il ne connaissait pas, un monde fait de luxe et de légèreté où toutes les filles sont ravissantes et possède l’éclat tranchant du diamant, ou tous les jeunes gens sont spirituels et aimables. On rit, on danse, on boit du champagne et il règne toujours une atmosphère spirituelle et chaleureuse. Il se connaissent tous entre eux et l’ont accueilli sans aucune réserve, du jour au lendemain, comme s’il faisait partie de leur clan. Mais cela n’est dû, il le sait, qu’au fait qu’il est le petit ami de Christine. Sans elle il ne serait plus rien. Et toutes ces filles sont si brillantes, montées sur leurs talons aiguilles ! elles tourbillonnent autour de lui, rient de ses plaisanteries, ont des gestes de déesses pour tirer sur leur cigarette et des lèvres à se pâmer !<span> </span>Il donnerait sa vie pour en séduire une seule. Pourtant il sait que la moindre tentative serait perçue comme une incongruité, une faute de goût impardonnable, une inconvenance. Il est le petit ami de Christine. Horrible supplice de Tantale !… Paul, lui, transporte dans les salons du XVIème son personnage de prolétaire heureux avec une tranquille assurance. Lui aussi, pour d’autres raisons, il fait partie du clan. Quelquefois il se retire sur le balcon et quand il revient il déclare : « - Je suis allé péter. On a bien le droit d’aller péter tout de même de temps en temps ! »<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Quelques semaines plus tard Christine a mis son projet à exécution. Elle a trouvé une chambre sous les toits, boulevard du Montparnasse et il l’aide à déménager. Vêtements, couverts, linges de toilette, tout le matériel nécessaire pour vivre. Elle n’a pas l’air d’y croire elle-même, elle est de plus en plus triste et lui de plus en plus mal à l’aise avec elle. Comment tout cela va-t-il finir ? Il n’en sait trop rien, évite de se poser la question, d’autant qu’il vient de faire une nouvelle connaissance qui lui ouvre d’autres perspectives…</span></p>
<p class="MsoNormal" style="TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"> </p>
<p class="MsoNormal" style="TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"> </p>
<p class="MsoNormal" style="TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><font size="4"><span style="FONT-STYLE: italic">NB: Les épisodes précédents sont rassemblés sous la rubrique " Le roman d'un homme heureux" II</span></font><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p></o:p></span></p>http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2008/09/25/607-le-roman-dun-homme-heureux-ii-15-de-pierre-danger#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/527Le Roman d’un homme heureux II (16) de Pierre Parlierurn:md5:54278338ea71851e60c09ccd2cb3b3f02008-09-25T14:42:07+00:002018-06-16T15:45:37+00:00EcritoireLe roman d'un homme heureux (II) de Pierre Parlier<span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: 'Georgia','serif'"> C’est en traversant le Luxembourg qu’il l’a rencontrée. </span> <p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""> Il s’est approché d’elle, elle lui a souri. Il s’est senti autorisé à lui adresser la parole. Elle est américaine, elle s’appelle Joan, travaille à l’Alliance Française… Américaine ! c’est peu dire. Elle est l’incarnation même de l’Amérique avec sa blondeur, ses yeux pervenche, son teint éclatant et son sourire Colgate. Elle ressemble à Ginger Rogers. D’ailleurs elle lui dit que son père est metteur en scène de cinéma. À Hollywood ?<span style="mso-spacerun: yes"> </span>Mais oui à Hollywood !… Trop beau pour être vrai. « - Et qu’a-t-il fait ? – Oh ! rien, des westerns ». Tant pis, ça n’a pas d’importance. Hollywood tout de même !… Voilà une petite amie qui améliorera son image de marque auprès des autres. D’autant qu’elle semble ravie, l’américaine, de l’avoir rencontré, elle ne fait aucune difficulté pour le suivre et le soir ils dînent ensemble. Il l’éblouit, comme toujours, par sa conversation, lui raconte sa vie, ses exploits au théâtre, son métier. Ça tombe bien ! elle qui était venu apprendre le français !… Elle parle bien du reste, avec un accent délicieux, en se tordant la bouche comme font les américaines. Et il n’en finit pas d’admirer ses beaux cheveux qui cascadent sur ses épaules. « - C’est ma parure, » dit-elle. Le lendemain elle l’invite à venir dîner chez elle.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""> Elle habite rue Dauphine, un minuscule studio. Plus petit c’est impossible. Une miniature, une maison de poupée. Il n’y a place que pour un lit étroit, une chaise et une planchette que l’on déplie pour servir de table (quand on est deux l’un des deux doit s’asseoir sur le lit). Mais malgré tout le décor est raffiné : moulures aux plafond, papier peint, poèmes calligraphiés accrochés sur le mur, un petit miroir précieusement encadré de coquillages. Dans le coin cuisine dissimulé derrière un paravent elle a préparé un repas auquel il ne fait guère attention, occupé qu’il est à se demander comment ça se passera tout à l’heure quand on passera aux choses sérieuses…<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""> Après le café enfin on débarrasse la table, on rabat la planchette et on s’installe sur le lit. Elle n’oppose aucune résistance, s’attendant sans doute à ce qui lui arrive, mais n’y montre guère non plus d’enthousiasme. On dirait qu’il s’agit pour elle de se débarrasser d’une corvée à laquelle elle s’astreint par politesse mais dont elle se passerait bien. La chose terminée ils se rhabillent et il lui propose de sortir. Dehors, ce sont les lumières de Saint-Germain-des-Près, la rue de Buci, l’animation habituelle des soirées parisiennes. Il lui montre les endroits qu’il connaît, lui raconte l’histoire de chaque café, de chaque cabaret. Elle est ravie et lui très fier de se montrer en compagnie d’une si belle blonde qui dans les lumières de la place de Fürstenberg semble tout droit sortie d’un film de Minelli. Il guette les regards qui se posent sur eux…<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""> Le voici donc désormais pourvu de deux petites amies. Abondance de biens… Il les voit alternativement, l’une le reposant de l’autre car elles sont opposées comme l’ombre et la lumière : Christine plus compliquée, plus profonde, l’autre plus éclatante. Cependant elles possèdent toutes les deux quelque chose en commun : leur totale indifférence à l’égard du sexe. L’une, il sait pourquoi, l’autre, sa froideur est tellement manifeste qu’il finit par lui poser la question. Elle répond que ce n’est pas de sa faute, sa féminité ne s’est pas développée. À peine connaît-elle les manifestations périodiques par lesquelles se distingue la femme, ou alors à des intervalles si espacés que ce n’est même pas la peine d’en parler. Et quand il lui demande si elle a consulté un médecin, elle semble peu désireuse d’insister. Bon, après tout peu importe, ce qui compte c’est l’image. Cependant il ressort de cette conversation profondément troublé. Ainsi les femmes qui s’intéressent à lui sont toutes des femmes qui, pour une raison ou pour une autre, sont dénuées de sexualité ! Quelle étrange malédiction pèse donc sur lui ? Est-ce donc qu’il serait incapable d’en intéresser d’autres ? Du coup il sent monter en lui une sourde haine contre cette fille dont la beauté n’est qu’un trompe-l’œil. Mais il éprouve en même temps une grande pitié pour elle car il faut reconnaître qu’elle ne renâcle pas à le satisfaire. Alors il prend plaisir à lui faire subir des pratiques sexuelles humiliantes auxquelles elle se soumet sans rien dire même si son regard exprime un étonnement mêlé de réprobation. Elle s’y soumet sans doute comme lorsqu’on visite un pays étranger on se conforme à ses usages. En France c’est comme ça, doit-elle se dire.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""> C’est donc une double vie qu’il mène maintenant, tantôt avec l’une tantôt avec l’autre, triple même si l’on considère les journées qu’il passe chez ses parents, voire quadruple car il continue aussi à courir les ateliers de théâtre avec Sylvie et son play boy en pâte de guimauve, tout ceci s’ajoutant encore aux deux jours qu’il passe chaque semaine à Verriers où il continue à donner ses cours. Ainsi son existence, une fois de plus, s’est-elle fragmentée en une quantité de morceaux disjoints, sa personnalité elle-même éclatant en autant de personnages différents qui sont les seuls à se connaître entre eux.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""> À Verriers, d’ailleurs, les choses ont changé là aussi. D’abord – grande nouveauté ! – l’université s’est pourvue d’un campus : une vaste pelouse, qui ressemble à un terrain de golf, traversée par une nationale. Résultat, un étudiant s’est fait renverser en passant d’un côté à l’autre. Aussitôt colère générale. L’occasion était trop belle ! Meetings, manifestations. C’est Mai 68 ressuscité ! Cortèges, cordons de CRS. On ressort banderoles et drapeaux rouges. Divine surprise ! Verriers devient la seule université de France à poursuivre la lutte. <em style="mso-bidi-font-style: normal">Ce n’est qu’un début continuons le combat</em>… Cela leur vaut même les honneurs d’un magazine national qui est allé enquêter sur place et informe ses lecteurs que là-bas, en province, le feu couve encore sous la cendre !<em style="mso-bidi-font-style: normal"> </em>On rejoue les scènes culte : l’assemblée générale, l’occupation des locaux, la séquestration du doyen. Les tournées Barret de Mai 68 en quelque sorte ! Du coup le préfet affolé ordonne l’édification à la hâte d’une passerelle enjambant la nationale, que personne du reste n’empruntera jamais, mais qui brise le bel élan. Au bout de quelques semaines tout est rentré dans l’ordre.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""> Notre homme heureux, lui, n’a pas vraiment participé aux événements. Il y a vu simplement l’occasion de ne pas venir faire ses cours pendant que les étudiants étaient en grève, mais au retour il constate que l’atmosphère a changé, les rapports avec les étudiants se sont détendus. Du côté de ses collègues aussi : il a fait la connaissance d’un nouveau venu, nommé à la rentrée, un certain Cambremerre, qui habite à Paris comme lui et que l’on a bombardé directeur de l’Institut aussitôt qu’arrivé parce que personne ne voulait se charger de ce travail ingrat. « - Il fallait un con, on m’a trouvé ! » dit-il en riant. Mais en réalité il en est très fier car c’est un ambitieux mine de rien. Chaque semaine maintenant ils prennent le train ensemble. Cambremerre, qui a quelques années de plus que lui, qui est marié et qui a deux enfants, prépare une thèse sur Molière et affecte le genre bon vivant. Il ne manque pas de truculence d’ailleurs avec sa trogne à la Michel Simon et sa pointe d’accent gascon qu’il force à plaisir dans des colères mi jouées mi réelles qui révèlent, sous ses allures bonaces, un caractère susceptible et ombrageux. Mais notre héros, qui adore les cabotins, sait se faire aimer de lui, le provoquer tout en le flattant, si bien que malgré leurs différences - car ils sont aussi différents l’un de l’autre qu’on peut imaginer - il va naître entre eux une sorte de camaraderie fondée de part et d’autre sur un mélange de mépris et d’admiration. Cambremerre admire chez son jeune collègue une intelligence qu’il pense supérieure à la sienne (parce qu’il est humble aussi à sa manière) et une liberté d’esprit dont il se sent lui-même dépourvu, mais il ne parvient pas à prendre tout à fait au sérieux ce jeune célibataire qui parle plus volontiers de filles que de carrière. Quant au jeune célibataire il est attendri par ce colosse fragile qui dissimule si mal son arrivisme derrière ses allures sans façons. Et puis surtout ils ont trouvé l’un et l’autre l’occasion de mettre en commun leur solitude, car ils redoutent autant l’un que l’autre leur exil à Verriers. Pour Cambremerre cette soirée hebdomadaire qu’ils passent ensemble, c’est en quelque sorte sa récréation, sa bouffée d’oxygène, l’occasion de s’évader de ses soucis familiaux. À la fin de leurs cours, ils s’attendent pour descendre en ville et vont dîner ensemble. L’habitude en a été prise dès les premières semaines et cela durera ainsi des années, jusqu’à ce que Cambremerre parvienne enfin à réaliser son rêve de se faire nommer à la Sorbonne. Alors cette amitié qui ne tenait qu’au hasard se dénouera d’elle-même et ils se perdront de vue aussi facilement qu’ils s’étaient rencontrés.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""> Avec les étudiants aussi les rapports se sont modifiés. En application des idées de Mai qui ont abouti à la suppression des notes, des cours magistraux, de la sélection, et de tout ce qui peut évoquer un rapport d’autorité, il a décidé de disposer les tables en rond (en réalité afin de pouvoir s’asseoir parmi ses étudiants et combler ainsi le fossé qui le sépare d’eux). Mais comme on est loin des rapports qu’il avait avec ses élèves au lycée ! Cela tient sans doute au caractère de la région : les gens semblent plus réticents à se livrer, et puis surtout au fait qu’il ne s’agit plus de lycéens mais d’étudiants et que les filles ont quelques années de plus. Bien sûr certaines d’entre elles en profitent pour croiser les jambes sous son nez avec ostentation, d’autant que la mode est au short cette année-là, et il y en a une en particulier qui se prénomme Julie et qu’il peine à éviter de regarder pendant son cours, mais les autres semblent plutôt gênées par cette nouvelle disposition des tables et recréent d’autant plus fortement la distance qui les séparent de lui. Il lui semble qu’elles vivent sur une autre planète dont il restera à jamais exclu. Bien sûr il a retrouvé la jeune fille en ciré jaune qui lui avait semblé si belle l’année précédente, avec ses longs cheveux noirs et son regard profond, mais elle file toujours la première après le cours. Bien sûr il y en a quelques unes qui commencent à le connaître et le saluent gentiment quand il les croise dans un couloir, mais cela peut-il suffire à étancher sa soif ? Dire qu’il y en a tant et tant autour de lui dont une seule suffirait à combler sa vie et qu’il ne peut les aborder ! Comment oserait-il ? Son statut le lui interdit. Non que toute relation soit en théorie impossible avec elles : après tout elles sont majeures et il n’est pas si vieux. Mais justement c’est parce que la chose est possible que la situation est angoissante. La moindre tentative qu’il ferait serait condamnée à réussir sauf à subir une humiliation dont il ne pourrait jamais se remettre. Ainsi la tentation est présente à chaque instant et rien ne s’interpose entre lui et les objets de son désir sinon la peur d’un échec qu’il jugerait infâmant.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""> Alors, sentant qu’il lui faut absolument trouver un moyen de rompre le cercle de cet isolement, il en vient tout naturellement à la seule solution possible qui est toujours la même : le théâtre. C’est le théâtre qui a changé sa vie autrefois quand à douze ans et il était entré au conservatoire, c’est le théâtre encore qui lui a permis de renaître à Paris quand il est venu s’y installer sans connaître personne. Et aujourd’hui de nouveau qu’est-ce qui l’empêcherait de créer une troupe de théâtre à Verriers ou un atelier d’expression corporelle, quelque chose sur le modèle de Vincennes. Il y jouirait en outre du prestige attaché à sa fonction. Le théâtre est dans l’air du temps, il serait l’homme de la situation. Et là ses rapports avec les étudiants - et particulièrement les étudiantes - seraient sacrément différents !… <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif"">Aussitôt il en parle à ses collègues et l’un d’eux, qui est membre du conseil d’UER, lui propose de venir exposer son projet. Le voici embarqué ! obligé de comparaître devant cet aréopage redoutable. Une fois de plus il est saisi par le sentiment d’en avoir trop fait et d’être pris à son propre piège. Ne va-t-on pas rire de lui ? Ne va-t-on pas s’apercevoir qu’il n’est qu’un usurpateur, un tricheur ?… Mais non ! comme toujours, une fois de plus, au pied du mur, son verbe l’emporte et toute cette prestigieuse assemblée, occupée sans doute à des problèmes plus importants, s’amuse de voir ce jeune assistant plaider sa cause avec tant de flamme et des accents qu’il s’efforce en vain de contenir. Mais qu’y peut-il ? sa voix plaide pour lui. On lui accorde l’aumône d’une subvention. L’un des membres du conseil propose même de lui allouer une salle dans le tout nouveau centre de musicologie qu’on est en train de créer en ville. L’idée fait l’unanimité. Décidemment, comme il le pensait, la clé a tourné dans la serrure, la porte s’ouvre. Le théâtre ! telle était bien la solution.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""></span></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""></span></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Georgia","serif""><em>NB: Les épisodes précédents sont rassemblés sous la rubrique "Le Roman d'un homme heureux" II</em></span></p>http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2008/09/25/613-le-roman-dun-homme-heureux-ii-16-de-pierre-parlier#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/533Le Roman d’un homme heureux II (17) de Pierre Parlierurn:md5:0bb3e2da011d7cb85e4072e0bc5005fb2008-09-25T13:26:52+00:002018-06-16T15:45:37+00:00EcritoireLe roman d'un homme heureux (II) de Pierre Parlier<span style="FONT-FAMILY: 'Georgia','serif'; FONT-SIZE: 13pt"> Pour se sentir plus solide et partager la responsabilité qui</span> <p style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; FONT-SIZE: 13pt"> lui incombe - car rien ne lui fait plus peur que les responsabilités - il décide alors de se mettre en quête de ceux qui à Verriers s’occupent également de théâtre pour leur proposer de faire équipe avec lui. La situation est simple, il n’y en a que deux : un certain Yvon Bataille, qui dirige une troupe qu’il a eu l’occasion de voir l’hiver précédent dans un spectacle intitulé <em style="mso-bidi-font-style: normal">Ensemble nous découvrirons des horizons nouveaux</em> (on pouvait y admirer en particulier une farandole de jeunes filles agitant des guirlandes de rubans roses - c’est tout le souvenir qu’il en avait gardé) et Jean-Claude Valançol, une figure du coin paraît-il, à la fois psychanalyste et poète, qui anime un groupe de psychodrame. Il leur écrit donc à tous les deux pour leur exposer son intention de créer ce qu’il appelle pompeusement un « Centre d’études théâtrales de l’Université de Verriers », les invitant à venir le voir afin d’envisager avec lui les termes d’une possible collaboration. <o:p></o:p></span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; FONT-SIZE: 13pt"> À l’heure du rendez-vous ils sont bien là tous les deux : Yvon Bataille, grand escogriffe que des lunettes en forme de loupes rend plus effrayant encore et Jean-Claude Valançol, l’air grave, le regard profond, éclairé seulement par un soupçon de malice. Ils semblent l’un et l’autre sur la réserve mais se félicitent tour à tour de ce que l’Université veuille bien enfin s’intéresser à eux. Et lui, qui se sent fier d’incarner à leurs yeux l’Université, leur décline ses états de service, où les noms de Mnouchkine, de Jean Pierre Miquel et de quelques autres font leur effet habituel. Il leur expose ses intentions, leur parle de la subvention qu’il a obtenue et de la salle dont il disposera, qu’il est prêt, leur dit-il, à partager avec eux s’ils en sont d’accord. Les autres opinent du chef et il est aussitôt décidé de créer une association dont il sera tout naturellement le président, Yvon Bataille se proposant d’en être le secrétaire et Valançol, par voie de conséquences, le trésorier. Ainsi s’esquisse un « comité », sur le modèle de celui du <em style="mso-bidi-font-style: normal">Théâtre Antique.</em> L’affaire est en bonne voie… sauf qu’elle se complique lorsque, toujours sur le modèle du <em style="mso-bidi-font-style: normal">Théâtre Antique</em>, il leur explique la nécessité de se réunir une fois par semaine afin de traiter des affaires courantes. Le choix du jour pose un problème. Lui n’est là que le mardi, les autres ne sont pas libres ce jour-là. Alors<span style="mso-spacerun: yes"> </span>peut-être pourrait-on se contenter d’une fois par mois, concède-t-il (il serait prêt à rester ce jour-là) ?… Mais le problème est le même : personne n’est libre en même temps. Alors, une fois par trimestre ?… Même chose. La discussion s’enlise et l’on remet le problème à plus tard. Après tout est-il si nécessaire de se voir ?… La deuxième difficulté va apparaître au moment de la rédaction des statuts car ceux-ci doivent garantir la liberté de chacun et prévoir tous les cas de désistement, de retrait, de conflit, etc… Il s’avère qu’Yvon Bataille a la fibre juridique. Il n’est jamais à cours d’idée pour régler tous les cas de figures et au terme d’une nouvelle et interminable discussion, on parvient finalement à jeter les bases d’une constitution aussi complexe que la constitution américaine, qu’il se charge de mettre au net et de faire enregistrer à la Préfecture. Il demande en outre qu’une partie de la subvention soit affectée à l’impression d’un lot de papier à lettres et leur explique longuement le système de numérotation du courrier qu’il souhaiterait voir adopter afin d’archiver la correspondance. Dans tout cela il n’a jamais été question, notons-le, des activités. Il apparaît d’ailleurs que ni l’un ni l’autre n’ont l’intention de se confondre avec les deux autres. Yvon Bataille utilisera simplement la salle pour ses répétitions et Valançol pour y faire son atelier. Quant à lui, il a décidé de créer, sur le modèle de ce qu’il a connu à Vincennes, un atelier d’<em style="mso-bidi-font-style: normal">expression corporelle</em>. Tout au plus pourra-t-on donc faire apparaître ces trois activités sous un chapeau commun. Un peu amer il ressort de cette réunion en comprenant que les deux autres n’étaient venus là en réalité que pour prendre la part du gâteau qui leur était offerte, bien décidés à ne rien donner en échange. Mais après tout qu’importe ? Il a eu ce qu’il voulait.<span style="mso-spacerun: yes"> </span>Ne plus apparaître seul. Maintenant les choses sérieuses vont pouvoir commencer.<o:p></o:p></span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; FONT-SIZE: 13pt"><o:p> </o:p></span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; FONT-SIZE: 13pt"> Quelques jours plus tard il découvre les lieux. Il s’agit d’un petit hôtel particulier que l’Université vient d’acquérir dans la vieille ville, en haut d’une ruelle médiévale. La salle qui lui a été réservée devait être autrefois le grand salon : de belle proportion, éclairé par deux fenêtres qui donnent sur un jardin, rien ne semble y avoir bougé depuis le siècle dernier. Il y a des moulures au plafond, une grande cheminée surmontée d’une glace à trumeau, des chambranles à mi-hauteur des murs. Son premier soin est d’utiliser sa subvention pour faire équiper la salle d’une moquette afin qu’on puisse s’y rouler par terre comme il l’a vu faire à Vincennes. Il fait également l’acquisition d’un gros magnétophone à bande et de deux projecteurs. Les projecteurs c’est son idée à lui, à laquelle il tient par dessus tout et qui lui vient sans doute de ce qu’on pourrait appeler son « complexe du pot de confiture » remontant aux conditions dans lesquelles il avait dû éclairer son spectacle pendant la tournée des <em style="mso-bidi-font-style: normal">Trois Masques</em>. La présence de vrais projecteurs lui donnera cette fois un brevet de professionnalisme. Il se souvient aussi de l’art avec lequel René Simon braquait le sien sur ses élèves pour les faire surgir dans la lumière. La lumière c’est l’essence même du théâtre… Reste à fixer le jour et l’heure de l’atelier. Ce sera évidemment le seul soir où il est présent, à 21 heures, après le dîner. On diffuse l’information auprès des étudiants par voie d’affiches.<o:p></o:p></span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; FONT-SIZE: 13pt"> Au jour fixé, il est aisé d’imaginer avec quelle émotion il se rend sur le futur lieu de ses exploits. Ils sont une petite vingtaine à l’attendre sur le trottoir (comme à cette heure-ci il n’y a plus personne dans le bâtiment on lui en a confié la clé). Ce sont pour la plupart des étudiants qui suivent ses cours : la fameuse Julie ainsi que la belle mystérieuse au ciré jaune. Elles étaient donc, elles aussi, désireuses de le connaître mieux !… Il y en a d’autres aussi, les éternels mordus du théâtre, les éternels exclus en quête de relations, quelques étrangers désireux de parler français ainsi qu’une sorte de demi clochard au visage charbonneux barré d’une épaisse moustache qui faisait le guignol en l’attendant pour amuser la galerie. Un homme d’une trentaine d’années, d’allure timide, lui demande s’il peut venir bien qu’il soit déjà professeur (il enseigne les mathématiques à la Faculté des Sciences). Il proclame une fois de plus que l’atelier est ouvert à tous et entièrement gratuit (c’est la meilleure façon d’avoir du monde) et il introduit toute cette petite troupe dans son hôtel particulier comme s’il les faisait pénétrer chez lui. <o:p></o:p></span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; FONT-SIZE: 13pt"> Les voici donc maintenant assis en rond sur la moquette. C’est le moment de leur expliquer ce qu’il veut faire. En vérité il n’en sait trop rien mais il improvise : Il s’agit d’amener chacun, leur dit-il, à extérioriser ses émotions et à les pousser jusqu’à leur paroxysme afin de faire apparaître le personnage qui est en eux - non pas celui qu’ils sont réellement ou croient être (je ne suis pas là pour vous psychanalyser, précise-t-il) mais celui qu’ils apparaissent aux yeux des autres, le seul qui compte au théâtre. Le but pour chacun sera d’apprendre à accepter cette image d’eux-mêmes qu’ils projettent au dehors et à en jouer pour prendre dans le groupe la place qui lui revient, c’est-à-dire celle par laquelle il ne ressemble à personne. Car il ne s’agit pas au théâtre de se conformer à une norme, d’apprendre ce qu’il convient de faire pour devenir un bon acteur (maintien, articulation, etc.) mais au contraire d’apprendre à être différent. Au théâtre ce sont les défauts qui deviennent des qualités, qui sont les éléments sur la base desquels se construira une personnalité. Si vous vous trouvez trop gros, leur dit-il, apprenez à l’être davantage, si vous bafouillez, c’est en bafouillant que vous réussirez, et si vous faites rire de vous alors ne vous sentez pas ridicule : le comique sera l’arme par laquelle vous vous imposerez… Et vous comprenez, ajoute-t-il, qu’en vous parlant ainsi du théâtre je vous parle aussi de la vie. <o:p></o:p></span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; FONT-SIZE: 13pt"> Il a inventé tout cela au fur et à mesure. En vérité, il ne savait pas au juste, quand il est arrivé, ce qu’il allait faire. Mais maintenant en les voyant il le sait. Tout est devenu clair dans son esprit. Il leur explique que chaque atelier commencera par une séance de décontraction - comme il l’a vu pratiquer à Vincennes - afin qu’ils fassent le vide en eux et que tout ce qui se passera ensuite sera totalement déconnecté de la réalité extérieure. Cette salle est un lieu clos, le champ de tous les possibles : on pourra s’y aimer, s’y haïr, s’y désirer jusqu’à la folie. Mais rien de ce qui s’y passera n’aura de conséquences, la seule exigence étant d’y être vrai et d’oser… <o:p></o:p></span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; FONT-SIZE: 13pt">« - Et maintenant commençons », leur dit-il. <o:p></o:p></span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; FONT-SIZE: 13pt"> Ils sont pétrifiés… Les voici tous allongés sur la moquette, étendus sur le dos, les bras en croix. Il a éteint la lumière… Il les tient là sous sa main, Julie et son short, la belle au ciré jaune, le clochard charbonneux, le professeur de mathématiques, et tous les autres qu’il ne connaît pas. Ils sont à sa merci… et pourtant il sait déjà qu’il ne pourra pas en profiter car grâce à lui ils sont entrés dans une autre dimension et lui seul est resté dans le monde réel… Alors, d’une voix lente, détimbrée, comme venant de l’au delà, il commence : « - Pensez à votre bras droit, ne pensez qu’à votre bras droit… décontractez les muscles du bras droit… » Mais sa voix à sortir ainsi, blanche, sans expression, prend une résonance bizarre, quelque chose d’intime, d’enveloppant, il s’hypnotise lui-même tout en parlant, déclinant une par une toutes les parties du corps… : « - Pensez à votre bras gauche… ne pensez plus qu’à votre bras gauche… détendez les muscles du bras gauche… Ne pensez plus qu’à votre jambe droite… Ne pensez plus qu’à votre jambe gauche… détendez les muscles de la jambe gauche… » (et en disant cela il contemple les cuisses de Julie vautrée de tout son long sur la moquette).<o:p></o:p></span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; FONT-SIZE: 13pt"> À un moment il entend un léger ronflement, c’est le professeur de mathématique qui s’est endormi. Les autres respirent tranquillement à deux ou trois exceptions près qui le regardent fixement dans le noir. Lui aussi les voit distinctement, ses yeux se sont habitués à l’obscurité. Il contemple ces corps abandonnés. Mais il comprend aussi qu’il vient de signer un pacte diabolique : Rien de ce qui se passe ici ne devra, a-t-il dit, avoir de conséquences à l’extérieur ! Ainsi la confiance avec laquelle elles se livrent à lui implique l’interdiction qui sera la sienne d’en profiter. Ces jeunes filles sont intouchables. Il ne pourra les posséder que par la voix !… <o:p></o:p></span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; FONT-SIZE: 13pt">Alors il leur propose son premier exercice qui s’enchaînera directement sur la décontraction : il s’agira d’imaginer, leur dit-il, que vous êtes une graine enfouie dans le sol et qui va lentement germer, percer la terre, apparaître dans la lumière et déployer sa tige, fragile d’abord, puis de plus en plus robuste, se déployer en branches, en feuilles, s’ouvrir à l’air, à l’espace… Et il les accompagne dans cette germination, par sa voix dont il monte peu à peu le volume, par un discours qui ne s’interrompt jamais et les soulève littéralement du sol. Il les presse de respirer… « - Respirez !… respirez !… la respiration est le moteur qui fera circuler l’énergie dans leur corps. » Les voici maintenant debout, les bras tendus vers le plafond, se hissant sur la pointe des pieds.… Alors il allume les projecteurs d’un seul coup. Et eux, éblouis, grisés, ne savent plus où ils sont, ils ont perdu la notion d’eux-mêmes. Il va de l’un à l’autre, les soutient de la voix, du geste, les encourage, veille à ce qu’ils ne retombent pas, braque sur eux le rayon de ses projecteurs… instants d’ivresse et de folie !… jusqu’au moment où, sentant qu’on ne pourra pas aller plus loin, il leur annonce la fin de l’exercice et que chacun se laisse alors retomber haletant sur le sol comme une marionnette dont on a coupé le fil.<o:p></o:p></span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; FONT-SIZE: 13pt"> Après cet exercice collectif et sans transition, il annonce que l’on va passer à un exercice individuel. Chacun pourra y participer s’il le désire mais lui ne désignera personne… Après avoir projeté sur le mur, grâce au faisceau concentré de ses deux projecteurs, un rond de lumière qu’il appelle « sa lanterne magique », il invite celui qui le voudra à aller y inscrire son visage, en se tenant debout dos au mur, puis, après avoir choisi mentalement un certain sentiment à le faire peu à peu apparaître sur son visage, sans jamais vouloir le « signifier » artificiellement par une quelconque mimique mais seulement en l’éprouvant de l’intérieur… Suit une longue attente pendant laquelle évidemment chacun espère qu’un autre se décidera à sa place. Mais l’attente se prolonge et devient peu à peu insupportable… Il jouit de ce malaise. L’attente fait partie de l’exercice, comme il l’a vu faire à Vincennes. C’est une sorte de rapport de force entre lui et les autres, entre sa volonté et leur résistance. Si personne n’y va il est perdu. Tant pis, c’est le risque qu’il court… Certains se trémoussent sur leurs fesses, mourant d’envie de sauter le pas, d’autres s’absentent, font semblant de penser à autre chose, regardent obstinément leurs pieds. Chacun espère éperdument que son voisin se décidera afin de faire cesser ce malaise qui devient de plus en plus insupportable. Enfin, au bout d’un long moment, quelqu’un se dévoue, se positionne contre le mur, cligne des yeux, ébloui par la lumière, puis se concentre… Alors on voit peu à peu ce visage que jusque là personne n’avait spécialement trouvé ni beau ni laid, s’irradier d’une lumière surnaturelle. Le sentiment monte, monte, le remplit tout entier, ses yeux s’écarquillent, comme fixé sur un objet qu’on ne peut pas voir. A-t-il choisi d’exprimer l’amour ? le désir ? la gourmandise ? au fond peu importe, tous les sentiments se ressemblent… Et soudain on voit des larmes perler sur ses paupières, et couler le long de ses joues et le public en reste figé de surprise et d’émotion. Ce visage est si beau ! comment ne l’avait-on pas vu avant ? Pendant un moment on flotte ainsi dans l’éternité d’une image inoubliable. C’est Ramon Novarro ou John Guilgud !… Et quand le malheureux retourne à sa place, à tâtons, totalement aveuglé par les projecteurs, on le regarde avec une sorte de respect. Il n’est plus, il ne sera plus jamais celui qu’il était.<o:p></o:p></span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; FONT-SIZE: 13pt"> À la vérité ce miracle, il ne l’avait pas prévu. Il avait vu faire cet exercice à Vincennes, mais sans les projecteurs et ce n’était pas du tout pareil. Chacun veut passer maintenant, on se bouscule, et chaque fois le miracle se reproduit. Tous ces visages sont beaux, tous ces visages sont uniques. Ils se sentent unis maintenant d’avoir partagé cette même découverte dans cet étrange salon au luxe démodé qui devient le lieu presque surréaliste d’une expérience quasi initiatique. Alors, se souvenant de ce qu’il a vu faire chez Bob Wilson, il leur propose pour terminer un exercice qui se jouera sur la lenteur, l’extrême lenteur du geste. Dans l’espace circonscrit par la lumière des projecteurs, un personnage viendra prendre place, respectant d’abord une immobilité totale, puis entrera un second, entraînant un lent déplacement du premier jusqu’à ce qu’un troisième, etc…<o:p></o:p></span></p>
<p style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoBodyTextIndent"><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; FONT-SIZE: 13pt"> L’action commence. Nouveau miracle ! C’est une véritable histoire qui se déroule devant eux, une histoire aux multiples épisodes, aux multiples rebondissements, la lenteur du geste permettant une libération de l’esprit et sa totale concentration sur une chorégraphie épurée, sublimée, d’une grande beauté. Vraiment, se disent-ils, nous étions donc capables de ça ! Le geste se déroule comme le fil d’une pensée implacable… Et quand, trouvant que l’exercice a suffisamment duré, il décide d’en interrompre le cours, chacun est stupéfait du temps qui a passé. Plus d’une heure sans qu’on s’en doute ! Alors on se raconte l’histoire, on se remémore certains épisodes, et lui reprend l’ensemble, expliquant à son tour ce qu’il a vu. Il leur en retrace tout le scénario. Avaient-ils compris tout ça du premier coup ? Oui, sans doute. En tous cas il les en persuade. « - Moi, je vous dis ce que nous avons tous pu voir ! » Et ils en sont stupéfaits. Il les a révélé à eux-mêmes, il leur a révélé la richesse qu’il y avait en eux et dont il ne se doutaient pas. Et quand ils ressortent à la fin de la séance et qu’ils se retrouvent sur le trottoir, il est déjà une heure du matin et il ne savent plus où ils sont, ils ne savent plus qui ils sont. On a peine à se quitter, on décide d’aller jusqu’à un estaminet, non loin de là, qui sert de refuge aux noctambules. <o:p></o:p></span></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 1cm; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; FONT-SIZE: 13pt">Dans la salle enfumée, il y a foule : des étudiants en médecine, des joueurs de rugby qui reviennent d’un entraînement. On s’entasse tant bien que mal autour d’une table. Et lui il est là lui au milieu des autres, entre Julie et la belle au ciré jaune. Il a gagné sa place.</span></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 1cm; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; FONT-SIZE: 13pt"></span></p>
<p style="TEXT-ALIGN: justify; TEXT-INDENT: 1cm; MARGIN: 0cm 0cm 0pt" class="MsoNormal"><span style="FONT-FAMILY: "Georgia","serif"; FONT-SIZE: 13pt"><o:p><em>NB: Les épisodes précédents sont rassemblés sous la rubrique "Le roman d'un homme heureux" II</em></o:p></span></p>http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2008/09/25/618-le-roman-dun-homme-heureux-ii-17-de-pierre-danger#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/537Le roman d’un homme heureux II (18) de Pierre Parlierurn:md5:ebf41cc8e4cb85afebefa03414d626592008-09-22T18:00:28+00:002018-06-16T15:45:37+00:00EcritoireLe roman d'un homme heureux (II) de Pierre Parlier<font face="Times"> Plus que jamais désormais il mène une double vie dont </font> <p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><font face="Times"></font></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><o:p><font face="Times"> </font></o:p></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><font face="Times">les deux parties tendent à s’éloigner l’une de l’autre. Verriers d’un côté où l’aventure du « Centre d’Études Théâtrales » se poursuit, Paris de l’autre où il continue à sortir tantôt avec Christine tantôt avec Joan - la dépressive et la pom pom girl. Christine en effet est de plus en plus dépressive. Vendeuse aux Galeries Lafayette, elle veut prouver qu’elle peut se passer de l’argent de ses parents, mais comme dit son amie Jeanne, à quoi bon ? c’est absurde. On n’échappe pas à sa condition. Et en plus elle tente tant bien que mal de préparer une agrégation à la Sorbonne, et pour couronner le tout l’immeuble dans lequel elle a loué une chambre est détruit par un incendie. La voilà contrainte de déménager de nouveau !… Quant à la pom pom girl, elle est plus divertissante certes, mais au fond les moments qu’il passe avec elle sont tout aussi tristes. Il la sort dans des restaurants, l’emmène le dimanche visiter des villes de province, le seul moment qui compte étant celui où ils se retrouveront dans une chambre d’hôtel et où il pourra alors se dire avec fierté qu’il couche avec une blonde vraiment somptueuse. Car somptueuse elle l’est indiscutablement, somptueuse comme un animal de concours, avec sa crinière d’or et sa carnation de nacre, « ses yeux de faïence » comme dit le poème d’Aragon (<em style="mso-bidi-font-style: normal">J’aimais déjà les étrangères quand j’étais un petit enfant</em>), Aragon justement… mais ceci est une autre histoire. Un jour elle lui montre une carte postale qu’elle vient de recevoir, de son fiancé. Elle a donc un fiancé ! Qui est-il ? que fait-il ? Pourquoi ne lui en a-t-elle jamais parlé ? Et comme il s’étonne de son écriture maladroite et de ces lignes qui partent dans tous les sens, elle répond avec une certaine gène qu’il est légèrement « handicapé ». Handicapé ! Qu’a-t-elle voulu dire ? Il n’ose insister mais en demeure profondément humilié comme si cette révélation rejaillissait sur lui. D’ailleurs qu’a-t-il à attendre d’elle ? Elle n’a aucune conversation, aucune sensualité, elle le regarde toujours de son regard consterné quand il veut l’entraîner dans des jeux érotiques dont elle se demande bien quel peut être l’intérêt. Heureusement elle prend les choses du bon côté et se soumet sans faire d’histoires. Bonne fille au fond, la pom pom girl ! qu’a-t-il à lui reprocher ? Et en plus elle se révèle précieuse : Comme elle travaille à l’Alliance Française elle lui dit qu’on cherche là-bas quelqu’un pour accompagner des étudiants américains au théâtre et parler ensuite avec eux du spectacle qu’ils auront vu. Il serait tout à fait l’homme de la situation. Bien entendu il se présente et fait aussitôt l’affaire. C’est ainsi que pendant deux ans - et bien après qu’il aura cessé de la voir - il continuera chaque semaine à accompagner sa petite troupe d’étudiants américains au théâtre, selon un programme qu’il choisit lui-même, assurant le lendemain deux heures de cours pour reparler avec eux du spectacle - travail amusant et bien payé, lui permettant en outre de recueillir un nombre considérable d’adresses à travers tous les États Unis de jeunes gens qui seraient ravis de l’accueillir quand il passera par là (ce dont malheureusement il ne profitera jamais n’ayant pas le goût des voyages). Ces jeunes gens l’adorent en effet, il n’a pas son pareil pour leur parler avec humour et enthousiasme de Paris, de la France, du caractère de ses habitants car il aime ce dont il parle et ils les aime aussi eux, ces jeunes gens et jeunes filles sportifs, joyeux, pleins d’humour, sans complexes. Il découvre à travers eux une civilisation heureuse, fière d’elle-même, entreprenante, ouverte au monde, l’Amérique telle qu’il l’a aimée à travers son cinéma. Il les initie à la chanson française - Brassens, Barbara, Édith Piaf -, à la gastronomie, à la Nouvelle Vague, aux répliques célèbres du cinéma français, « T’as de beaux yeux, tu sais », « Atmosphère ! atmosphère !… » qu’ils notent scrupuleusement sur leur carnet pour pouvoir les replacer dans la conversation une fois rentrés chez eux.</font></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><font face="Times"> Avec Christine il continue à courir les salons du XVIème arrondissement. Il a fait grâce à elle la connaissance de tout un groupe de canadiennes aussi jolies qu’élégantes auxquelles leur accent ajoute encore un charme particulier. L’un d’elles est atteint d’un strabisme accentué ce qui, étonnamment, la rend encore plus adorable, et il se dit que son strabisme diminuant objectivement sa valeur, peut-être pourrait-il se l’offrir (comme dans certains magasins on trouve à bon prix des articles dégriffés). Déjà il se sent prêt à en tomber amoureux. Mais à cause de la présence de Christine il n’ose pas malgré tout s’attaquer à elle et la belle dégriffée lui échappera.</font></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><font face="Times"> Et puis arrive le jour prévu pour la première réunion du groupe de cinéma créé par la mère de Christine. Pour la circonstance il a été invité à dîner ainsi que le grand professeur de la Sorbonne qui doit présider les débats, les autres n’arriveront qu’à la fin du repas. C’est à cette occasion qu’il fait la connaissance du père, un grand maigre, avec d’épaisses lunettes, qui ressemble à Arthur Miller. Il a l’air très doux, plutôt timide, laissant sa femme s’agiter autour de lui et parlant peu. À un moment pourtant, avec un plaisir d’enfant, il explique à ses invités le nouveau système qu’il vient de mettre au point sur ses chantiers : le travail n’y est plus défini par les tâches à accomplir - comme couler une dalle de béton par exemple ou monter un mur - qu’une équipe est chargée de mener à son terme mais géré par un ordinateur central qui coordonne les différents gestes des ouvriers chaque action s’imbriquant les unes dans les autres comme on juxtapose les pièces d’un puzzle, sans qu’aucun des intervenants n’ait à connaître le sens et la finalité de ce qu’il fait, ce sens n’étant accessible qu’à l’ordinateur. C’est cette fragmentation extrême du travail qui en assure la productivité en évitant toute perte inutile de temps ou d’énergie. Il a l’air très fier de son invention mais comprenant que son explication n’intéresse personne et surtout pas le grand professeur qui veut raconter une anecdote concernant sa soutenance de thèse à laquelle assistait René Clair, il renonce à son propos tandis que Christine semble bouder et que la mère s’agite et parlemente avec la bonne, s’inquiétant des autres invités qui ne vont pas tarder à arriver.</font></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><font face="Times"> On en est encore au café quand on entend les premiers coups de sonnette. Doit-il se sentir fier d’être parmi les happy few que l’on va trouver à table ? Beaucoup doivent attendre longtemps avant d’obtenir la faveur d’une simple rencontre avec un personnage aussi considérable que le père de Christine. D’ailleurs le grand professeur, lui, se sent visiblement flatté. Il fait le beau, cherche à se mettre en valeur. Mais quelle gloire, lui, peut-il en tirer ? Il n’est là que parce qu’il est le petit ami de sa fille. Il tient en quelque sorte le rôle du gendre. </font></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><font face="Times"> On se transporte au salon. Le père prétexte de son travail pour se retirer, laissant à sa femme le soin de s’occuper de tout. Il y a une quinzaine de personnes au total, uniquement des femmes à part le grand professeur et lui. La mère de Christine branche un petit magnétophone qu’elle a acheté tout exprès pour enregistrer les débats et dont elle ne comprend pas très bien le fonctionnement. On commence. Le film qui vient de sortir et dont tout le monde parle en ce moment c’est <em style="mso-bidi-font-style: normal">Roma</em> de Fellini. Une de ces dames prend la parole. Elle développe un certain nombre de critiques que l’on pourrait faire, selon elle, à ce film, tant en ce qui concerne la structure, un peu décousue, dit-elle, que le manque d’unité… Alors soudain il l’interrompt (pourquoi fait-il cela ? qu’est-ce qui lui prend ?) Il a vu le film quelques jours auparavant et il a été enthousiasmé, subjugué. Quel peut être l’intérêt de critiquer un tel chef d’oeuvre, affirme-t-il péremptoirement. Et le voilà qui s’enflamme comme cela lui arrive parfois. Émettre des critiques sur ce film, dit-il, c’est aussi stupide que si l’on se permettait de noter des longueurs dans<em style="mso-bidi-font-style: normal"> Hamlet</em> ou des fautes de goût dans <em style="mso-bidi-font-style: normal">Britannicus</em>. Un chef d’œuvre est ce qu’il est, on ne le discute pas, on s’incline. Ces dames en sont toutes émoustillées : - Ah ! quelle chance nous avons ! se réjouissent-elles. C’est la passion de la jeunesse, il est là pour nous secouer ! On félicite la mère de Christine de l’avoir invité, tandis qu’elle vérifie les réglages de son magnétophone pour être sûr de ne rien perdre d’un tel moments. Comme en 68 on sent souffler le vent de la révolution dans les salons du Champ de Mars. Du coup le grand professeur, un peu vexé de se voir privé du premier rôle, se croit obligé d’abonder dans son sens. La conversation se poursuit sur ce ton, plutôt décousue, jusqu’à ce que quelqu’un, deux heures plus tard, donne enfin le signal du départ. Alors tout le monde se retire en promettant de se revoir ce qui malheureusement ne se fera pas car il n’y aura jamais de seconde séance.</font></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><font face="Times">Quelques jours plus tard il revoit Christine qui le félicite d’avoir donné un coup de pied dans cette fourmilière. C’est tout ce qu’ils méritent, dit-elle. Elle est de plus en plus hostile à son milieu et de plus en plus triste. Elle ne sait pas ce qu’elle fera de sa vie. Pour la distraire il lui propose de l’emmener le dimanche suivant chez les parents de Sylvie où l’on doit retrouver le gnome simiesque dont ils ont fait la connaissance le jour de son anniversaire et qui est à Paris pour un court séjour avant de retourner au Laos où il fait son service militaire dans la coopération. Sylvie l’a revu depuis son retour et ce qui devait arriver est arrivé : il est tombé dans ses bras (exit le play-boy en pâte de guimauve). Quand ils arrivent il est déjà là. C’est un garçon charmant décidément, qui porte le joli prénom un peu désuet de Florian. Il est d’une drôlerie irrésistible et capte à lui seul toute l’attention. Sylvie est fière de sa nouvelle conquête. D’autant qu’elle l’a gagné sur sa sœur, la belle Annie, avec qui les rapports de ce Florian sont ambigus (était-il avec elle ou non ? ce n’est pas très clair). </font></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><font face="Times"> On va se promener en forêt. Florian est à tout propos moqueur, sarcastique, d’ailleurs il a une voix nasillarde qui convient parfaitement à son personnage, mais ses yeux clairs démentent cette méchanceté. Il y a en lui à la fois quelque chose de pervers et quelque chose d’enfantin qui déroute. En tous cas il éprouve un plaisir évident à se donner en spectacle, à multiplier les pirouettes verbales et les entrechats avec une grâce affectée et un peu efféminée. Pendant ce temps Christine traîne derrière les autres, prétextant la fatigue. Elle n’est visiblement pas à l’aise au milieu de ces gens qu’elle ne connaît pas. À un moment elle disparaît même totalement à leurs yeux et ne la voyant plus il se sent obligé de rebrousser chemin pour partir à sa recherche. Il la retrouve couchée sur le bord du sentier. Elle a eu un malaise, prétend-elle, et ne se sent pas très bien. Il la soutient pour l’aider à rattraper les autres. Florian ne l’a même pas regardée quand ils sont revenus à leur hauteur et se montre parfaitement indifférent à son égard. Quand il lui en demandera plus tard les raisons, il prétendra qu’elle n’avait rien du tout et qu’elle voulait simplement se rendre intéressante. Elle le fait marcher, c’est évident !… Oui sans doute, il faut bien le reconnaître : quoiqu’elle fasse cette pauvre fille ne parvient à communiquer aucune émotion, à n’attirer aucune sympathie, comme si sa froideur était communicative et amenait les autres à devenir froids à leur tour envers elle. Mais enfin ne peut-on convenir tout de même qu’elle a bien du mérite et que sa détresse est sincère. Florian n’en semble pas convaincu et tente de lui démontrer que cette fille n’est pas digne de lui. Il se faisait une autre idée de ses capacités de séduction après l’avoir vu, la première fois, se rouler sous un piano à queue dans les bras d’une blonde explosive. Du coup il revient de cette partie de campagne en se demandant au fond pour quelle raison il continue à voir cette malheureuse Christine dont la froideur et la tristesse sont si communicatives.</font></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><font face="Times">La raison essentielle est qu’il a peur de se retrouver seul. Plus jamais il ne veut connaître ça. Le fait d’avoir deux petites amies est une garantie malgré tout, comme on ne roule pas sans roue de secours. En attendant il aimerait bien en trouver une troisième. À Verriers peut-être…</font></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><font face="Times"></font></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><font face="Times"><em>NB: Les épisodes précédents sont rassemblés sous la rubrique " Le roman d'un homme heureux" II</em></font></p>http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2008/09/22/629-le-roman-dun-homme-heureux-ii-18-de-pierre-parlier#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/548Le Roman d’un homme heureux II (19) de Pierre Parlierurn:md5:6c2e2800dcef6eb40ef90ffb46c577c42008-09-21T18:25:51+00:002018-06-16T15:45:37+00:00EcritoireLe roman d'un homme heureux (II) de Pierre Parlier<span style="FONT-SIZE: 14pt; FONT-FAMILY: 'Calibri','sans-serif'; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin"> <span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: 'Calibri','sans-serif'; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin">À Verriers les choses ont changé depuis qu’il a créé ce qu’il </span></span> <p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Calibri","sans-serif"; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin">appelle fièrement le « Centre d’Études Théâtrales » (CET pour les intimes). Son pari était donc le bon. Chaque mardi désormais toute sa petite troupe l’attend sur le trottoir, dans la nuit et le froid, et lorsqu’il arrive, sortant de dîner avec son collègue, il leur ouvre la porte de son hôtel particulier et les introduit dans le grand salon où vont se déchaîner, sous les ors et les moulures, les forces de l’imaginaire. Ce qu’il aime, comme dans ses cours, c’est d’arriver sans savoir ce qu’il va faire. Quand il entre dans la salle il n’a aucune idée de la façon dont il parviendra à occuper les deux ou trois heures que doit durer l’atelier et le temps qu’il prend pour allumer ses projecteurs, mettre en place la phase d’échauffement et de concentration, n’est là que pour lui permettre de connaître ce petit frisson lié à l’incertitude et de savourer ce sentiment d’angoisse qu’il ressent à la pensée qu’aujourd’hui peut-être il ne lui viendra aucune idée, qu’il restera coi, qu’il ne pourra faire autrement que de rendre les armes, car c’est exactement comme dans l’amour ce moment qui précède l’acte ou rien encore ne peut laisser prévoir si l’on sera capable de tenir ses engagements ou si l’on sombrera piteusement dans le ridicule. Mais plus sûrement encore que dans l’amour il arrive toujours ce moment où les idées affluent, où, comme par miracle, il n’a plus qu’à les cueillir. Alors il met un point d’honneur à en inventer toujours de nouvelles. Depuis le début il n’a jamais refait deux fois la même chose : jeu avec les objets, avec les corps, avec les mots, production de sons, thèmes d’improvisations collectives ou individuelles, utilisation de musiques contemporaines qu’il a soigneusement collationnées à cet effet : Xenakis, Berio, Stockhausen, Varèse ou Pierre Henry, il en a tout un choix sur des bandes magnétiques qu’il introduit tour à tour dans son magnétophone… Les improvisations se font tantôt dans le noir total - les corps alors se frôlant, se cherchant, se découvrant, se fuyant – tantôt au contraire dans la lumière aveuglante des projecteurs, la sensibilité des participants chauffée à blanc, portée à incandescence par cette sollicitation systématique des émotions portées à leur paroxysme : on passe du rire aux larmes, on crie, on geint, on éructe, on s’épuise, et quand enfin, la séance terminée, on se retrouve sur le trottoir, on va se réfugier dans le seul endroit demeuré ouvert à cette heure, l’estaminet voisin dont la clientèle ordinaire voit entrer avec étonnement cette bande d’hallucinés aux yeux rougis par la lumière et les larmes qui s’entassent corps contre corps autour d’une table. On commande des bières, on commente ce qu’on vient de faire, on confronte ses impressions, on raconte sa vie, on déballe son être profond, ses espoirs, ses frustrations, ses illusions (comment arrive-t-il toujours à se retrouver assis à côté de la belle et mystérieuse brune ? ). Il est tard mais l’essentiel est de prolonger le plus longtemps possible ce pur bonheur d’être ensemble. Le clochard à la grosse moustache, qui s’appelle Marius, se vante de ses exploits. Il est éboueur. C’est lui que l’on voit chaque soir, accroché à sa benne comme Ben Hur à son char, parcourir les rues de la ville. Il raconte les trouvailles qu’il fait au gré de ses tournées et chaque semaine leur ramène de petits cadeaux : un vieux poste de radio, un réveil matin, une statuette de bronze. Julie fait miroiter sous les yeux admiratifs des garçons les charmes acidulés de sa féminité. Il y a aussi Jo, la marseillaise au regard ardent, qui lui dit qu’il est leur Père Noël à tous et que sans lui leur vie serait différente. Et lui modestement accepte ce compliment car il sait qu’il est mérité : Oui, c’est vrai, il est exact de dire que sans lui leur vie serait différente, ce qu’il leur révèle ils en porteront à tout jamais la marque indélébile.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Calibri","sans-serif"; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin"> Seulement il y a une chose qui les chiffonne, disent-ils, c’est que dans tout ce qu’il leur fait faire il reste toujours en dehors. Il les amène à s’exposer, à se mettre à nu, mais prudemment il demeure en retrait. Hélas ! que peut-il leur répondre ? ce n’est que trop vrai ! S’ils savaient combien cela le déchire ! Mais peut-il rompre le pacte qui fonde leurs rapports et qui lui commande de se tenir hors du jeu, qui consiste à être celui par qui les choses adviennent à condition qu’elles adviennent hors de lui ? Il est comme Dieu devant ses créatures. S’il entrait dans la mêlée cela constituerait une transgression qui à l’instant même rendrait toute chose impossible. Et puis aussi, à la vérité, ce qu’il ne peut pas dire c’est que s’il reste en dehors c’est parce qu’il a peur, qu’il n’ose pas se montrer, révéler les désirs qui l’animent à l’égard de toutes ces jeunes filles qui le repousserait peut-être s’il se découvrait, s’il prétendait à être autre chose que ce passeur d’âme. Il n’a pas droit à son corps, c’est la rançon de sa toute puissance. Alors il leur promet : un jour, peut-être, quand nous arriverons au terme de cette année, à la dernière séance, avant de nous quitter !… mais en attendant…<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Calibri","sans-serif"; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin"> En attendant il se retrouve toujours comme par hasard assis à côté de la belle et mystérieuse brune, d’autant plus mystérieuse qu’elle parle peu, n’intervient presque jamais dans les conversations, n’attire pas l’attention sur elle mais exerce malgré tout une grande attraction sur le reste du groupe par la seule force de sa beauté qui se diffuse autour d’elle comme une onde invisible. Elle a une chevelure lourde, épaisse, noire comme de l’encre, des lèvres charnues, des pommettes saillantes, des yeux verts et un air de noblesse que contredit quelque chose de douloureux dans sa façon de sourire sans sourire comme si elle ne parvenait pas à assumer le poids de cette beauté qui la met en lumière alors qu’elle ne souhaiterait rien tant que de rester dans l’ombre. <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Calibri","sans-serif"; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin"> Comme il a remarqué qu’elle possède une vieille deux-chevaux dans laquelle elle arrive et repart, il parvient par des ruses de sioux à placer dans la conversation qu’il lui est parfois difficile d’être à l’heure à cause de la distance qu’il lui faut parcourir depuis le restaurant où il dîne pour venir les rejoindre, d’où il ressort tout naturellement qu’elle lui propose de le prendre en passant ce qui lui permettra de gagner du temps. Grande victoire ! Il a réussi ainsi à créer entre eux un rapport d’intimité. Faible victoire pourtant en vérité car ils ne se disent à peu près rien durant ce trajet qui ne dure que quelques minutes, bonjour bonsoir, mais il en tire tout de même une grande satisfaction de vanité quand elle entre dans le restaurant au moment où il est en train d’achever son repas avec son collègue Cambremerre car il voit la tête que fait celui-ci en la voyant apparaître.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Calibri","sans-serif"; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin"><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Calibri","sans-serif"; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin"> Cependant les semaines, les mois passent et comme toujours, les choses ne semblent guère progresser, ni à Paris, ni à Verriers. Elles progressent pourtant, souterrainement, comme se déplacent les plaques continentales, par un imperceptible glissement, jusqu’au moment où se produira l’inévitable séisme que personne ne peut prévoir. À Pâques il part comme toujours faire un de ces voyages où le seul but est de se fondre dans un groupe pour y trouver ce sentiment d’éternité qui est pour lui la forme la plus achevée du bonheur. Cette fois c’est en Hongrie, et du groupe il ne gardera d’autre souvenir que celui d’une jeune fille blonde, danseuse à l’Opéra de Paris, qu’il séduit dans un couloir de l’hôtel Gellert. Ils s’y promènent enlacés et tombent par hasard, dans les sous-sol de cet ancien palace transformé en auberge de jeunesse par le régime communiste, sur une grande salle ornée de colonnes de marbre qui entourent une piscine désaffectée. C’est un endroit sombre et mystérieux comme une crypte dans lequel il en profite pour l’embrasser, l’étreindre, la pétrir, affolé de fierté à l’idée qu’il tient dans ses bras une danseuse de l’Opéra de Paris ! Mais elle, si complaisante à ses caresses, se montre par contre extraordinairement rétive dès que les choses prennent l’allure de devenir plus sérieuses et il comprend vite qu’elle a un sens très pointilleux de sa vertu. Alors une fois de plus il lui faudra se contenter de la fallacieuse satisfaction de s’afficher avec elle aux yeux des autres tout en la maudissant de cette affectation grotesque à cultiver une morale <span style="mso-spacerun: yes"> </span>d’un autre âge. <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Calibri","sans-serif"; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin"> Au retour les parents de la jeune fille invitent tout le groupe à déjeuner, son père, entrepreneur de bâtiments, étant heureux de leur montrer la maison qu’il a construit pour lui-même. Au rez-de-chaussée se trouvent ses bureaux, à l’étage la partie privative que rien ne distingue des bureaux : mêmes murs en béton, même spots lumineux, mêmes fenêtres coulissantes, et écran de télévision intégré à la cloison. Le long d’un interminable couloir il<span style="mso-spacerun: yes"> </span>y a toute une série de portes qui donnent sur les chambres. Quand elle ouvre la sienne, la dernière, surprise ! Les murs sont tendus de soie, le lit garni d’oreillers en dentelle ; il y a une coiffeuse, un pouffe en velours, des poupées anciennes : un vrai décor à la Walt Disney. Alors il comprend tout : ces gens-là sont fous tout simplement, réellement fous ! D’ailleurs on leur raconte à table incidemment que le frère s’est suicidé, un des oncles aussi, ou un cousin, on ne sait plus. Dans la famille tout le monde se suicide apparemment. Mais à part ça des gens charmants : le père est visiblement fier de sa maison et de l’argent qu’il gagne, la mère, une brave ménagère, un rien vulgaire, fait tout ce qu’elle peut pour se montrer aimable, quant à la fille elle parle de son métier comme s’il s’agissait d’être coiffeuse ou manucure. D’ailleurs est-elle vraiment danseuse, il finit par en douter. Et il repart avec la ferme intention de ne plus jamais la revoir.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Calibri","sans-serif"; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin"><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Calibri","sans-serif"; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin"> À Verriers il a connu une grande déception également le soir où sa belle brune est venue le chercher à son restaurant accompagnée d’un jeune homme qu’elle lui a présenté comme l’« ami » avec qui elle vit. L’« ami » ! Qu’a-t-elle voulu dire ? Elle a donc un « ami » ! Mais après tout, quoi de plus normal ? Il n’avait pas pensé à ça. Il a remarqué qu’à Verriers les étudiants se mettent en couple beaucoup plus vite qu’à Paris (sans doute à cause des facilités de logement) ce qui donne l’apparence d’une plus grande émancipation sexuelle - apparence trompeuse cependant car tous ces petits couples vivent en réalité d’une façon très bourgeoise et leur union se calcifie peu à peu en mariage durant leurs études ce qui fait qu’au bout du compte ils n’auront connu, l’un comme l’autre, qu’un seul partenaire dans leur existence, tandis que l’étudiant parisien, plus longtemps immature et contrarié dans son développement par les difficultés inhérentes à la capitale, connaît une sexualité plus favorable à l’éclosion de fantasmes qui feront finalement la richesse de sa vie. C’est ce qu’il se dit en voyant ce petit couple : lui, le malheureux (un jeune homme au demeurant parfaitement aimable et sympathique) ne se doutant aucunement du danger qui le guette (ou faisant semblant de ne pas s’en douter) et elle se comportant avec le plus parfait naturel, inconsciente, semble-t-il, du scandale que représente à ses yeux, du fait même de sa beauté, son enfermement dans l’existence qui l’attend. Cependant à aucun moment<span style="mso-spacerun: yes"> </span>ne l’effleure l’idée qu’il pourrait modifier cet état de choses. Il se contente de se dire que, puisqu’elle a un « ami », il lui faudra se résigner à porter ses espoirs ailleurs. Mais les autres jeunes filles du groupe, décidément, ne lui plaisent pas. Julie lui fait peur, Jo est trop extravagante, les autres sont fades, insignifiantes ou carrément laides comme cette malheureuse Paulette qui a une tête de concierge, une verrue sur le nez et cherche désespérément l’homme qui voudra bien d’elle, ne ratant jamais l’occasion de faire des allusions grivoises sur la nature des désirs qui la rongent. La belle et mystérieuse brune, qui se prénomme Marie (comme Marie Arnoux, l’héroïne de <em style="mso-bidi-font-style: normal">l’Éducation Sentimentale </em>! ) du fait même qu’elle lui semble désormais inaccessible, cristallise tous ses rêves. Hélas, hélas !… L’atelier doit s’interrompre afin de laisser aux étudiants le temps de réviser leurs examens. Le rêve va s’achever !… C’est alors que le groupe lui rappelle sa promesse : pour le dernier jour il a promis de se mêler aux autres. Et maintenant, de toutes façons, cela ne pourra plus avoir de conséquences… <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 13pt; FONT-FAMILY: "Calibri","sans-serif"; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin">C’est en quoi ils se trompaient lourdement !<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"> </p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"> </p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><font size="4"><em>NB: Les épisodes précedents sont rassemblés sous la rubrique "Le roman d'un homme heureux"</em></font></p>http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2008/09/21/638-le-roman-dun-homme-heureux-ii-19-de-pierre-parlier#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/555Le Roman d’un homme heureux II (20) de Pierre Parlierurn:md5:f7637e4f40166d957868b4082baafe142008-09-20T13:11:36+00:002018-06-16T15:45:37+00:00EcritoireLe roman d'un homme heureux (II) de Pierre Parlier<span style="FONT-SIZE: 10pt; FONT-FAMILY: 'Comic Sans MS'"> À la fois effrayé et ravi, il cède donc à la demande instante du groupe <span style="FONT-SIZE: 10pt; FONT-FAMILY: 'Comic Sans MS'">et consent</span></span> <p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 10pt; FONT-FAMILY: "Comic Sans MS""> à descendre dans l’arène. Il s’agit d’une improvisation collective sur une de ces musiques psychédéliques qui permettent à tout un chacun, en fermant les yeux, de se prendre pour Béjart. Aspirant l’air à pleins poumons, il s’abandonne au flux de ces sons aériens qui font vibrer chaque fibre de son corps. Ses membres se soulèvent, ses reins se creusent, son cou se tend. Le voici qui entre dans la danse. Chacun en fait autant de son côté tout en gardant un œil sur son voisin car la consigne veut qu’au bout d’un moment tous ces atomes s’agrègent en molécules et c’est là que ça peut devenir intéressant… En effet, il sent soudain des bras qui le soulèvent. Les yeux fermés il se laisse faire. Ils doivent être trois ou quatre, davantage peut-être. Par une sorte d’inversion des rôles - juste retour des choses ! - ce sont eux maintenant qui le prennent en charge. Mais que vont-ils faire de lui ?… Ils traversent lentement l’espace, le portant à bout de bras au dessus de leur tête, comme pour une procession funéraire, et vont le déposer délicatement… à côté de Marie qui, allongée sur la moquette est en train de vaquer à ses propres affaires.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 10pt; FONT-FAMILY: "Comic Sans MS""> Le défi n’est que trop clair, il ne saurait s’y dérober. Lui qui a préconisé durant toute l’année l’abandon à la toute puissance du désir il ne peut reculer maintenant sauf à passer pour un lâche. Alors, masquant sa peur et prenant un air inspiré, il se déplie, se déploie, s’étire, se coule vers elle, jusqu’à ce qu’enfin il entre en contact, par le biais d’un index, avec le bout de son orteil !… Elle ne semble pas réagir d’abord à cette avancée dont elle n’a peut-être pas mesuré la portée mais s’ensuivent bientôt toute une série de contorsions, toujours sur fond de musique psychédélique, qu’il serait fastidieux de décrire en détails, mais aux termes desquelles il est devenu évident qu’il s’est passé entre eux quelque chose…<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 10pt; FONT-FAMILY: "Comic Sans MS""> Enfin quelque chose, quelque chose… c’est vite dit ! Car l’un des principes de l’atelier a toujours été que tout ce qui s’y passe ne doit avoir aucune incidence sur le réel. Certes personne n’en a jamais été dupe mais n’est-ce pas à lui, en toute justice, de rester jusqu’au bout le gardien de ce dogme ? C’est ce qu’il se dit durant tout le reste de la soirée lorsqu’ils vont selon l’usage boire un verre à l’estaminet voisin. Elle est en droit de penser que rien de ce qui vient d’avoir lieu n’aura de suite. D’ailleurs tout dans son attitude le laisse supposer. Elle ne s’est pas assise à côté de lui, elle a cet air rêveur qu’elle a toujours, cet air d’être ailleurs, cet air d’être noyée dans sa beauté… <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 10pt; FONT-FAMILY: "Comic Sans MS"">La nuit est déjà bien avancée quand on parvient à se quitter et comme d’habitude elle s’offre à le raccompagner. Quand enfin ils se retrouvent seuls dans sa voiture il sait que cette fois il ne peut plus attendre. C’est maintenant ou jamais… Il ne lui reste plus que quelques minutes pour agir… Ni l’un ni l’autre ne prononcent une parole… Elle regarde la route, sa main posée sur le changement de vitesse… Soudain, parvenu à un carrefour et comme elle ralentit, il se penche vers elle et, avec cette brusque audace d’un noyé qui tente de sauver sa peau, il s’empare de sa bouche… Elle se laisse faire. Peut-être s’y attendait-elle. Mieux encore elle s’offre à son baiser !… Enfin ! Enfin ! Il peut jouir du contact de ces lèvres tant de fois contemplées, tant de fois espérées, ces lèvres qui s’ouvrent sur des dents d’une éclatante blancheur entre lesquelles il peut maintenant se glisser sans qu’elle oppose de résistance… Toute ambiguïté est enfin levée : <em style="mso-bidi-font-style: normal">veni vedi vici </em>!… <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 10pt; FONT-FAMILY: "Comic Sans MS""> Durant toute cette scène ils n’auront pas prononcé un seul mot. <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 10pt; FONT-FAMILY: "Comic Sans MS""><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 10pt; FONT-FAMILY: "Comic Sans MS""> Cependant cet événement considérable ne change rien d’abord à ses habitudes. Les différentes parties de sa vie sont trop cloisonnées pour que ce qui se passe dans l’une ait la moindre incidence sur l’autre. À Paris il continue à voir alternativement Joan et Christine. Elle, elle n’est qu’une assurance supplémentaire contre la solitude en cas de défaillance des deux autres, un moyen aussi de donner une justification à ses séjours provinciaux qui ne répondait jusqu’ici qu’à une obligation professionnelle. <span style="FONT-SIZE: 11pt; FONT-FAMILY: "Calibri","sans-serif"; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-bidi-theme-font: minor-bidi">Or on sait qu’il s’est fait une règle que toutes les parties de sa vie soient en quelque manière guidé par le principe plaisir pour ne pas donner raison à l’adage paternel selon lequel « la vie, ce n’est pas une rigolade »</span><font face="Comic Sans MS"><font size="2">. Tout est donc parfaitement pensé, combiné, calibré dans cette nouvelle organisation, d’autant qu’il garde suffisamment de temps pour avancer sa thèse qu’il poursuit avec une régularité de métronome au rythme de trois pages par jour et que son père tape au fur et à mesure, ce qui lui permet d’espérer avoir terminé avant que Sartre ait publié son fameux ouvrage. <o:p></o:p></font></font></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 10pt; FONT-FAMILY: "Comic Sans MS""> Peu à peu cependant cet équilibre va se trouver subtilement modifié par un phénomène qu’il n’avait pas prévu : la découverte, totalement surprenante pour lui, qu’à Verriers les choses ne se passent pas comme à Paris. À Verriers tout est naturel, tout est simple, tout est clair, tout est délicieusement facile. Il n’y a qu’à se laisser glisser sur la pente et fermer les yeux. Pourtant ça n’a pas été tout seul au début : il y a eu ce repas qu’ils ont pris ensemble le lendemain de leur rencontre, où ils n’avaient pas grand chose à se dire. Elle lui semblait soudain moins attirante, selon le principe bien connu de la déperdition de valeur qu’affecte la chose acquise. Mais il sait cela, il l’a déjà éprouvé bien des fois et il ne veut pas en tenir compte. Elle, de son côté, doit être horriblement gênée par la situation. L’a-t-elle voulue, la subit-elle ? question à laquelle il ne peut répondre. Tout cela ne contribue pas à rendre les choses faciles et il s’en faut de peu ce jour-là qu’elles ne tournent à la catastrophe. Mais elle lui propose de venir passer le prochain week-end dans la maison que possède son père, absent en ce moment, sur la côte Atlantique et exceptionnellement il consent à revenir à Verriers en dehors de ses jours de cours pour l’y retrouver. Ils partent ensemble dans sa deux-chevaux et quand ils arrivent elle s’aperçoit qu’elle a oublié la clé. Ils sont donc obligés de coucher à l’hôtel. C’est là qu’ils deviendront amants. L’épreuve si redoutable se passe sans même qu’il y pense. Tout est si naturel, si simple, si clair, tout est si facile à Verriers ! En revenant ils vont rendre visite à sa grand-mère qui habite un petit village en pleine campagne et ils en ramènent des fromages de chèvres et des galettes. Pendant ces deux jours elle lui a parlé de sa famille, de son frère qui est mort dans un accident de voiture, de son père qui est parti en Indochine, de sa mère qui était jalouse d’elle quand elle était adolescente et qui allait fouiller dans ses affaires pour lui voler les lettres de ses amoureux. Et le sentiment qu’il éprouve pour elle, à l’inverse de ce qu’il prévoyait, c’est non pas la fierté de l’avoir conquise mais l’attendrissement de la découvrir si fragile et la surprise de pénétrer à travers elle dans un univers qu’il ignorait. Ce qui l’attache à elle c’est la région qu’elle incarne, cette campagne autour de Verriers qu’il ne connaissait pas et qu’elle lui fait découvrir, les grandes plages de l’Océan, les fromages de la grand-mère et les petits sentiers où l’on trouve des violettes, les bois, le marais, les valons. Et voilà qu’il en vient à passer une ou deux nuits de plus à Verriers en contradiction avec son principe qui était de n’y rester que le strict temps imposé par les nécessités de son service. Mais pourquoi pas après tout ? C’est tellement agréable ! Et puis quoi, c’est le printemps, il fait beau, l’année se termine. On peut considérer que cela procède du relâchement général qui précède les vacances. Pour le reste on verra plus tard. D’autant qu’elle l’introduit aussi dans sa bande d’amis, ce qui lui permet de réaliser son vieux rêve de se rapprocher de ses étudiants. Il y a Marie-Jo, sa meilleure copine, une grande et belle fille au regard clair et le garçon qui vit avec elle, un joyeux drille, chaleureux, sympathique, et puis il y a Michel, celui qui l’accompagnait le fameux soir où elle était venu le chercher au restaurant. Depuis elle a repris sa liberté en même temps qu’une chambre à la Cité Universitaire mais elle a gardé des liens très forts avec lui. D’ailleurs il a l’air de s’être très facilement consolé de l’avoir perdue et comme Marie-Jo justement souhaite se séparer du joyeux drille il en profite pour le remplacer. Car tout est simple, tout est facile, tout est naturel à Verriers. Et ainsi, au terme de ce jeu de chaises musicales il y a désormais deux couples amis : Marie-Jo et Michel, Marie et lui, auxquels s’adjoignent bien d’autres encore. On fait de joyeuses soirées chez l’un, chez l’autre, on parle de ses collègues (s’ils savaient !), on se moque de Marie-Jo qui rêve de se marier à cheval (elle épousera finalement un professeur de mathématique). Michel fait des études de géographie. Il est passionné par la géologie, mais aussi la bibliophilie, la philosophie, l’histoire, la politique. Il est passionné par tout. Il rit facilement, il rit de tout et quand il rit il pleure et il s’essuie les yeux tout en riant. Il fait l’éloge de la plastique de Marie-Jo et de la vacuité de son regard d’azur. Marie a gardé pour lui la tendresse d’une mère. Elle le protège. Que deviendrait-il sans elle ? Bien qu’ils ne soient plus ensemble elle continue à lui faire sa lessive car il serait incapable de la faire lui même. Au début il a été un peu jaloux de son rival, Il y a eu quelques scènes un peu ridicule, mais rapidement l’amitié entre eux l’a emporté. Car ils sont devenus amis. Ils adorent bavarder ensemble, polémiquer sur les sujets les plus divers, et surtout rire. Ils rient des mêmes choses. Ils s’entendent comme larrons en foire. Marie les laisse faire, elle n’intervient pas. Ce qui les lient le plus profondément, c’est la tendresse qu’ils éprouvent pour elle. Car tout est facile, tout est simple, tout est naturel à Verriers.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 10pt; FONT-FAMILY: "Comic Sans MS""> Avant de se quitter, au moment des vacances, ils décident de se retrouver tous les quatre au mois d’août. Michel veut aller dans les Alpes ramasser des roches dans des endroits qu’il connaît. Pourquoi ne l’accompagneraient-ils pas ? Ils se donnent rendez-vous à Apt d’où ils partiront ensuite pour Chamonix. Entre temps il doit aller au Festival d’Avignon où il a trouvé à se faire engager comme animateur dans des rencontres internationales organisées par les CEMEA. Les CEMEA c’est l’association, émanant plus ou moins du parti communiste, qui a été chargée autrefois par Jean Vilar d’assurer l’accueil des jeunes au Festival. Mais aujourd’hui Vilar est parti, Mai 68 est passé par là et les CEMEA sont en perte de vitesse. Fini le temps où l’on distrayait la jeunesse avec des danses collectives, des veillées autour du feu et des débats sur Bertolt Brecht. Pour se mettre dans l’air du temps et conserver leur clientèle ils ont donc admis l’existence de « dortoir mixtes » à l’usage des couples (hommage rendu à une permissivité sexuelle qu’ils regardent avec méfiance, la considérant comme une dangereuse dérive gauchiste mais qu’ils sont bien obligés d’accepter). Ils ont remplacé les veillées folkloriques et autres débats sur la culture populaire par des ateliers de théâtre. C’est à ce titre qu’il a été engagé. Il va pouvoir reproduire ce qu’il a fait durant l’hiver à Verriers. <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoBodyTextIndent" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="FONT-SIZE: 10pt; FONT-FAMILY: "Comic Sans MS""> Et en cela ils ne seront pas déçus ! Que son atelier ait bien marché, c’est peu dire. Il a même trop bien marché ! Les participants ne veulent plus partir et se réinscrivent à la session suivante (ils y a plusieurs sessions successives durant tout le mois de juillet). N’y a-t-il pas là un phénomène d’emprise inquiétant ? D’ailleurs il se passe des choses bizarres dans cet atelier et tout à fait étrangères à l’esprit des CEMEA !… En effet, la présence dans le groupe d’une jeune française appartenant à la catégorie de ce qu’il appelle les « boulimiques sexuelles » - catégorie dont il a fait la découverte avec Christiane - entraîne l’ensemble du groupe à des folies auxquelles participent un ardent brésilien à la barbe de jais, deux ravissantes italiennes et une jeune étudiante de Normale Sup., chaussée de lunettes d’écaille, qui découvrira à cette occasion des horizons nouveaux. Les vieux cadres des CEMEA observent le phénomène avec effroi sans oser s’y opposer et lui se retrouve une fois de plus dans le rôle qu’il affectionne le plus, celui du troublion, de l’enfant terrible qui s’amuse à prendre l’autorité à contre-pied, à l’enfermer dans le rets de ses contradictions, à jouer avec elle au chat et à la souris comme il aime à le faire avec son père (ce qui lui vaudra d’être exclu à la fin du séjour sans autre explication).<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 10pt; FONT-FAMILY: "Comic Sans MS"">Lorsqu’il quitte Avignon, il est ravi, exalté par ce qu’il vient de vivre- aventures amoureuses, jeux érotiques, intenses moments de théâtre, ivresse du groupe – et il rejoint Apt impatient de retrouver ses trois amis afin de savoir ce qu’il éprouvera en revoyant Marie.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 10pt; FONT-FAMILY: "Comic Sans MS""><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><span style="FONT-SIZE: 10pt; FONT-FAMILY: "Comic Sans MS""><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt; TEXT-INDENT: 1cm; TEXT-ALIGN: justify"><em style="mso-bidi-font-style: normal"><span style="FONT-SIZE: 10pt; FONT-FAMILY: "Comic Sans MS"">NB : Les épisodes précédents sont rassemblés sous la rubrique : «Le roman d’un homme heureux »II<o:p></o:p></span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><o:p><font face="Comic Sans MS" size="2"> </font></o:p></p>
<p><font face="Comic Sans MS" size="2"> </font></p>http://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?post/2008/09/20/652-le-roman-dun-homme-heureux-ii-20-de-pierre-parlier#comment-formhttp://ecritoire.chateaudavanton.com/index.php?feed/atom/comments/565